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BELGICATHO

  • Un spécialiste en mariologie met en question la validité doctrinale de Mater Populi Fidelis

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    D'InfoVaticana :

    Le mariologue Salvatore M. Perrella remet en question la validité doctrinale de Mater Populi Fidelis.

    Le célèbre mariologue italien Salvatore M. Perrella, l'une des voix les plus influentes dans les études contemporaines sur la Vierge Marie, a proposé une lecture critique de la Note Mater Populi Fidelis , publiée par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Dans un long entretien accordé à la RAI, la chaîne de télévision suisse, le théologien souligne que ce document interprète la mariologie selon un cadre « excessivement christologique » et est « trop dépendant » de la perspective du pape François, omettant ainsi des dimensions essentielles à la compréhension de la place de Marie dans l'économie du salut.

    Selon Perrella, la Note doctrinale « ouvre des débats nécessaires », mais révèle de graves déséquilibres internes. À son avis, le texte élimine pratiquement les dimensions ecclésiologiques, anthropologiques, trinitaires et symboliques de la mariologie, la traitant uniquement d’un point de vue fonctionnel au Christ. Cette lacune, affirme-t-il, appauvrit la compréhension de la tradition et empêche de proposer une vision globale de la foi.

    L'importance de la mémoire doctrinale : un vide qui affaiblit la Note

    Perrella souligne que l’explication magistérielle de la coopération de Marie à l’œuvre de rédemption devrait s’appuyer sur les développements doctrinaux survenus après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, par lequel théologiens et papes – de Léon XIII à Pie XII – ont reconnu en Marie un fruit de la miséricorde divine et un sujet de mission au sein du plan du salut. Il estime toutefois que le nouveau document ne reflète pas suffisamment cette évolution ni le contexte historique qui la sous-tend.

    Le titre « Co-Rédemptrice » : tradition, nuances et réductionnismes

    Un des points centraux de l'entretien est la critique de l'emploi du titre de « Co-Rédemptrice ». Perrella critique ce terme, tout en reconnaissant sa présence dans l'enseignement post-conciliaire, notamment sous saint Jean-Paul II, qui a utilisé à la fois ce titre et des expressions équivalentes. « En tant que théologien, je ne peux l'ignorer », affirme-t-il.

    Il condamne toutefois la manière dont Mater Populi Fidelis rejette ce titre en se fondant exclusivement sur des déclarations de François, sans tenir compte de la tradition théologique et magistérielle antérieure. Le mariologue rappelle que Lumen Gentium a opté pour une méthode intelligente : embrasser le vocabulaire précédent sans l’absolutiser ni le répudier. À son avis, la Note de la Doctrine de la Foi fait précisément l’inverse : elle stigmatise certaines expressions traditionnelles sans proposer d’alternatives doctrinalement plus solides.

    Préoccupation œcuménique disproportionnée et perte de la « sobriété » romaine

    Un autre aspect souligné par Perrella est la préoccupation œcuménique, qu'il juge légitime mais disproportionnée. Selon lui, la Note sacrifie la profondeur doctrinale pour éviter les tensions avec d'autres confessions chrétiennes, ce qu'il qualifie d'« erreur ». Il ajoute que le texte souffre d'une longueur excessive et d'un manque de sobrietas , caractéristique du magistère romain traditionnel.

    Un argument incohérent : des explications excessives ?

    Le théologien critique notamment le raisonnement du paragraphe 22, où le Dicastère soutient qu'un titre exigeant une trop grande explication catéchétique perd de son utilité. Perrella juge cette logique intenable, car, selon ce critère, des titres essentiels tels que « Mère de Dieu », « Immaculée » ou « Mère de l'Église », qui requièrent tous une élaboration théologique approfondie, devraient également être abandonnés. « C'est précisément le rôle de la théologie et de la catéchèse », affirme-t-il.

    La crise doctrinale actuelle : Marie comme clé pour retrouver la pleine foi

    Le mariologue avertit que le problème de fond n'est pas Marie, mais bien la crise doctrinale contemporaine elle-même. « Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui ne croient plus ni à la Trinité, ni à la divinité du Christ », souligne-t-il. Dans ce contexte, la figure de Marie « est seconde, mais non secondaire », comme l'a rappelé Benoît XVI, et une juste compréhension de son rôle contribuerait à restaurer la cohérence interne de la foi. Cependant, il reproche au document de proposer une vision « trop monophysite », incapable de soutenir cette entreprise.

    Manque de spécialistes pour la préparation du document

    Perrella déplore également le manque d'expertise dans la rédaction de la Note. Selon lui, un document de cette nature aurait dû faire appel à des spécialistes en mariologie, en dogmatique et en tradition magistérielle. Le résultat final, affirme-t-il, ne reflète pas la rigueur qui a historiquement caractérisé le Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

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  • Dans son nouvel ouvrage, le cardinal Sarah explore en profondeur le culte, la liturgie et la musique sacrée

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    De Paul Senz sur le CWR :

    Dans son nouvel ouvrage, le cardinal Sarah explore en profondeur le culte, la liturgie et la musique sacrée.

    Dans Le Chant de l'Agneau , explique l'intervieweur Peter Carter, « le cardinal Sarah expose clairement les définitions et les principes de la liturgie et de la musique sacrée, qu'il est toujours rafraîchissant de comprendre à nouveau et d'approfondir. »

    Le cardinal Robert Sarah brandit un encensoir lors de la messe qu'il célèbre à Port-au-Prince le 12 janvier 2010. (Photo CNS/Paul Jeffrey)
    Au sein de l'Église, de nombreux débats animent la question de ce qui est approprié ou non dans le cadre de la liturgie. Ces « guerres liturgiques » font rage sur de multiples fronts, touchant à divers aspects de la messe. Il convient de souligner que l' intensité de ce débat tient au fait que tous les participants reconnaissent que la messe est au cœur de la vie de l'Église et doit donc être célébrée avec le respect qu'elle mérite.

    L'un des fronts liturgiques est celui de la portée musicale.

    Le Chant de l’Agneau : Musique sacrée et liturgie céleste (Ignatius Press, 2025) est le dernier ouvrage du cardinal Robert Sarah, fruit d’un dialogue avec Peter Carter, directeur du Catholic Sacred Music Project . Leur conversation explore la riche tradition spirituelle de la musique sacrée catholique, se penche sur la confusion liturgique qui règne actuellement et propose non seulement un diagnostic des problèmes, mais aussi une voie vers un véritable renouveau, y compris au niveau paroissial.

    Le cardinal Robert Sarah  est l'ancien préfet de la Congrégation (aujourd'hui Dicastère) pour le Culte Divin au Vatican, et l'auteur de nombreux ouvrages (dont plusieurs entretiens de la longueur d'un livre), parmi lesquels  Le pouvoir du silence : contre la dictature du bruit ,  La journée est déjà bien ava ), parmi lesquels  Le pouvoir du silence : contre la dictature du bruit ,  La journée est déjà bien avancée ,  Dieu ou rien : une conversation sur la foi avec Nicolas Diat ,  Il nous a tant donné : un hommage à Benoît XVI et  Du plus profond de nos cœurs : sacerdoce, célibat et crise de l'Église catholique . ncée ,  Dieu ou rien : une conversation sur la foi avec Nicolas Diat ,  Il nous a tant donné : un hommage à Benoît XVI et  Du plus profond de nos cœurs : sacerdoce, célibat et crise de l'Église catholique .

    Peter Carter s'est récemment entretenu avec  Catholic World Report au sujet de son entretien majeur avec le cardinal Sarah, du rôle de la beauté dans l'évangélisation et de l'importance de la liturgie sacrée.

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  • Léon XIV met les pièces en place

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV met les pièces en place

    Le pape Léon XIV a initié un changement générationnel majeur au sein de l'appareil central de gouvernement de l'Église, la Curie romaine.

    Ce changement a débuté la semaine dernière au sein du Secrétariat d'État, avec la nomination d' Anthony Onyemucho Epko comme assesseur et de Mihăiţă Blaj comme sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, organe central et essentiel de la Curie romaine. Il s'étendra à divers dicastères du Vatican jusqu'à ce qu'une nouvelle génération d'ecclésiastiques – les hommes de Léon XIV – occupe des postes clés au sein de l'appareil gouvernemental. Ce processus pourrait prendre du temps et se prolonger jusqu'en 2026.

    La nomination des deux nouveaux vice-ministres du Secrétariat d'État a été rendue publique après plus d'un mois de vacance de ces postes. Plus tôt dans la semaine, le jubilé du personnel diplomatique avait été célébré, et la photo de groupe prise lors de la rencontre avec le pape témoignait d'une période où le Secrétariat d'État était privé à la fois de son assesseur et de son sous-secrétaire d'État aux relations avec les États .

    C'était inhabituel, car ces deux postes ne peuvent rester vacants longtemps. Le sous-secrétaire d'État aux Relations avec les États, une sorte de « vice-ministre des Affaires étrangères », est responsable de dossiers clés, à commencer par celui concernant la Chine. L'accord sino-vatican relatif à la nomination des évêques a toujours été signé, jusqu'à présent, au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères, et les délégations vaticanes qui ont rencontré périodiquement les délégations chinoises pour discuter de l'avancement de cet accord ont également toujours été dirigées par le sous-secrétaire d'État aux Relations avec les États.

    En résumé, il existait un risque d'arriver à la prochaine réunion d'information avec la Chine en décembre sans chef de délégation désigné pour gérer le dossier. Le choix s'est porté sur Monseigneur Blaj, un jeune homme ayant une expérience dans diverses nonciatures, qui avait récemment occupé le poste de secrétaire particulier de l'archevêque Paul Richard Gallagher , ministre du Vatican pour les relations avec les États.

    Le rôle de l'évaluateur est encore plus crucial.

    En effet, il existe deux sous-secrétaires aux Relations avec les États, ainsi qu'un sous-secrétaire aux Affaires multilatérales, Mgr Daniel Pacho, qui peut assurer l'intérim en l'absence de l'autre « vice-ministre des Affaires étrangères », même si ses responsabilités ne concernent pas les relations interétatiques. Cependant, l'organigramme du Saint-Siège ne prévoit pas de second assesseur. L'assesseur, adjoint du substitut du Secrétariat d'État, est chargé du bon fonctionnement de ce dernier . Il exerce diverses fonctions, est également membre du Comité de sécurité financière et supervise son fonctionnement général.

    Pour ce poste, Monseigneur Epko fut choisi, premier assesseur à ne pas provenir du Secrétariat d'État, où il avait pourtant exercé ses fonctions avant d'être nommé sous-secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Epko est également l'auteur d'un ouvrage en anglais sur la Curie romaine, l'une des rares études consacrées aux origines, à l'histoire et au fonctionnement de l'appareil vaticanais, et qui jouit d'une excellente réputation dans les pays anglophones.

    Que pouvons-nous déduire de ces deux rendez-vous ?

    Premièrement, Léon XIV a entrepris la réorganisation de la Curie, et la nomination de Monseigneur Epko, expert en la matière, en est un signe très clair. De plus, Epko est un « outsider » au sein du Secrétariat d'État du Vatican, et il est réputé pour sa fidélité. Son nom ne semble pas avoir été proposé par son successeur actuel, l'archevêque Edgar Peña Parra, ce qui est interprété par certains observateurs comme un indice du départ imminent de ce dernier.

    Mais le choix d'Epko laisse également présager de profonds changements au sein du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Epko en était le sous-secrétaire, et l'actuel préfet, le cardinal Michel Czerny, fêtera bientôt ses 80 ans. Czerny fut l'un des symboles de la « révolution » du pape François, et lui-même un fervent défenseur de cette révolution. C'est lui qui a perpétué l'héritage de François en organisant la rencontre de Léon XIV avec les mouvements populaires, et en dirigeant également le discours de Léon XIV sur cette question, profondément imprégné de spiritualité bergoglienne.

    Dès la nomination du sous-secrétaire, le dicastère pourrait connaître une transformation majeure, dans l'attente d'un nouveau président qui pourrait également lui insuffler une nouvelle orientation. Jusqu'à présent, le dicastère s'est concentré sur l'ancienne section Migrants et Réfugiés, perdant ainsi nombre de ses caractéristiques propres lorsqu'il était le Conseil pontifical Justice et Paix.

    Un autre signe d'une possible restructuration du Dicastère a été la récente réforme de la pastorale maritime, que le Pape a structurée sous le nom de « Stella Maris ». Mais cette réforme, elle aussi, doit résister à l'épreuve du temps. D'une part, elle doit corriger une lacune de Praedicate Evangelium, la constitution apostolique de l'ère François qui a réformé la Curie sur le papier (et qui mentionnait à peine la pastorale des gens de mer). D'autre part, la nouvelle structure semble refléter quelque peu celle de Caritas Internationalis, que le Pape François avait réformée avec une approche plus managériale, surpassant ainsi la réforme de Benoît XVI, qui avait cherché à inscrire l'action de Caritas dans un cadre théologique solide, plutôt que managérial.

    Nous verrons si Epko, en tant qu'assesseur et expert de la Curie romaine, aura également pour mission de rétablir l'ordre au sein d'une machine curiale dont le travail s'est complexifié après les réformes du pape François .

    La nomination de Blaj semble toutefois annoncer une autre promotion : celle de son supérieur hiérarchique direct, l’archevêque Paul Richard Gallagher. Le « ministre des Affaires étrangères » du Vatican pourrait être destiné à un poste au sein de la Curie, peut-être avec le titre de cardinal, et l’indice réside précisément dans la promotion accordée par le pape à son secrétaire particulier, une mesure qui annonce généralement une mutation.

    Si Pena Parra et Gallagher venaient à quitter leurs fonctions, le Secrétariat d'État connaîtrait de profonds bouleversements. Mais il ne serait pas le seul. Léon XIV a déjà nommé un vice-régent de la Maison pontificale, le père augustinien Dalong, en qui il a toute confiance, et tout porte à croire que cette nomination préparera le terrain pour le remplacement de l'actuel régent, Monseigneur Leonardo Sapienza.

    L’archevêque Diego Ravelli, l’actuel maître des cérémonies papales, semble lui aussi prêt à être muté dans un diocèse, car le pape souhaiterait choisir une personne plus en phase avec ses sensibilités et n’apprécie guère l’idée d’un archevêque réduit à un rôle d’« enfant de chœur ».

    Tous ces changements devraient intervenir après le consistoire des 7 et 8 janvier, dont le sujet n'a pas encore été annoncé par Léon XIV. Ils ouvriraient la voie à une période de renouvellement générationnel intense, culminant avec un consistoire pour l'élection de nouveaux cardinaux fin 2026. Actuellement, le nombre de cardinaux électeurs s'élève à 126, mais il passera sous la barre des 120 d'ici la fin de l'année prochaine.

    Les nouveaux cardinaux auront eux aussi, à terme, davantage leur mot à dire sur ce que Léon XIV souhaite pour l'Église.

  • Bruxelles (Stockel) (28-30 novembre) : Exposition-vente d'artisanat monastique

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  • Nigeria : des chrétiens dans la peur

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    De Vatican News :

    Des chrétiens dans la peur au Nigéria

    Au Nigeria, les chrétiens vivent une souffrance qui semble sans fin. En 16 ans, les djihadistes ont attaqué et détruit ou endommagé près de 20000 églises. Au moins 52000 chrétiens ont été tués, dont des prêtres, des séminaristes, et des religieux. La communauté chrétienne vit dans la peur. Entretien avec le père Emmanuel Isa Saliu, formateur au grand séminaire du Bon pasteur de Kaduna.
     

    Témoins de l’espérance est un podcast réalisé en partenariat avec la fondation Aide à l’Église en détresse (AED).

  • In unitate Fidei : la lettre apostolique de Léon XIV à l'occasion du 1700e anniversaire du Concile de Nicée

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    LÉON XIV

    LETTRE APOSTOLIQUE

    IN UNITATE FIDEI

    À L'OCCASION DU 1700e ANNIVERSAIRE DU CONCILE DE NICÉE

    1. Dans l'unité de la foi, proclamée depuis les origines de l'Église, les chrétiens sont appelés à marcher ensemble, en gardant et en transmettant avec amour et joie le don reçu. Celui-ci est exprimé dans les paroles du Credo : « Nous croyons en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, descendu du ciel pour notre salut », formulées par le Concile de Nicée, premier événement œcuménique de l'histoire du christianisme, il y a 1700 ans.

    Alors que je m'apprête à effectuer mon voyage apostolique en Turquie, je souhaite, par cette Lettre, encourager dans toute l'Église un élan renouvelé dans la profession de foi dont la vérité, qui constitue depuis des siècles le patrimoine commun des chrétiens, mérite d'être confessée et approfondie d'une manière toujours nouvelle et actuelle. À cet égard, a été approuvé un riche document de la Commission Théologique Internationale : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Le 1700e anniversaire du Concile œcuménique de Nicée. J’y renvoie, car il offre des perspectives utiles pour approfondir l'importance et l'actualité non seulement théologique et ecclésiale, mais aussi culturelle et sociale du Concile de Nicée.

    2. « Commencement de l'évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ». C'est ainsi que Saint Marc intitule son Évangile, résumant ainsi l’ensemble de son message sous le signe de la filiation divine de Jésus-Christ. De la même manière, l'Apôtre Paul sait qu'il est appelé à annoncer l'Évangile de Dieu sur son Fils mort et ressuscité pour nous (cf. Rm 1, 9), qui est le “oui” définitif de Dieu aux promesses des prophètes (cf. 2 Co 1, 19-20). En Jésus-Christ, le Verbe qui était Dieu avant les temps et par qui toutes choses ont été faites – comme le dit le prologue de l'Évangile de Saint Jean –, « s'est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). En Lui, Dieu s'est fait notre prochain, de sorte que tout ce que nous faisons à chacun de nos frères, nous le Lui faisons (cf. Mt 25, 40).

    C'est donc une coïncidence providentielle que, en cette Année Sainte consacrée à notre espérance qui est le Christ, nous célébrions également le 1700e anniversaire du premier Concile œcuménique de Nicée, qui proclama en 325 la profession de foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu. C'est là le cœur de la foi chrétienne. Aujourd'hui encore, dans la célébration eucharistique dominicale, nous prononçons le Symbole de Nicée-Constantinople, profession de foi qui unit tous les chrétiens. Celle-ci nous donne l'espérance dans les temps difficiles que nous vivons, au milieu des craintes nombreuses et des préoccupations, des menaces de guerre et de violence, des catastrophes naturelles, des graves injustices et des déséquilibres, de la faim et de la misère dont souffrent des millions de nos frères et sœurs.

    3. Les temps du Concile de Nicée n'étaient pas moins troublés. Lorsqu'il s'ouvrit, en 325, les blessures des persécutions contre les chrétiens étaient encore vives. L'Édit de tolérance de Milan (313), promulgué par les deux empereurs Constantin et Licinius, annonçait l'aube d'une nouvelle ère de paix. Cependant, disputes et conflits ont rapidement émergé au sein de l'Église après les menaces extérieures.

    Arius, un prêtre d'Alexandrie d’Égypte, enseignait que Jésus n'est pas vraiment le Fils de Dieu, bien qu'il ne soit pas une simple créature ; il serait un être intermédiaire entre le Dieu inaccessible et nous. Par ailleurs, il y aurait eu un temps où le Fils “n'était pas”. Cela correspondait à la mentalité répandue à l'époque et semblait donc plausible.

    Mais Dieu n'abandonne pas son Église, il suscite toujours des hommes et des femmes courageux, des témoins de la foi et des pasteurs qui guident son peuple et lui indiquent le chemin de l'Évangile. L'évêque Alexandre d'Alexandrie se rendit compte que les enseignements d'Arius n'étaient pas du tout conformes à l'Écriture Sainte. Comme Arius ne se montrait pas conciliant, Alexandre convoqua les évêques d'Égypte et de Libye pour un synode qui condamna l'enseignement d'Arius ; il envoya ensuite une lettre aux autres évêques d'Orient pour les en informer en détail. En Occident, l'évêque Osio de Cordoue, en Espagne, qui s'était déjà montré fervent confesseur de la foi pendant la persécution sous l'empereur Maximien et jouissait de la confiance de l'évêque de Rome, le Pape Sylvestre, se mobilisa.

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  • Les saints martyrs du Viêt-Nam (24 novembre)

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    D'Evangile au Quotidien :

    Saints Martyrs du Viêt-Nam

    André Dung Lac, prêtre et ses compagnons martyrs entre 1745 et 1862

    Martyrologe Romain : Mémoire des saints André Dung Lac, prêtre, et ses compagnons, martyrs. Une célébration commune honore cent-dix-sept martyrs mis à mort entre 1745 et 1862 dans diverses régions du Viêt-Nam : le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine. Parmi eux, huit évêques, un grand nombre de prêtres et une foule considérable de laïcs chrétiens des deux sexes, de toute condition, de tout âge, qui ont tous préféré souffrir l’exil, la prison, les tortures et enfin les derniers supplices plutôt que de fouler aux pieds la croix et faillir à la foi chrétienne.

    L'église au Vietnam fécondée par le sang des Martyrs

    L'œuvre de l'évangélisation, entreprise dès le début, du XVIème siècle, puis établie dans les deux premiers Vicariats Apostoliques du Nord (Dâng-Ngoâi) et du Sud (Dâng-Trong) en 1659, a connu au cours des siècles un admirable développement. À l'heure actuelle, les Diocèses sont au nombre de vingt-cinq (dix au Nord, six au Centre et neuf au Sud). Les catholiques sont environ six millions (presque 10% de la population).

    Ce résultat est dû aussi au fait que, dès les premières années de l'évangélisation, la semence de la Foi a été mêlée sur la terre vietnamienne au sang abondamment versé des martyrs, tant du clergé missionnaire que du clergé local et du peuple chrétien du Viêt-Nam. Tous ont supporté ensemble les fatigues de l'œuvre apostolique et ont d'un même cœur affronté aussi la mort pour rendre témoignage à la vérité évangélique. L'histoire religieuse de l'Église du Viêt-Nam enregistre qu'il y a eu en tout cinquante-trois décrets, signés par les Seigneurs Trinh et Nguyen et par les Empereurs qui, du XVIIème au XIXème siècles, ont promulgué contre les chrétiens des persécutions plus violentes les unes que les autres. On compte environ 130.000 victimes tombées un peu partout sur le territoire du Viêt-Nam.

    Au cours des siècles, ces martyrs de la Foi ont été ensevelis d'une manière anonyme, mais leur mémoire est restée vivante dans l'esprit de la communauté catholique. Dès le début du XX siècle, dans cette foule de héros, 117 personnes - dont les épreuves sont apparues les plus cruelles - ont été choisies et élevées aux honneurs des autels.

    Ils furent tous canonisés en même temps par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005)le 19 juin 1988, lors d'un de ses voyages en Asie, et déclarés Patrons du Viêt-Nam le 14 décembre 1990.

    Ces Saints peuvent être classés comme suit :

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  • Comment Dieu s’y prend-t-il pour établir son Royaume ? Homélie pour le dimanche du Christ Roi de l'Univers

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    Nous remercions Monsieur l'abbé Christophe Cossement de nous autoriser à publier ici ses homélies. Voici celle de ce dimanche du Christ Roi de l'Univers (sur son blog) :

    Le Royaume du Christ et ses méthodes

    Tout en nous aspire au Royaume du Christ Roi, tant nous sommes fatigués des ténèbres du mensonge et de la trahison, de la domination et des abus, de l’impureté et de tant de choses qui réduisent l’être humain à un objet entre ses propres mains. Oh oui, comme nous désirons être arrachés « au pouvoir des ténèbres » dont parle saint Paul, afin d’hériter de la lumière du ciel, de la paix et de la joie pour lesquelles nous sommes faits !

    Comment serons-nous libérés de l’oppression de toutes ces choses mauvaises que font les êtres humains et que parfois nous faisons aussi ? Comment serons-nous libérés des erreurs dans lesquelles le diable plonge l’humanité, lui qui est le menteur par excellence, lui qui semble piloter jusqu’aux décisions politiques qui salissent le cœur des jeunes et jettent beaucoup de monde dans la perplexité ? Ah, nous aimerions bien, parfois, une bonne petite remise en ordre… Horrible tentation qui sous couvert de bien insinue la dureté, le rejet de ceux qui ne sont pas conformes ou qui se sont mal conduit ! Ce n’est pas avec un fouet que le Christ est venu dans le monde. Ce n’est pas avec la répression et en accablant le pécheur que Dieu veut redresser le cours de l’histoire, sauver le monde et instaurer son Royaume. Autant nous aspirons à ce que la lumière chasse les ténèbres, autant nous devons choisir aussi les moyens qui sont ceux de la lumière : éclairer, procurer la joie et l’espérance. Parfois, des chrétiens pourraient être attirés par des programmes politiques qui prônent un régime fort qui remet de l’ordre. Ce n’est pas la manière de la véritable lumière qui chasse les ténèbres.

    Comment Dieu s’y est-il pris pour établir son Royaume ? Par la vie, la passion et la résurrection du Seigneur Jésus. Celui « par qui et pour qui tout est créé », celui qui « est avant toute chose », « fait la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel » (Col 1). C’est ainsi qu’il s’est rendu capable d’introduire le « bon » larron dans le paradis. Il était loin d’être irréprochable, ce larron qui dit qu’être crucifié, pour lui et son compagnon d’infortune, c’est juste. Et Jésus ne dit pas que le mal qu’il a commis est excusable. Il parle comme celui qui a le pouvoir de purifier les cœurs qui s’ouvrent à lui. Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie », il a ce pouvoir, il l’a acquis en donnant sa vie.

    Pourtant, l’autre malfaiteur crucifié lui résiste. Il n’ouvre pas son cœur, il ne laisse pas de prise à l’amour de Dieu. Celui qui est le chemin butte sur une impasse. Celui qui est la vérité ne parvient pas à s’imposer à l’autre qui ne veut pas le reconnaître. Celui qui est la vie ne peut se déverser dans le cœur qui veut rester maître de tout. Tant d’hommes aujourd’hui risquent de se retrouver dans la position du deuxième malfaiteur, n’acceptant pas que le Royaume de Dieu vient à leur porte dans l’humilité, la faiblesse, le dépouillement. Ils veulent rester maîtres, continuer à suivre leurs vues comme ils l’entendent. Ils refusent un Dieu qui conteste leur façon de vivre. Ils ne cherchent nul pardon, ceux qui n’acceptent pas qu’on parle encore de péché. Oh comme il nous faut prier pour ceux qui font ainsi barrage au règne du Christ dans leur vie ! Qu’ils ne soient pas perdus à jamais ! Demandons la grâce, pour eux et aussi pour nous, de savoir reconnaître nos torts, nous humilier devant Dieu, afin qu’il nous relève, nous console et nous comble. Celui qui se justifie lui-même ne pourra être comblé que par lui-même. Celui qui laisse Dieu le rendre juste sera comblé par Dieu. C’est vraiment une autre mesure.

  • Le Christ Roi de l'Univers

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    sur Homelies.fr (archive 2007)

    En ce dernier dimanche du temps ordinaire, nous célébrons la solennité de Jésus-Christ roi de l’univers. Cette fête fut instaurée par le pape Pie XI le 11 décembre 1925 par l’encyclique « Quas Primas » pour « ramener et consolider la paix par le règne du Christ ». 

    Les textes de la liturgie présentent plusieurs aspects de cette réalité. Le second livre de Samuel (1ère lecture) parle de l’unification de toutes les tribus d’Israël qui reconnaissent l’autorité royale de David comme dérivant de celle de Dieu. Le Psaume 121 (122), quant à lui, reconnaît Jérusalem, le trône de David, comme le point d’union de ces mêmes tribus pour adorer le Seigneur : « Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu'un ! C'est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur. C'est là qu'Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. C'est là le siège du droit, le siège de la maison de David ». 

    L’évangile présente de son côté une image de roi en net contraste avec celle qui ressort des lectures précédentes. Jésus, objet de dérision et de mépris, meurt sur la croix comme un criminel et l’écriteau qui est cloué au-dessus de lui et qui le désigne comme « roi des Juifs » n’y change rien ! 

    C’est la deuxième lecture, extraite de la lettre de saint Paul aux Colossiens, qui nous donne la clef pour entrer dans ce mystère de la mort en croix du Christ comme sommet de la révélation de sa royauté sur l’univers. Il est capital de remarquer que l’apôtre des nations nous présente dans ce passage le règne universel du Christ à travers sa mort sur la croix en termes de réconciliation, de rédemption, de pardon des péchés et de paix : « Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ». 

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  • Clôture de l’année liturgique

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    Gregorien-manuscrit-bis.jpgCe dimanche 23 novembre clôture l’année liturgique. Dans la forme ordinaire du rite romain on chante à cette occasion la messe du Christ-Roi et dans l’une et l’autre forme du rite, la célébration peut se conclure aussi par un « Te Deum » d’action de grâce pour l’année écoulée. Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau », un moine de Triors commente l’alleluia grégorien de cette messe. JPSC :

    « L’alléluia de la solennité du Christ-Roi (forme ordinaire) s’in­spire de l’alléluia du temps pascal, Christus resurgens. Dans l’un et l’autre cas, on ne peut manquer d’être frappé par le contraste un peu saisissant qui existe entre le texte et la mélodie. À Pâques, on célèbre le Christ vainqueur de la mort à tout jamais ; ici, on exalte un pouvoir, une royauté universels et éternels. Or dans les deux cas, la mélodie paisible du premier mode qui a été choisie à dessein, exprime de façon vraiment singulière le caractère transcendant des réalités divines. On devine que Dieu ne triomphe ni ne règne à la manière des hommes.

    Dieu nous surprendra toujours. Il surgira, dans notre vie personnelle comme à la fin des temps, à la manière d’un voleur qu’on n’attendait pas. La puissance de Dieu, son règne éternel, infini, indestructible, n’ont pas besoin de violence pour s’établir, comme nous l’expérimentons avec les tyrans de la terre.

    Un brise légère

    La douceur de son Amour, cette brise légère presque imperceptible qui suffit à gouverner le monde, est bien plus terrible à ses adversaires qu’une violence physique ou morale qui témoignerait plutôt de sa faiblesse. Sa victoire la plus radicale, Dieu a voulu la remporter silencieusement, à l’aide d’un instrument on ne peut plus délicat. Le poète l’a bien saisi quand il affirme : « Tranquille et nu se pose au-dessus du blasphème le pied d’une petite enfant nazaréenne » (Francis Jammes, Clairières dans le ciel). Comprenons bien cela quand nous célébrons le Christ-Roi, quand nous chantons cet alléluia tout en douceur dont le texte nous parle pourtant de puissance et de règne."

    Pour écouter, cliquez ici:

     podcast

     Réf : Alleluia du Christ Roi

  • Léon XIV modifie la composition de la Commission de l'État du Vatican et légalise la nomination de Raffaella Petrini

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    D'InfoVaticana :

    Léon XIV modifie la composition de la Commission de l'État du Vatican et légalise la nomination de Raffaella Petrini

    Léon XIV a promulgué sa deuxième lettre apostolique sous la forme d'un Motu Propriomodifiant la composition de la Commission pontificale pour l'État de la Cité du Vatican. Cette réforme, purement procédurale, introduit deux changements majeurs : premièrement, la possibilité pour cet organe de ne plus être composé uniquement de cardinaux, permettant au Pape d'y intégrer d'autres membres – laïcs, religieux ou experts – et ainsi favoriser une plus grande diversité au sein de la direction ; deuxièmement, l'établissement d'une durée de mandat de cinq ans, garantissant une gestion plus rigoureuse et responsable.

    L’entrée en vigueur de cet amendement légalise la nomination de la religieuse Raffaella Petrini, qui a pris ses fonctions en mars 2025 sous le mandat du pape François, à la présidence de la Commission pour l’État de la Cité du Vatican.

    Le document, signé le 19 novembre place Saint-Pierre et publié le 21 novembre, souligne la nécessité de consolider un modèle de gouvernance plus coresponsable face aux défis croissants de l'administration de l'État de la Cité du Vatican. Dans la lignée du pape François, le Motu Proprio s'inscrit dans la lignée de l'approche instaurée par Praedicate Evangelium , la Constitution apostolique qui a réorganisé la Curie selon le principe de « communion opérative » entre ses différents organes.

    Une étape conforme au programme synodal

    Cette réforme s’inscrit dans la dynamique synodale qui anime l’Église à l’heure actuelle. Il ne s’agit pas seulement d’ajuster les aspects juridiques de l’État du Vatican, mais aussi d’appliquer au sein de sa propre structure le principe de coresponsabilité exigé des diocèses du monde entier.

    Dans un récent entretien consacré à la mise en œuvre du Synode, Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode , a expliqué que la véritable synodalité implique « d’investir dans des pratiques concrètes », et non de simples discours. Son point de vue nous aide à comprendre le sens du Motu Proprio : ouvrir l’espace de la prise de décision, élargir les équipes de travail et créer des structures qui reflètent une mission partagée.

    Lire aussi : Nathalie Becquart : « Il existe de nombreuses façons d’être Église et aucun modèle unique de vie ecclésiale ne devrait être imposé »

    Selon Becquart, il n’existe pas de modèle unique pour le chemin synodal. L’essentiel, affirme-t-elle, est que chaque Église locale, en fonction de son contexte, adopte des mécanismes lui permettant de cheminer, de discerner et de décider avec tout le Peuple de Dieu. Cela se traduit par des propositions concrètes : introduire le dialogue spirituel dans les conseils paroissiaux, organiser des assemblées synodales, instituer des conférences pastorales diocésaines, accroître la participation des laïcs (en particulier des jeunes et des femmes) aux responsabilités pastorales, et former les séminaristes et les prêtres à exercer une véritable autorité synodale.

    Un signe du style de gouvernement du nouveau pape ?

    Ce changement ne constitue ni une rupture avec les étapes précédentes, ni un changement de style de la part du nouveau pape. Il s'inscrit dans la continuité directe du processus de réforme déjà en cours. (processus initié durant le pontificat de François ndB)

    Le document prend effet immédiatement après sa publication dans L'Osservatore Romano et sera incorporé dans le commentaire officiel des Acta Apostolicae Sedis.

  • Abus : Les fantômes de Chiclayo poursuivent le pape Léon

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Abus : Les fantômes de Chiclayo hantent le pape Léon

    Une déclaration cinglante de la victime présumée d'abus sexuels au Pérou conteste la dispense du sacerdoce accordée par le pape au père Lute, le prêtre accusé. Cette dispense empêche la vérité d'être établie et la justice rendue : une décision terrible.

    22/11/2025

    « Le 13 novembre 2025, l’Église nous a communiqué par écrit que le Pape avait accordé une dispense de l’état clérical au prêtre de Chiclayo, Eleuterio Vasquez Gonzalez, qui nous a agressées sexuellement lorsque nous étions enfants. » C’est ainsi que débute le communiqué de presse – une accusation accablante – signé par Ana Maria Quispe Diaz, la victime présumée qui a dénoncé les abus subis à l’époque où Robert Prevost, devenu le pape Léon XIV, était évêque du diocèse de Chiclayo, dans le nord-est du Pérou.  

    Aujourd'hui, il met en cause le pape Léon XIV lui-même, non seulement pour avoir omis de mener une enquête sérieuse lors du dépôt de sa plainte en 2022, mais aussi pour avoir accordé une dispense au père Lute (son surnom), empêchant ainsi un procès visant à déterminer les véritables responsabilités de l'ex-prêtre et privant de fait les victimes présumées de justice. À tel point que, dans sa déclaration ( dont le texte intégral est disponible ici ), Quispe annonce « l'engagement de poursuites judiciaires auprès des autorités canoniques compétentes contre tous les responsables ecclésiastiques ayant participé à cette négligence ou en étant responsables », faisant référence au « principal responsable de cette affaire, l'évêque Robert Prevost ».

    Il s'agit d'un rebondissement sensationnel dans une affaire qui a émergé il y a un peu plus d'un an — et que La Bussola avait reconstituée en détail  — mais qui, malheureusement, n'a jamais été élucidée comme nous l'espérions au début du pontificat du pape Léon en mai dernier.

    Pour rappel, l'affaire concerne les abus présumés subis par trois sœurs à des périodes différentes entre 2006 et 2010, alors qu'elles étaient âgées de 9 à 11 ans. Cependant, selon Ana Maria Quispe, l'aînée des trois, plusieurs autres enfants auraient été victimes du Père Lute, qui les emmenait régulièrement à la ferme où les abus se produisaient. La plainte a été déposée une première fois par téléphone auprès de l'évêque Prevost en 2020, mais la crise sanitaire liée à la Covid-19 a reporté l'entretien au printemps 2022. Mgr Prevost les a orientées vers le centre d'aide aux victimes du diocèse, mais Mme Quispe accuse régulièrement le diocèse de n'avoir jamais mené d'enquête sérieuse sur ces allégations. Le diocèse s'est toujours défendu en affirmant avoir respecté la procédure et qu'après l'envoi d'un premier rapport à Rome, un second avait été transmis concernant la réouverture de l'enquête demandée par le successeur de Mgr Prevost.

    Mais c'est le délégué actuel du diocèse de Chiclayo pour le procès du père Lute, le canoniste capucin Giampiero Gambaro, qui a admis lors d'une rencontre avec les sœurs Quispe le 23 avril que l'enquête initiale était « gravement viciée, superficielle et entachée d'erreurs de procédure ». L'enquête canonique, a déclaré Gambaro, s'est limitée à une procédure formelle sans fondement, sans que les victimes ni l'accusé lui-même n'aient été interrogés ; ce dernier « n'a rien répondu » ; et par conséquent, « la colère des victimes est légitime ».

    Si cela s'avère vrai et si cela explique les faits, c'est précisément ce que le cardinal Prevost aurait dû clarifier lorsque l'affaire a éclaté l'an dernier. Au lieu de cela, la défense a dénoncé la vendetta de certains membres du Sodalitium Christiane Vitae, l'association péruvienne dissoute le 14 avril dernier suite à des allégations d'abus et de scandales financiers dont certains dirigeants étaient responsables. En effet, Prevost, d'abord comme évêque puis comme cardinal, s'est efforcé de poursuivre les responsables du Sodalitium, puis de dissoudre l'association, en collaborant étroitement avec les deux journalistes – Paola Ugaz et Pedro Solinas – qui avaient mené une enquête approfondie donnant la parole aux victimes.

    Les deux journalistes, présents à Rome durant les jours marquant le début du pontificat de Léon XIV, ont catéchisé tous les journalistes réunis pour l'événement, garantissant l'engagement de Prevost dans la lutte contre les abus sexuels et accusant de sombres complots quiconque évoquait l'affaire des filles de Chiclayo et du père Lute.  

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