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BELGICATHO

  • Le battage moderne sur les « droits de l'homme » risque de sacrifier non seulement Dieu, mais aussi notre humanité même

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    D'Anthony McCarthy sur le Catholic Herald :

    Le battage moderne sur les « droits de l'homme » risque de sacrifier non seulement Dieu, mais aussi notre humanité même

    29 août 2024 à 3:00 pm

    L'avocat spécialiste des droits de l'homme qui est aujourd'hui le Premier ministre britannique a prononcé son premier discours à la Chambre des communes le 28 mai 2015. Dans ce discours, Keir Starmer a fait l'éloge de l'adoption par le gouvernement travailliste de la loi sur les droits de l'homme (1998), en se référant à la Magna Carta et en notant que « l'intérêt des droits de l'homme est qu'ils s'appliquent universellement à toutes les personnes partout dans le monde ».

    Mais que sont exactement les droits de l'homme et comment les catholiques doivent-ils les considérer ? Il semble en effet y avoir une tension entre la conception catholique de la loi naturelle et des droits naturels, et les « droits de l'homme » de la Déclaration française de 1789 qu'Edmund Burke a critiquée comme étant un « condensé d'anarchie ».

    Cette tension est de plus en plus évidente à notre époque, où un « discours sur les droits » toujours plus étendu est souvent utilisé pour saper l'idée même des droits de Dieu et des droits de l'homme dont il est la source.

    Une référence papale aux droits de l'homme remonte au tout début du 20e siècle.  Le 1er novembre 1900, le plus grand des papes, Léon XIII, a déclaré au monde : « Le monde a assez entendu parler des soi-disant “droits de l'homme”. Qu'il entende quelque chose des droits de Dieu ». (Tamesti Futura Prospicientibus 13.)

    Pourtant, plus tôt dans la même encyclique, le pape Léon notait que, grâce au sacrifice rédempteur du Christ, l'homme « s'est rendu compte qu'il était né pour des choses bien plus élevées et plus glorieuses que les objets fragiles et inconstants des sens qui avaient jusqu'alors constitué la fin de ses pensées et de ses préoccupations. Il a appris que le sens de la vie humaine, la loi suprême, la fin de toutes choses était la suivante : nous venons de Dieu et devons retourner à Lui.

    « À partir de ce premier principe, la conscience de la dignité humaine a été ravivée : le cœur des hommes a réalisé la fraternité universelle : en conséquence, les droits et les devoirs de l'homme ont été soit perfectionnés, soit même créés de nouveau, tandis que de toutes parts étaient évoquées des vertus insoupçonnées dans la philosophie païenne » (TFP 3).

    Léon XIII semble approuver le concept des droits de l'homme tout en mettant en garde contre les dangers et les distorsions, dans la mesure où l'invocation de ces droits peut revêtir une signification individualiste et antisociale. Le pape Pie XII a mis davantage l'accent sur le concept au milieu du totalitarisme et des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, lors d'un célèbre message de Noël en 1942, en déclarant : « Le remède à cette situation devient possible : 

    « Le remède à cette situation devient possible lorsque nous réveillons à nouveau la conscience d'un ordre juridique reposant sur la domination suprême de Dieu et protégé de tous les caprices humains ; la conscience d'un ordre qui étend son bras, en protection ou en punition, sur les droits inoubliables de l'homme et les protège contre les attaques de toute puissance humaine.

    « De l'ordre juridique voulu par Dieu découle le droit inaliénable de l'homme à la sécurité juridique et, par là même, à une sphère définie de droits, à l'abri de toute atteinte arbitraire.

    « Les relations d'homme à homme, de l'individu à la société, à l'autorité, aux devoirs civils ; les relations de la société et de l'autorité à l'individu, devraient être placées sur une base juridique solide et être gardées, lorsque le besoin s'en fait sentir, par l'autorité des tribunaux ».

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  • En Ukraine, les Églises aussi sont en guerre. Mais pour elles, la paix est peut-être plus proche...

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    En Ukraine, les Églises aussi sont en guerre. Mais pour elles, la paix est peut-être plus proche

    Une loi vient d’être approuvée par le parlement ukrainien ce 20 août, avec 265 voix pour et seulement 29 voix contre, et le samedi 24, le président Volodymyr Zelensky l’a signée, malgré la seule protestation publique – pour le moment – du patriarche orthodoxe de Moscou Cyrille, qui n’a pas hésiter à la comparer à « la persécution de l’empire romain à l’époque de Néron et de Dioclétien » avant d’envoyer une lettre pour en appeler aux chefs des Églises chrétiennes et au pape, mais pas au patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée, qu’il a comparé aux grands prêtres Hanne et Caïphe, qui réclamèrent la crucifixion de Jésus, comme aujourd’hui « la crucifixion et la destruction de l’Église orthodoxe ukrainienne ».

    Mais, de manière inattendue, la protestation de Cyrille a été relayée dimanche 25 août par le Pape François, qui a prononcé ces paroles au terme de l’Angélus, non pas improvisées mais lues une à unes et clairement écrites de sa main :

    « Je continue de suivre avec douleur les combats en Ukraine et en Fédération de Russie et, en pensant aux normes légales récemment adoptées en Ukraine, il me vient une crainte pour la liberté de ceux qui prient, parce que celui qui prie vraiment prie toujours pour tout le monde. On ne commet par le mal parce qu’on prie. Si quelqu’un comment un mal contre son peuple, il en sera coupable, mais on ne peut pas avoir commis le mal parce qu’on a prié. Qu’on laisse donc prier ceux qui veulent prier dans ce qu’ils considèrent comme étant leur Église. S’il vous plaît, qu’aucune Église chrétienne ne soit abolie directement ou indirectement. On ne touche pas aux Églises ! ».

    Cette protestation du Pape a eu le don d’irriter les autorités de Kiev. L’ambassadeur ukrainien près le Saint-Siège l’a déclarée « déplacée par ce que la nouvelle loi n’interfère pas avec la possibilité de chacun de prier comme il l’entend ».

    Mais il a surtout contredit les chef des Églises chrétiennes présentes en Ukraine – à l’exclusion de celle qui a des liens historiques avec le patriarcat de Moscou mais en ce compris l’Église grecque catholique présidée par l’archevêque majeur de Kiev, Svitoslav Chevtchouk – qui, après une entrevue avec Zelensky le 16 août, avaient publié une déclaration conjointe de soutien à la mise hors-la-loi de toute organisation religieuse en Ukraine qui aurait son « centre » en Russie et qui « serait gouvernée » par la Russie.

    Parce c’est bien cela que vise la loi n°8371 votée le 20 août dernier, qui va encore plus loin, en se basant sur la simple « affiliation » à Moscou pour faire tomber la sanction.

    Cette même journée du 20 août, après en avoir parlé lors d’une rencontre avec l’ambassadeur italien à Kiev, voici comment, dans un communiqué, l’archevêque Chevtchouk a décrit le principe duquel s’inspire la nouvelle loi, non seulement à son opinion mais également selon celui du Conseil des Églises d’Ukraine : « le droit et le devoir de l’État de garantir la sécurité nationale, en réagissant à l’instrumentalisation possible des organisations religieuses de la part des États agresseurs ».

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  • Le plus long voyage de son pontificat commence pour François

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Le plus long voyage de son pontificat commence pour François

    D'aujourd'hui jusqu'au 13 septembre, le Pape se rendra en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour. Un engagement onéreux à 87 ans mais pour Giovanni Maria Vian même la formule des voyages apostoliques est « fatiguée ».

    2 septembre 2024

    A quatre-vingt-sept ans, François s'apprête à entreprendre son plus long voyage apostolique, jusqu'au 13 septembre. L’Indonésie n’est que la première étape d’un programme qui se terminera à Singapour. Entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Timor-Leste. Depuis son élection, Bergoglio n'a jamais été aussi longtemps absent de Sainte Marthe.

    Pour un pape qui a placé le dialogue avec l'Islam au centre de son pontificat, une visite en Indonésie, le plus grand pays musulman au monde en nombre de fidèles, ne pouvait manquer dans son programme de voyage. Ce n'est pas un hasard si lors de son séjour à Jakarta, François se rendra à une rencontre interreligieuse à la mosquée Istiqlal (« Mosquée de l'Indépendance ») qui possède un soi-disant « tunnel de l'amitié » relié à la cathédrale catholique située de l'autre côté de la capitale.

    Après avoir quitté l'Indonésie, le Pape se rendra en Papouasie-Nouvelle-Guinée du 6 au 9 septembre. Ici, après la capitale Port Moresby, Bergoglio a voulu inclure Vanimo, la capitale d'une province du nord de l'île du Pacifique. Une "périphérie de la périphérie" probablement aussi choisie pour la présence du Père Martin Prado, missionnaire argentin de l'Institut du Verbe Incarné et désormais ami personnel du Pontife à qui il avait adressé une invitation un peu plaisante à venir lui rendre visite en Vanimo lors d'une audience à Rome avec une délégation de paroissiens. Cependant, François l'a pris au mot et a décidé d'inscrire cette étape inhabituelle à l'ordre du jour de ce très long voyage papal.

    Après la Papouasie-Nouvelle-Guinée, François se rendra au Timor oriental, l'un des pays ayant le pourcentage de catholiques le plus élevé au monde, juste derrière la Cité du Vatican. François a « récompensé » cette ancienne colonie portugaise en faisant l'archevêque métropolitain de Dili, le salésien Virgílio do Carmo da Silva, cardinal en 2022. Au Timor oriental, le pape trouvera un grand admirateur, l'ancien prix Nobel de la paix et actuel président José Ramos-Horta, qui, il y a deux ans, après sa réélection, souhaitait que le Parlement national adopte le document signé sur la fraternité humaine en 2019 par Bergoglio et l'imam d'Al-Azhar Ahmad Al-Tavveb à Abu Dhabi. Cependant, la visite est éclipsée par les récentes révélations d'un journal néerlandais selon lesquelles le co-lauréat du prix Nobel avec Horta, Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, est accusé d'abus sexuels depuis plus de 20 ans.

    Enfin, Francis s'envolera pour Singapour où le 12 septembre il célébrera la messe au Singapore Sports Hub. Un événement à guichets fermés qui a vu les 48 600 billets émis pour participer à l'événement se pulvériser en peu de temps. 

    Hier, comme d'habitude, le Pape s'est rendu à la Basilique de Santa Maria Maggiore et a prié devant l'icône de la Vierge Salus populi romani pour le succès de ce qui promet d'être l'un des voyages les plus fatiguants en onze années de pontificat et qui, selon l'ancien directeur de L'Osservatore Romano Giovanni Maria Vian "semble être une réplique du dernier de Paul VI". Dans un article sur Domani, le journaliste a également évoqué la lassitude du format des voyages apostoliques, affirmant que «la formule apparaît désormais répétitive – y compris les conférences de presse au retour qui finissent par éclipser les voyages eux-mêmes dans les médias – et il semble que le moment soit venu de repenser également cette manière d'exercer la papauté. »

  • Burkina Faso : des précisions sur le massacre du 25 août où de nombreux chrétiens ont trouvé la mort

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    ACN dénonce de nouveaux meurtres perpétrés par des terroristes islamistes au Burkina Faso

    Des djihadistes ont tué 26 personnes dans une église, dont de nombreux chrétiens.

    Des sources locales ont informé la fondation internationale Aid to the Church in Need (ACN) d’une nouvelle attaque extrémiste au Burkina Faso. L’attaque a eu lieu le 25 août dans la ville de Sanaba, dans le diocèse de Nouna, à l’ouest du pays. Un grand groupe d’insurgés a encerclé le village, rassemblé la population et ligoté tous les hommes de plus de 12 ans – chrétiens, adeptes du culte traditionnel et ceux qu’ils considéraient comme opposés à l’idéologie djihadiste – avant de les emmener dans l’église évangélique voisine. Là, ils ont égorgé 26 hommes au total, dont des catholiques.

    Vandalisme de l'église paroissiale dans le quartier de Zekuy-Doumbala, Burkina Faso
    Vandalisme de l’église paroissiale dans le quartier de Zekuy-Doumbala, Burkina Faso

    L’attaque est survenue un jour seulement après l’attaque du village de Barsalogho dans le diocèse de Kaya, où selon des sources locales consultées par ACN, le nombre de morts est supérieur à 250 – alors que le chiffre officiel est de 150 – et quelque 150 blessés graves.

    En outre, les mêmes sources ont fait état d’attaques contre trois paroisses proches de la frontière avec le Mali, également dans le diocèse de Nouna, ces derniers jours. « En conséquence, environ 5000 femmes et enfants ont trouvé refuge dans la ville de Nouna. Il n’y a pas un seul homme parmi eux. On ne sait pas où se trouve la population masculine, nous ne savons pas s’ils se sont échappés et se sont cachés ou s’ils ont été assassinés », explique la source.

    Dans le diocèse de Nouna, un grand nombre de lieux de culte catholiques, protestants et animistes ont été détruits ou incendiés ces derniers mois. « À Zekuy, un catéchiste a été alerté de l’attaque lorsqu’il a entendu le bruit des motos et a réussi à sauver le Saint Sacrement de l’église paroissiale, s’enfuyant avec le reste de la population dans la forêt », a déclaré un témoin du diocèse à la fondation. « Par chance, ce jour-là, il n’y a pas eu de victimes, mais l’église a été vandalisée, ils ont cherché à profaner le tabernacle, cassé toutes les statues et défiguré par des inscriptions en arabe la fresque représentant le Sacré Cœur. »

    Le tabernacle a été profané lors du vandalisme de l'église
    Le tabernacle a été profané lors du vandalisme de l’église

    On estime qu’environ 100 chrétiens ont été tués dans la zone pastorale de Zekuy-Doumbala depuis mai 2024. D’autres ont été kidnappés, sans que l’on sache où ils se trouvent.

    La vague de violence au Burkina Faso s’inscrit dans une évolution alarmante qui a plongé le pays dans une crise de plus en plus grave depuis 2015. ACN appelle ses bienfaiteurs et amis à prier pour les victimes de la violence au Burkina Faso et pour le retour de la paix et de la sécurité.

  • 2 septembre : les martyrs de septembre 1792

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    1906026849.jpg"Après la chute de la Monarchie le 10 août 1792, la fièvre monte à Paris. De nombreux suspects sont arrêtés : laïcs, prêtres séculiers, religieux, souvent réputés réfractaires, même si ce n’est pas le cas de tous. Environ 350 ecclésiastiques sont ainsi incarcérés, dont plus de la moitié étrangers à la capitale. Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d’hommes et de femmes envahissent les prisons parisiennes pour se livrer à l’exécution collective des détenus au couvent des Carmes, à l’abbaye de Saint-Germain, au séminaire Saint-Firmin, aux prisons de la Force, rue Saint-Antoine.

    Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le premier et le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l’abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les ecclésiastiques prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour, et finalement, le 2, vers quatre heures du soir, le tocsin de Saint-Sulpice qui donne le signal aux émeutiers. La tuerie qui a commencé dans le jardin s’achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier faisant communiquer la chapelle, où les prisonniers ont d’abord reflué et se sont mutuellement donné l’absolution, et le jardin. " Je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que j’ai vu massacrés " écrira l’abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie des Carmes.

    Parmi les 3 000 victimes de septembre 1792, 191 personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926. 86 prêtres étaient membres du clergé parisien. Les quatre laïcs et de nombreux religieux béatifiés appartenaient aussi à l’Église de Paris."

    http://viechretienne.catholique.org/saints/3806-bienheureux-martyrs-de-septembre

  • Défendre la messe traditionnelle avec des arguments justes

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    User d’arguments justes pour défendre la messe traditionnelle

    Ceux qui se consacrent à la défense des choses traditionnelles (liturgie, catéchisme, résistance à des doctrines délétères) hésitent souvent à dire qu’on se trouve présentement en face d’une situation ecclésiale atypique. Spécialement pour la liturgie. Même s’ils affirment que ce n’est pas pour des raisons de sensibilité mais de foi qu’ils célèbrent l’ancienne, ils pensent qu’ils peuvent efficacement défendre leur prise de position en face des tenants de la liturgie nouvelle comme un légitime libre choix. Il est vrai que des argumentations de ce type peuvent fonctionner assez bien auprès de l’opinion catholique en général, pour laquelle le libéralisme est devenu un horizon indépassable ; mais qu’il soit permis de profiter tactiquement de cet état d’esprit ne veut pas dire qu’on doive le justifier.

    Il leur arrive même paradoxalement de gauchir la doctrine traditionnelle pour la défendre. Nous pensons à la réduction à l’extrême de la doctrine de l’obéissance due aux autorités ecclésiastiques et à leurs enseignements. Puisqu’en bien des points, actuellement, la soumission aux autorités est intenable en conscience, ils en viennent pratiquement à affirmer que le libre examen était la doctrine commune de l’Église, chacun décidant de ce qui est catholique au nom de la « tradition » dont chacun est finalement le dépositaire. Ou bien encore ils procèdent à l’évidage de la doctrine de l’infaillibilité romaine en assurant que le Premier Siège a fréquemment émis des doctrines hétérodoxes. Autrement dit l’anormal de ce qui advient présentement est reporté sur l’Église de toujours[1]. Et les antimodernes deviennent des modernes.

    Nous ne voulons traiter ici que d’arguments concernant la défense de la messe traditionnelle. Spécialement, nous voudrions en considérer deux souvent utilisés pour justifier la libre option en faveur du missel traditionnel :

    1. L’invocation de la bulle Quo primum de 1570, en ce qu’elle porte que le missel qu’elle promulgue pourra être utilisé « à perpétuité ».
    2. Et la mise en avant du fait que l’Église a toujours reconnu la légitimité d’une diversité de rites.

    Ils ont dans leur principe toute leur pertinence, mais à condition d’éviter d’en user comme si les circonstances qui commandent leur emploi habituel étaient celles d’aujourd’hui :

    « Ce missel [le missel tridentin] pourra être suivi […] à perpétuité » (bulle Quo primum)

    Il faut replacer la prescription de saint Pie V dans son contexte. Ses deux bulles concernant le bréviaire et le missel prises en application des volontés du Concile de Trente, visaient à établir la prééminence des livres de la Curie romaine sur tous les usages particuliers du monde latin, lesquels pouvaient cependant subsister s’ils pouvaient prouver une ancienneté de 200 ans. « À perpétuité », tout clerc romain devait utiliser le missel et le bréviaire romain promulgué par le pape. Ou, s’il se trouvait dans Église locale au sein de laquelle, depuis deux cents ans au moins et de manière continue, un missel ou un bréviaire particuliers avait été utilisés, il pouvait cependant « à perpétuité » utiliser le livre romain (avec cette précision, pour l’Office, s’il devait être psalmodié au chœur, qu’il fallait évidemment qu’une règle commune soit fixée par l’évêque et les chanoines).

    De fait, la plupart des diocèses et des congrégations du monde latin pouvait établir que leurs livres propres, notamment dans les cathédrales et collégiales, remontaient au-delà du XIVe siècle. Cependant, évêques et chapitres préférèrent pour la plupart s’aligner sur le bréviaire et le missel, et ce en partie pour des raisons d’économie et de commodité de librairie, car il était difficile et onéreux de faire éditer des livres diocésains. On adopta donc généralement les livres romains y compris dans un premier temps en France (ce n’est que dans le dernier tiers du XVIIe siècle qu’on invoqua le droit à des livres diocésains particuliers, qualifiés plus tard de « néo-gallicans », à commencer par le bréviaire de Vienne en 1678).

    Pouvait-on d’ailleurs, en dehors du rite wisigothique ou mozarabe, conservé en quelques lieux d’Espagne, parler véritablement, à propos des églises diocésaines ou religieuses qui conservèrent leurs usages, de rites latins non romains ? Seul le rite ambrosien, bien que très proche du romain, avait des particularités suffisamment importantes pour être qualifié de rite spécifique. Ce n’était pas le cas des rites lyonnais[2], chartreux, dominicain, prémontré. Pas plus que les usages de beaucoup de cathédrales, de sanctuaires, d’Ordres religieux qui avaient un certain nombre de messes, de préfaces, d’hymnes, de séquences propres.

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  • Miserere mihi Domine; introit du 22ème dimanche du temps ordinaire

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    Introitus

    Miserere mihi Domine,
    quoniam ad te clamavi tota die :
    quia tu Domine suavis ac mitis es,
    et copiosus in misericordia
    omnibus invocantibus te.
     
    Ayez pitié de moi, Seigneur,
    car j’ai lancé vers vous mon appel tout au long du jour :
    car vous, Seigneur, vous êtes doux et bon :
    et abondant en miséricorde
    pour tous ceux qui vous invoquent.
    Ps.  1

    Inclina, Domine, aurem tuam,
    et exaudi me :
    quoniam inops, et pauper sum ego.

    Inclinez l’oreille, Seigneur,
    et exaucez-moi :
    car livré à moi-même, je suis sans ressource et malheureux.

  • Garde en moi un coeur pur (22e dimanche du temps ordinaire)

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    L'homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ pour le 22e dimanche du temps ordinaire (homelies.fr) :

    Les pratiques rituelles qui font l’objet du litige entre Jésus et les pharisiens, sont issues de la « tradition des anciens », c’est-à-dire de l’interprétation orale de la Torah transmise de génération en génération, et ayant acquis au fil des années, une valeur normative. Cette tradition contient un ensemble de prescriptions, qui veulent incarner dans la vie quotidienne les préceptes généraux de la Loi en matière de pureté rituelle. Ainsi l’aspersion « au retour du marché » était un geste symbolique de mise à distance par rapport à toute personne n’appartenant pas au peuple élu - peuple sacerdotal qui doit impérativement se garder « pur » pour pouvoir offrir à Dieu un sacrifice qui lui plaise. Sous couvert de rites religieux, ces pratiques relevaient avant tout du souci de sauvegarder une identité juive au milieu des nations païennes.

    Se faisant l’écho du prophète Isaïe, Jésus dénonce l’ambiguïté d’une telle attitude : derrière des explications se référant à la Thora, les doctrines enseignées par les pharisiens « ne sont que des préceptes humains ». Comme leur nom l’indique, les rituels « religieux » devraient avoir pour but de « relier » à Dieu ceux qui les accomplissent pieusement. Tel n’est plus le cas pour ces pratiques traditionnelles qui se sont réduites au fil des années, à des signes identitaires permettant de tracer la frontière entre le juif et le non-juif. Notre-Seigneur condamne l'hypocrisie de ces comportements pseudo-religieux, qui sacralisent une séparation entre les personnes alors que le Père a tout au contraire envoyé son Fils pour « rassembler ses enfants dispersés » (Jn 11, 52). Refusant toute forme de ségrégation, Jésus s’adresse directement à la foule bigarrée qui l’entoure, et au sein de laquelle les règles de pureté ne devaient pas être particulièrement observées. « Ecoutez-moi tous - sous-entendu : quelle que soit votre appartenance raciale, sociale ou nationale - prêtez attention à mes paroles et non aux vains discours de ces soi-disant docteurs de la Loi qui se sont éloignés des chemins de la sagesse. La pureté n’est pas un attribut des aliments ou des ustensiles. Seul le cœur peut être qualifié de pur ou d’impur, selon qu’il est digne de servir de Temple à Dieu ou pas. »

    Nous n’avons guère d’illusion à nous faire : depuis que nous nous sommes éloignés de Dieu par le péché, notre cœur est une caverne remplie de « pensées perverses ; inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchanceté, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure ». Nous en avons tous fait la triste expérience. A quoi bon purifier indéfiniment les ustensiles de cuisine pour éviter une impureté orale, alors que nous nourrissons des pensées coupables ? A quoi bon multiplier les ablutions corporelles extérieures, si notre cœur est maculé de pensées inavouables ? Les rites de purifications n’ont de sens que dans la mesure où ils sont l’expression d’une sincère conversion intérieure. Car Dieu seul peut nous purifier d’une eau lustrale qui soit spirituellement « efficace » : l’eau jaillie du côté transpercé de son Christ. C’est à cette eau qu’il pensait lorsqu’il annonçait par son prophète : « Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés. De toutes vos souillures, de toutes vos idoles je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 25-26).

    Le « cœur de chair » - qui correspond au « cœur pur » - est précisément un « cœur de pierre » qui s’est laissé purifier par la grâce divine, sans lui opposer d’obstacle. Hélas chaque fois que nous désobéissons à « la Parole de vérité » (2nd lect.), nous résistons concrètement à l’action purificatrice de l’Esprit Saint ; nous sommes en contradiction avec notre engagement baptismal. L’homme « intelligent » et « sage », celui qui vit dans la proximité de son Dieu (cf. 1ère lect.), est tout au contraire celui qui se laisse instruire, qui « écoute les commandements et les décrets que le Seigneur lui enseigne ; qui garde ses ordres tels que le Seigneur son Dieu les a prescris, sans rien y ajouter et rien y retrancher, car la Loi du Seigneur est juste et ses paroles sont vraies » (cf. 1ère lect.). La conclusion logique nous vient sous forme d’exhortation de la plume de saint Jacques : « Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous » (2nd lect.).

    Bien sûr il ne s’agit pas d’en rester à de pieuses considérations : la Parole de Dieu « est capable de nous sauver » dans la mesure où nous la mettons en application. Car après la purification dans les eaux de notre baptême, nous avons aussi été vivifiés par le Sang jailli de la même Source. Nous vivons désormais de la vie de l’Esprit, c'est-à-dire de la vie du Christ ressuscité. Dès lors, ce sont nos œuvres de charité qui « prouvent » l’authenticité de notre conversion et qui plaident pour nous. Car « devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde » (2nd lect.).

    C’est donc à un sérieux examen de conscience que l’Eglise nous invite sur la nature des pensées qui habitent habituellement notre cœur : pensées perverses, cupides, malveillantes ; ou pensées de paix, d’amour, de bienveillance ? Le « glaive à deux tranchants » de la Parole fait-il partie des armes dont nous nous servons pour mener le beau combat contre nos complicités avec l’esprit des ténèbres ? Notre conversion est-elle simplement « idéologique », sans changer vraiment nos comportements, ou bien la parole est-elle semée dans une terre accueillante qui lui permet de porter son fruit de charité ?
    Les textes de la liturgie de ce jour viennent à point nommé en ce temps de reprise : puissent-ils nous aider à nous recentrer sur la finalité surnaturelle de nos engagements telle que nous la révèle « la Parole de Dieu semée en nous » (2nd lect.), afin d’agir en « peuple sage et intelligent » dont « le Seigneur notre Dieu est proche chaque fois qu’il l’invoque » (1ère lect.).

    « “Seigneur, qui séjournera sous ta tente ? Celui qui se conduit parfaitement, qui agit avec justice et dit la vérité selon son cœur” (Ps 14). Puissions-nous tout au long de cette année qui commence, nous laisser guider par ta “parole de vérité qui nous donne la vie”, afin de te plaire en toutes choses, et d’être de vrais témoins de ton amour. “Père de toutes les lumières”, fais descendre d’en haut “les dons les meilleurs, les présents merveilleux” (2nd lect.) sur tes enfants, pour qu’ils se convertissent et trouvent en toi le bonheur pour lequel tu les as créés. »

    Père Joseph-Marie

  • La Lettre du pape François sur la littérature et l'éducation; un commentaire

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    De Miguel Cuartero sur son blog via korazym.org :

    Lettre du pape François sur la littérature et l'éducation; un commentaire

    Mais immédiatement, dans le premier paragraphe, il explique que cela s'applique non seulement aux séminaristes mais également à tous les chrétiens. Voici donc la Lettre sur le rôle de la littérature dans la formation (17 juillet 2024) ICI ] adressée aux séminaristes mais aussi aux formateurs et à tous les chrétiens, publiée en huit langues sur le site du Vatican.

    Le Pape affirme que pour entrer en dialogue avec la culture contemporaine, il faut se consacrer à la littérature. En effet, il ne suffit pas d'apprendre un christianisme « loin » des gens, mais il faut toucher la chair des hommes et des femmes. En ce sens, explique le Souverain Pontife, la littérature rapproche les chrétiens de la vérité sur l'homme, du « cœur de la culture » et du « cœur de l'être humain », en les épargnant de lectures abstraites à des années-lumière du monde.

    On voit clairement une référence à la théologie qui, pendant de nombreuses années, au cours de ce pontificat, a été désignée à plusieurs reprises comme une science abstraite et - à leur tour - les théologiens comme des rats de bibliothèque, enfermés dans leur raisonnement froid et raréfié.

    Donc plus de romans (anciens ou nouveaux, c'est égal) et moins de théories ; plus de littérature et moins de théologie ; plus de récits et moins de dogmatique. Le Pape se souvient de l'époque où plutôt que d'imposer à ses étudiants le Cid (poème épique classique de la littérature espagnole), il leur laissait lire Garcia Lorca [1], ce que les étudiants préféraient et qui leur convenait davantage. Parfois, un roman est aussi un bon substitut à la prière, affirme le Pontife, lorsque la prière est difficile à cause d'une crise ou d'une lourdeur d'esprit.

    Rien à dire sur l'invitation à redécouvrir et relire les classiques de la littérature. Il s’agit d’une richesse incontournable que peu de gens parviennent malheureusement à exploiter. Ce qui me laisse perplexe, c'est que dans le contexte actuel, dans l'environnement culturel dans lequel nous baignons, le Souverain Pontife prend la peine de demander, presque en suppliant, aux séminaristes de se tourner vers le roman pour devenir plus humains, plus créatifs, acquérir un vocabulaire plus large et lutter contre la corrosion cérébrale.

    À mon avis, le contexte culturel actuel est en fait configuré comme une guerre, une guerre culturelle, dans laquelle le christianisme (non pas les « religions », mais le christianisme) est constamment attaqué et tourné en dérision par une idéologie de plus en plus omniprésente. Les Jeux Olympiques de Paris en ont été un exemple clair [2] , au point de provoquer des protestations d'une partie du monde politique, mais surtout de la part des citoyens ordinaires, du monde laïc et des représentants et dirigeants d'autres religions pour invoquer le respect du christianisme et des valeurs chrétiennes (Susanna Tamaro a défini le rite d'ouverture des jeux comme « les funérailles de l'éthique » ICI ] ). Il faut dire que François n'a fait aucun commentaire à ce sujet, alors que le Saint-Siège s'est exprimé très tardivement dans une courte note [3] .

    Bref, le contexte dans lequel nous vivons est désormais clairement hostile aux chrétiens. L’avenir ne s’annonce pas rose. Sommes-nous préparés à cela ? Nos bergers le sont-ils ? Les futurs bergers le seront-ils ? Il y a beaucoup d'inquiétude et aussi la fatigue de devoir tout supporter ou de se sentir continuellement étiqueté comme rétrograde ou théoricien du complot (comme l'auteur semblera évidemment l'être). L'invitation à tout confier à la littérature pour mieux comprendre et dialoguer avec le monde - de la part du Souverain Pontife, chef de l'Église et pasteur des catholiques dispersés dans le monde - semble pour le moins surprenante.

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  • Un Nihil obstat pour la dévotion à Notre-Dame de la Miséricorde de Pellevoisin

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    De Vatican News :

    Notre-Dame de la Miséricorde de Pellevoisin: une dévotion qui fait du bien

    Le dicastère pour la Doctrine de la foi a donné son accord à l'archevêque de Bourges pour publier le décret de «nihil obstat» concernant la dévotion liée au sanctuaire marial de cette petite commune française où, en 1876, une pauvre servante, Estelle Faguette, aurait eu plusieurs apparitions de la Vierge Marie.

    «Bien qu’il ne soit pas dans les habitudes de ce dicastère de se prononcer sur le caractère surnaturel ou l’origine divine des phénomènes surnaturels et des prétendus messages, les paroles qu’Estelle attribue à la Vierge Marie ont une valeur particulière permettant d’entrevoir une action de l’Esprit Saint au cœur de cette expérience spirituelle».

    C'est ce qu'écrit le cardinal Victor Manuel Fernández dans une lettre adressée à l'archevêque de Bourges, Mgr Jérôme Daniel Beau, et approuvée par le Pape François mercredi 22 août, dans laquelle il donne son accord pour procéder au décret proposé de «nihil obstat» concernant «Notre-Dame de la Miséricorde», vénérée dans le sanctuaire de Pellevoisin, une petite commune du centre de la France, où en 1876 une pauvre servante, Estelle Faguette, aurait eu plusieurs apparitions de la Vierge Marie.

    Une dévotion recommandée

    Le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi affirme que non seulement «il n’y a pas d’objections doctrinales, morales ou autres à cet événement spirituel» auquel les fidèles «peuvent donner leur assentiment avec prudence» (Normes, art 22, 1), «mais qu’au contraire la dévotion dans ce cas, déjà florissante, est particulièrement recommandée à ceux qui veulent librement y adhérer», car il y a là «un chemin de simplicité spirituelle, de confiance et d’amour» qui est susceptible de faire beaucoup de bien et qui «sera assurément un bien pour toute l’Église».

    La lettre d'Estelle à la Vierge

    Estelle est née le 12 septembre 1843 dans une famille très pauvre. Pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses parents, elle travaille d'abord comme blanchisseuse, puis comme domestique. Elle tombe gravement malade et sa vie est en danger. C'est alors qu'elle décide d'écrire une lettre touchante à la Vierge pour demander sa guérison afin de continuer à subvenir aux besoins de ses pauvres parents. Ses paroles, écrit le cardinal, «frappent par leur simplicité, leur clarté et l’humilité. Estelle raconte les souffrances causées par sa maladie. Elle ne se targue pas d’un esprit chrétien de résignation. Au contraire, elle fait part de sa résistance intérieure à une maladie qui a bouleversé son projet de vie». Mais finalement, elle s'en remet toujours à la volonté de Dieu. Elle veut seulement aider son père et sa mère de toutes les forces qui lui restent: «Ce dévouement généreux aux autres, cette vie consacrée à leur soin, est ce qui a le plus touché le cœur de la Vierge» qui «sait reconnaître tout le bien qui se cache derrière nos paroles».

    La guérison miraculeuse

    La jeune femme raconte que les premières apparitions ont commencé en février 1876, alors qu’elle avait 32 ans: à la cinquième apparition, comme promis par Marie, elle a été complètement guérie. Estelle est très claire sur ce qui s'est passé: la Vierge a obtenu sa guérison par son Fils. Tout est attribué au Christ, c'est le Christ qui a écouté l'intercession de sa mère. Une guérison, souligne le cardinal Fernández, «confirmée comme miraculeuse par l’archevêque de Bourges, le 8 septembre 1893, avec l’accord du Saint-Office».

    Quelques messages de Marie

    Dans ses messages, Marie manifeste à Estelle toute sa proximité et sa tendresse avec des paroles d'encouragement: «Ne crains rien, tu es ma fille», «Si tu veux me servir, sois simple»«Courage», «Je serai invisiblement près de toi […] Tu n’as rien à craindre»«Je choisis les petits et les faibles pour ma gloire». Et puis les exhortations à la paix: «Du calme, mon enfant, patience, tu auras des peines, mais je suis là», « Je voudrais que tu sois encore plus calme [...] Tu as besoin de te reposer». Une invitation également adressée à l'Église: «Dans l'Église, il n'y a pas ce calme que je désire».

    Une présence silencieuse

    Souvent, dit le cardinal préfet, «plus que les paroles de Marie, ce qui fascine, c’est sa présence silencieuse, ces longs silences où son regard de Mère guérit l’âme». Estelle écrit: «Mon Dieu comme elle était belle! Elle resta longtemps immobile sans rien dire [...] Après ce silence, elle me regarda; je ne sais pas ce que j’éprouvais; comme j’étais heureuse!»«Elle ne m’a rien dit. Puis elle jeta les yeux sur moi et m’a regardée avec beaucoup de bonté et partit», Elle «me regardait toujours souriant»«Quelle beauté et quelle douceur!», «Quelle bonté dans son regard et quelle miséricorde!».

    Le scapulaire avec l'image du Cœur du Christ

    «L'expérience de Pellevoisin, poursuit le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, est mariale, mais en même temps elle demeure fortement christologique». Ainsi, «la grande demande de la Vierge à Estelle est qu’elle répande le scapulaire avec l’image du Cœur du Christ, et son grand message est l’invitation à se tourner vers le Cœur aimant du Seigneur». Montrant à Estelle le scapulaire du Sacré-Cœur du Christ, Marie dit: «Depuis longtemps, les trésors de mon Fils sont ouverts [...]. J’aime cette dévotion».

    Estelle accepte cette demande de répandre la dévotion au Cœur du Seigneur. «Le Cœur du Christ n’est jamais indifférent; il se laisse toucher par notre supplication sincère et aimante, surtout quand c’est la Mère qui touche son Cœur». La vie d'Estelle s'est déroulée dans l'humilité au milieu de nombreuses épreuves, accusations et calomnies. En 1925, elle entre dans le Tiers-Ordre dominicain. Elle meurt à Pellevoisin le 23 août 1929 à près de 86 ans.

    Les autorisations des Papes

    Le cardinal rappelle que plusieurs papes ont autorisé des actes de dévotion liés à «Notre-Dame de la Miséricorde», également connue sous le titre de «Mère toute miséricordieuse»: en 1892, Léon XIII a accordé des indulgences aux pèlerins qui se rendaient à Pellevoisin et, en 1900, il a reconnu le scapulaire du Sacré-Cœur. Benoît XV en 1915, recevant le scapulaire, affirme que «Pellevoisin a été choisi par la Sainte Vierge comme un lieu privilégié où elle répand ses grâces». En 1922, l’autorisation d’une messe votive, le 9 septembre, est donnée à la paroisse de Pellevoisin. Au cours de toutes ces années, dit le cardinal Fernández, «de nombreux et beaux fruits de foi et de charité» ont fleuri chez ceux qui ont vécu cette dévotion.

    En long et en large sur Aleteia.org

  • Il n’y a pas de place pour Dieu au Danemark, ni besoin de lui en Norvège

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    De sur First Things :

    La foi de mes pères

    29 août 2024

    Cet été, mon mari et moi avons fait une croisière dans les fjords à couper le souffle de Norvège et du Danemark, en faisant escale dans des villes et des villages. Au cœur de chaque petit hameau se dresse une jolie église en bois (ou en pierre, si l’église d’origine en bois avait brûlé). Et, invariablement, nos guides nous disaient, avec plus ou moins de satisfaction, que « personne en Norvège ou au Danemark ne va plus à l’église ». Le luthéranisme dévot de mes ancêtres, qui a tant façonné et défini mes grands-parents et mes parents, est mort et enterré. 

    Selon les guides, la question est désormais de savoir quoi faire de tous les bâtiments religieux. Les paroisses ne sont plus en mesure de s'en occuper, et c'est la ville et l'État qui doivent en prendre en charge l'entretien. Dans la plupart des cas, les églises, si elles sont ouvertes, sont devenues des « centres culturels » pour des concerts et des pièces de théâtre, et sont bien entretenues. 

    Mais au cœur du centre-ville de Bergen, en Norvège, au bout d'une vaste place, se dresse l'église Saint-Jean, actuellement recouverte d'un tissu blanc disgracieux, son clocher dépassant bizarrement du sommet. Notre guide nous a expliqué que cela faisait un certain temps que les choses étaient ainsi en raison d'un désaccord sur ce qu'il fallait faire du bâtiment. On ne savait pas si l'église était réellement en cours de rénovation ou si elle était simplement recouverte pour protéger les passants des chutes de pierres. 

    En juin dernier, un immense drapeau palestinien a été peint sur le tissu. Le drapeau a depuis été retiré, mais l’incident met en lumière une triste vérité : l’islam est la seule religion en plein essor à Bergen. 

    Le christianisme est peut-être mort en Scandinavie, mais le zèle religieux ne l’est certainement pas. Partout, nous avons eu droit à des conférences passionnées sur le changement climatique et le développement durable. Les voitures électriques sont de rigueur et le traitement des déchets est tout simplement miraculeux. Bergen est fière de son système de canalisations coûteux et élaboré qui, selon notre guide, transporte et transforme immédiatement les déchets. Jetez-les ici : ils sont rapidement rachetés, sanctifiés et recréés là-bas. Les Norvégiens ne se soucient peut-être plus beaucoup de leur propre rédemption, mais ils sont profondément pieux quant à la rédemption de leurs déchets. 

    Lors de notre dernière escale en Norvège, tôt un dimanche matin, notre bateau a accosté à Kristiansand et nous nous sommes dirigés vers le cœur de la charmante ville portuaire où la cathédrale de Kristiansand, l'une des plus grandes églises de Norvège, domine la place. Bien que son site Internet annonce des services à 11 heures, nous n'avons trouvé aucun panneau extérieur, les portes étaient verrouillées et personne ne se promenait. Plus tard, nous sommes revenus avec un guide, qui ne savait rien des services, mais nous a parlé des concerts d'orgue quotidiens pour les touristes. 

    Bien que l'extérieur soit en pierre néogothique (trois églises précédentes sur le site ont brûlé), l'intérieur est un mélange de bois peint et non peint, typiquement norvégien et absolument magnifique. J'ai imaginé mes ancêtres se rassemblant pour chanter ici, et j'ai pleuré de voir à quel point il était vide ce dimanche-là. 

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  • Newman : le plus grand adversaire moderne contre le libéralisme

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    De Frank De Vito sur Crisis Magazine : 

    Newman et le conservatisme moderne

    Je ne peux penser à aucun plus grand guerrier moderne contre le libéralisme, tant en pensée qu’en action pratique, que le grand saint cardinal John Henry Newman.

    30 août 2024

    Le mouvement conservateur est toujours à la recherche de héros intellectuels du passé, de ceux que nous pouvons citer comme exemples à suivre. Les conservateurs politiques varient dans leur choix de champions ; Platon et Aristote, Augustin et Thomas d’Aquin, Burke et Hamilton font appel à différents conservateurs en tant que penseurs qui offrent un modèle pour la politique du jour. Alors que la folie woke de la décennie passée semble être une menace nouvelle et inédite, la situation actuelle n’est en réalité rien de plus que la continuation cohérente du libéralisme. Comme je ne peux penser à aucun plus grand guerrier moderne contre le libéralisme, tant en pensée qu’en action pratique, que le grand saint cardinal Newman, je le propose comme exemple pour rejoindre les grands rangs qui composent le canon des héros conservateurs d’aujourd’hui.

    Vers la fin de sa vie, lorsqu’il fut nommé cardinal, Newman prononça son célèbre biglietto , dans lequel il se déclarait un combattant de toute une vie contre le libéralisme : « Et je suis heureux de dire que je me suis opposé dès le début à un grand mal. Pendant trente, quarante, cinquante ans, j’ai résisté du mieux que j’ai pu à l’esprit du libéralisme dans la religion. » Newman fut un antilibéral pendant la majeure partie, sinon la totalité, de sa vie d’adulte. Même avant sa conversion au catholicisme, avant de commencer à s’engager dans les grandes controverses intellectuelles au sein de l’Église d’Angleterre, Newman était conscient de la menace croissante du libéralisme. Né en 1801, Newman a vu la question du libéralisme surgir au sein de la religion et de la société dans les années 1830, bien avant les bouleversements culturels libéraux des années 1920 et 1960. Les conservateurs devraient prêter une attention particulière à la pensée et à l’œuvre de Newman.

    Le discours biglietto de Newman donne une définition claire et nette du libéralisme : 

    Le libéralisme religieux est la doctrine selon laquelle il n’y a pas de vérité positive en religion, mais qu’une croyance en vaut une autre, et c’est cet enseignement qui gagne en force et en force de jour en jour. Il est incompatible avec la reconnaissance d’une religion comme vraie . Il enseigne que toutes doivent être tolérées, car toutes sont des questions d’opinion. La religion révélée n’est pas une vérité, mais un sentiment et un goût ; ce n’est pas un fait objectif, ce n’est pas un miracle ; et chaque individu a le droit de lui faire dire exactement ce qui lui plaît. 

    Bien que Newman parle ici du libéralisme en religion, il y a beaucoup à apprendre de cette citation sur les racines et les problèmes du libéralisme moderne en général.

    Newman a compris que l’erreur fatale du libéralisme est le déni de la vérité objective. Dans cette vision du monde, tout est une question d’opinion, de sentiment, de goût. Dans un environnement intellectuel où règne le libéralisme, les conservateurs perdront. La vérité du conservatisme repose sur… la vérité. Les doctrines conservatrices sur la dignité de l’individu, l’importance de la famille, le maintien de la tradition et de l’ordre pour l’épanouissement de la société, reposent sur des affirmations de vérité objective sur ce qu’est la personne humaine, sur la manière dont elle est faite et sur ce qu’il faut pour qu’elle s’épanouisse. Newman a compris que l’erreur fatale du libéralisme est le déni de la vérité objective.

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