Du Père Benoît Kiely sur The European Conservative :
Le bienheureux Charles, une lumière pour notre temps
Portrait de l'empereur Charles (1916) par Tom von Dreger (1868-1948)
Le titre de cette conférence du week-end est : « Le bienheureux Charles – une lumière pour notre époque ». Pourquoi un anachronisme – un empereur qui a perdu son empire – serait-il une lumière pour notre époque ? Je suis tenté de dire, non seulement : « Qu’y a-t-il de mal avec les anachronismes ? » mais aussi : « Redonnons aux anachronismes leur grandeur. »
Je pense que la réponse à ces deux questions – pourquoi le bienheureux Charles est-il une lumière et pourquoi il l’est pour notre époque – peut d’abord être trouvée dans les raisons traditionnelles pour lesquelles l’Église béatifie et canonise des hommes, des femmes et des enfants. Nous prions avec ferveur pour que non seulement le bienheureux Charles devienne bientôt saint Charles, mais aussi que la servante de Dieu, l’impératrice Zita, son épouse, devienne bientôt sainte Zita. En fait, leur double canonisation confirmerait ce que je dis.
Traditionnellement, l’Église propose des personnes à vénérer pour trois ou quatre raisons principales : parce qu’elles ont vécu une vie chrétienne exemplaire, une vie de sainteté, de vertu, de charité, de souffrance et peut-être de martyre. Cependant, il y a beaucoup (peut-être des millions) d’hommes et de femmes qui vivent et ont vécu une vie sainte et qui ne sont pas canonisés : nous nous souvenons d’eux tous le 1er novembre. Chesterton, un homme qui devrait être canonisé (nous avons besoin d’un saint gras, vêtu de bière et de bordeaux, fumant des cigares – le patron parfait pour les journalistes), a déclaré que « le vrai saint ou le vrai héros ne diffère de l’humanité que parce qu’il est, pour ainsi dire, plus humain que l’humanité ». Comme si souvent avec GKC, ces simples mots sont très profonds. Être « plus humain que l’humanité » signifie en fait être tel que l’humanité était censée être avant la chute, être plus proche de l’intention originelle de Dieu, ce qui est clairement ce qu’est un saint et un héros. Les saints sont les héros de l’Église. C'est pourquoi la première raison pour laquelle l'Eglise propose à la vénération publique quelqu'un, en raison de sa vie sainte, c'est qu'il soit un modèle. C'est pourquoi l'Eglise a des saints pour chaque profession, pour chaque rôle. Il n'est pas possible, tant que la profession est honorable, de dire que l'on ne peut pas être un saint si l'on est, par exemple, un soldat, un forgeron, une mère de famille occupée ou même un empereur.
En tant qu’exemple, la personne canonisée est digne d’être imitée. Certains saints « passent l’épreuve du temps ». En d’autres termes, ils sont encore vénérés des siècles après leur vie sur terre. Pourtant, il arrive souvent qu’un saint réponde à un besoin particulier à un moment particulier, même si sa vénération peut ensuite se poursuivre pendant des siècles. Ici, peut-être pouvons-nous parler du bienheureux Charles comme d’une lumière pour notre époque. Enfin, et c’est très important, le saint est un intercesseur céleste ; il prie pour nous, il fait partie de l’Église triomphante qui nous aide, l’Église militante sur terre. Il est très certainement notre ami au ciel, qui nous aide, que ce soit pour assurer une victoire du Fidesz en Hongrie ou, comme saint Antoine, pour nous aider à retrouver nos clés de voiture perdues.
Le bienheureux Charles est et a été un intercesseur, un exemple et il mérite certainement d’être imité, même s’il est peu probable que beaucoup d’entre nous deviendront empereur ou impératrice, à moins que nous ne soyons des résidents de l’asile d’aliénés local. Mais nous sommes, ou serons, des pères et des mères de famille, des dirigeants, des hommes politiques et des soldats. Nous sommes tous, d’une certaine manière, ou devrions être, des artisans de paix, que ce soit au plus haut niveau ou au plus bas.
Ces raisons de vénération publique étant comprises, je voudrais proposer quelques pistes par lesquelles nous pouvons considérer la vie du bienheureux Charles à la fois comme une lumière et comme une lumière pour notre temps.