De Marco Mancini et Matthew Bunson pour CNA :
Que signifie le fait que près de la moitié des nouveaux cardinaux seront issus d’ordres religieux ?
6 décembre 2024
Sur les 21 cardinaux qui seront créés le 7 décembre lors du 10e consistoire du pape François au Vatican, 10 nouveaux cardinaux - près de la moitié - sont membres de congrégations ou d'instituts religieux.
Étant donné que le pape lui-même appartient à la Compagnie de Jésus (Jésuites) et qu'il a toujours pris en compte la présence d'hommes religieux au sein du Collège des cardinaux lors de ses consistoires, il n'est pas surprenant qu'il choisisse de nouveaux cardinaux parmi les nombreuses congrégations et instituts de l'Église pour les religieux.
Ce qui est inhabituel, cependant, c'est le grand nombre de cardinaux d'ordres et d'instituts religieux nommés dans ce dernier consistoire et la diversité des communautés représentées.
Les 10 religieux sont répartis comme suit :
- Trois sont franciscains (deux frères mineurs et un conventuel).
- Deux d’entre eux sont de la Société du Verbe Divin (Verbiti).
- Deux d'entre eux sont dominicains.
- Il y en a un de chaque côté de la Congrégation de la Mission (Vincentiens), des Missionnaires de Saint Charles Borromée (Scalabriniens) et de la Congrégation du Très Saint Rédempteur (Rédemptoristes).
Les nouveaux cardinaux sont :
- Mgr Luis Gerardo Cabrera Herrera, OFM, archevêque métropolitain de Guayaquil, Équateur (franciscain)
- Mgr Jaime Spengler, OFM, archevêque métropolitain de Porto Alegre, Brésil ; président de la Conférence épiscopale brésilienne ; et président du Conseil épiscopal latino-américain, CELAM (franciscain)
- Mgr Dominique Joseph Mathieu, OFM Conv, archevêque de Téhéran-Ispahan, Iran (franciscain conventuel)
- Mgr Tarcisius Isao Kikuchi, SVD, archevêque métropolitain de Tokyo et président de Caritas Internationalis (Société du Verbe Divin/Verbiti)
- Mgr László Német, SVD, archevêque métropolitain de Belgrade, Serbie (Société de la Parole divine/Verbiti)
- Mgr Jean-Paul Vesco, OP, archevêque métropolitain d'Alger, Algérie (dominicain)
- Mgr Vicente Bokalic Iglic, CM, archevêque de Santiago del Estero, Argentine (Congrégation de la Mission/Vincentiens)
- Mgr Mykola Byčok, CSSR, éparque de Saint-Pierre et Paul de Melbourne des Ukrainiens en Australie (Congrégation du Très Saint Rédempteur/Rédemptoristes)
- Père Timothy Radcliffe, OP, ancien maître général de l'Ordre des Prêcheurs et actuel assistant spirituel de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques (dominicain)
- Père Fabio Baggio, CS, sous-secrétaire pour la section migrants et réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral (Missionnaires de Saint Charles Borromée/Scalabriniens)
Comme nous l'avons déjà indiqué, les nouveaux cardinaux issus de communautés religieuses représentent près de la moitié de la nouvelle promotion et constituent le plus grand groupe de religieux hommes choisis dans un seul consistoire au cours des près de 12 ans de pontificat du pape François. Le plus proche a eu lieu en 2019, lorsque huit des 13 nouveaux cardinaux étaient des religieux hommes.
Au total, sur les 163 cardinaux créés dans les 10 consistoires de son pontificat, le pape François a choisi 55 religieux issus de plus de 20 communautés religieuses. Il compte ainsi en moyenne entre quatre et cinq religieux dans chaque consistoire.
Huit cardinaux sont jésuites, dont le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, préfet émérite du Dicastère pour la doctrine de la foi, et deux figures éminentes du pontificat : le cardinal Jean-Claude Hollerich de Luxembourg, qui fut également rapporteur général du Synode sur la synodalité, et le cardinal Michael Czerny, préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral.
Six d'entre eux sont des salésiens, dont le cardinal Charles Maung Bo de Yangon, au Myanmar, et le cardinal Cristóbal López Romero de Rabat, au Maroc. Les Franciscains capucins comptent quatre membres, dont le cardinal Fridolin Ambongo Besungu de Kinshasa, en République démocratique du Congo, qui a dirigé l'opposition des évêques africains à la Fiducia Supplicans , qui autorisait la bénédiction des couples de même sexe, et le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de longue date de la Maison pontificale.
Parmi les autres cardinaux notables de la liste figurent : le rédemptoriste Joseph William Tobin, archevêque métropolitain de Newark, dans le New Jersey ; le carme déchaussé Anders Arborelius, évêque de Stockholm, en Suède, converti au catholicisme ; le regretté missionnaire combonien Miguel Ángel Ayuso Guixot, l'un des plus grands experts du dialogue interreligieux, décédé fin novembre ; le missionnaire de la Consolata Giorgio Marengo, préfet apostolique d'Oulan-Bator, en Mongolie, l'un des plus jeunes membres du Collège des cardinaux ; et l'augustin d'origine américaine Robert Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques.
Après le dernier consistoire, parmi les cardinaux encore en vie depuis le pontificat de saint Jean-Paul II, il y aura au total 11 salésiens, neuf jésuites, cinq franciscains capucins, cinq frères mineurs, quatre dominicains, trois franciscains conventionnels, deux spiritains, deux clarétains, deux missionnaires oblats de Marie Immaculée, deux missionnaires d'Afrique (les Pères Blancs), deux rédemptoristes, deux de la Société du Verbe Divin (Verbites), et un de chacune des communautés suivantes : eudistes, pères de Schoenstatt, cisterciens, récollets augustins, congrégation de la Sainte-Croix, missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, carmes déchaux, sulpiciens, maronites mariamite, scalabriniens, légionnaires du Christ, missionnaires de la Consolata et augustins. Il y aura également deux membres de l'Opus Dei.
Une question qui se pose, bien sûr, est de savoir si les cardinaux appartenant à des communautés religieuses sont plus fortement représentés au sein du Collège des cardinaux sous le pape François que ses prédécesseurs immédiats.
Parmi les 140 cardinaux électeurs qui ont été élus à l'issue de ce dernier consistoire, on compte désormais 35 cardinaux religieux, soit près de 25% du total des votants. A titre de comparaison, en 2005, au moment de la mort de Jean-Paul II, 117 cardinaux électeurs étaient éligibles pour participer au conclave suivant (deux n'y ont finalement pas participé). Parmi eux, 20 étaient des religieux, soit 17% des votants.
En 2013, 115 cardinaux électeurs étaient éligibles pour participer à l'élection du successeur du pape Benoît XVI après sa démission. Parmi les électeurs figuraient 18 religieux, soit 15,5 % des votants. L'un d'eux, bien sûr, a été élu pape : le cardinal jésuite Jorge Mario Bergoglio, qui a pris le nom de François.