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BELGICATHO

  • Les martyrs chrétiens et nous

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    De  sur The Catholic Thing :

    Les martyrs chrétiens et nous

    30 juin 2025

    Aujourd'hui, nous célébrons la fête des Premiers Martyrs de Rome, ce groupe de premiers chrétiens, pour la plupart méconnu, persécutés et morts en 64 apr. J.-C. sous l'empereur Néron. Certains furent enveloppés dans des peaux de bêtes et déchiquetés par des chiens lors de spectacles publics, d'autres enduits de goudron et brûlés vifs comme des torches humaines. Ce fut le début d'une violence antichrétienne qui, malheureusement, a refait surface périodiquement au cours des 2 000 dernières années et qui perdure encore aujourd'hui.

    L’historien romain Tacite a déploré la mort des premiers martyrs – mais pas à cause de l’inhumanité et de l’injustice :

    Pour faire taire la rumeur [qu'il avait incendié Rome], [Néron] accusa faussement de culpabilité et punit par les tortures les plus atroces les personnes communément appelées chrétiens, qui étaient [généralement] haïes pour leurs énormités. Christus, le fondateur de ce nom, fut mis à mort comme criminel par Ponce Pilate, procurateur de Judée, sous le règne de Tibère. Mais la superstition pernicieuse [ prava superstitio ], un temps réprimée, éclata de nouveau, non seulement en Judée, d'où le mal était né, mais aussi dans la ville de Rome, où tout ce qui est horrible et honteux afflue de toutes parts, comme vers un réceptacle commun… une immense multitude fut condamnée, non pas tant pour avoir incendié la ville, que pour « haine du genre humain ».

    Et vous pensiez que c'est seulement depuis l'essor du « wokisme » que l'Église a été vilipendée pour « prêcher la haine » ? Ou que le christianisme a été accusé d'être une superstition dépravée ?

    Le martyre présente pourtant un paradoxe inattendu. Les premiers ennemis de la foi à Jérusalem pensaient sans doute que crucifier Jésus mettrait fin à sa vie et à tout ce qu'il entreprenait. Il s'avéra que sa mort – et sa résurrection – contribuèrent encore davantage à la diffusion de l'Évangile. Tacite remarquait que les persécutions et les martyrs suscitaient la sympathie du peuple, ce qui fit progresser la foi.

    Tertullien, théologien nord-africain du IIIe siècle, a fait cette remarque célèbre : le sang des martyrs était la semence de l'Église. Ce n'est pas le cas pour ceux qui subissent des persécutions, ni pour les rares d'entre nous qui prêtent attention à ces choses. Mais c'est vrai.

    Le Nigeria enregistre actuellement le plus grand nombre de victimes chrétiennes (5 000 par an) martyrisées par des musulmans. Il y a un peu plus d'une semaine , des musulmans ont forcé 200 chrétiens à entrer dans un bâtiment, qui a été incendié. La plupart ont péri dans les flammes, les autres ont été pris dans une embuscade alors qu'ils prenaient la fuite.

    Pourtant, l’Église du Nigeria est celle qui connaît la croissance la plus rapide de toute l’Afrique.

    Malheureusement, jeudi dernier, un événement similaire s'est produit dans deux villages chrétiens de Cisjordanie, en Israël. Des extrémistes juifs, souvent qualifiés à tort de simples « colons », ont attaqué Taybeh et Kafir Malik, incendiant des maisons et causant la mort de trois chrétiens arabes.

    Les Martyrs des Catacombes  de Jules Eugène Lenepveu, 1856 [Louvre, Paris]

    Ce n'est pas la seule fois que les chrétiens d'Israël se sont retrouvés attaqués. Une partie des Juifs ultra-orthodoxes israéliens a fait preuve de préjugés persistants à leur égard, crachant sur le clergé et intimidant les personnes – généralement chrétiennes – qui travaillent ou voyagent le samedi, jour du sabbat juif. Des tombes et des lieux saints chrétiens ont été profanés. En 2012, les portes d'un monastère trappiste ont été incendiées et les murs ont été tagués avec l'insulte « Jésus était un singe ».

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  • Que pouvons-nous déduire des premiers pas du pontificat de Léon XIV ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV : les premiers pas

    30 juin 2025

    Les premiers pas d'un pontificat sont toujours un exercice de communication : le nouveau pape - quel qu'il soit - fera de petites choses qui en diront long sur ses intentions, et c'est pourquoi il est important d'observer attentivement les nouveaux pontificats et de les analyser avec soin. Le pontificat de Léon XIV n'échappe pas à cette règle, et il sera donc important de décortiquer les indications subtiles mais indubitables qu'il a données, ou que les faits sur le terrain dictent ou laissent supposer aux observateurs

    De même, le pape Léon n'a pas encore commencé à prendre de véritables décisions en matière de gouvernance. Il ne le fera probablement qu'en septembre, après avoir soigneusement examiné toutes les possibilités. Les nominations épiscopales publiées jusqu'à présent ont généralement été décidées à l'avance, dans le cadre d'un processus plus long auquel Léon XIV n'a pas touché. À la Curie, il n'y a pas encore eu ce que l'on appelle communément le « spoils system » (la substitution de fidèles à ceux qui sont en place). Il est donc également important pour les observateurs du nouveau pontificat de ne pas trop chercher à lire dans le marc de café.

    Que pouvons-nous donc comprendre de ces premiers pas du pontificat de Léon XIV ? Quelle sera la direction prise par le Pape ?

    Premier point : Léon XIV donnera du poids et de l'importance aux Églises orientales. Déjà, le 14 mai, peu après son élection, rencontrant les pèlerins des Églises orientales pour leur Jubilé, il dit que « leur témoignage est précieux ». Le 26 juin, rencontrant les membres de la Réunion des œuvres d'entraide pour les Églises orientales, il va même jusqu'à pointer du doigt « les incompréhensions de la communauté catholique elle-même », s'inscrivant ainsi dans la lignée de son prédécesseur Léon XIII. Les historiens évoqueront Benoît XV, qui a redonné de l'importance à l'Orient dans la vie de l'Église universelle, et noteront que Pie X a affirmé avec force la nécessité pour l'Occident de comprendre l'Orient. Mais c'est Léon XIII qui, par sa lettre encyclique de 1894, Orientalium dignitas, a commencé à sortir les Églises orientales du cône d'ombre dans lequel les préjugés de l'Église latine les avaient reléguées.

    Cette attention portée aux Églises orientales n'est pas seulement formelle. Léon XIV montre qu'il apprécie la diversité ; il se rend compte du travail que ces Églises accomplissent au niveau local. Dans de nombreux cas, les Églises catholiques de rite byzantin ont été la bouée de sauvetage des populations chrétiennes persécutées et attaquées au-delà du rideau de fer ou dans un Moyen-Orient ensanglanté. Les Églises orientales sont l'expression d'un peuple, et Léon XIV le sait bien.

    Le deuxième point est d'ordre diplomatique. Dès le début, Léon XIV a établi sa priorité pour une diplomatie de la vérité. Dès le premier Regina Coeli après son élection, il a lancé un appel à la paix en Ukraine qui était précis dans sa manière et sa forme, et de cette manière, tous les appels à la paix qu'il a lancés au cours de ce premier mois et demi de pontificat ont été esquissés. Pour Léon XIV, la diplomatie n'est pas un exercice extemporané, une simple demande aux parties de cesser le feu et de se réunir avec bonne volonté. Elle doit être poursuivie, et le pape le fera avec les membres de son corps diplomatique, à qui il a rappelé, par un anneau hautement symbolique, qu'ils travaillent sous le sceau de Pierre. C'est un signe d'attention, mais il doit aussi s'inscrire dans la nécessité d'apporter une harmonie et une réponse univoque aux grandes crises en cours.

    Le troisième point est d'ordre conceptuel. Léon XIV est précis dans son langage et ne manque pas de se référer à la tradition de l'Église. Il parle du mariage non pas comme d'un idéal mais comme d'un don et balaie ainsi toutes les objections possibles au fait que la vie chrétienne est compliquée et qu'il faut donc accepter des compromis. La vie est complexe. La vie chrétienne est une vocation à poursuivre, mais le fait qu'elle soit difficile ne signifie pas qu'il faille perdre de vue sa vocation dans la vie.

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  • Le cardinal Müller aux ordinands : "Vous n'êtes donc pas comme des mercenaires, des fonctionnaires, bien ou mal payés, d'une organisation humanitaire..."

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    De kath.net/news :

    « Vous ne pouvez répondre à cette élection et à cet appel qu’avec une volonté inconditionnelle… »

    30 juin 2025

    « Vous n'êtes pas comme des mercenaires, des fonctionnaires, bien ou mal payés, d'une organisation humanitaire créée par l'homme et fournissant des services spirituels et sociaux. » Sermon de consécration par Gerhard Card. Müller du 28 juin 2025, à l'occasion de l'ordination des prêtres et des diacres en 2025 à Courtalain (France) au Séminaire de Saint Vincent de Paul.

    Chers frères et sœurs !

    Lors de cette sainte célébration, dix jeunes gens recevront le sacrement de l'Ordre. Cinq d'entre eux au niveau du presbytérat et quatre autres au niveau du diaconat. Le fait que l'installation au ministère spirituel s'accomplisse par un « sacrement au sens propre et véritable » – comme le précise le Concile de Trente – signifie que la grâce d'être un ministre du Christ, prêtre, enseignant et pasteur de l'Église, lui est conférée par lui-même, en tant que Chef de l'Église. 

    Lors de l'ordination liturgique, l'évêque n'est que l'instrument entre les mains du Christ qui, par le signe de l'imposition des mains et de la prière, consacre ceux qu'il a appelés au ministère apostolique. 

    Le ministère des apôtres, fondé sur l'institution divine, est exercé dans la succession apostolique par les évêques, les prêtres et les diacres, qui forment l'office originellement sacramentel de l'ordination de l'Église catholique. Vatican II décrit ainsi le caractère spécifique du presbyterium : « Bien que les presbytres ne possèdent pas le plus haut degré d'ordination sacerdotale et dépendent des évêques pour l'exercice de leur pouvoir, ils leur sont néanmoins unis dans la dignité sacerdotale et, en vertu du sacrement de l'Ordre, ordonnés à l'image du Christ, Prêtre suprême et éternel, pour proclamer la Bonne Nouvelle, être pasteurs des fidèles et célébrer le culte divin, et sont ainsi véritablement prêtres de la Nouvelle Alliance. Au niveau de leur charge ministérielle, ils participent à la fonction de l'unique Médiateur, le Christ, et annoncent à tous la Parole de Dieu. Ils exercent leur office sacré plus particulièrement dans la célébration ou l'assemblée eucharistique, agissant en la personne du Christ et proclamant son mystère, unissant les prières des fidèles au sacrifice de leur Chef et offrant l'unique sacrifice de la Nouvelle Alliance, à savoir le sacrifice du Christ, qui s'est offert une fois pour toutes comme un don immaculé au Père, dans le sacrifice de la Messe jusqu'à la seconde venue du Christ. Rappelle-toi. du Seigneur et tournez-vous vers lui. (Lumen gentium 28). 

    Et en ce qui concerne le degré diaconal d'ordination, le Concile œcuménique déclare avec une autorité doctrinale suprême : « Un degré plus bas dans la hiérarchie sont les diacres, qui reçoivent l'imposition des mains "non pour le sacerdoce mais pour le ministère". Forts de la grâce sacramentelle, ils servent le peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l'évêque et son presbyterium. » (Lumen gentium 29).

    Chers frères, lorsque vous entendrez et accueillerez cet enseignement, fondé sur la Révélation, ses origines christologiques et sa tradition apostolique, vous serez touchés par la dignité que le Christ lui-même vous a conférée. « Il vous a rendus capables d'être ministres d'une alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l'Esprit » (2 Co 3, 6). Vous ne pourrez répondre à cette élection et à cet appel que par une volonté inconditionnelle de donner votre vie pour les fidèles qui vous sont confiés, à l'exemple du Christ, le Bon Pasteur (Jn 10, 11).

    Vous n'êtes donc pas comme des mercenaires, des fonctionnaires, bien ou mal payés, d'une organisation humanitaire créée par l'homme et fournissant des services spirituels et sociaux. Nous, les « ministres du Christ et intendants des mystères de Dieu » (1 Corinthiens 4:1), ne pouvons jamais, par amour-propre trompeur, nous préoccuper de notre propre honneur, du pouvoir et de l'influence dans la société, des privilèges, du snobisme de classe et du carriérisme au sens séculier. Nous ne devons pas non plus nous laisser intimider par les accusations de cléricalisme, alimentées par la même source toxique de la mentalité compétitive.

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  • Les noms des futurs évêques de Namur et de Tournai devraient être connus en septembre

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    De Jean Lannoy sur le site de 1RCF Belgique :

    Quand saura-t-on le nom des nouveaux évêques de Namur et Tournai ?

    27 juin 2025

    C'est l'annonce surprise qu'a fait Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai. Les noms des nouveaux évêques seront connus en septembre pour une entrée en fonction qui devrait se dérouler durant le mois de décembre 2025.

    Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai et Mgr Pierre Warin, évêque de NamurMgr Guy Harpigny, évêque de Tournai et Mgr Pierre Warin, évêque de Namur

    C'est lors de la journée de « merci aux prêtres », à l'occasion de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus que l'évêque de Tournai, Monseigneur Guy Harpigny, a partagé l'annonce. Le Nonce apostolique, Monseigneur Franco Coppola, diplomate et lien avec le Vatican dans la nomination des nouveaux évêques, a pu partager avec les différents évêques réunis en conférence épiscopale à propos de divers sujets. Parmi eux, la nomination des nouveaux évêques des diocèses de Namur et de Tournai. À cette question, le Nonce a répondu que l'annonce se ferait pour les deux diocèses en septembre prochain pour une entrée en fonction attendue vers le mois de décembre.

    Pourquoi est-ce que trouver de nouveaux évêques prend autant de temps ?

    Mgr Harpigny ne semble pas savoir ce qui bloque la nomination, ni les raisons de la durée si longue des procédures. Contacté par la rédaction de 1RCF, l'évêque de Tournai parait confiant sur les délais donnés par le nonce apostolique. Il confirme qu'aucun candidat potentiel n'aurait refusé une éventuelle nomination, raison supposée de la lenteur du processus par certaines rumeurs. Certains observateurs parlent de difficultés liées aux différentes sensibilités dans les diocèses, par exemple dans le diocèse de Namur où Mgr Léonard aurait laissé une fracture au sein des catholiques. Aucun grief ne pourrait en tout cas être apporté dans le chef de Mgr Coppola concernant sa mission. "Le nonce fait son métier, on a rien à lui reprocher" confie Mgr Harpigny, bien qu'il ne soit pas toujours d'accord avec les positions et propos du diplomate. De larges consultations auprès de nombreux fidèles avaient toutefois fait grincer des dents.

    Quel profil pour un nouvel évêque ?

    Bien évidemment, le nonce apostolique ne dresse pas publiquement un "profil type" pour ces nouveaux évêques. Le pape François avait dressé le portrait de l'évêque idéal, en précisant qu'il ne devait pas être "ni un manager ni un croisé". Certains belges demandent qu'ils soient de bons pasteurs, certains rajoutant ironiquement "et catholique". Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles avait déjà partagé à notre micro la possibilité d'accueillir des évêques d'origine étrangères, peut-être déjà actifs depuis longtemps en Belgique.

  • Le pape Léon XIV affirme que l'unité de l'Église « se nourrit du pardon et de la confiance mutuelle »

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    MESSE ET BÉNÉDICTION DES PALLIUMS POUR LES NOUVEAUX ARCHEVÊQUES MÉTROPOLITAINS 
    EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

    CHAPELLE PAPALE

    HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

    Basilique Saint-Pierre
    Dimanche 29 juin 2025

    ________________________________________

    Chers frères et sœurs,

    nous célébrons aujourd'hui deux frères dans la foi, Pierre et Paul, que nous reconnaissons comme les colonnes de l'Église et que nous vénérons comme patrons du diocèse et de la ville de Rome.

    L'histoire de ces deux apôtres nous interpelle aussi de près, nous qui formons la communauté des disciples du Seigneur qui pérégrine en ces temps. En regardant leur témoignage, je voudrais souligner deux aspects en particulier : la communion ecclésiale et la vitalité de la foi.

    Tout d'abord, la communion ecclésiale. La liturgie de cette solennité nous montre en effet comment Pierre et Paul ont été appelés à vivre un destin unique, celui du martyre, qui les a unies définitivement au Christ. Dans la première lecture, nous trouvons Pierre qui, en prison, attend l'exécution de la sentence (cf. Ac 12, 1-11) ; dans la seconde, l'apôtre Paul, lui aussi enchaîné, affirme dans une sorte de testament que son sang va être versé et offert à Dieu (cf. 2 Tm 4, 6-8.17-18). Pierre et Paul donnent tous deux leur vie pour la cause de l'Évangile.

    Cependant, cette communion dans l'unique confession de la foi n'est pas une conquête pacifique. Les deux apôtres l'atteignent comme un but auquel ils parviennent après un long cheminement, au cours duquel chacun a embrassé la foi et vécu l'apostolat d'une manière différente. Leur fraternité dans l'Esprit n'efface pas les différences qui étaient les leurs au départ : Simon était un pêcheur de Galilée, Saul était un intellectuel rigoureux appartenant au parti des pharisiens ; le premier a tout quitté immédiatement pour suivre le Seigneur ; le second a persécuté les chrétiens jusqu'à ce qu'il soit transformé par le Christ ressuscité ; Pierre prêche surtout aux Juifs ; Paul est poussé à apporter la Bonne Nouvelle aux nations.

    Entre les deux, comme nous le savons, les conflits n'ont pas manqué au sujet de la relation avec les païens, au point que Paul affirma : « Quand Céphas est venu à Antioche, je lui ai résisté en face, car il était manifestement dans son tort » (Gal 2, 11). Et cette question, comme nous le savons, sera traitée par le Concile de Jérusalem, où les deux apôtres s'affronteront à nouveau.

    Très chers amis, l'histoire de Pierre et Paul nous enseigne que la communion à laquelle le Seigneur nous appelle est une harmonie de voix et de visages qui n'annule pas la liberté de chacun. Nos Patrons ont suivi des chemins différents, ont eu des idées différentes, ils se sont parfois confrontés et affrontés avec une franchise évangélique. Pourtant, cela ne les a pas empêchés de vivre la concordia apostolorum, c'est-à-dire une communion vivante dans l'Esprit, une harmonie féconde dans la diversité. Comme l'affirme saint Augustin, « un seul jour est consacré à la fête des deux apôtres. Mais eux aussi étaient une seule chose. Bien qu'ils aient été martyrisés à des jours différents, ils étaient une seule chose » (Discours 295, 7.7).

    Tout cela nous interroge sur le chemin de la communion ecclésiale, qui naît de l'élan de l'Esprit, unit les diversités et crée des ponts d'unité dans la variété des charismes, des dons et des ministères. Il est important d'apprendre à vivre ainsi la communion, comme unité dans la diversité, afin que la variété des dons, reliée dans la confession de l'unique foi, contribue à l'annonce de l'Évangile. C'est sur cette voie que nous sommes appelés à marcher, en regardant précisément à Pierre et à Paul, car nous avons tous besoin de cette fraternité. L'Église en a besoin, les relations entre les laïcs et les prêtres, entre les prêtres et les évêques, entre les évêques et le Pape en ont besoin ; tout comme en ont besoin la vie pastorale, le dialogue œcuménique et les relations d'amitié que l'Église souhaite entretenir avec le monde. Engageons-nous à faire de nos différences un laboratoire d'unité et de communion, de fraternité et de réconciliation, afin que chacun dans l'Église, avec son histoire personnelle, apprenne à marcher avec les autres.

    Les saints Pierre et Paul nous interpellent également sur la vitalité de notre foi. Dans l'expérience du disciple, en effet, il y a toujours le risque de tomber dans l'habitude, dans le ritualisme, dans des schémas pastoraux qui se répètent sans se renouveler et sans relever les défis du présent. Dans l'histoire des deux Apôtres, en revanche, nous sommes inspirés par leur volonté de s'ouvrir aux changements, de se laisser interroger par les événements, les rencontres et les situations concrètes des communautés, de rechercher de nouvelles voies pour l'évangélisation à partir des problèmes et des questions posés par nos frères et sœurs dans la foi.

    Au cœur de l'Évangile que nous avons entendu, il y a précisément la question que Jésus pose à ses disciples, et qu'il nous adresse aussi aujourd'hui, afin que nous puissions discerner si le cheminement de notre foi conserve son dynamisme et sa vitalité, si la flamme de la relation avec le Seigneur est encore allumée : « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16, 15).

    Chaque jour, à chaque heure de l'histoire, nous devons toujours prêter attention à cette question. Si nous ne voulons pas que notre être chrétien se réduise à un héritage du passé, comme nous l'a souvent rappelé le pape François, il est important de sortir du risque d'une foi fatiguée et statique, pour nous demander : qui est Jésus-Christ pour nous aujourd'hui ? Quelle place occupe-t-il dans notre vie et dans l'action de l'Église ? Comment pouvons-nous témoigner de cette espérance dans notre vie quotidienne et l'annoncer à ceux que nous rencontrons ?

    Frères et sœurs, l'exercice du discernement, qui naît de ces questions, permet à notre foi et à l'Église de se renouveler continuellement et d'expérimenter de nouvelles voies et de nouvelles pratiques pour l'annonce de l'Évangile. Cela, avec la communion, doit être notre premier désir. Je voudrais aujourd'hui m'adresser en particulier à l'Église qui est à Rome, car elle est appelée plus que toute autre à devenir signe d'unité et de communion, Église ardente d'une foi vivante, communauté de disciples qui témoignent de la joie et de la consolation de l'Évangile dans toutes les situations humaines.

    Dans la joie de cette communion que le cheminement des saints Pierre et Paul nous invite à cultiver, je salue les frères archevêques qui reçoivent aujourd'hui le pallium. Très chers, ce signe, tout en rappelant la tâche pastorale qui vous est confiée, exprime la communion avec l'évêque de Rome, afin que, dans l'unité de la foi catholique, chacun de vous puisse la nourrir dans les Églises locales qui vous sont confiées.

    Je désire ensuite saluer les membres du Synode de l'Église gréco-catholique ukrainienne : merci de votre présence ici et de votre zèle pastoral. Que le Seigneur donne la paix à votre peuple !

    Et c'est avec une vive reconnaissance que je salue la délégation du Patriarcat œcuménique, envoyée ici par mon très cher frère Sa Sainteté Bartholomée.

    Chers frères et sœurs, édifiés par le témoignage des saints apôtres Pierre et Paul, marchons ensemble dans la foi et dans la communion et invoquons leur intercession sur nous tous, sur la ville de Rome, sur l'Église et sur le monde entier.

  • Renouant avec la tradition, le pape Léon XIV va conférer le pallium à 48 nouveaux archevêques métropolitains

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    D'Hannah Brockhaus sur CNA

    Le pape Léon XIV va conférer le pallium à 48 nouveaux archevêques métropolitains

    27 juin 2025

    Le pape Léon XIV bénira et remettra dimanche le « pallium » — un vêtement de laine blanche symbolisant l'autorité pastorale et l'unité avec le pape — à 48 nouveaux archevêques métropolitains, revenant à une coutume modifiée par le pape François en 2015.

    Léon Ier imposera les palliums lors d'une messe pour la solennité des saints Pierre et Paul dans la basilique Saint-Pierre, le 29 juin. (...)

    Le pallium est une étroite bande circulaire de laine blanche ornée de pendentifs sur le devant et le dos. Il est orné de six petites croix noires et de trois épingles (appelées spinulae), qui ressemblent à la fois aux épines et aux clous utilisés pour crucifier Jésus.

    VATICAN - The Pope will hand over the Pallium to 31 Metropolitan  Archbishops, 13 of the territories of Propaganda Fide - Agenzia Fides

    Il est conféré au patriarche de rite latin de Jérusalem et aux archevêques métropolitains – l'archevêque diocésain de la ville principale d'une province ou d'une région ecclésiastique – comme symbole de communion, d'autorité et d'unité avec le pape et sa mission pastorale de pasteur du peuple de Dieu. Le pape porte également le pallium sur sa chasuble lorsqu'il célèbre la messe.

    Jusqu’à ce que le pape François change la politique en 2015, il était de coutume depuis des siècles que le pape impose le pallium sur les épaules de chaque nouvel archevêque métropolitain créé au cours de l’année précédente.

    Il y a dix ans, le pape François a choisi de bénir uniquement les palliums, puis de les remettre à chacun des nouveaux archevêques pour qu'ils soient revêtus par le nonce apostolique dans leur propre archidiocèse, en signe de la relation de l'archevêque avec l'Église locale.

    Selon le maître des cérémonies liturgiques, l'archevêque Diego Ravelli, le pape Léon bénira et imposera personnellement les palliums aux archevêques.

    Avant que les vêtements ne soient remis aux archevêques métropolitains, ils sont placés pendant un certain temps dans un endroit près du tombeau de saint Pierre, sous l'autel principal de la basilique Saint-Pierre, pour renforcer le lien de l'évêque avec Pierre par la succession apostolique.

    La tradition selon laquelle le pape remettait un pallium à certains évêques remonte au VIe siècle, bien que certains historiens pensent qu'une version du pallium, semblable à un manteau, existait déjà et était portée par les chrétiens au Ier siècle. Au IXe siècle, tous les évêques métropolitains étaient tenus de porter le pallium sur leur territoire.

    Une autre tradition liée aux pallia et dont on pense qu'elle remonte sous diverses formes au VIe siècle est la bénédiction des agneaux à partir desquels l'étole de laine, ou du moins une partie de celle-ci, est fabriquée.

    Pendant des siècles, chaque année, le 21 janvier, fête de sainte Agnès, deux jeunes agneaux étaient amenés à la basilique Sainte-Agnès pour être bénis par le pape. Ils étaient ensuite confiés aux bénédictines de la basilique Sainte-Cécile pour être tondus et leur laine tissée pour former le nouveau pallium. Si aujourd'hui encore, les palliums sont confectionnés en laine d'agneau, la bénédiction papale des agneaux a été supprimée par le pape François quelques années après son pontificat.

    Lors de la messe inaugurale du pape Benoît XVI, le 24 avril 2005, il a expliqué le symbolisme du pallium et de la laine d'agneau comme « destinés à représenter la brebis perdue, malade ou faible que le berger place sur ses épaules pour la porter aux eaux de la vie ».

  • L’Église catholique, héritière des promesses du Christ (homélie pour la fête des saints Pierre et Paul)

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    homélie de la fête des saints Pierre et Paul, 29 juin 2025

    Nous pouvons être surpris de la différence de traitement entre les apôtres Jacques et Pierre. Le chapitre 12 des Actes des apôtres vient de nous raconter comment Jacques est arrêté et décapité par les autorités, tandis que Pierre est libéré de sa prison par un ange et échappe à ceux qui en voulaient à sa vie. Une petite trentaine d’années plus tard, il n’y aura plus d’ange pour délivrer Pierre, et il donnera alors sa vie en témoignage de fidélité à son Seigneur. Comme Paul, il pourra dire qu’il a terminé sa course, qu’il a mené le bon combat. Pierre est exécuté à Rome en 64 ou 65, et très vite son tombeau, aux abords du cirque du Vatican où il donna vraisemblablement sa vie, est devenu un lieu important. Vers 150 est construit, non loin de là, le mausolée de la famille Valerii, avec l’inscription : « Pierre, prie pour les chrétiens ensevelis près de ton corps ». Il y a là l’indication certaine que l’Église primitive demandait l’intercession des saints et priait pour ses morts.

    Pourquoi Pierre est-il sauvé par un ange tandis que Jacques périt sous les coups de l’adversaire ? Sans doute à cause de la mission que le Christ lui a confiée sur la route de Césarée, lorsqu’il lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux… » (Mt 16,18). Plus tard, juste avant sa passion, Jésus dira à Pierre : « j’ai prié pour toi, Simon, pour que ta foi ne défaille pas ; quand tu seras revenu, affermis tes frères ! » (Lc 22,32).

    Cette mission d’affermir ses frères dans la foi, Pierre doit l’accomplir jusqu’au bout. Puis il donnera l’ultime témoignage, et d’autres continueront la mission reçue de Jésus. Nos frères protestants déploient beaucoup d’énergie à prétendre que ce que Jésus dit à Pierre, sur qui il fonde son Église, ne concerne que lui, ou que sa profession de foi, et n’entend pas du tout parler de successeurs qui poursuivraient cette charge. Mais alors, quel serait le sens de la promesse de Jésus qui concerne tous les temps qui viendront : « la puissance de la mort ne l’emportera pas sur mon Église » ? Cela n’a pas de sens que Jésus fasse une promesse pour tous les temps si elle ne repose que sur la courte vie de Pierre.

    En réalité, l’Église de Rome est devenue très tôt la référence pour toutes les autres Églises lorsque des questions de foi surgissaient. Saint Irénée, vers 190, affirme que toutes les Églises doivent se régler sur la foi de l’Église de Rome, parce que cette Église garde fidèlement la tradition reçue des apôtres Pierre et Paul, qui y ont donné leur vie pour le Christ. À cette époque on retrace la lignée des évêques de Rome depuis Pierre, et jusqu’à aujourd’hui il est question du pape, de l’évêque de Rome comme du successeur de Pierre, avec la même mission d’affermir ses frères chrétiens dans la foi.

    Lorsque les protestants veulent rompre avec le siège de Pierre, il y a en effet de quoi être choqué par le comportement de ceux qui se disent successeurs de Pierre. Et c’est un fait remarquable de constater que les papes de cette époque, malgré beaucoup de comportements indignes, n’ont pas abîmé le dépôt de la foi. Cela renforce notre confiance dans ce que nous appelons le « magistère », la mission d’enseignement qui revient à l’Église de Rome et à l’ensemble des évêques successeurs des apôtres. Dans la grande Église, nous sommes assurés de recevoir tous les dons du Christ et d’être abrités de la puissance du mal. Il y a un lieu où notre salut est assuré, c’est dans cette Église fondée sur l’apôtre Pierre qui a entendu pour lui-même et pour toutes les générations : « je te donnerai les clés du royaume des cieux ».

    Nous sommes dans l’année jubilaire, et ces clés du royaume, l’Église les actionne résolument par les indulgences, que nous pouvons demander pour nous-mêmes ou pour des défunts : l’assurance du salut, de la vie auprès de Dieu, à cause de la promesse du Christ. Ces indulgences, nous les obtenons par des actions de prière et de générosité, et elles mettent en œuvre cette parole du Seigneur : « tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ».

    Réjouissons-nous des promesses du Christ et de ce que ces promesses sont palpables directement dans son Église ! Avançons avec confiance, poussés vers l’avant par ces géants de la foi que sont Pierre, Paul et tant d’autres.

  • Nunc scio vere (Introït pour la fête des saints Pierre et Paul)

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    Introitus Introit
    Act. 12, 11 Act. 12,11
    NUNC scio vere, quia misit Dóminus Angelum suum: et erípuit me de manu Heródis, et de omni exspectatióne plebis Iudæórum. Ps. 138, 1-2 Dómine, probásti me, et cognovísti me: tu cognovísti sessiónem meam, et resurrectiónem meam. ℣. Glória Patri. Maintenant, je reconnais d’une manière certaine que le Seigneur a envoyé Son ange : qu’Il m’a arraché de la main d’Hérode et à toute l’attente du peuple juif. Ps. 138, 1-2. Seigneur, Tu m'as sondé, et Tu me connais : Tu sais quand je m’assieds, et quand je me lève.

    Les pièces grégoriennes de la fête des saints Pierre et Paul (Una Voce)

  • Fraternité Saint-Pierre : 5 nouveaux prêtres pour l'Eglise

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    Monsieur l’abbé John Berg, Supérieur Général de la Fraternité Saint-Pierre, Monsieur l’abbé Benoît de Giacomoni, Supérieur du District de France, ainsi que tous les prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, ont l’honneur de vous faire part de l’ordination sacerdotale des abbés Miguel Castelo Branco, Géraud Dorliat, Ambroise Girard-Bon, Hugues Le Noan et Manuel Vaz Guedes qui sera conférée par Monseigneur Wolfgang Haas, archevêque émérite de Vaduz (Liechtenstein) ce samedi 28 juin en la collégiale Notre-Dame de Lindau (Bavière, Allemagne).

    Ils vous invitent à vous unir par la prière et à prier pour les nouveaux prêtres.

    Plus de détails : https://claves.org/ordinations-sacerdotales-5-nouveaux-pretres-pour-leglise/

    Il y a huit jours, la Communauté Saint-Martin annonçait l'ordination de 13 diacres et de 9 prêtres à la basilique Notre Dame de l’Épine à Evron.

    De son côté, la FSSPX annonce également l'ordination de cinq prêtres et de quatre diacres (dont un Belge) : https://fsspx.news/fr/news/econe-ordination-au-sacerdoce-et-au-diaconat-2025-53200

  • Le synodalisme est le résultat d'une erreur théologique

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    De sur kath.net/news :

    Le synodalisme est la conséquence d'une erreur théologique

    26 juin 2025

    Küng versus Ratzinger, version 2.0 - Un commentaire invité de Martin Grichting

    Hans Küng aurait été ravi de participer au synode vatican 2021-2024. Car c'est lui qui, il y a plus de 60 ans, a tenté d'assimiler les notions de synode ou de concile et d'Église. L'Église devait ainsi devenir un grand concile délibérant sans relâche. Ce qui est demandé par le récent synode du Vatican est une tentative tardive de mise en œuvre de l'idée de Küng. Car la « synodalité » doit désormais devenir un état permanent, un trait caractéristique de l'Eglise. Désormais, l'Église ne doit pas seulement être une, sainte, catholique et apostolique, mais aussi « synodale ». Car la « synodalité » mettrait en œuvre ce que le concile Vatican II a enseigné sur l'Église en tant que mystère et peuple de Dieu (document final 2024, introduction). Selon le document final de 2024, de nouveaux organes « synodaux » doivent être créés à tous les niveaux de l'Eglise (89, 94, 100, 107). La distinction entre décision et délibération doit être assouplie (92). Les conseils déjà existants doivent être rendus obligatoires (104) et leur importance ainsi que leurs pouvoirs doivent être renforcés (108, 129). Car, comme l'a déclaré le synode de 2023, le fait de s'asseoir à des tables rondes est « emblématique d'une Eglise synodale » (Relatio, 1.c).

    C'est Joseph Ratzinger qui, dans la période précédant le Concile Vatican II, a pris position contre la théorie de Küng dans son écrit « Zur Theologie des Konzils » (Gesammelte Werke, vol. 7/1, p. 92-120). Il a remis les choses en perspective et a attiré l'attention de manière prophétique sur les dangers qui se sont maintenant manifestés lors du synode de 2021-2024.

    Küng a affirmé que l'Église dans son ensemble était le concile convoqué par Dieu, le « concile œcuménique par vocation divine ». Le concile en tant qu'assemblée ecclésiale serait alors le « concile œcuménique par vocation humaine » et donc la représentation du « concile œcuménique par vocation divine ». Küng a déduit de cette affirmation qu'un concile ainsi compris devait être la représentation de tous les membres de l'Église. Il ne pouvait pas être une assemblée des seuls successeurs des apôtres, les évêques. Ce que Küng avait postulé à l'époque a été mis en pratique : On a d'abord consulté le peuple tout entier. Puis on a fait représenter ce peuple par ses représentants, indistinctement par des évêques, des prêtres, des diacres, des religieux et des laïcs. Ces représentants devaient ainsi représenter toute l'Église en tant qu'« assemblée ecclésiale par vocation humaine ». Tous avaient le « droit de vote ». Il s'agissait donc ici d'une représentation au sens politique, et non du sacrement.

    En revanche, Ratzinger a montré que Küng se trompait déjà étymologiquement. Küng a certes affirmé à juste titre que le terme « Église » vient du grec « ek-kalein », qui signifie « appeler à sortir ». L'Église est l'« ekklesia », celle qui est « appelée à sortir ». Mais Küng a ensuite affirmé que « concilium » venait de « concalare » : convoquer. L'Église, en tant que concile, serait donc la « convoquée ». Ratzinger a démontré que la dérivation de « concalare » était erronée. Le concile et l'Église ne sont pas étymologiquement liés. Mais surtout, Ratzinger a pu montrer que ni dans les 22 passages pertinents de la Bible latine, ni chez les Pères de l'Église, « concilium » n'est jamais la traduction du grec « ekklesia ». Au contraire, dans le contexte ecclésial, « concilium » est toujours l'équivalent des termes grecs “synedrion” ou, plus tard, « synodos ».

    Joseph Ratzinger a ensuite fait remarquer que les données historiques contredisent également la thèse de Küng. En effet, les phénomènes de type synodique ou conciliaire ne sont apparus qu'à partir de l'an 160 environ, dans le cadre de la lutte contre l'hérésie du montanisme. Ils servaient ponctuellement, en cas de conflit, à distinguer les esprits et à écarter les menaces que les fausses doctrines faisaient peser sur l'ensemble de la chrétienté. Le rayon d'action du Concile est donc beaucoup plus étroit que celui de l'Eglise. Celui-ci a une « fonction d'ordre et d'organisation » et sert l'Église dans ce monde « dans les situations particulières du temps universel ». De par sa nature, l'Église n'est pas une assemblée de conseil, mais une assemblée autour de la Parole de Dieu et du sacrement qui, en tant que « participation anticipée au banquet des noces de Dieu », dépasse ce monde et ce temps. Chaque célébration eucharistique, chaque Église particulière est donc « ekklesia », Église. Le concile n'est cependant pas l'Église, il ne la représente pas, mais n'est qu'un service « organisationnel » déterminé, limité dans le temps et dans l'objet, en elle et pour elle. C'est d'autant plus vrai pour un synode au niveau mondial ou au niveau d'une Église particulière. Car il n'est même pas l'assemblée de tous les évêques.

    Ratzinger a fait remarquer à propos des résultats de ses recherches : « Cela peut paraître à première vue comme une querelle d'école riche et futile ». Mais ce n'est pas le cas. Car le danger qui guette dans le jeu de mots de Küng est le suivant : Tant que le Concile est compris du point de vue de l'Eglise, comme un service spirituel (limité dans le temps) pour la résolution de conflits dans des cas particuliers, il n'y a pas de problème. Car il va de soi que le concile vient de l'essence de l'Eglise et en fait partie. Mais la situation change si, dans la conscience publique, une relation inversée entre l'Église et le Concile s'impose. En d'autres termes, si l'Église est comprise à partir du modèle du Concile. Car alors, « le Concile, en tant que ce qui est connu et concret, devient la clé de la vision de l'Église en tant que ce qui est plus profond et qui doit encore être interrogé ». L'Église se dissout ainsi en un « synedrion » ou un « synode ». L'Église dans son ensemble devient une « assemblée de conseil », une « grandeur organisationnelle et politique à laquelle on ne répond pas dans l'attitude fondamentale de la foi, mais dans l'attitude de l'action ». Il s'agit alors de politique, de faire et de changer.

    C'est exactement ce que montre le projet de « synode » du Vatican depuis 2021. A l'occasion du synode d'octobre 2023, des demandes ont été formulées pour le développement de conseils et de comités, pour la création de nouveaux ministères et pour la « synodalité » comme état permanent. Joseph Ratzinger avait prophétiquement prévu les conséquences d'un tel activisme amoureux des structures : « Dans ce cas, ceux qui voient des constantes en elle [l'Église] et veulent les maintenir ne sont en fait que des "freineurs" ». Mais il faut alors aussi être conscient que l'on ne s'est pas engagé dans ce que l'Église elle-même a de tout temps considéré comme sa chose la plus propre et la plus essentielle". En d'autres termes, l'Église se dénature. Elle passe du statut de mystère de la foi à celui de grandeur politique modulable.

    Le projet du synodalisme est donc en fin de compte l'expression d'une erreur théologique sur la nature de l'Eglise. Celle-ci n'est plus crue à partir de la Parole de Dieu et des sacrements, mais comprise de manière politique et représentative. Par le passé, les erreurs théologiques ont toujours provoqué des tensions au sein de l'Église. La démocratie représentative déguisée en synode, telle qu'elle est pratiquée actuellement, entraînera également des conflits entre les évêques, les prêtres et les laïcs, car les premiers ne seront plus respectés dans leur essence et les seconds seront transformés en adversaires pour l'autorité spirituelle, mal comprise comme pouvoir. Si cela ne va pas diviser l'Eglise, cela va au moins la paralyser. Et cela ne vaut pas seulement pour l'Eglise universelle, mais aussi pour les diocèses et les paroisses.

    Mais il se peut aussi que Dieu vienne en aide à son Église par le biais du sens de la foi des évêques, des prêtres et des laïcs. Ce sont justement les laïcs qui ont pris position dans le monde entier par leur participation de l'ordre du pour mille. Leur désintérêt flagrant est l'expression du fait qu'ils ont d'autres besoins et préoccupations. Ils attendent que leur soit transmise, pour leur quotidien concret de chrétiens et de citoyens, une spiritualité qui ne les occupe pas dans des cercles de chaires ecclésiastiques, mais qui leur donne des indications sur la manière de vivre leur mission chrétienne et ecclésiale de manière crédible et efficace dans un monde de plus en plus sécularisé. Ils ont faim du pain de la foi et cherchent des bergers qui leur donnent ce pain et non les pierres d'une politique ecclésiastique erronée. Car l'Eglise se rassemble autour de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie, et non autour de tables rondes.

    Martin Grichting a été vicaire général du diocèse de Coire et s'occupe de questions philosophiques et religieuses dans ses publications.

  • Les chrétiens du Moyen-Orient, menacés d'extinction

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    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    Les chrétiens du Moyen-Orient, menacés d'extinction

    Guerres et persécutions continuent de contraindre les chrétiens à quitter le Moyen-Orient, de la Terre Sainte au Liban, en passant par la Syrie. L'œuvre humanitaire silencieuse de l'Église de Jérusalem. Le rôle de l'Occident. Extrait de la visioconférence de Riccardo Cascioli avec Elisa Gestri et Nicola Scopelliti.

    28_06_2025

    Au Moyen-Orient, en proie aux guerres, aux tensions autour d'Israël et à la prolifération des groupes fondamentalistes islamiques, l'une des premières conséquences est l'exode périodique des chrétiens, qui se trouvent contraints de quitter les terres où Jésus a vécu et qui furent le berceau du christianisme.

    Ce sujet a été abordé hier en direct dans l'émission de Venerdì della Bussola, intitulée « Chrétiens au Moyen-Orient. Risque d'extinction », animée par le réalisateur Riccardo Cascioli, qui avait comme invités deux collaborateurs de notre journal, experts des questions moyen-orientales : Elisa Gestri, connectée depuis Beyrouth, et Nicola Scopelliti, qui fait la navette entre la Vénétie et la Terre Sainte.

    Concernant les chrétiens de Terre Sainte, Scopelliti souligne qu'ils vivent dans des conditions véritablement pitoyables. Ils vivent dans un étau, où d'un côté se trouvent les musulmans et de l'autre les juifs. Selon le journaliste, on ne peut pas parler d'un exode massif de Terre Sainte, mais depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas (octobre 2023), plusieurs familles chrétiennes ont quitté des villes comme Bethléem, Jénine, Ramallah et d'autres. Scopelliti parle d'un « nouvel Hérode » qui persécute les chrétiens de Terre Sainte, d'où « les gens fuient aujourd'hui parce qu'ils ne savent pas comment nourrir leurs enfants ». Il cite également le cas de Bethléem, où « depuis le début de la guerre, presque tous les magasins ont fermé », car ceux qui y travaillaient auparavant ne sont plus autorisés à entrer dans la ville.

    La situation des chrétiens au Liban n'est pas moins critique, observe Gestri. La dernière guerre entre le Hezbollah et Israël – qui a officiellement pris fin le 27 novembre 2024, mais qui a encore des répercussions – a aggravé la crise économique et financière. « Les chrétiens sont en moyenne plus instruits que le reste de la population, ce qui explique peut-être qu'ils aient moins de difficultés à s'intégrer dans le contexte européen et international, et ils partent. Il n'y a pas de travail et, à cause de la crise, les titulaires de comptes ont perdu l'argent accumulé en banque, leurs économies, leurs salaires et leurs retraites. Il n'y a pas d'avenir pour les jeunes, il n'y a pas de vie confortable pour personne. »

    Si dans les années 1970, les chrétiens du Liban représentaient environ 60 % de la population, ils sont aujourd'hui tombés à 40 %. Gestri estime que « notre monde occidental a aussi une part de responsabilité dans la disparition des chrétiens du Liban et des pays du Moyen-Orient en général, dans la mesure où un mode de vie fortement influencé par l'idéologie woke se répand ici aussi ». Parmi les conséquences, explique le journaliste indépendant, figure la disparition des familles nombreuses comme par le passé : cela ne tient pas à de simples considérations économiques, car les musulmans ne sont pas plus prospères que les chrétiens, mais bien démographiquement, n'ayant pas subi la même influence de l'idéologie woke.

    Autre chapitre grave : la Syrie, où les chrétiens comptent parmi les minorités qui paient le plus lourd tribut au changement de régime, comme le rappelle le massacre du dimanche 22 juin dans l’église grecque orthodoxe Saint-Élie, à Damas. Dans ce dossier syrien, selon Gestri, « l’Occident porte une responsabilité directe, car il s’abstient de dénoncer les graves violations des droits humains commises par le gouvernement qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar el-Assad. » La Syrie serait passée d’une « dictature laïque » à une « dictature djihadiste », car « Hayat Tahrir al-Sham (HTS) n’est rien d’autre qu’une filiale d’al-Nosra, la version syrienne d’al-Qaïda », note Gestri, ajoutant : « Les gouvernements occidentaux ont intérêt à traiter avec eux [les fondamentalistes islamiques au pouvoir en Syrie] et à sacrifier sur l’autel des intérêts matériels, économiques et géopolitiques des milliers de personnes qui meurent, en particulier parmi les minorités religieuses, notamment les Alaouites, les Druzes et les chrétiens. » Le journaliste explique également qu'il est désormais clair que les forces djihadistes derrière le gouvernement syrien « proclament la charia et ne prévoient l'existence d'aucune autre communauté que la communauté sunnite ». Et dans cette logique, les chrétiens, qualifiés avec mépris de « mangeurs de porc », doivent disparaître.

    Concernant l'aide aux chrétiens, Scopelliti souligne l'action fondamentale de l'Église de Jérusalem, qui « agit très discrètement », sans faire de bruit. Par exemple, le Patriarcat latin de Jérusalem utilise ses propres minibus conduits par des chauffeurs musulmans et déploie un important travail diplomatique, en collaboration avec le nonce apostolique, pour apporter de l'aide à la paroisse de Gaza. Le journaliste souligne également l'efficacité de Léon XIV, qui accorde une grande attention à la paroisse de Gaza, notamment par le biais des « institutions, le Patriarcat et la Nonciature », qui connaissent la situation sur le terrain. Mais ailleurs en Palestine et en Cisjordanie, le Patriarcat de Jérusalem apporte également une aide précieuse aux chrétiens, par exemple en leur confiant des travaux de rénovation qui leur permettent de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leurs familles. De plus, « l'Église œuvre avant tout pour apaiser la haine qui s'est créée entre Israéliens et Arabes », et qui a notamment pour conséquence l'implication des chrétiens. Et puis il y a le soutien qui vient de l'extérieur, des chrétiens occidentaux, qui aident leurs frères « par exemple à travers les Chevaliers du Saint-Sépulcre et l'Ordre de Malte ».

    Concernant la possibilité d'une stabilisation de la situation en Terre Sainte , Scopelliti a déclaré que « tant que le gouvernement dirigé par Netanyahou existera, il n'y aura jamais de paix. En Terre Sainte, Netanyahou est qualifié de « diable ». Le journaliste a d'une part rappelé et blâmé la barbarie du massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas et, d'autre part, l'opacité au sommet d'Israël, même face aux signes avant-coureurs de ce massacre. »

    À Cascioli, qui demandait ce qui pouvait être fait pour maintenir l'attention sur la situation des chrétiens au Moyen-Orient, Scopelliti a répondu : « Avant tout, nous devons prier. » Nous devons prier comme la reine Esther l'a fait pour libérer son peuple de la menace qui pesait sur lui. « Avec les armes, on ne fait rien, on n'apporte que la haine. Les chrétiens n'ont pas besoin de haine, c'est la prière qui les sauve, c'est l'Eucharistie. Savez-vous comme c'est beau – a ajouté le journaliste – de voir des églises pleines en Terre Sainte ? Lorsqu'il entre dans l'église, tout le monde s'agenouille. Comme c'est beau de voir tous les prêtres de Terre Sainte en soutane : un prêtre n'entre pas dans l'église sans soutane, il y a toujours ce respect pour Dieu qui est vraiment présent, pour l'Eucharistie. Voilà ce que nous devons faire : renforcer la foi. Il y a de vrais témoins là-bas, ces pauvres chrétiens sont de vrais témoins et disciples. »

  • Un seul prêtre sera ordonné en Flandre cette année

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    Lu ICI :

    Hylco (29 ans) de Ninove est le seul nouveau prêtre en Flandre : « il veut transmettre la joie de la foi »

    Hylco Meirlaen (29 ans), originaire de Ninove, sera ordonné prêtre dimanche prochain en la cathédrale Saint-Bavon de Gand, la seule ordination en Flandre. Issu d'une famille religieuse, il a joué la messe enfant et sa foi a grandi lors d'un festival de jeunes en Bosnie. Après des études de comptabilité, il a choisi de se préparer à la prêtrise à Louvain. Malgré la baisse du nombre de prêtres et les scandales ecclésiastiques, il perçoit des signes positifs chez les jeunes. Sa famille a eu des réactions mitigées, mais est heureuse de son choix. Après son ordination, il commencera à travailler au doyenné de Zottegem. Hylco souhaite transmettre la joie de sa foi et toucher les jeunes.