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BELGICATHO

  • Qui nomme les évêques en Chine ? Les versions de Rome et de Pékin divergent

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (enn français sur diakonos.be) :

    Qui nomme les évêques en Chine ? Les versions opposées de Rome et de Pékin

    Le 22 octobre 2024, comme on le sait, l’accord provisoire sur la nomination des évêques entre le Saint-Siège et la Chine, signé en 2018 et déjà prolongé à deux reprises en 2020 et 2022, vient d’être prolongé pour quatre années supplémentaires. Un accord qui reste cependant secret dans sa formulation et son fonctionnement, ce qui est tout bénéfice pour les autorités de Pékin.

    Si l’on prend un tant soit peu la peine d’analyser la manière dont Pékin et Rome publient les nouvelles nominations, des différences sautent immédiatement aux yeux et en premier lieu le silence total côté chinois sur le Pape et le rôle qu’il joue, comme s’il n’existait même pas.

    Ces derniers jours, deux autres évêques ont été installés en Chine. Et il est instructif de comparer côte à côte les communiqués publiés par les deux parties.

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    En ce qui concerne tout d’abord le nouvel évêque de Luliang, Anthony Ji Weizhong, 52 ans, ordonné le 20 janvier, le bulletin du Vatican publié le même jour révèle que sa nomination a été faite par le pape le 28 octobre 2024.

    Mais la déclaration publiée simultanément sur le site officiel en mandarin de la « Catholic Church in China » reste muette sur la nomination papale et informe au contraire que Ji « a été élu évêque le 19 juillet 2024 ». Comme pour laisser entendre, en lisant les deux communiqués côte à côte, qu’il aurait fallu plus de trois mois pour que Rome digère la nomination décidée unilatéralement par Pékin.

    Le communiqué chinois n’explique pas par qui et comment le nouvel évêque a été élu. Cependant, il cite, comme il le fait habituellement, une « lettre d’approbation » de la Conférence épiscopale chinoise, un organisme fantoche jamais reconnu par le Saint-Siège mais uniquement par les autorités de Pékin. Et il fournit une liste détaillée — dont le bulletin du Vatican ne parle pas — des évêques qui ont participé à la cérémonie d’ordination, avec leurs rôles respectifs au sein de l’Association patriotique catholique chinoise, le principal organe de contrôle du régime sur l’Église, qui est par ailleurs le véritable propriétaire du site web de la « Catholic Church in China ».

    Quant au « curriculum vitae » du nouvel évêque, le bulletin du Vatican comme le communiqué chinois met en avant ses études à l’Institut théologique de Sankt Augustin en Allemagne. Ce à quoi la déclaration chinoise ajoute l’obtention d’une « maîtrise en théologie aux États-Unis ».

    En outre, dans le bulletin du Vatican – mais pas dans le communiqué chinois – on apprend que le 28 octobre 2024, c’est-à-dire le même jour que la nomination du nouvel évêque, le pape a également procédé à l’érection du nouveau diocèse de Luliang, avec une description précise de son extension géographique, ainsi qu’à la suppression du précédent diocèse de Fenyang, institué par Pie XII en 1948.

    Ce n’est pas la première fois, depuis la signature de l’accord en 2018, que le Saint-Siège est contraint de redéfinir les frontières de l’un ou l’autre diocèse chinois, pour les harmoniser avec les frontières administratives, sur instruction des autorités de Pékin. Avec pour résultat final la réduction du nombre de diocèses de 135, comme dans l’ancienne cartographie du Vatican, à un peu moins d’une centaine, dont environ un tiers sont toujours sans évêque, soit environ le même nombre qu’il y a sept ans, avant la signature de l’accord.

    Dans le bulletin du Vatican, d’ailleurs, le nouveau diocèse de Luliang est décrit comme étant « suffragant de Taiyuan », mais sans préciser que ce dernier est en fait l’archidiocèse auquel il appartient. Là encore pour obéir au régime de Pékin, pour qui les archidiocèses et les archevêques n’existent plus, parce que les diocèses et les évêques doivent tous être considérés comme égaux entre eux.

    Taiyuan, dans la province du Shanxi, fut le théâtre d’un massacre de chrétiens au début du XXe siècle, lors de la rébellion des Boxers, et en 2000, Jean-Paul II a canonisé 119 de ces martyrs.

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    Plus laconique encore, le bulletin du Vatican sur le transfert de l’évêque Joseph Cai Bingrui (photo), 59 ans, du diocèse de Xiamen à celui de Fuzhou, capitale de la province du Fujian, après avoir été affecté à ce nouveau siège par le pape quelques jours plus tôt, le 15 janvier.

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  • 80e anniversaire : Stjepan Horžić, un prêtre victime du communisme

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    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    Stjepan Horžić, un prêtre victime du communisme

    Le 30 janvier, il y a quatre-vingts ans, était exécuté en martyr un Croate de vingt-six ans, Don Stjepan Horžić, abattu par des partisans communistes en raison de son zèle et de son travail auprès des jeunes. Un livre fraîchement imprimé met en lumière sa silhouette.

    30_01_2025

    Au fil des années, la connaissance du tribut de sang que l’Église catholique a payé pendant la Seconde Guerre mondiale, tant aux mains du nazisme que du communisme, se répand, quoique progressivement. Une connaissance qui, dans le deuxième cas – les fidèles victimes du communisme – a progressé encore plus lentement que dans le premier, compte tenu de la durée plus longue des régimes rouges, qui s’est traduite par un silence plus long ou une désinformation sur certains méfaits.

    Un aperçu de cette situation est le cas de Stjepan Horžić (26 décembre 1918 – 30 janvier 1945), un jeune prêtre d’origine croate, dont marque aujourd’hui le 80ème anniversaire du martyre aux mains des partisans liés au Parti communiste de Yougoslavie (KPJ) . Il convient de noter d'emblée qu'il n'y a, à ce jour, aucune reconnaissance formelle du martyre de Don Horžić, mais la documentation le concernant nous permet de dire qu'il a été tué précisément pour son travail de prêtre catholique. C'est ce qui ressort d'un livre récemment imprimé de Don Ante Zovko ( Stjepan Horžić mučenik za Boga i Hrvatsku , ou « Stjepan Horžić, martyr pour Dieu et pour la Croatie »), sur lequel il donne de nombreuses informations, complétées par des sources à l'appui, Petar Marija Radelj sur le portail croate Vjera i djela (Foi et œuvres).

    Parmi les sources auxquelles Don Zovko a puisé pour son livre figurent les archives d'État de Croatie , les archives diocésaines de Zagreb, Senj et Sarajevo (villes dans lesquelles Stjepan Horžić était séminariste) et les archives paroissiales de quatre localités (Mrkopalj, Ravna Gora, Kraljevica, Vrbovsko) où Don Horžić a exercé son pouvoir relativement court – un peu plus de trois ans - mais un ministère sacerdotal intense. Le volume contient divers témoignages, des photos tirées d'albums de famille et le travail de recherche mené par l'auteur sur les lieux où vivait Stjepan Horžić.

    Ce dernier fut ordonné prêtre le 17 août 1941 , à l'âge d'un peu plus de 22 ans et demi. Le contexte historique était très difficile : quelques mois plus tôt, la Yougoslavie avait été envahie par les nazis-fascistes. Et la résistance aux envahisseurs était compliquée par les frictions entre les différents groupes ethniques des Balkans.

    Dans ce contexte, Don Horžić a pris soin d'être fidèle à sa vocation , exhortant les enfants, les jeunes et les adultes à cultiver une vie de prière et à observer la morale chrétienne. Dévoué à la Madone, il invitait les fidèles à se rassembler le premier samedi du mois pour prier ensemble le Rosaire. Il enseignait le catéchisme et d'autres matières, dirigeait des chorales religieuses, écrivait des poèmes - dont un publié sous le titre "Prière à Jésus ressuscité" - et montrait une compassion particulière pour les mères célibataires et leurs enfants, abandonnés à leur sort par des soldats voués uniquement au plaisir. Elle a exhorté les femmes à être prudentes et à ne pas marcher avec les soldats. Il ne portait pas d'armes et conseillait aux jeunes d'en faire autant. En termes d'effort, il n'a ménagé aucun effort. Il s'est retrouvé à exercer le ministère simultanément dans trois paroisses (Mrkopalj, Ravna Gora, Vrbovsko), avec une trentaine de kilomètres de distance entre les deux extrêmes, qu'il a parcourus à pied.

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  • Saint Mutien-Marie (30 janvier)

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    DuoMutien.gifFêté aujourd'hui : saint Mutien Marie Wiaux, F.E.C. (1841-1917) (source)

    Le Frère MUTIEN MARIE (Louis JOSEPH WIAUX) que l'Eglise a élevé au rang des Saints, naquit le 20 mars 1841 à Mellet, en Belgique, et fut baptisé le jour même. Ayant reçu de ses parents une éducation profondément chrétienne, appuyée d'exemples, il devint vite lui-même un modèle pour ses compagnons, particulièrement par sa dévotion à la Vierge.

    Après ses études primaires, il alla travailler à l'atelier de son père, forgeron de Mellet. Peu de mois après, le Seigneur l'appela à une vie toute consacrée à son service.

    A quinze ans, le 7 avril 1856, il entre au noviciat des Frères des Ecoles Chrétiennes. Le jour de la fête de la Visitation, il revêt l'habit religieux et reçoit le nom de Frère Mutien Marie.

    Le champ de son premier apostolat catéchétique et pédagogique fut une classe d'enfants à Chimay. Pendant un an, il enseigne à Bruxelles. En 1859, il est transféré au Collège de Malonne: il y restera jusqu'à sa mort survenue en 1917.

    Ayant trouvé des difficultés d'ordre professionnel, attribuables à son jeune âge et à son inexpérience, il court le risque d'être écarté de la Congrégation comme inapte à l'apostolat de l'école. Après cette dure épreuve, il est affecté à des activités humbles et cachées dans des fonctions plutôt modestes: surveillances, leçons élémentaires de dessin et de musique, sans être particulièrement doué pour ces deux disciplines.

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  • "Demos" : une plume subversive met le Vatican en alerte

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    De Luigi Bisignani sur Il Tempo :

    Le Vatican et Bergoglio furieux de la plume empoisonnée qui « prépare » le Conclave

    26 janvier 2025

    Une plume agite le Vatican. Il s'appelle Demos. Comme pour dire qu'il s'agit d'un grand nombre. En effet, dans les couloirs sacrés, des rumeurs circulent selon lesquelles la gendarmerie vaticane aurait finalement identifié le cardinal anonyme qui se cache derrière le nom de plume « Démos II ». Ces derniers mois, en vue d'un futur conclave, le cardinal inconnu a fait circuler un pamphlet, en cinq langues, visant rien de moins qu'à critiquer le pape François. Cependant, l'objectif des autorités papales n'est pas seulement de sceller ce chapitre - à un moment où, au sein de l'Église, les objections sévères à l'égard du pontificat actuel se multiplient - mais aussi de bloquer une probable sortie prochaine d'un Demos III. 

    Tout a commencé avec Demos I, un livret distribué en 2022 et attribué au cardinal George Pell, décédé en janvier 2023, l'ancien responsable des finances du Vatican qui a également subi 400 jours de prison pour des affaires de pédophilie, avant d'être acquitté. Un personnage qui était tout sauf neutre et dont le jugement sur le pontificat de François se résumait à : « C'est une catastrophe ». Demos I a dénoncé le déclin de l'autorité papale et de la clarté doctrinale sous la direction de Bergoglio. Chaque page accuse le pontificat de créer la confusion sur des questions fondamentales de foi et de morale, de miner la confiance dans l'Église et d'encourager les tendances schismatiques. Une accusation d'égarement collectif, en somme, qui sonne comme un requiem pour la clarté doctrinale. 

    En 2024 paraît Demos II, dont le contenu s'inscrit dans la continuité du premier Demos. Dans ce nouveau texte, sept priorités pour l'Église et le futur pontificat sont énoncées. L'auteur, tout en reconnaissant les mérites du pape François dans sa compassion pour les pauvres et les marginaux, souligne plusieurs aspects critiques du modus operandi bergoglien qui nécessitent une correction de trajectoire résolue. Une sorte de manuel pour le nouveau pape, prêt à résoudre les problèmes laissés par son prédécesseur.

    Voici quelques passages : « La première nécessité est de rétablir la clarté doctrinale, car la confusion a fragmenté l'Église et sapé la confiance dans sa mission évangélique. Il est indispensable de réaffirmer avec détermination les vérités fondamentales de la foi catholique, en évitant les ambiguïtés qui alimentent les divisions. La gouvernance ecclésiastique doit devenir plus collégiale, car le pontificat actuel a adopté un style autocratique, excluant les évêques et les cardinaux des décisions cruciales. Le nouveau pape doit restaurer la collégialité et respecter le rôle des évêques dans les diocèses. L'Église est une communauté de droit, mais sous ce pontificat, il y a eu un usage excessif du motu proprio pour des décisions centralisées et une négligence des procédures canoniques, en particulier en matière de justice ».

    Toute réflexion sur le « cas Becciu » est purement causale. Ce qu'il faut, selon Demos II, c'est « un retour à un gouvernement transparent et juridiquement fondé pour garantir la crédibilité de l'Église ».

    L'un des défis les plus pressants est le défi anthropologique. Il dénonce même l'absence d'une vision chrétienne claire de l'homme à une époque marquée par des idéologies telles que le transgendérisme et le transhumanisme. « Ce qu'il faut, c'est un engagement renouvelé en faveur de la théologie du corps et de l'enseignement de la dignité humaine selon le magistère traditionnel ». Par ailleurs, sur le plan financier, « le Vatican a besoin d'une refonte structurelle pour garantir l'intégrité et la transparence ». Les réformes promues par le pape François sont restées incomplètes et, en plus des scandales financiers, des questions morales et disciplinaires au sein de la hiérarchie ecclésiastique doivent être abordées ».

    Un autre point central concerne le rôle des voyages pontificaux : « Si Jean-Paul II les a utilisés comme un instrument d'évangélisation, le Vatican doit aujourd'hui faire face à des problèmes internes urgents. Le nouveau pape devrait se concentrer davantage sur la réforme interne que sur la diplomatie mondiale ».

    Demos II s'adresse également au Collège des cardinaux, qui doit être plus solide et mieux préparé. « Le pontificat actuel a diversifié le Collège, mais a négligé la formation théologique et pastorale de nombreux cardinaux. Les cardinaux doivent être préparés à gouverner l'Église avec rectitude et maturité spirituelle et doctrinale. Ces réflexions visent à orienter la discussion entre les cardinaux en vue du prochain conclave, en suggérant un renversement nécessaire de la gestion actuelle du Vatican. »

    Si Demos I avait été un « j'accuse » des dérives du pontificat actuel, Demos II se présente comme un document plus structuré et propositionnel, indiquant les priorités du futur pape. Les deux textes convergent cependant sur certains points clés :
    - rétablir la clarté doctrinale et l'autorité ecclésiale
    - abandonner l'autocratie et revenir à la collégialité épiscopale
    - restaurer la centralité du droit canonique et la transparence financière
    - offrir une réponse plus solide aux défis anthropologiques modernes
    - former un collège cardinalice mieux préparé à gouverner l'Église.

    En définitive, suivant le fil conducteur qui les lie, les deux documents représentent un signal fort pour le futur conclave, mais surtout ils mettent noir sur blanc l'existence d'un courant au sein de l'Église qui souhaite un changement significatif par rapport aux dernières années.

    Pour remuer encore plus le couteau dans la plaie, il y a quelques mois a été mis en ligne le site « The College of Cardinals Report », édité par Edward Pentin, correspondant d'Ewtn (Eternal Word Television Network), la chaîne de télévision câblée fondée par Mère Angelica - porte-voix des traditionalistes nord et sud-américains - dans le but manifeste d'informer le Collège des Cardinaux, toujours en vue d'un prochain conclave, sur les candidats les plus pontificaux.

    En effet, avec les dernières nominations de Bergoglio, les cardinaux ne se connaissent plus et cela pourrait générer de la confusion dans le choix du successeur de l'actuel Pontife.  En attendant le prochain conclave, il ne reste plus qu'à suivre les manœuvres et à s'associer aux prières pour Bergoglio : avec le climat qui règne, cela ne lui fera certainement pas de mal.

  • Le Nicaragua, la Turquie, le Pakistan, l’Algérie et l’Inde : 5 pays emblématiques de la persécution des chrétiens dans le monde

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    De Manaëm Huet sur le site de l'ECLJ :

    Hausse de la persécution des chrétiens en 2024 : cinq pays clés pour l’ECLJ

    28 Janvier 2025

    Plus de 380 millions de chrétiens ont été persécutés en 2024 – soit 1 chrétien sur 7 dans le monde, selon l’Index 2025 de l’ONG Portes Ouvertes. Ce rapport nous heurte à une violente réalité, parfois oubliée. Face aux 15 millions de chrétiens persécutés supplémentaires par rapport à l’année 2023, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) continue sa mobilisation sur cinq pays clés : le Nicaragua, la Turquie, le Pakistan, l’Algérie et l’Inde.

    Un contexte mondial alarmant

    Les 5 premiers pays de l’Index 2025, les plus hostiles envers les chrétiens, sont :

    1. La Corée du Nord
    2. La Somalie
    3. Le Yémen
    4. La Lybie
    5. Le Soudan

    En l’espèce, les pays où les chrétiens sont les plus persécutés sont musulmans ou communistes. L’Afrique subsaharienne est particulièrement touchée par la violence, représentant à elle seule 93% des chrétiens tués (soit au moins 4.192 victimes), en raison notamment des groupes extrémistes qui prolifèrent dans les zones instables. Le rapport de Portes Ouvertes met en lumière plusieurs pays au cœur du plaidoyer du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) auprès des institutions européennes et onusiennes, notamment le Nicaragua (30e), la Turquie (45e), le Pakistan (8e), l’Algérie (19e) et l’Inde (11e).

    1. Nicaragua – Une répression des chrétiens méconnue qui continue de s’aggraver

    Le Nicaragua occupe la 30e place dans l’Index 2025, confirmant une réalité persistante depuis 2023 où le pays avait grimpé de la 50e à la 30e place. Depuis 2018, sous le régime despotique de Daniel Ortega, une répression systématique contre les chrétiens vise à réduire au silence les critiques du pouvoir et éradiquer l’influence spirituelle de l’Église au profit d’une idéologie sandiniste dévoyée. Cette dérive autoritaire a récemment atteint un nouveau sommet avec la réforme constitutionnelle de janvier 2025, qui accorde des pouvoirs quasi absolus à Daniel Ortega. Malgré les condamnations internationales venant de l’Union européenne et des États-Unis, ainsi que de l’ONU, les chrétiens demeurent victimes de crimes contre l’humanité.

    L’ECLJ, inquiet de l’ampleur de la répression, a publié en décembre 2024 un rapport et a organisé à Paris le 8 janvier 2025 une manifestation de soutien aux victimes de cette dictature sandiniste. Cette mobilisation a rassemblé différents intervenants, regroupant associations et politiques, tels que le député européen Nicolas Bay (groupe des Conservateurs) et la députée à l’Assemblée nationale Éléonore Caroit (groupe Renaissance). Par ailleurs, l’ECLJ s’active dans l’adoption de l’Examen Périodique Universel (EPU) du Nicaragua, prévue pour mars 2025 lors de la 58e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Session au cours de laquelle l’ECLJ organisera un évènement parallèle pour mettre en lumière la situation.

    1. Turquie – Les chrétiens face au nationalisme religieux turco-islamique

    La Turquie passe de la 50e place dans l’Index de 2024 à la 45e en 2025. La Turquie se déclare officiellement laïque, mais sous la présidence d’Erdogan, elle s’enfonce dans un nationalisme turco-islamique qui se fait au détriment des chrétiens. Erdogan s’est indigné publiquement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, condamnant « l’immoralité commise contre le monde chrétien et contre tous les chrétiens ». Mais en ce qui concerne son propre pays, l’ECLJ interpelle sur l’absence de mesures garantissant les droits des chrétiens persécutés, avec notamment 22 attaques violentes contre les chrétiens en 2023 et documentées dans l’EPU de la Turquie.

    De plus, l’expulsion des chrétiens étrangers pour soi-disant « menace pour la sécurité nationale » est préoccupante. L’affaire Kenneth Wiest, un protestant américain résidant en Turquie depuis 34 ans et qui s’est vu interdit de rentrer chez lui, est emblématique de ces persécutions. Dans ses observations écrites de novembre 2024, l’ECLJ incite la Cour européenne des droits de l’homme à réaliser que la défense des droits de Kenneth Wiest ne concerne pas que lui et sa vie familiale, mais bien tous les chrétiens étrangers expulsés, ainsi que tous les chrétiens turcs qui se retrouvent privés de formation et d’encadrement.

    Par ailleurs, l’ECLJ met régulièrement en lumière l’ingérence arbitraire et non légitime subie par les fondations grecques-orthodoxes. En avril 2024, nous sommes intervenus en qualité de tierce-partie dans l’affaire Arhondoni, où la Turquie a qualifié de fondation « désaffectée » une fondation gérant un monastère grec-orthodoxe qui, pourtant, n’a jamais cessé son activité. De même, en novembre 2024, nous sommes intervenus dans l’affaire Mavrakis, où deux prêtres grec-orthodoxes, élus membres des conseils d’administration de fondations communautaires grecques-orthodoxes à Istanbul, ont été destitués par la Direction générale des fondations — un organisme public turc relevant du ministère de la Culture et du Tourisme — sous prétexte qu’ils sont des ecclésiastiques. En janvier 2025, l’ECLJ fera part de ses observations écrites dans l’affaire « Fondation de l’église grecque Balino de Balat », traitant de l’expropriation de deux fondations grecques-orthodoxes.

    1. Pakistan – Les chrétiens subissent les lois anti-blasphème

    Le Pakistan se classe à la 8e place de l’Index 2025, après avoir occupé la 7e place en 2024. Au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, l’Organisation de la Coopération islamique, portée par le Pakistan et la Turquie, mène campagne contre « l’islamophobie » qui sévirait en Occident. Pour l’ECLJ, cette lutte sacrifie la liberté d’expression en confondant critique légitime de l’islam en tant que système de croyance et attaques contre les individus musulmans. Mais l’hypocrisie du Pakistan ne s’arrête pas là car chez lui, les lois sur le blasphème sont utilisées comme armes contre les minorités chrétiennes, pouvant conduire à des lynchages ou même des condamnations à mort arbitraires telle que celle de Ashan.

    Ashan est un jeune chrétien pakistanais accusé de blasphème et d’acte terroriste pour avoir posté sur TikTok une photo d’une page de Coran profanée. Sans preuves tangibles, il a été condamné à mort pour des charges infondées. Les chrétiens au Pakistan sont également confrontés à d’autres formes de persécution : des croyantes, jeunes filles chrétiennes et hindoues sont kidnappées, converties de force puis mariées. De plus, les convertis de l’islam au christianisme sont particulièrement exposés et visés, ils vivent sous une menace constante de représailles. L’ECLJ agit, au travers du cas Ashan mais aussi Shahzad Masih, pour dénoncer ces abus et amener des réformes pour une protection effective des droits chrétiens au Pakistan.

    1. Algérie – Des lois contre la liberté de culte et la liberté d’association des chrétiens

    L’Algérie est désormais à la 19e place de l’Index 2025, contre la 15e place en 2024. En Algérie, les chrétiens font face à une persécution croissante, marquée par la fermeture de la totalité des 47 églises protestantes évangéliques algériennes. De nombreux chrétiens algériens font face à des condamnations pénales. L’Église catholique souffre aussi de ces restrictions, puisque par exemple son service humanitaire Caritas est fermé depuis octobre 2022. Cette situation s’inscrit dans une dynamique plus large de fermeture politique et culturelle, laissant le pays s’enfermer dans une identité exclusivement arabe et musulmane. Ce repli identitaire est renforcé par un discours de défiance envers l’Occident, et en particulier la France, perçue uniquement à travers le prisme de l’ancienne puissance coloniale.

    Bien que la Constitution algérienne garantisse théoriquement la liberté d’expression et la liberté de culte, la législation pénalise sévèrement toute tentative de conversion d’un musulman, et impose des restrictions aux cultes non musulmans et aux associations chrétiennes. De plus, depuis 2020, la liberté de conscience a même été retirée de la Constitution, démontrant un recul inquiétant des droits de l’homme en Algérie.

    L’ECLJ a organisé, en juillet 2024, une conférence au Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour plaider la cause des chrétiens d’Algérie. Parmi les intervenants à cette conférence figuraient l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, les Rapporteuses spéciales des Nations unies sur la liberté de religion et la liberté d’association, ainsi que le vice-président de l’Église protestante d’Algérie (EPA).

    1. Inde – Des chrétiens persécutés sous le coup de lois anti-conversion

    L’Inde conserve la 11e place dans l’Index 2025, soulignant la gravité persistante de la persécution antichrétienne dans le pays. Bien qu’elle soit souvent qualifiée de « plus grande démocratie du monde » et dotée d’une Constitution laïque, l’Inde demeure un terrain hostile pour les chrétiens, en grande partie en raison de l’influence d’extrémistes hindous prônant une identité exclusivement hindoue pour tous les citoyens indiens. Les violences perpétrées contre les chrétiens continuent et les autorités font preuve d’inaction ou de réponses limitées pour y mettre un terme et vraiment protéger les victimes, comme l’avait déjà souligné l’ECLJ lors d’une intervention orale au Conseil des droit de l’homme des Nations unies en octobre 2022.

    Depuis plusieurs années, le système de « castes » et des lois anti-conversion adoptées par 11 États indiens (sur 29) accentuent les discriminations à l’encontre des chrétiens. Bien que les articles 15 et 25 de la Constitution indienne garantissent, de jure, la liberté religieuse et protègent les minorités de toute discrimination, ces législations locales, de facto, entravent les pratiques chrétiennes, comme l’a souligné l’Examen périodique universel de l’ECLJ en 2022. Malgré un rappel lors de l’EPU de 2017, l’Inde n’a mis en œuvre aucune des recommandations critiques concernant la liberté religieuse. L’EPU de 2022 n’a pas non plus abouti à des résultats concluants sur le terrain.

    L’ECLJ, préoccupé par la situation, organisera en mars 2025 une conférence à Genève, lors de la 58e session du Conseil des droits de l’homme, sur les lois anti-conversion et la persécution des chrétiens en Inde.

    Face à l’augmentation de la persécution antichrétienne dans le monde pour la 12e année consécutive, il est essentiel de prier. Prier pour que Dieu accompagne les chrétiens dans ces épreuves, qu’Il leur donne la force pour rester fermes dans leur foi et que la violence prenne fin. Nous demandons que Sa paix, qui surpasse toute compréhension, remplisse les cœurs de ces croyants et apporte de l’espérance à leurs pays.

    Par Manaëm Huet, Étudiant en Master II Droit International à l'Université de St. Gall, Suisse.

  • Quel est l’impact de l’euthanasie sur l’offre de soins palliatifs en Belgique ?

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    Du site de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Comment augmenter l'offre palliative dans un pays qui autorise l'euthanasie ?

    En Belgique, les soins palliatifs sont déployés dans différents lieux (hôpital, domicile, maison de repos) afin de répondre à la demande de nombreux patients de pouvoir choisir le lieu où ils recevront ces soins spécifiques. Toutefois, des rapports publiés par le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) ces dernières années, il ressort que l’offre ne répond toujours pas aux besoins des patients, faute de moyens suffisants. 

    Dans son dernier rapport sur les soins palliatifs en Belgique, publié le 16 janvier 2025, le KCE recommande de mettre en place une offre de soins intermédiaires, le palliative middle care, afin de compléter l’offre existante. Cette offre intermédiaire se situerait entre les soins courants et non urgents d’une part, et l’hôpital, notamment pour les patients qui ne nécessitent pas des soins dispensés en hôpital ou dans une unité de soins palliatifs et qui ne peuvent pas non plus être accompagnés à domicile ou en maison de repos. Le KCE insiste sur l’importance de diversifier l’offre palliative et les niveaux de soins (généralistes et spécialisés) pour mieux répondre aux besoins de tous les patients, besoins qui ne sont pas seulement liés à l’âge avancé ou à l’espérance de vie. Ceci répond à la nouvelle orientation des soins palliatifs qui, depuis 2016, ne s’adressent plus seulement aux patients en fin de vie mais également à toute personne atteinte d’une maladie grave et potentiellement mortelle.  

    Les soins palliatifs font ainsi face à une double augmentation des besoins, liée d’une part au vieillissement de la population et d’autre part à l’élargissement de la prise en charge palliative à de nouveaux publics. En 2024, la fédération des soins palliatifs alertait quant à elle sur le manque de moyens pour les soins palliatifs, soulignant notamment la pénurie de lits dédiés à ce service dans les hôpitaux (seulement 400 sont disponibles pour toute la Belgique).  

    Peut-on faire cohabiter l’euthanasie et les soins palliatifs ?  

    La question de l’impact de l’euthanasie sur l’offre palliative se pose avec acuité en Belgique où les soins palliatifs cohabitent avec la possibilité d’être euthanasié. En novembre 2024, l’Anscombe Bioethics Centre a publié un rapport dans le cadre de l’examen de la proposition de loi visant à dépénaliser l’euthanasie au Royaume-Uni (Assisted Dying Bill). Intitulé Evidence of Harm : Assessing the Impact of Assisted Dying / Assisted Suicide on Palliative Care, ce rapport apporte un éclairage intéressant sur l’impact de l’euthanasie ou du suicide assisté sur les soins palliatifs dans les pays qui ont dépénalisé ces pratiques. 

    Se basant sur les données disponibles en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas et au Luxembourg entre 2012 et 2019, l’auteur du rapport remarque que, dans ces pays, l’offre palliative n’a augmenté que de 7.9%, contre 25% dans 20 pays d’Europe occidentale où l’euthanasie reste interdite. Le même constat est fait aux États-Unis, où les équipes de soins palliatifs dans les hôpitaux n’ont augmenté que de 3,2 % dans les États américains qui proposent l’euthanasie ou le suicide assisté, contre 9,4 % dans les autres États. L’euthanasie aurait bien un impact négatif sur les soins palliatifs qui progressent non seulement moins vite, mais qui subissent également une détérioration, liée notamment à la pression qui s’exerce sur le personnel de soins palliatifs dès lors que sont introduits l’euthanasie ou le suicide assisté.  

    Selon le rapport du Anscombe Bioethics Centre, des personnes interrogées en Flandre constatent que « l’euthanasie fait l'objet d'une grande attention de la part du public et des médias, ce qui n'est pas le cas des soins palliatifs ». Dans ce contexte, le risque est bien réel que les soins palliatifs en Belgique ne rencontrent jamais les besoins des patients qui, faute de soins adaptés ou d’information sur l’existence de ce type de soins, pourraient se tourner plus facilement vers l’euthanasie.  

    Lire également : Proposition d’extension de la loi belge sur l’euthanasie : Retour d’expérience critique des Pays-Bas à la Chambre

  • Béatification des franciscains martyrisés parce qu'ils refusaient d'approuver la polygamie

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AMÉRIQUE/ÉTATS-UNIS- Béatification des Franciscains martyrisés parce qu'ils refusaient d'approuver la polygamie

    28 janvier 2025
     

    Cité du Vatican (Agence Fides) - Ils ont refusé d'approuver la pratique de la polygamie parmi les Amérindiens qui avaient reçu le baptême. Pour cela, ils ont été martyrisés. Quatre siècles après ce qui s'est passé en 1597 dans les villages côtiers de Gerogia, le Pape François a autorisé le Dicastère pour les Causes des Saints à promulguer le décret reconnaissant le martyre des serviteurs de Dieu Pedro da Corpa, Blas Rodríguez de Cuacos, Miguel de Añón, Antonio de Badajoz et Francisco de Veráscola.

    Il s'agit de cinq religieux de l'Ordre des frères mineurs, tués « en haine de la foi » sur le territoire de l'actuel diocèse de Savannha, aux États-Unis d'Amérique. Tous originaires d'Espagne, ils étaient partis comme missionnaires pour annoncer l'Évangile parmi le peuple Guale, qui vivait sur la côte de Géorgie. La polygamie était pratiquée dans leurs villages.

    Fray Pedro de Corpa, qui s'embarqua pour le Nouveau Continent en 1587, arriva avec les frères dans le village de Tolomato (près de l'actuel Darien) et choisit d'administrer le baptême à un Guale adulte uniquement lorsque celui-ci s'était engagé à un mariage monogame.

    Tout semblait aller pour le mieux, mais, comme on peut le lire sur le site officiel de l'Ordo Fratrum Minorum, qui a publié en détail les biographies des cinq missionnaires après l'annonce de la reconnaissance de leur martyre, lorsqu'un jeune guerrier local, appelé Juanillo, baptisé et déjà marié, a décidé de prendre une seconde épouse. Le guerrier, neveu du chef de la tribu, devait prendre le commandement du village. Finalement, Juanillo décida d'ignorer les avertissements de Fray Pedro da Corpa concernant ses engagements baptismaux, quitta la mission et s'allia à d'autres indigènes de la région intérieure contre le franciscain. Dans les premiers jours de septembre 1597, les guerriers attaquèrent le frère Pedro dans sa hutte, le frappant à mort à l'aide d'une hache et lui faisant subir des sévices corporels.

    L'odium fidei, tel qu'il est établi dans le décret promulgué aujourd'hui, s'est rapidement retourné contre les quatre autres frères mineurs qui vivaient dans les autres villages. Le deuxième à périr fut le frère Blas Rodríguez de Cuacos. Au moment des faits, il travaillait dans le village de Tupiquí, près de l'actuelle Eulonia. Lorsqu'il fut confronté au groupe d'indigènes armés, conscient de sa mort imminente, il demanda à pouvoir célébrer sa dernière messe. Il l'obtint et, à la fin de l'office, il fut lui aussi tué d'un coup de hache et son corps fut abandonné dans la forêt, où il fut dévoré par les animaux.

    Fra Miguel de Añón, quant à lui, accomplissait sa mission sur l'île de Santa Catalina, en compagnie du religieux laïc Antonio de Badajoz. Le chef de tribu avertit ce dernier de la révolte qui se propageait contre les frères, mais il ne s'enfuit pas et préféra rester au village avec Fra Miguel. Tous deux affrontèrent avec foi leur torture, précédée de nombreux supplices. Leurs corps ont été enterrés dans la chapelle du village.

    Le dernier des cinq frères martyrs fut le frère Francisco de Veráscola. Il fut chargé de la nouvelle mission sur l'île d'Asao, aujourd'hui San Simón, en face de l'actuel village de Brunswick, en Géorgie. Sa stature imposante et sa force physique lui valurent le surnom de « géant cantabrique ». Cette caractéristique le rendait populaire auprès des jeunes Guales, avec lesquels il s'affrontait dans des combats de lutte, des jeux de balle et des « coups de lance ». Au moment de la mort de ses compagnons, il n'était pas présent : il s'était rendu en canoë à San Agustín pour y chercher du matériel nécessaire à la chapelle. Arrivé à Asao, il fut immédiatement attaqué par des rebelles qui le tuèrent d'un coup de hache.

    Des siècles plus tard, la cause de canonisation de ce groupe de martyrs franciscains, soutenue par l'épiscopat américain, a débuté dans le diocèse de Savannah il y a un peu plus de quarante ans, en 1981. En ces heures, le décret reconnaissant le martyre des cinq martyrs franciscains, soutenu par l'épiscopat américain, a débuté dans le diocèse de Savannah.(FB) (Agence Fides 27/1/2025)

  • Face à la Shoah : l’Église de France fut au rendez-vous

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    De France Catholique :

    Face à la Shoah : l’Église fut au rendez-vous

    Régulièrement accusés d’avoir entretenu un silence coupable à l’égard de la persécution des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, les catholiques de France ont souvent rasé les murs à l’évocation de ce sujet. Une vision qui évolue à la faveur de travaux historiques toujours plus précis.
    Plusieurs signaux récents en témoignent : le regard porté sur l’action de l’Église durant la Seconde Guerre mondiale est en train de changer. Il était temps. En particulier sur le comportement du clergé français face aux persécutions antijuives menées par les Allemands, avec le soutien objectif des autorités de Vichy dans de nombreux cas.

    Entre le récit d’une France unanimement résistante et celui d’une France bovinement « collabo », se cache l’histoire d’une Église en France, partagée entre le souci de préserver ses brebis en priorité et celui de venir en aide, à la manière du Bon Samaritain, à celles d’entre elles qui n’appartiennent pas au troupeau. En la matière, les priorités des pasteurs furent divergentes. Mais beaucoup d’entre elles révèlent que l’impératif de charité ne fut pas délaissé, comme en témoignent les paroles d’éminentes figures de la communauté juive.

    Le geste le plus significatif fut, à n’en pas douter, celui du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, qui, le 16 juillet dernier, à l’occasion du 80e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, a demandé que soit lue dans toutes les synagogues du pays la lettre de protestation rédigée en août 1942 par Mgr Jules Saliège. « Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier », écrivait l’archevêque de Toulouse dans ce courrier, qui fut alors lu dans toutes les paroisses de son diocèse, trois mois avant l’invasion de la zone sud par les Allemands. Quel symbole !

    « 18 juin spirituel »

    Emboîtant le pas du Grand Rabbin, les évêques ont préconisé à leur tour la lecture de ce texte – qualifié naguère de « 18 juin spirituel » par Maurice Schumann – à l’occasion de la messe de l’Assomption, pour commémorer le 80e anniversaire de sa rédaction. En ce jubilé symbolique – restera-t-il encore des survivants de la rafle lors de son 90e anniversaire ? – on soulignera aussi l’exposition du Mémorial de la Shoah, intitulée « À la grâce de Dieu – Les Églises et la Shoah » (cf. p. 13), l’exposition itinérante consacrée aux Justes organisée conjointement par la conférence des évêques de France et le comité Yad Vashem, ou encore le colloque sur la question qui s’est tenu au Collège des Bernardins, en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de la Shoah, le 7 septembre dernier.

    Un esprit sceptique pourrait craindre que ces initiatives n’aboutissent qu’à mettre en valeur quelques comportements exemplaires, dont le caractère lumineux ferait ressortir par contraste la passivité, sinon la complicité, de l’institution considérée dans son ensemble. Cette vision des choses, il faut le craindre, imprègne en partie le clergé français depuis la cérémonie de repentance organisée au Mémorial de Drancy en 1997. « Nous devons reconnaître que l’indifférence l’a largement emporté sur l’indignation et que devant la persécution des Juifs, en particulier devant les mesures antisémites multiformes édictées par les autorités de Vichy, le silence a été la règle et les paroles en faveur des victimes, l’exception », avait alors déclaré Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, en présence de quinze de ses homologues. Cette vision, celle de quelques chrétiens courageux et intrépides extraits d’une masse indifférente, filtre encore à Rome quelques mois après la déclaration de Drancy, en mars 1998, dans un texte intitulé « Nous nous souvenons. Une réflexion sur la Shoah », rédigé par la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, signé par le cardinal Cassidy, et explicitement approuvé par Jean-Paul II. « Quoi qu’il en soit, […] à côté de ces hommes et femmes si courageux, la résistance spirituelle et l’action concrète d’autres chrétiens n’ont pas été celles auxquelles on aurait pu s’attendre de la part de disciples du Christ », y lisait-on, au cœur d’un texte fouillé et nuancé. « Nous regrettons profondément les erreurs et les fautes de ces fils et filles de l’Église », précisait encore le document. Que des chrétiens, clercs ou laïcs, n’aient pas toujours été à la hauteur, que certains se soient tenus au silence, que d’autres se soient désintéressés du sort des Juifs, que quelques-uns se soient même compromis avec les persécuteurs, nul n’en disconvient. Rien de surprenant à ce constat. Il faudrait néanmoins chiffrer un jour l’effectif de ceux dont on parle réellement… Mais, faire de ceux qui se sont élevés les exceptions confirmant une règle de lâcheté généralisée, est une tentation, souvent non dénuée d’arrière-pensées idéologiques, qui ne tient pas face au travail historique. Et les premiers à l’affirmer sont parfois ceux que l’holocauste a le plus cruellement meurtris.

    « L’enjuivement des curés »

    Le plus emblématique d’entre eux est Serge Klarsfeld, président de l’Association des fils et filles de déportés de France, dont le père, Arno, raflé par la Gestapo à Nice en 1943, fut assassiné à Auschwitz. Déjà, en 2001, il avait donné au sixième chapitre de son livre Vichy-Auschwitz un titre sans ambiguïté : « Le haut clergé français et l’opinion publique contraignent Vichy en septembre 1942 à mettre fin à son concours massif dans la chasse aux Juifs. »

    De même, lors du colloque des Bernardins du 7 septembre, il a rappelé, documents irréfutables à l’appui, combien l’intervention du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon – celui-là même qui avait dit que « Pétain c’est la France et la France aujourd’hui, c’est Pétain » – avait contribué à ralentir la traque à laquelle collaboraient les autorités d’alors.

    Et de citer aussi cette phrase stupéfiante de l’époque, extraite du Journal de Paul Morand, alors membre du cabinet civil de Pierre Laval : « Les évêques font une démarche collective des plus énergiques en faveur des Juifs en zone libre. C’est inouï l’enjuivement des curés ! C’est à vous rendre anticlérical ! » La conclusion de l’intervention de Serge Klarsfeld, dépourvue de la moindre ambiguïté, évoque une « dette immense à l’égard de l’Église », dette qu’il aimerait que « notre pays reconnaisse, partage et mette en lumière, plutôt que de la laisser dans l’ombre par préjugé anticlérical ».

    Fierté chrétienne

    Que notre pays la reconnaisse serait à n’en pas douter plus que fondé. Mais il serait logique que les chrétiens eux-mêmes commencent à en tirer fierté. Fierté de ces évêques qui ont pris la parole, fierté de ces religieuses qui ont caché des familles juives, fierté de ces curés anonymes qui ont signé de faux certificats de baptême pour des enfants réfugiés, fierté de ces plumes clandestines qui, dans Les cahiers du Témoignage Chrétien, ont dénoncé très tôt l’antisémitisme hitlérien. Beaucoup d’entre eux sont honorés depuis longtemps comme « Justes parmi les nations » au Mémorial de Yad Vashem, à commencer par l’abbé Jean Fleury (1905-1982) qui fut le premier Français à être reconnu comme tel dès 1964, au regard de son action en faveur des Juifs internés au camp de la route de Limoges.

    Attention néanmoins à ne pas considérer l’inscription au Mémorial de Yad Vashem – aussi probante soit-elle – comme le tampon indispensable pour valider l’action des chrétiens durant la guerre. Nombreux furent ceux d’entre eux qui menèrent d’autres combats, plus que légitimes. Ou qui œuvrèrent en faveur du sauvetage des Juifs sans être encore reconnus : et l’on songe notamment à Mgr Bruno de Solages (1895-1983), dont chacun reconnaît le rôle incontournable dans ce combat, et qui ne possède toujours pas son arbre dans le jardin du sanctuaire israélien.

  • Terres de Mission n°396 - Un débat passionnant sur la messe traditionnelle

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    Terres de Mission n°396 - Un débat passionnant sur la messe traditionnelle

    26/01/2025  

    Terres de Mission organise un débat exceptionnel entre Jean-Pierre Maugendre, directeur de Renaissance catholique, et Christophe Geffroy, directeur du mensuel "La Nef". Tous deux sont ce que l'on appelle souvent des "traditionalistes", c'est-à-dire des catholiques attachés à la liturgie traditionnelle. Mais Christophe Geffroy défend l'idée que défendre la messe traditionnelle ne doit pas s'accompagner d'une critique de la nouvelle messe, tandis que Jean-Pierre Maugendre considère, au contraire, que l'un des arguments en faveur de la messe traditionnelle réside dans le caractère équivoque de la nouvelle. Un débat passionnant (et courtois) qui touche à la question de l'obéissance dans l'Eglise et de la fidélité à la Tradition et au Magistère.

  • Les qualités et les défauts de la Somme théologique de saint Thomas (débat Arnaud Dumouch / Matthieu Lavagna)

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    La grande qualité de la somme théologique de saint Thomas d’Aquin est sa précision logique. Mais c’est aussi son principal défaut parce que saint Thomas d’Aquin croit pouvoir, à l’aide de cet instrument, tirer toutes les conclusions à partir des principes premiers que sont les dogmes. Or une conclusion logique peut être incohérente avec ce que le Christ nous a montré sur la croix. Dans ce débat, nous abordons plusieurs problèmes :
     
    1° En théologie dogmatique : Les limbes éternels des enfants, la damnation de la plupart des humains, l’apparition du jansénisme ; La damnation de ceux qui meurent non-chrétiens.
     
    2° En théologie morale : la question de l’usage parfois nécessaire du moindre mal pourtant contestée par les scolastiques classiques au nom de ce principe : « La fin ne justifie jamais les moyens ». La mémoire du père Marie-Benoît, frère français et sauveteur de l'Holocauste en est la preuve : http://www.belgicatho.be/archive/2025/01/28/l-incroyable-courage-et-la-foi-du-pere-marie-benoit-religieu-6532935.html 
     
    Arnaud Dumouch montre pour conclure que, pour éviter ce danger de la fascination de la logique, il faut ajouter un regard contemplatif en particulier par la fréquentation de la Vierge Marie. Sa féminité peut éviter au théologien scolastique de tomber dans le piège de la rationalité excessive.

  • Le nouveau document sur l'intelligence artificielle préparé par les dicastères pour la Doctrine de la foi et pour la Culture est paru

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    D'Andrea Tornielli (Directeur éditorial des médias du Vatican) sur Vatican News :

    L’intelligence artificielle ne remplace pas la richesse de l'être humain

    Les points saillants du nouveau document sur l'intelligence artificielle préparé par les dicastères pour la Doctrine de la foi et pour la Culture.

    Ce qui est trompeur, c'est d'abord le nom donné à cet outil. La soi-disant «intelligence artificielle» est l'un de ces cas où le nom a compté et compte encore beaucoup dans la perception commune du phénomène. La Note Antiqua et nova des dicastères pour la Doctrine de la foi et pour la Culture nous rappelle tout d'abord que l'IA est un instrument: elle accomplit des tâches, mais elle ne pense pas. Elle n'est pas capable de penser. Il est donc trompeur de lui attribuer des caractéristiques humaines, car il s'agit d'une «machine» qui reste confinée dans la sphère logico-mathématique. C'est-à-dire qu'elle ne possède pas de compréhension sémantique de la réalité, ni de capacité véritablement intuitive et créative. Elle est incapable de reproduire le discernement moral ou l'ouverture désintéressée à ce qui est vrai, bon et beau, au-delà de toute utilité particulière. Bref, il lui manque tout ce qui est véritablement et profondément humain.

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    28/01/2025

    L'intelligence humaine est en effet individuelle et en même temps sociale, rationnelle et affective. Elle vit à travers des relations continues médiatisées par la corporéité irremplaçable de la personne. L'IA ne devrait donc être utilisée que comme un outil complémentaire de l'intelligence humaine, et ne pas prétendre remplacer d'une manière ou d'une autre sa richesse particulière.

    Malgré les progrès de la recherche et ses applications possibles, l'IA reste une «machine» qui n'a pas de responsabilité morale, responsabilité qui incombe plutôt à ceux qui la conçoivent et l'utilisent. C'est pourquoi, souligne le nouveau document, il est important que ceux qui prennent des décisions basées sur l'IA soient tenus responsables des choix qu'ils font, et qu'il soit possible de rendre compte de l'utilisation de cet outil à chaque étape du processus décisionnel. Les fins et les moyens utilisés dans les applications de l'IA doivent être évalués pour s'assurer qu'ils respectent et promeuvent la dignité humaine et le bien commun: cette évaluation constitue un critère éthique fondamental pour discerner la légitimité ou non de l'utilisation de l'intelligence artificielle.

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    Un autre critère d'évaluation morale de l'IA, suggère la note, concerne sa capacité à mettre en œuvre la positivité des relations de l'homme avec son environnement et l'environnement naturel, à favoriser une interconnexion constructive des individus et des communautés, et à renforcer une responsabilité partagée à l'égard du bien commun. Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire d'aller au-delà de la simple accumulation de données et de connaissances, en s'efforçant d'atteindre une véritable «sagesse du cœur», comme le suggère le Pape François, de sorte que l'utilisation de l'intelligence artificielle aide les êtres humains à devenir réellement meilleurs.

    En ce sens, le texte met en garde contre toute subordination à la technologie, nous invitant à l'utiliser non pas pour remplacer progressivement le travail humain -ce qui créerait de nouvelles formes de marginalisation et d'inégalité sociale- mais plutôt comme un outil permettant d'améliorer les soins, d'enrichir les services et la qualité des relations humaines. Et également comme une aide à la compréhension de faits complexes et un guide dans la recherche de la vérité. Par conséquent, contrer les falsifications alimentées par l'IA n'est pas seulement l'affaire des experts en la matière, mais requiert l’effort de tous.

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    Nous devons également empêcher que l'intelligence artificielle soit utilisée comme une forme d'exploitation ou de limitation de la liberté des personnes, qu'elle profite à quelques-uns au détriment du plus grand nombre, ou qu'elle soit utilisée comme une forme de contrôle social, réduisant les personnes à un ensemble de données. Dans le domaine de la guerre, il est inacceptable de confier à une machine le choix d'ôter des vies humaines: malheureusement, nous avons vu à quel point les armes basées sur l'intelligence artificielle sont responsables de dévastations, comme le démontrent tragiquement de nombreux conflits actuels.

    Le Vatican publie un texte sur l’intelligence artificielle 

    28 janvier 2025
    Ce 28 janvier 2025, le Vatican a publié un texte intitulé Antiqua et Nova, un document officiel sur les enjeux éthiques et sociaux de l’intelligence artificielle (IA).

    Dans un contexte de développement toujours plus rapide de l’intelligence artificielle (IA), le Vatican a publié une note intitulée Antiqua et Nova, rédigée par les dicastères pour la Doctrine de la foi et pour la Culture, soulignant les enjeux éthiques, sociaux et philosophiques de cette technologie. La question centrale de cette note est de savoir si l’IA, aussi avancée soit-elle, peut remplacer l’intelligence humaine. La réponse du Vatican est claire : « l’IA ne doit en aucun cas être perçue comme un substitut de l’intelligence humaine, mais uniquement comme un outil au service de l’homme. »

    L’IA est souvent perçue comme dotée de capacités cognitives proches de celles de l’homme. Mais le Vatican insiste : il s’agit uniquement de machines, qui accomplissent des tâches en fonction d’algorithmes logico-mathématiques. Elles n’ont pas de véritable « pensée ». Ce qui fait l’intelligence humaine – la capacité de comprendre le monde, de prendre des décisions morales et d’être créatif – lui manque totalement. 

    Les applications s’appuyant sur cette technologie, aussi impressionnantes soient-elles, dans des domaines comme la médecine, l’industrie, ou encore la communication, ne doivent pas induire en erreur. La note rappelle que cette machine ne doit pas être confondue avec la richesse de l’intelligence humaine.

    L’esprit humain est présenté dans le document comme étant à la fois individuel et social, rationnel et affectif. Il s’épanouit à travers des relations continues irremplaçables par la machine. Le Vatican suggère que l’IA peut être un outil au service de l’homme pour améliorer les soins de santé, faciliter la recherche ou encore aider à la gestion des connaissances. Toutefois, cette technologie doit rester subordonnée à l’Homme.

    Une autre dimension essentielle soulevée dans le texte du Vatican est la question de l’éthique de l’IA. Si elle n’a pas de responsabilité morale, celle-ci incombe en revanche aux concepteurs et utilisateurs de la technologie. Les fins et les moyens utilisés dans l’application de l’IA doivent respecter et promouvoir la dignité humaine et le bien commun. 

    Le cardinal Eijk, dans une déclaration en mai 2023, avait déjà souligné la nécessité pour l’Église de prendre position sur les enjeux de l’IA. Il a exprimé des inquiétudes quant à la manière dont les “chatbots” et autres nouvelles technologies pourraient façonner les réponses religieuses, sans tenir compte des nuances et des vérités profondes de la foi chrétienne. De plus, le cardinal a averti contre les risques d’un « transhumanisme » où l’homme serait perçu comme une simple machine, dénuée de tout rapport humain et spirituel.

    L’Église, selon lui, doit s’emparer du sujet, afin de ne pas laisser d’autres forces sociales ou politiques définir les contours de l’usage de l’IA. Il est crucial d’intégrer les valeurs chrétiennes dans la réflexion, afin de garantir que ces outils soient utilisés pour le bien commun, sans compromettre la dignité humaine.

  • "Boîtes vides, boîtes pleines"; le bienheureux Edward Poppe et le prêtre

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    LE TITRE

    Volle of lege dozen … Boîtes vides, boîtes pleines… Je ne sais toujours pas si l’expression est de l’abbé Poppe lui-même. Je sais cependant qu’il l’utilise souvent lorsqu’il parle de l’Église, des prêtres et des chrétiens de son temps.

    C’est à travers cette expression qu’il regarde l’Église du début du XXe siècle.  A l’extérieur, tout est beau: de nombreux fidèles prennent part à la vie de l’Église et celle-ci exerce une influence considérable sur la société. Mais derrière cette façade se cache beaucoup de formalisme.  L’emballage est beau, mais la boîte est vide.

    L’abbé Poppe a senti ce paradoxe dès son premier ministère à la paroisse Sainte-Colette de Gand.  La réalité qu’il y découvrait était tellement éloignée de celle dont il avait rêvé!

    Certes, l’Église était sans cesse présente dans la vie sociale et communautaire. Mais le monde réel, la vie du peuple s’en éloignait. L’enseignement catéchétique n’avait que peu de répercussion sur la vie et la pensée des gens qu’il croisait chaque jour.

    Poppe a senti que cette situation était condamnée à terme. La façade ne pourrait plus résister bien longtemps. La sécularisation des cœurs allait creuser de plus en plus le fossé entre l’Église et le peuple.

    Chez ceux qu’ils rencontrait, la foi n’était qu’extérieure et ce fut pour lui une grande cause de souffrance.  Il regardait ses confères: des hommes très actifs, hommes de devoir, souvent très exigeants.  Mais au-dedans, des bronzes qui résonnent, des cymbales retentissantes.

    Par sa méthode eucharistique pour préparer les enfants à la première communion, il a cherché des formes nouvelles pour combler ce vide.

    Aux séminaristes et aux prêtres, il déclarait sans équivoque qu’un prêtre vide est un désastre. La vie du prêtre doit être avant tout une vie intérieure, remplie par la prière, pleine d’une relation personnelle avec le Christ. Par un style de vie cohérent, le prêtre doit aspirer à la sainteté.  S’il remplit sa boîte, sa vie sacerdotale portera du fruit.

    AVANT-PROPOS de Mgr Lode Van Hecke (évêque de Gand)

    Les premières phrases de ce livre m’ont tout de suite interpellé. L’auteur, Edward Janssens, explique que le bienheureux abbé Edward Poppe utilisait souvent l’expression boîtes vides, boîtes pleines pour analyser l’état de l’Église de son temps, au début du XXe siècle. A l’extérieur, tout est beau : de nombreux fidèles prennent part à la vie de l’Église et celle-ci exerce une influence considérable sur la société. Mais derrière cette façade se cache beaucoup de formalisme. L’emballage est beau, mais la boîte est vide.

    Quel regard lucide de l’abbé Poppe sur la situation de l’Église et du christianisme à son époque. Je me demande comment il parlerait de notre époque. Une grande partie de la «façade» s’est pour ainsi dire effondrée dans les dernières décennies. L’Église a perdu sa position de force dans la société et on nous dit que les églises se vident. Mais y a-t-il plus d’intériorité chez ceux qui se disent chrétiens et membres de l’Église, en particulier chez les prêtres? Ou, pour rester dans la métaphore, la boîte est un peu moins bien emballée aujourd’hui, mais a-t-elle gagné en contenu?

    Je n’ose pas répondre à la légère. Et si l’abbé Poppe, analysant notre époque, constatait aussi que la boîte est toujours vide, que nous reste-t-il? Je n’ose y penser. Quoiqu’il en soit, les questions soulevées dans ce livres nous interpellent.

    L’auteur termine son livre – très documenté – par le grand appel d’Edward Poppe aux prêtres de sa génération et à «ceux de tous les temps»: Seul un prêtre qui porte le Christ dans son cœur peut survivre, témoigner et convaincre, hier comme aujourd’hui.

    Je ne peux que souscrire à cet appel. Il s'applique avant tout à l'évêque que je suis ainsi qu’à tout chrétien. Car nous sommes tous appelés, en vertu de notre baptême, à vivre avec le Christ dans notre cœur et à témoigner de l'Évangile. C'est alors que notre témoignage aura un sens pour une société qui en a tant besoin. Ce processus d'intériorisation, de vie intérieure, fera de nous des personnes heureuses et fécondes. 

    Edward Janssens, prêtre et auteur, réussit une fois de plus à situer l’abbé Poppe dans son époque et, ce faisant, à mettre en lumière l'actualité de sa pensée. C'est une grande réussite. C'est pourquoi je me réjouis de la parution de ce livre alors qu’approche l’année 2024, au cours de laquelle nous commémorerons le 100e anniversaire de la mort de Poppe (10 juin 1924).

    Lode Van Hecke

    Moine-évêque de Gand

    pour toute commande :

    A commander auprès du secrétariat: 052/47 81 95

    Email : priester.poppe@edpnet.be

    Prix 17 euros (hors frais de port 5,59 euros)