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BELGICATHO

  • Comment les choses vont-elles fonctionner si François est contraint à ne pas travailler ?

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    D' sur Monday Vatican :

    Le pape François et le gouvernement de l'Église

    La question devient alors : comment les choses vont-elles fonctionner, si François ne travaille pas (du moins pas tant que ça) ?

    Le cardinal-secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, a laissé entendre à la presse que la machine curiale se mettait déjà en marche pour compenser l'absence du pape dans la routine quotidienne.

    D’autres anciens de la Curie ont dit à peu près la même chose.

    Le cardinal Fernando Filoni, actuellement Grand Maître de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre, mais mieux connu des Vaticaniens comme le talentueux diplomate de haut rang et olim substitut – en fait, le chef de cabinet papal – de la Secrétairerie d'État, a comparé le gouvernement de l'Église aujourd'hui à celui d'une famille dont le père est en difficulté et dans laquelle les enfants doivent subvenir aux besoins les plus urgents.

    Il y a très peu de choses qui n'aient jamais existé dans l'Église, qui est après tout une institution vieille de deux mille ans, et dans ce cas, il n'est pas nécessaire de remonter plus loin que le pontificat du pape saint Jean-Paul II.

    Les dernières années du saint pontife ont vu un homme affaibli et fragile, autrefois une véritable force motrice, et une machine curiale qui continuait à prendre des décisions et à vaquer à ses occupations quotidiennes. De fait, après la mort de Jean-Paul II, ses derniers choix ont même été remis en question, et les nominations épiscopales publiées dans le bulletin du 2 avril 2005, jour de sa mort, ont été entourées de suspicion : s'agissait-il seulement de décisions papales ?

    Benoît XVI a résolu le problème en reconfirmant presque tout presque immédiatement.

    Plus tard, il parviendra à résoudre le problème de l'absentéisme du leadership en abdiquant ses fonctions lorsqu'il se rendra compte que ses forces l'abandonnent .

    Il est inévitable d’établir un parallèle avec cette époque, mais il n’existe pas de symétrie parfaite dans la nature et, de toute façon, il existe plusieurs différences importantes entre cette époque et aujourd’hui.

    La première différence concerne le mode de gouvernance.

    Le pape François a centralisé toutes les décisions. Il a souvent agi instinctivement, rapidement et sans consultation. Dans d'autres cas, il s'est montré plus prudent. En effet, le fait qu'il ait gouverné avec plus de 70 motu proprio, c'est-à-dire des documents issus directement du testament papal, montre que le pape non seulement n'avait pas besoin que ses choix soient partagés, mais qu'il n'a même pas cherché à le faire.

    Jean-Paul II, en revanche, gouvernait de manière collégiale.

    Son ouverture d'esprit et ses intuitions n'étaient pas toutes appréciées et approuvées par ses collaborateurs. Des discussions intenses eurent lieu. Elles impliquaient les meilleurs amis et les plus fervents partisans de Jean-Paul II , mais – et c'est crucial – ces amis et alliés étaient de véritables conseillers qui, souvent, ne partageaient pas la vision du pape et n'hésitaient pas à l'exprimer.

    Par exemple, le cardinal Joseph Ratzinger n'a jamais été un grand partisan des rencontres de paix d'Assise, non pas à cause du thème ou du dialogue entre les religions, mais plutôt à cause du syncrétisme religieux qu'on risquait de respirer. Lorsque Jean-Paul II a décidé de demander pardon pendant le Jubilé – un autre exemple – cette décision a également été discutée et contestée.

    Cependant, ces débats ont conduit à des explications plutôt qu’à des fermetures ou des exclusions.

    Par exemple, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un livret sur les demandes de pardon, les contextualisant et les expliquant . Finalement, le débat ne portait pas sur le pape, mais sur l'Église. Et chacune des décisions du pape devait être expliquée afin de préserver l'unité de l'Église, et non de s'opposer à ceux qui s'y opposaient.

    Le pape François a fait de l'inclusion radicale l'un des symboles de son pontificat . Son « Qui suis-je pour juger », prononcé à son retour de Rio de Janeiro, où il s'était rendu pour les Journées mondiales de la jeunesse, en a représenté les lignes directrices. Une radicalité inclusive pour les divorcés remariés – sur lesquels il n'existe pas de ligne doctrinale claire – mais aussi pour les bénédictions accordées aux couples irréguliers, toujours à la frontière entre doctrine et pratique , mais laissant toujours, au final, de côté ceux qui ont souligné les difficultés des choix.

    Ainsi, la radicalité inclusive pour tous devient une exclusion radicale lorsqu'on regarde au sein même de l'Église. Le pape François n'a pas manqué de qualifier de « rétrogrades » ceux qui ne partageaient pas sa vision , parfois sans se donner la peine d'aller au fond des choses, mais en attribuant à ces décisions une signification plus sociopolitique que religieuse.

    Cette exclusion radicale, combinée à une forte centralisation, devient une limitation significative de cette dernière partie du pontificat du pape François.

    Le pape est presque invisible ; il ne gouverne plus que pour les affaires les plus urgentes et, s'il se rétablit, il appliquera ses priorités à l'agenda de l'Église. Mais personne ne peut prétendre pouvoir l'aider à gouverner, car toute aide éventuelle pourrait un jour être considérée comme une trahison de la volonté du souverain .

    Pour un pontificat qui, ces dernières années, s'est appuyé sur la question de la « volonté papale », y compris pour prendre des décisions controversées, nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation où la volonté papale ne peut être pleinement définie . Le pape, qui n'a jamais voulu de gardiens, se voit désormais contraint d'accepter que ceux qui surveillent sa santé à Sainte-Marthe puissent décider qui entre dans sa chambre et qui n'y entre pas.

    Entre-temps, plusieurs questions restent ouvertes, toutes à résoudre.

    On entend parler de lettres demandant d'accélérer les transitions par des choix soudains, de nommer de nouveaux responsables de commissions et de fournir de nouveaux points de référence dans cette transition difficile. Ces lettres font suite aux premières propositions du pape. Cependant, on ignore dans quelle mesure ces propositions ont été accélérées par le pape lui-même .

    Comparé à l'époque de Jean-Paul II, l'incertitude règne au sein du gouvernement, car rien ne peut être imputé au pape. Cela ne signifie pas que le pape doive être considéré comme incapable, et ce n'est certainement pas le moment d'envisager une éventuelle démission du pape.

    Le pape François est là, il est lucide, et entre autres, une éventuelle démission aujourd'hui serait soumise à l'examen de l'histoire : s'agit-il d'une démission volontaire ou dictée par les circonstances ? Dans le second cas, elle ne serait pas valable.

    Dans quelle mesure pouvons-nous vivre dans cette situation suspendue ?

    Dans quelle mesure les cardinaux, ignorant les véritables conditions du pape, dont aucune information n'est donnée en temps opportun, se sentiront-ils libres de prendre des décisions impliquant l'Église universelle ? Et dans quelle mesure les décisions suivantes appartiendront-elles au pape ?

    La question de la gouvernance de l'Église en ces temps est cruciale. Les cardinaux examineront également la manière dont l'Église a été gouvernée lorsqu'ils se réuniront un jour pour désigner le 266e successeur de Pierre.

  • Un pontificat grandiose et controversé; il y a vingt ans, la mort de Jean-Paul II

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    De Giovanni Maria Vian (historien) sur Domani :

    Un pontificat grandiose et controversé. Il y a vingt ans, la mort de Jean-Paul II

    30 mars 2025

    Le 2 avril 2005, après deux mois de tribulations, Karol Wojtyla s'éteint. Ses deux successeurs l'ont proclamé bienheureux en 2011 et saint en 2014, mais la tempête des abus s'est abattue sur sa mémoire. Dans le dernier livre de Gian Franco Svidercoschi, un portrait complet avec des témoignages inédits.

    Il y a vingt ans, dans la soirée du 2 avril 2005, Jean-Paul II s'éteignait. Dans une agonie dramatique - après deux mois de tribulations - son très long, controversé et grandiose pontificat s'achevait au Vatican.

    Plus longtemps que Karol Wojtyła avait régné, pendant trente-deux ans, Pie IX, qui avait assisté en 1870 à l'effondrement de l'État pontifical, mais aussi aux débuts de l'irradiation mondiale du Siège romain. À son tour, cet homme d'un « pays lointain », premier évêque de Rome non italien depuis plus de quatre siècles, avait contribué en 1989, deux siècles après la Révolution française, à un autre effondrement, celui du mur de Berlin. Mais surtout, avec 104 voyages internationaux qui ont duré 822 jours, il a rendu la papauté itinérante et très visible.

    Le cardinal polonais, que les photos en noir et blanc des années 1970 présentaient comme un acteur américain au sourire légèrement ironique, à peine perceptible sous un fedora enfilé sur la tête (mais aussi comme un cardinal du XVIIe siècle enveloppé dans une hermine blanche), avait été élu à l'âge de cinquante-huit ans, le 16 octobre 1978, à l'issue d'un conclave difficile. La tentative d'assassinat du 13 mai 1981 avait failli le tuer, puis le déclin avait été lent mais progressif.

    Au cours de l'été de cette année-là, une infection hospitalière insidieuse, éradiquée uniquement grâce aux patientes recherches pharmaceutiques de l'ecclésiastique australien Fabian Hynes, en fut le premier signe. Puis, entre 1992 et 1996, quatre interventions chirurgicales - au colon, à l'épaule, au fémur (avec la mauvaise prothèse de hanche), une appendicectomie - et les symptômes de la maladie de Parkinson.

    Le dernier voyage

    Douloureux est le dernier voyage international, en août 2004 à Lourdes, où le pape se décrit comme un malade parmi les malades, désormais réduit à un fauteuil roulant. Cinq mois plus tard, dans la soirée du 1er février 2005, il est transporté d'urgence à Gemelli, la grande polyclinique romaine de l'Université catholique du Sacré-Cœur, pour de graves problèmes respiratoires. Wojtyła la connaissait bien et l'a rebaptisée - avec un jeu de mots faisant allusion au concile - « Vatican III » parce qu'elle était devenue la résidence papale après le Vatican et Castel Gandolfo.

    Le 7 février est paru son dernier livre, Mémoire et identité (Rizzoli), fruit de conversations tenues en 1993 avec les philosophes polonais Józef Tischner et Krysztof Michalski, chroniqué l'été précédent par un ami également philosophe, Andrzej Półtawski. Et l'on comprend immédiatement le motif : faire connaître la conviction du pape et de ses collaborateurs sur la tentative d'assassinat, œuvre d'un assassin professionnel glacial et impeccable (jusque dans les tromperies), l'extrémiste turc Mehmet Ali Ağca.

    La tentative d'assassinat

    Avec les deux amis, Wojtyła avait d'ailleurs aussi parlé du 13 mai 1981. « Oui, je me souviens de ce voyage à l'hôpital. Pendant un moment, j'étais conscient. J'ai eu le sentiment que j'allais m'en sortir. Je souffrais, et c'était un motif de crainte - j'avais cependant une étrange confiance », avait alors déclaré le souverain pontife.

    « Revenons à l'attentat : je pense qu'il s'agit d'une des dernières convulsions des idéologies d'intimidation qui se sont déchaînées au XXe siècle. La domination a été pratiquée par le fascisme et le nazisme, ainsi que par le communisme. La domination, motivée par des arguments similaires, s'est également développée ici en Italie : les Brigades rouges ont tué des hommes innocents et honnêtes », a poursuivi Jean-Paul II en 1993, dans des termes prudents mais sans équivoque. Et l'on découvrira bientôt qu'elles font écho à celles ajoutées, en 1982, dans son testament publié immédiatement après sa mort.

    Son meilleur biographe, le journaliste et écrivain Bernard Lecomte, écrit que l'entourage romain du pape reste convaincu de la « question clé, restée sans réponse : qui d'autre que le Kremlin, au printemps 1981, avait intérêt à la disparition du pape ? Et si rien n'est sorti des archives de Moscou depuis la fin de l'Union soviétique, l'historien russe Viktor Zaslavsky - qui a enquêté sur ces archives et les connaît bien - a souligné qu'il était naïf et donc inutile de chercher un ordre écrit : il n'y en avait pas besoin.

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  • De quel genre de vie l'Église jouit-elle aujourd'hui ? Un tour d'horizon

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    De sur The Catholic Thing :

    Un tour d'horizon

    31 mars 2025

    Observer la façon dont l'humanité gère ses affaires suffit – si tant est que cela soit possible – à faire pleurer les anges. Ou à les faire rire. Pendant la majeure partie de son existence, l'Église a au moins offert un contre-exemple, à commencer par sa survie pendant 2 000 ans, ce qui n'est probablement pas le cas d'une nation, d'une organisation internationale, d'une ONG, d'un régime LGBT ou d'un empire de la Silicon Valley. La longévité n'est peut-être pas une preuve de grand-chose, mais elle est une preuve de vie, malgré des changements historiques radicaux.

    De quel genre de vie l'Église jouit-elle aujourd'hui ? Une question qui mérite d'être posée, car l'Église et le monde sont aujourd'hui en grand danger.

    Les débats, d'une lassitude interminable, autour de Vatican II tendent désormais à occulter une évolution cruciale. On nous rappelle souvent que le Concile a « ouvert » l'Église – pour le meilleur ou pour le pire – au « monde ». Mais ce monde est-il le même qu'aujourd'hui ?

    Le monde de l'époque (1962-1965) traversait lui-même une période de profondes mutations après la Seconde Guerre mondiale, s'éloignant du nationalisme, en partie responsable de la guerre, pour se tourner vers un internationalisme progressiste. L'ONU fut créée à la fin de la guerre, et les prémices de ce qui allait mener à l'Union européenne étaient également en cours.

    Jacques Maritain, le philosophe catholique le plus influent de la première moitié du XXe siècle, a contribué à façonner l'ONU. Trois catholiques ont joué un rôle important dans l'émergence de l'UE : le Français Robert Schuman (premier président du Parlement européen) ; l'Allemand Konrad Adenauer ; et l'Italien Alcide di Gasperi. Le pape François a déclaré Schuman « vénérable ». La cause de De Gasperi progresse également.

    C'étaient tous des hommes admirables, des catholiques sérieux à leur époque. C'est un triste témoignage de l'histoire humaine que de constater où sont devenues leurs bonnes intentions, après les horreurs d'une guerre mondiale.

    À l'ONU, divers vauriens constituent la grande majorité de l'Assemblée générale – et cherchent à l'exploiter. Les nations occidentales l'utilisent désormais souvent comme un instrument pour imposer un programme « woke ». Quelqu'un pense-t-il que les Nations Unies pourraient apporter leur aide dans des situations comme l'attaque russe contre l'Ukraine ou le carnage à Gaza ?

    Les documents fondateurs de l'UE invoquent des principes catholiques comme la subsidiarité, l'autonomie légitime des nations au sein d'une union internationale générale. Mais si des gouvernements dûment élus en Hongrie ou en Slovaquie s'opposent aux politiques de l'UE concernant, par exemple, l'endoctrinement LGBT, ou si un groupe encore plus large – l'Italie, les Pays-Bas et d'autres – s'oppose à la position de l'UE sur l'immigration clandestine, ils sont menacés de suspension de fonds et accusés d'être antidémocratiques.

    Néanmoins, une forme de « populisme » est en train de se développer, du Royaume-Uni à la Tchéquie et au-delà, un peu comme le phénomène MAGA aux États-Unis. D'importants pourcentages d'électeurs populistes – qualifiés d' « extrême droite » , bien sûr – ont émergé en France, en Allemagne, en Autriche, etc. En Roumanie, l'UE a invalidé une élection démocratique parce que le « mauvais » candidat l'avait emporté – un nationaliste dont le parti souhaite négocier avec la Russie.

    Alcide di Gasperi, Robert Schuman et Konrad Adenauer [Source : L'adigetto.it ]

    Même l'OTAN, créée pour « tenir les Russes à l'écart, les Américains à l'intérieur et les Allemands à terre », subit des réajustements nécessaires. L'Amérique, avec 37 000 milliards de dollars de dette nationale, ne supportera plus le fardeau de la défense de l'Europe, qui a bénéficié d'une couverture médiatique gratuite depuis la Seconde Guerre mondiale. L'OTAN ne disparaîtra pas, comme le craignent certains Européens. M. Poutine y a veillé. Mais l'Europe va devoir se réarmer, et ses dirigeants cherchent comment et à quel prix.

    Et que dit l'Église à ce sujet ? Il n'est guère exagéré de dire que Rome et plusieurs de nos évêques aux États-Unis ont peu conscience de la situation actuelle. Le monde auquel ils sont ouverts ressemble largement à celui des années 1960 et 1970.

    Par exemple, François a conseillé d'utiliser un pourcentage des budgets militaires pour éliminer la faim et promouvoir le développement durable dans le monde. Une vision néo- pax in terris . Des objectifs louables, si d'autres menaces contemporaines pressantes – comme la Russie, l'Iran, la Chine – étaient absentes.

    Il a également déploré la montée des « populistes », qu'il présente comme des partisans de solutions simples à des problèmes complexes. Mais des centaines de millions de personnes en Europe et en Amérique – des personnes qui subissent quotidiennement les conséquences des récentes politiques américaines et européennes – en ont tout simplement assez de la dissolution de leur culture. Malgré tous les discours sur une Église « à l'écoute », l'expérience de ces personnes ordinaires a été tout simplement ignorée.

    L'Amérique a reconnu la nécessité d'une réforme radicale de son gouvernement. Les Européens en sont de plus en plus conscients ; et les partis bien établis – médias et coalitions gouvernementales – s'emploient désormais activement à les empêcher d'élire des gouvernements populistes.

    Le monde en vient rapidement à la conclusion, par exemple, que les idées dominantes des dernières décennies, minimisant les identités nationales et effaçant radicalement leurs cultures, ne constituent plus des modes de vie durables. Bien au contraire.

    Quelle est la réponse de l'Église ? Le pape François a écrit aux évêques américains que son encouragement à une plus grande ouverture des frontières « n'empêche pas le développement d'une politique réglementant une migration ordonnée et légale ». Mais lorsqu'un gouvernement dûment élu élabore une politique réellement efficace dans les circonstances actuelles, on entend parler, comme l'a décrit le cardinal McElroy de Washington, d'une « guerre de la peur et de la terreur ». Et d'atteintes à la dignité humaine.

    C'est de la pure paresse intellectuelle ; le genre de langage que les politiciens emploient fréquemment pour discréditer les autres. Il n'y a pas de « guerre » en Amérique, surtout contre les pauvres. En réalité, qui paie réellement le prix de l'immigration illégale massive et voit sa dignité bafouée, si ce ne sont les pauvres de New York, Boston, Chicago, Los Angeles, etc. ?

    Le glissement de l'Église postconciliaire vers les préoccupations de justice sociale – c'est-à-dire la politique – a absorbé une grande quantité d'énergie qui aurait été bien mieux dépensée à catéchiser et à cultiver une vie spirituelle plus profonde au milieu d'un monde devenu fou avec des projets utopiques, des religions politiques, des tyrannies aux drapeaux arc-en-ciel et des idoles technologiques.

    Certains signes montrent que les jeunes – et surtout les jeunes hommes – se tournent désormais, à la surprise de leurs aînés, vers cette quête plus profonde.

    Si la synodalité signifie une Église ouverte et à l’écoute, il est peut-être temps de s’ouvrir à ce monde changé et d’écouter ceux qui tentent d’y vivre fidèlement.

  • La Comece met en garde l’Union Européenne sur l’abandon de ses valeurs

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    De Xavier Sartre sur Vatican News :

    La Comece met en garde l’UE sur l’abandon de ses valeurs

    Les évêques européens de la Comece sont inquiets de la «spirale dangereuse» dans laquelle s’enfonce le monde. Ils l’écrivent dans leur déclaration finale à l’issue de leur assemblée plénière de printemps qui s’est déroulée à Nemi, en Italie, et qui s’est achevée ce vendredi. Ils appellent les gouvernants à s’inspirer de leurs prédécesseurs qui, il y a 80 ans, ont bâti un monde avec le souci constant de la paix.

    L’actualité politique brûlante du Vieux Continent n’a jamais été autant présente dans les discussions des évêques qui ont participé, cette semaine, à l’assemblée plénière de la Comece, la Conférence des épiscopats de l’Union européenne. Réunis dans la petite ville de Nemi, non loin de Rome, ils ont exprimé leur «profonde inquiétude» face à «la spirale dangereuse» dans laquelle s’enfonce le monde. «La montée des tensions mondiales», nourries par un «isolationnisme croissant» et une «aggravation des dissensions», a pour effet, selon eux, d’éroder le multilatéralisme et d’affaiblir les principes démocratiques. Les évêques évoquent «une concurrence impitoyable et des confrontations violentes, souvent en violation du droit international». Pour preuve non exhaustive de «cette réalité très inquiétante», la guerre en Ukraine.

    S'inspirer des initiatives de paix du passé

    Face à ce cadre très sombre, les évêques exhortent les gouvernants, non seulement européens mais aussi mondiaux, à s’inspirer des valeurs qui ont sous-tendu plusieurs événements du passé, dont on célèbre cette année un anniversaire particulier: la fin de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans, la déclaration Schuman il y a 75 ans et l’acte final d’Helsinki il y a 50 ans. Autant de jalons qui ont accompagné l’édification d’un monde qui se voulait plus sûr, plus respectueux des peuples et de leurs droits en vue de garantir la paix, grâce au «dialogue» et à la «coopération», dans le cadre «d’efforts créatifs». Les évêques invitent à redécouvrir et à promouvoir les valeurs qui ont contribué à ces événements: «la dignité humaine»«la solidarit黫la démocratie»«le bien commun».

    L'UE doit rester fidèle à son message de paix

    Dans ce contexte, la Comece reconnait que l’Union européenne est perçue comme une source d’espoir par de nombreuses personnes. Les prélats partagent la vision qu’en a le Pape François, qui la voit comme «une promesse de paix» et une «source de développement» pour elle-même et pour le monde. Ils reconnaissent également que l’UE doit être «forte, capable de protéger» ses citoyens et ses valeurs. Mais sa «vocation première», estiment-ils, est d’être «un projet de paix». Oui aux investissements nécessaires, proportionnés et adéquats pour la défense, mais pas au détriment «des efforts visant à promouvoir la dignité humaine, la justice, le développement humain intégral et la sauvegarde de la Création», affirment les évêques. Pas question de mener une course aux armements qui ne servirait en réalité que des intérêts commerciaux et non la paix.

    Face aux plans européens pour se réarmer, la Comece exhorte donc les gouvernements des 27 pays à ne pas porter atteinte à leur engagement historique en faveur de la solidarité envers les régions les plus vulnérables du monde et les personnes souffrant de pauvreté ou cherchant refuge. Elle espère que cela ne compromette pas «la crédibilité de l’UE en tant que leader mondial dans la promotion des droits de l’Homme, de la justice sociale et de la durabilité environnementale». Pour l’épiscopat, il faut «préserver les partenariats et les alliances de longue date, tout en cherchant à ouvrir de nouveaux processus de dialogue et de coopération». C’est donc une invitation à rester fidèle à ses principes fondateurs que lance la Comece à l’Union européenne.

    Message au Pape François

    Enfin, les évêques de la Comece ont adressé un message au Pape François, qu’ils n’ont pas pu rencontrer cette fois-ci à cause de sa convalescence après 38 jours d’hospitalisation. «Nous prions avec ferveur pour vous, pour votre santé et pour votre pleine guérison afin que l’Église en Europe et dans le monde puisse, sous votre direction, vivre le Jubilé avec espérance, enthousiasme, joie et foi, et se sentir revivifiée».

  • Bruxelles, 30 mars : 700 personnes réunies pour une société plus humaine

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    CLARA Life

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE

    Bruxelles, 30 mars 2025

    700 PERSONNES RÉUNIES POUR UNE SOCIÉTÉ PLUS HUMAINE

    Ce dimanche 30 mars, à l’appel de l’association CLARA Life, 700 personnes ont participé à la Marche pour la Vie dans les rues de Bruxelles. Dans une ambiance sereine et engagée, les manifestants ont voulu porter un message d’espérance et de solidarité : chaque vie mérite d’être accompagnée et soutenue, de sa conception à sa fin naturelle.

    Un hommage au courage et à l’engagement du Roi Baudouin

    Cette année, la Marche pour la Vie s’est tenue à une date hautement symbolique : il y a 35 ans, le Roi Baudouin rappelait, dans une lettre historique, l’importance du respect des plus vulnérables. Son message demeure d’actualité : une société juste est celle qui protège et accompagne plutôt que d’abandonner.

    Soutenir les femmes, protéger la vie

    Depuis 1990, plus de 500 000 enfants n’ont jamais vu le jour en Belgique. Pourtant, alors que certaines voix réclament un allongement du délai légal de l’avortement à 18 semaines, aucune proposition concrète n’émerge pour soutenir les femmes enceintes en difficulté. CLARA Life rappelle qu’un véritable choix repose sur un accompagnement bienveillant et des alternatives réelles.

    « Une femme ne devrait jamais se sentir seule ou contrainte face à une grossesse imprévue. Ensemble, nous devons bâtir une société qui lui offre écoute, aide et solutions concrètes », a déclaré Wouter Suenens, président de CLARA Life.

    Accompagner les plus fragiles avec dignité

    En 2023, plus de 3 400 euthanasies ont été enregistrées en Belgique. CLARA Life appelle à une réflexion apaisée sur le développement des soins palliatifs et de l’accompagnement des personnes en fin de vie. La dignité ne réside pas dans l’isolement mais dans une prise en charge empreinte d’humanité et de respect.

    Une mobilisation porteuse d’espérance

    « Nous voulons une société qui soutient, qui entoure, qui protège. Une société où chacun, quel que soit son parcours ou sa vulnérabilité, trouve un soutien et une présence bienveillante », a souligné la clôture de la Marche. Les participants ont rappelé l’importance de continuer ce dialogue avec bienveillance et conviction.

    L’événement s’est conclu par un appel à poursuivre cet engagement dans la vie quotidienne : « Chaque geste de solidarité compte. Chaque parole d’encouragement a du poids. Ensemble, nous pouvons faire grandir une culture du respect et du soutien. »

    La prochaine Marche pour la Vie aura lieu le dimanche 19 avril 2026 à Bruxelles.

    Pour CLARA Life
    Wouter Suenens
    Président
  • Les communautés chrétiennes en Israël font face à une hostilité croissante, selon un rapport annuel

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    De Marinella Bandini  sur CNA :

    Les communautés chrétiennes en Israël font face à une hostilité croissante, révèle un rapport annuel

    Rapport RossingIntervenants présents à la réunion d'information du Centre Rossing présentant le rapport « Attaques contre les chrétiens en Israël et à Jérusalem-Est » le 27 mars 2025. De gauche à droite : Hana Bendcowsky, directrice du Centre de Jérusalem pour les relations judéo-chrétiennes du Centre Rossing ; Bernard Sabella, professeur de sociologie à la retraite ; Federica Sasso (Centre Rossing), modératrice ; Hussam Elias, directeur exécutif du projet ; et le père jésuite David Neuhaus. | Crédit : Marinella Bandini

    Le 27 mars à Jérusalem, le Centre Rossing pour l’éducation et le dialogue a présenté les conclusions de son rapport annuel, « Attaques contre les chrétiens en Israël et à Jérusalem-Est », et d’une enquête menée en décembre 2024 auprès de 300 chrétiens palestiniens/arabes en Israël et à Jérusalem-Est, donnant un aperçu de leurs perceptions de divers aspects de la vie.

    La réunion d'information s'est tenue au Centre Notre-Dame de Jérusalem. Un panel d'experts a mis en lumière les défis et les angoisses auxquels est confrontée la population chrétienne locale, parmi lesquels Hana Bendcowsky, directrice du Centre de Jérusalem pour les relations judéo-chrétiennes du Centre Rossing ; Hussam Elias, directeur exécutif du projet ; le père jésuite David Neuhaus ; et Bernard Sabella, professeur de sociologie à la retraite.

    Le rapport « Attaques contre les chrétiens en Israël et à Jérusalem-Est », préparé par le Centre Rossing pour l'éducation et le dialogue, est présenté au Centre Notre-Dame de Jérusalem le 27 mars 2025. Étaient présents des journalistes de journaux étrangers, des représentants diplomatiques, ainsi que des membres du clergé et des religieux. Crédit : Marinella Bandini
    Le rapport « Attaques contre les chrétiens en Israël et à Jérusalem-Est », préparé par le Centre Rossing pour l'éducation et le dialogue, est présenté au Centre Notre-Dame de Jérusalem le 27 mars 2025. Étaient présents des journalistes de journaux étrangers, des représentants diplomatiques, ainsi que des membres du clergé et des religieux. Crédit : Marinella Bandini

    Le rapport documente une augmentation des incidents d’intimidation et d’agression ciblant les communautés chrétiennes tout au long de 2024. Actuellement, environ 180 000 chrétiens vivent en Israël (environ 1,8 % de la population israélienne), et 78,8 % d’entre eux sont arabes.

    Les agressions physiques sont apparues comme la catégorie la plus répandue parmi les 111 cas recensés, la majorité visant des membres du clergé, facilement identifiables à leur tenue religieuse. Les crachats ont été identifiés comme une forme courante de harcèlement physique. Des actes de vandalisme et de profanation visant des églises chrétiennes, notamment des graffitis, des jets de pierres et des incendies criminels, ont également été recensés. 

    Selon le rapport, les auteurs de tous les cas connus ont été identifiés comme étant des individus juifs, principalement des jeunes hommes issus de milieux ultra-orthodoxes et national-religieux, animés par un mélange de ferveur nationaliste et d’extrémisme religieux.

    Ces événements font que les chrétiens se sentent menacés et mal accueillis dans leur propre pays. Ce sentiment est encore plus évident dans l'enquête, qui révèle des sentiments mitigés quant à leur acceptation par la société juive israélienne. Alors que 30,8 % des chrétiens se sentent acceptés au sein de la société israélienne, 34 % ne le sont pas, le sentiment de non-acceptation étant plus élevé (56 %) chez les 18-29 ans.

    Le rapport annuel du Centre Rossing, « Attaques contre les chrétiens en Israël et à Jérusalem-Est », sera présenté le 27 mars 2025 au Centre Notre-Dame de Jérusalem. Crédit : Marinella Bandini
    Le rapport annuel du Centre Rossing, « Attaques contre les chrétiens en Israël et à Jérusalem-Est », sera présenté le 27 mars 2025 au Centre Notre-Dame de Jérusalem. Crédit : Marinella Bandini

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  • Allemagne : l’Eglise a perdu quatre millions de fidèles en 10 ans

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    De FSSPX.Actualités :

    L’Eglise d’Allemagne a perdu quatre millions de fidèles en 10 ans

    La Conférence épiscopale d’Allemagne (DBK) a publié les statistiques préliminaires pour l’année 2024, précisant qu’elles pourraient être légèrement remaniées après la collecte intégrale des données. Et le constat qui se fait année après année se répète : l’Eglise catholique en Allemagne continue de perdre des fidèles à un rythme alarmant.

    Le premier chiffre qui attire l’attention est le nombre de sorties d’Eglise. Selon les données préliminaires de la DBK, 321 611 personnes ont officiellement quitté l’Eglise en 2024. Il est vrai que le chiffre est en diminution par rapport aux trois précédentes années (359 338 en 2021, 522 821 en 2022 et 402 694 en 2023). Mais il reste largement au-dessus de 300 000.

    Si l’on y ajoute le nombre de décès estimés à plus 212 000 selon le rapport, le total dépasse 533 000, autrement dit le demi-million. Pour compenser ces pertes, le nombre d’entrées (1 839) et le nombre de réintégrations (4 743) sont minimes. Certes, il y a eu 116 222 baptêmes, mais ceux-ci sont en baisse constante (131 245 en 2023, 155 173 en 2022).

    Cela explique que le nombre de catholiques est passé sous la barre des vingt millions. En 10 ans, l’Eglise allemande a perdu 4 millions de fidèles : il y avait 23,94 millions de catholiques en 2014, et seulement 19,77 en 2024 (27,3% de la population du pays). La chute a été très importante entre 2016 et 2021, et elle est profonde depuis 2022, après un ralentissement durant la pandémie.

    Pratique sacramentelle

    L’assistance à la messe dominicale est en très légère augmentation après les pertes importantes des années Covid : 6,6% des fidèles assistent régulièrement à la messe dominicale, contre 6,2% en 2023. La fréquentation est plus élevée dans l’est du pays, avec des diocèses comme Görlitz (14,4%) et des régions comme la Saxe (12,2%), mais la Sarre ou la Rhénanie-Palatinat atteignent à peine 4 ou 5%.

    En dehors des baptêmes déjà mentionnés, les statistiques ont enregistré 152 280 premières communions (151 835 en 2023), 105 041 confirmations ont été conférées (105 942 en 2023) et 22 504 mariages ont été célébrés au cours de l’année (27 565 en 2023). Si les premiers chiffres sont stables, ce dernier montre le désintérêt croissant envers le mariage.

    Mais la comparaison sur dix ans s’avère beaucoup plus pessimiste : entre 2014 et 2024, les baptêmes ont diminué de 29,6%, les premières communions de 19,9% et les confirmations de 30,0%. La diminution des mariages catholiques a été encore plus prononcée, avec une baisse de 48,9%. Autrement dit, il se célèbre moitié moins de mariage qu’il y a dix ans.

    Par région

    Les Etats les plus touchés par les abandons ont été la Bavière (87 184), la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (86 946) et le Bade-Wurtemberg (50 056). En revanche, les chiffres les plus bas ont été enregistrés dans les Etats du nord-est, comme le Mecklembourg-Poméranie occidentale, mais cela est dû au fait que les catholiques représentent un très faible pourcentage de la population.

    Parmi les diocèses, Cologne est en tête des statistiques de départs avec près de 29 000 sorties, suivi de Munich et Freising (27 475) et de Fribourg (25 813).

    Il est notable que sur les près de 1 900 nouvelles entrées dans l’Eglise, plus de 1 600 provenaient du protestantisme, ce qui montre que, malgré la perte massive de fidèles, l’intérêt pour le catholicisme persiste dans certains domaines, bien que cela puisse également être dû au fait qu’il y a de moins en moins de différence entre les catholiques et les luthériens en Allemagne.

    Le Chemin synodal a axé son action sur la volonté de redorer le blason de l’Eglise après la crise des abus, mais il s’est développé et poursuivi dans une atmosphère de délitement sur tous les plans : nombre de fidèles et pratique des sacrements en sont les témoins irrécusables. Qu’à cela ne tienne, il faut continuer. Jusqu’à extinction complète de l’Eglise allemande ?

    Sur le même sujet :

  • Belgique : la laicité est confrontée à une perte d’intérêt pour ses activités

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    De Vincent Delcorps sur Cathobel :

    Le CAL, combien de pratiquants ? « La laicité est confrontée à une perte d’intérêt pour ses activités »

    En Belgique, la laïcité organisée est une organisation philosophique non confessionnelle reconnue par les pouvoirs publics et subsidiée par ceux-ci. Etonnamment, il est très difficile de connaitre le nombre de personnes qui participent aux rituels qu'elle propose...

    Depuis 2018, l'Eglise catholique en Belgique publie un rapport annuel. Particulièrement attendus, divers chiffres y sont communiqués, tels que le nombre de baptêmes, de mariages ou la participation à la messe dominicale. Si ces chiffres ne suffisent à évaluer le rayonnement de la religion catholique en Belgique, ils donnent une idée du nombre de personnes qui s'en sentent proches - et de l'évolution de ce nombre.

    Du parrainage aux funérailles

    Depuis 2002, la laïcité organisée bénéficie de subsides publics au même titre que les cultes confessionnels. Ces subsides lui sont attribués au titre de l'assistance morale qu'elle apporte. Cette assistance se traduit notamment par l'organisation d'ateliers ou de conférences, ainsi que par une présence au sein de services d'aumônerie (prison, hôpitaux...).

    Elle se traduit aussi par l'organisation de cérémonies laïques. Très diversifiées, celles-ci concernent les différentes étapes de la vie: mariages, unions libres, parrainages, cérémonie d'accueil des enfants d'une famille recomposée, noces d'or, funérailles...

    "Pas de statistiques"

    Reste une question: combien de personnes décident ainsi de bénéficier de ces propositions? Très étonnamment, le Centre d'Action Laïque ne le dit pas. Dans son rapport annuel, il parle de son rayonnement dans les médias, fait état d'une série d'animations et de son travail politique. En revanche, il ne dit mot du nombre de cérémonies laïques qui se sont tenues. "Contrairement à l’Eglise catholique, le CAL ne publie pas de statistiques relatives à la 'pratique laïque', argumentant justement de sa différence par rapport à une Église centralisée", nous confirme Caroline Sägesser, chercheuse au CRISP, spécialiste des cultes et de la laïcité.

    C'est en se plongeant dans les rapports annuels des régionales du CAL que le chercheur franco-canadien David Koussens, auteur d'un récent ouvrage sur la laïcité en Belgique, a tenté de trouver la parade. Sans grand succès: seuls quelques rapports donnent des chiffres, et pas de manière systématique. Les données obtenues lui ont toutefois permis de constater que les chiffres étaient... très bas. Ainsi, en 2004, seules 5 cérémonies laïques étaient organisées sur le territoire couvert par le CAL Luxembourg. En 2009, 35 cérémonies y furent comptabilisées. "Au cours de la décennie 2000, soit juste après l’accès au financement public, les rapports publics des régionales sont quasiment muets sur les rituels laïques, alors qu’à la même période, les responsables d’associations laïques s’alarment de la baisse du nombre de demandes de cérémonies", écrit-il dans son ouvrage.

    Les subterfuges du CAL

    Avec intérêt, David Koussens constate que "le nombre de cérémonies laïques étant parfois tellement faible""certains rapports annuels présentent les chiffres de façon à en euphémiser l’attrition. Ainsi, certaines régionales vont plutôt présenter le nombre de personnes qu’elles estiment avoir été 'touchées' par ces événements, c’est-à-dire le nombre de celles qui en étaient spectatrices sans être directement impliquées dans le rituel."

    Autre subterfuge: certaines régionales assimilent n'importe quel rituel non religieux à un rituel laïque. "Le procédé permet de présenter comme performant un modèle 'laïque' de cérémonies, alternatif à celui des Eglises (principalement de l’Eglise catholique), y amalgamant toutes celles qui n’ont pas été organisées avec le concours d’associations laïques", souligne le chercheur. "Or, il n’est pourtant pas avéré que les personnes qui ont sollicité ces cérémonies aient adhéré, de près ou de loin, aux idéaux portés par la laïcité organisée."

    Les effets de la sécularisation

    Caroline Sägesser confirme le peu d'intérêt pour les cérémonies organisées par le CAL. "Je pense que la laïcité est confrontée à une perte de mobilisation voire de simple intérêt pour ses activités." Elle rejoint aussi la thèse défendue par Koussens, selon laquelle la sécularisation de la société n'affecte pas seulement les religions, mais aussi la laïcité organisée. "Il est en effet difficile de rester mobilisé quand l’adversaire face auquel on s’est construit a perdu autant de sa puissance."

  • Le Puy du Fou dit vrai sur les crimes de guerre en Vendée

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    De Martin Dousse sur La Sélection du Jour :

    Sur les crimes de guerre en Vendée, le Puy du Fou dit vrai

    Photo : Connu comme le "Panthéon de la Vendée militaire", ce cimetière perpétue la mémoire du massacre de La Gaubretière, survenu le 27 février 1794. Crédits : Wikimédia Commons

    Malgré son succès hors du commun, le Puy du Fou est régulièrement accusé de mettre au goût du jour une histoire en noir et blanc aussi romancée que partisane. Au cœur des critiques, le récit des guerres de Vendée. Compte tenu des faits historiques, il est pourtant en accord avec la vérité, du moins sur l'essentiel.

    Ancien président du Conseil Général de Vendée et créateur du parc aux spectacles grandioses, Philippe de Villiers est régulièrement la cible d'attaques médiatiques qui lui reprochent d'être en proie à « l'obsession » d'y raconter « son » histoire de la Vendée. Le journal Le Monde s'est même plu à brocarder « Le Puy du Faux », un « parc sans lumières ».

    Alors qu'il avait inauguré par ailleurs, en 1993, le Mémorial des Guerres de Vendée en compagnie d'Alexandre Soljenistyne, il est vrai que le sujet est cher à l'homme d'affaires et ancien politique dont le tort principal serait de pointer un génocide là où il n'y eut rien d'autre qu'une guerre civile. Pourtant, le déséquilibre du rapport de forces ainsi que la systématisation des massacres de civils, consentis et ordonnés à l'époque par la République française, devraient au moins ouvrir un débat encore largement tabou dans le milieu universitaire. Alors que la France a fait son mea culpa vis à vis de l'Algérie ou de la déportation des juifs sous l'Occupation, elle n'a jamais reconnu ne seraient-ce que des crimes de guerre en Vendée. Ceux-ci sont pourtant nombreux et d'une évidence indéniable...

    Le soulèvement vendéen commence en mars 1793 répondant assez vite à une seule devise : « Dieu et le roi ». L'ordre des priorités en était bien établi car c'est essentiellement pour le premier que les insurgés se sont battus. Louis XVI était mort en janvier et se trouvait en prison depuis l'année d'avant. En revanche, les prêtres « non-jureurs » subissaient une persécution acharnée, ce qui outrait ce peuple de paysans profondément attachés au catholicisme. Le vase a débordé quand on leur exigea de s'enrôler dans les rangs républicains. S'organise alors l'Armée catholique et royale qui après avoir obtenu quelques victoires de prestige, va peu à peu succomber face à des forces mieux armées et organisées.

    Alors que les troupes « bleues » prennent le dessus et que la déchristianisation révolutionnaire atteint son paroxysme, les autorités parisiennes insistent pour porter le coup de grâce. « Détruisez la Vendée ! », clame à plusieurs reprises Bertrand Barère le 1er octobre 1793. Le porte-parole du Comité de Salut Public avait déjà réclamé quelques mois auparavant la punition de ce peuple « parricide et coupable ». Le 17 brumaire an II (7 novembre 1793), le nom du département est remplacé par celui de « Vengé ». Le pire se prépare…

    Après avoir taillé en pièces le 23 décembre 1793, à Savenay, les restes de l'Armée catholique et royale, le général François Westermann rapporte son triomphe à la Convention : « Il n'y a plus de Vendée, Citoyens républicains [...]. Suivant les ordres que vous m'avez donnés, j'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins, pour celles-là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé. »

    Les mots de Westermann ne sont en réalité qu'un prélude de ce qui vient. En janvier 1794, le général Louis-Marie Turreau de Lignières, fraîchement nommé commandant en chef des armées de l'Ouest, endosse un nouveau rôle. Il ne s'agit plus de mettre en déroute un adversaire militaire mais selon ses propres mots d'« assurer l'anéantissement des rebelles ».

    Dès novembre 1793, répondant aux injonctions de plusieurs députés montagnards, il avait présenté un plan consistant à sillonner le pays vendéen à la tête de 12 colonnes incendiaires que la postérité qualifiera d'« infernales ». Il comptait mettre en œuvre à son tour la logique déjà appliquée par Jean-Baptiste Carrier, à la tête du comité révolutionnaire de Nantes. Tristement célèbre pour ses noyades de prisonniers vendéens, ce dernier avait pris soin de les justifier : « C'est par principe d'humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres ».

    Soucieux de ne pas être désavoué par sa hiérarchie, Turreau écrit à plusieurs reprises au Comité de Salut Public : « Vous devez également vous prononcer d'avance sur le sort des femmes et des enfants [...]. S'il faut les passer tous au fil de l'épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. » (le 16 janvier 1794). Il appuie sa requête le 24 janvier : « Si mes intentions sont bien secondées, il ne restera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, […], ni habitants, mais que ceux qui, cachés au fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions ». Réponse du Comité, le 6 février 1794, par la plume de Lazare Carnot : « Tu te plains, citoyen général, de n'avoir pas reçu du Comité une approbation formelle de tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et tes intentions pures […]. Extermine les brigands jusqu'au dernier, voilà ton devoir. »

    Afin de suivre et guider le citoyen général Turreau, Paris nomme des Représentants en mission, envoyés sur place pour être le maillon intermédiaire entre la volonté du Comité et le commandement militaire. C'est le cas des conventionnels Nicolas Hentz, Pierre-Anselme Garrau et Marie-Pierre-Adrien Francastel. Dans son ordre de marche du 19 janvier, Turreau était sans merci : « les personnes suspectes ne seront pas épargnées ». Les Représentants en mission le savaient et avaient donné leur aval : « Le général en chef nous a promis de les détruire tous […] tous les habitants qui sont à présent dans la Vendée sont des rebelles très acharnés. C'est que les femmes, les filles et les garçons au-dessus de 12 ans sont les plus cruels », rapportaient-ils un mois plus tard. Le 28 avril, la ligne de conduite n'avait pas varié à en croire ce que déclarait Garrau : « Cette guerre ne finira que par la mort du dernier Vendéen, et tous auront mérité leur sort. »

    Joseph Clémanceau, un Vendéen républicain, qui fut témoin des évènements, ne comprenait pas tant de violence : « Il voulait tout détruire et faisait égorger les vieillards, les femmes et les enfants, [...]. Comment se fait-il donc que le Comité, instruit des excès en tout genre commis par le général Turreau, ne le destituait pas et ne lui faisait pas subir avec justice le sort de tant d'autres qui étaient condamnés injustement ? ». Jean-Baptiste Beaudesson, qui accompagne les « Bleus » pour pénétrer dans les métairies afin de confisquer les denrées, décrira rempli d'effroi ce qu'il a vu : « Des pères, des mères, des enfants de tout âge et de tout sexe, baignés dans leur sang, nus, et dans des postures que l'âme la plus féroce ne pourrait envisager sans frémissement. » Même Joseph Léquinio, qui avait participé aux massacres, finit par s'indigner devant la Convention de « la barbarie la plus outrée » pratiquée par les colonnes infernales.

    Les estimations plutôt consensuelles font état d'un chiffre avoisinant 170 000 Vendéens mis à mort (Jacques Hussenet). Les pertes des armées républicaines sont estimées à environ 30 000 hommes. L'expédition des colonnes infernales qui représente la période la plus virulente des tueries, s'acheva en mai 1794 avec le rappel du général Turreau qui fut acquitté en 1795. On statua qu'il n'avait fait que suivre les ordres... Grachus Babeuf, un révolutionnaire convaincu, contemporain des évènements, a dénoncé dans un ouvrage un « système de dépopulation » de la Vendée, un véritable « populicide » camouflé derrière l'excuse de la guerre. Le mot génocide serait-il vraiment excessif ?

    Génocide vendéen : qu'apporterait une reconnaissance officielle ? L'analyse de Jacques Villemain

    >>> Écouter l'émission sur RCF

  • Homélie de la Lætare, 4ème dimanche de carême

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    De l'abbé Christophe Cossement sur son blog (avec son autorisation):

    Sois renouvelée, renouvelé!

    Homélie de la Lætare, 4e dimanche de carême, 27 mars 2022

    Parfois nous sommes découragés. Nous avons envie de tout laisser tomber. Les choses du Royaume de Dieu ne nous goûtent plus. Ou bien elles nous semblent inaccessibles tant nous prenons conscience de notre incapacité à croire, à aimer, à espérer. Ou bien le souvenir de nos péchés nous renvoie une piètre image de nous-mêmes et nous fais nous sentir loin de Dieu. Que fait le Seigneur avec nous dans ce cas-là ? Il nous renouvelle pour que nous allions de l’avant. Il me semble que toutes les lectures vont dans ce sens aujourd’hui : laisse-toi renouveler par ton Père du ciel !

    Le peuple hébreu s’était habitué à la manne, c’était un chouette don de Dieu reçu au jour le jour, de quoi s’installer 40 ans dans une vie spirituelle pépère, sans trop pécher, sans trop espérer non plus. Mais non, ça ne marche pas, Dieu ne veut pas que ses enfants s’installent dans ce style de vie. En matière de vie avec Dieu plus que pour tout autre chose, « qui n’avance pas recule ». Il nous faut désirer toujours plus. Non pas parce que nous voulons être des insatisfaits permanents, des râleurs en puissance, mais parce que nous sommes faits pour l’infini et que Dieu veut nous donner toujours davantage. Alors, au moment d’entrer dans la terre promise de cette nouvelle Pâques 2022, souhaitons que notre foi se renouvelle et que notre désir de Dieu grandisse. Et disons à Dieu : Seigneur, agrandis mon cœur, afin que tu puisses y mettre de plus en plus d’amour !

    Ce renouveau que le Seigneur veut préparer pour nous n’est pas qu’un petit plus comme quand on prend des vitamines parce qu’on est raplapla. C’est un renouvellement de fond en comble, un renouvellement de notre cœur de pécheur pour en faire un cœur de fils, de fille. Heureux fils prodigue qui reconnaît qu’il n’aurait pas dû s’éloigner de chez son père ! Il y en a beaucoup qui se sont éloignés de leur Père du ciel et qui ne reconnaissent même pas que c’est pour cela que leur cœur est maintenant insatisfait, sombre ou intempérant. Tandis que ce fils prodigue de la parabole se souvient, et il revient chez son père. Nous avons un avantage par rapport à lui : nous savons que le père, au lieu de lui faire sa fête, organise pour lui une fête. Ainsi, nous pouvons nous dire : je vais revenir à Dieu. Comme disait le curé d’Ars : si j’étais triste, j’irais me confesser ! Et nous pouvons le dire aux autres aussi : et si tu revenais à Dieu de tout ton cœur, ne serais-tu pas plus heureux ?

    Le Christ a payé pour nous le prix de ce retour. Par sa mort sur la croix pour les pécheurs, il a fait en sorte qu’aucun pécheur ne s’estime trop loin de Dieu. Que notre vie soit un grand chant de louange pour cet amour vainqueur qui permet à tous d’espérer.

  • Laetare Jerusalem !

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    Laetare Jerúsalem: et convéntum fácite, omnes qui dilígitis eam: gaudéte cum lætítia, qui in tristítia fuístis: ut exsultétis, et satiémini ab ubéribus consolatiónis vestræ.

    Réjouis-toi, Jérusalem ! et rassemblez-vous, vous tous qui l'aimez : soyez dans le bonheur réjouissez-vous avec allégresse,vous qui avez été dans la tristesse : vous pouvez bondir de joie et vous rassasier du lait de consolation qui est pour vous.

    "Laetare Jerusalem" sung by Discantus, from the album Jerusalem: Gregorian Chant and Early Polyphony

  • La Théotokos en Carême : Réflexions sur l'hymne acathiste

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    De David Paul Deavel sur le CWR :

    La Théotokos en Carême : Réflexions sur l'hymne acathiste

    L'Hymne Acathiste à la Mère de Dieu est peut-être plus connu en Orient, mais il appartient à toute l'Église.

    Réjouis-toi, rayonnement de joie,
    Réjouis-toi, par qui le mal a disparu,
    Réjouis-toi, tu relèves Adam de sa chute,
    Réjouis-toi, par toi Eve ne pleure plus.
    R/ Réjouis-toi, ô mère du Sauveur, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, étoile annonciatrice du soleil levant,
    Réjouis-toi, par qui Dieu devient petit enfant,
    Réjouis-toi, car tu renouvelles toute créature,
    Réjouis-toi, en toi nous adorons le Créateur.
    R/ Réjouis-toi, ô mère du Sauveur, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, par qui les cieux se réjouissent avec la terre,
    Réjouis-toi, par qui la terre jubile avec les cieux,
    Réjouis-toi, bouche silencieuse des apôtres,
    Réjouis-toi, fermeté des témoins du Christ.
    R/ Réjouis-toi, Marie comblée de grâces ! Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, mère de la lumière sans déclin,
    Réjouis-toi, aurore du jour véritable,
    Réjouis-toi, qu’illumine le mystère de la Trinité
    Réjouis-toi, allégresse de toutes les générations !
    R/ Réjouis-toi, Marie comblée de grâces ! Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, mère de l’Agneau et du Pasteur
    Réjouis-toi, bergerie de l’unique troupeau,
    Réjouis-toi, qui nous libères des oeuvres de ténèbres
    Réjouis-toi, tu nous ouvres les portes du paradis
    R/ Réjouis-toi, ô mère du Sauveur, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Détail de « Theotokos de Vladimir » (vers 1100/Wikipédia)
    Le chemin du Carême est celui de la suite du Christ. Au fil des siècles, de nombreux hymnes, prières et dévotions carêmes impliquant Marie se sont développés. Rien d'étonnant à cela. Car le Carême, c'est se lever et suivre Jésus, comme sa mère l'a si bien fait.

    Une objection courante des protestants à l'enseignement catholique et à la dévotion à Marie est que le Christ l'aurait réprimandée dans Luc 11. Une femme dans la foule s'était écriée : « Heureux le sein qui t'a portée et les mamelles que tu as allaitées ! » La réponse du Seigneur fut laconique : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent ! » (Luc 11:27-28).

    Selon la compréhension catholique, le Seigneur ne disait pas que Marie n'était pas bénie ; il déclarait plutôt ce qui était plus béni. Marie est bénie non seulement pour l'acte biologique de porter, d'accoucher ou même d'allaiter le petit Seigneur Jésus. Elle est véritablement bénie parce qu'elle a entendu la parole de Dieu l'appelant à être la mère du Seigneur et a répondu : « Voici, je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole » (Luc 1, 38).

    Plus nous suivons le Christ, plus nous ressemblerons à sa mère, qui se considérait comme servante de Dieu et acceptait sa volonté en toutes choses. Il est significatif que, bien qu'elle n'ait pas été impliquée dans tous les aspects de son ministère, elle l'ait accompagné jusqu'au bout. Jean 19 nous dit qu'elle, Marie, femme de Clopas, Marie-Madeleine et Jean le Bien-aimé se tenaient sous la Croix, alors que les autres disciples s'étaient enfuis. C'est alors que le Christ a donné Marie pour mère à Jean, un événement compris par l'Église comme sa transformation en mère de toute l'Église.

    Après tout, les mères montrent à leurs enfants comment les choses se passent. Le Christ est notre rédempteur et notre modèle ultime. Mais Marie est le plus grand exemple de racheté. Elle a entendu la parole du Seigneur et l'a gardée jusqu'au bout. C'est pourquoi nous nous tournons vers elle non seulement pour ses prières, mais aussi pour son exemple.

    Dès les premiers temps de l'Église, les chrétiens ont sollicité l'intercession de Marie et suivi son exemple. Et, accomplissant la prophétie qu'elle avait elle-même faite dans le Magnificat : « Toutes les générations me diront bienheureuse », ils ont chanté ses louanges à maintes reprises. L'un des plus grands hymnes mariaux est l'« Akathiste à la Mère de Dieu ». Bien que sa paternité soit contestée par les spécialistes, il est traditionnellement attribué à Romain le Mélode, un auteur d'hymnes prolifique du VIe siècle. Certains spécialistes modernes pensent que l'Akathiste est beaucoup plus ancien, datant peut-être du IVe siècle.

    L'Akathiste est ainsi appelé car c'est un hymne qui se chante debout. Le « a » signifie « ne pas » et le « kath » désigne un siège ; on retrouve cette racine dans le mot « cathédrale », qui désigne l'église où se trouve le siège de l'évêque. L'Akathiste à la Mère de Dieu, modèle de tous les autres hymnes akathistes, fut apparemment composée pour la célébration de l'Annonciation, mais elle n'acquit sa renommée dans l'Église d'Orient qu'au VIIe siècle.

    Le 7 août 626, les troupes perses et avares qui avaient envahi Constantinople furent vaincues. Le patriarche Serge décida que cet hymne était la réponse appropriée à la délivrance de la ville, après les demandes d'intercession de Marie. Après la délivrance de Constantinople en 718, le patriarche saint Germain choisit également cet hymne pour que le peuple le chante en remerciement. C'était le cinquième samedi du Carême.

    Depuis lors, la tradition veut que, dans l'Église d'Orient, l'une des quatre parties de l'Acathiste soit chantée chacun des quatre premiers vendredis du Carême, lors des petites Complies (prière du soir). Elle n'est pas chantée d'un bout à l'autre. Elle fait plutôt partie d'un petit office comprenant des encensements et des kontakia chantés entre les strophes ou les strophes de l'hymne. Le cinquième samedi du Carême, appelé samedi de l'Acathiste dans de nombreux calendriers, est celui où l'office entier est chanté d'un bout à l'autre.

    Qu'est-ce qui rend ce cantique si particulier ? Les quatre parties sont consacrées à quatre thèmes différents : l'Annonciation, la Nativité du Christ, le Christ et la Mère de Dieu elle-même. Elles sont réparties en vingt-quatre parties plus courtes (« oikoi »), chacune commençant par une lettre différente de l'alphabet grec et comprenant une strophe de sept vers suivie de six distiques. Les strophes les plus longues se concluent par le vers : « Réjouis-toi, épouse inépousée ! » Les strophes plus courtes commencent par la salutation de Gabriel : « Salut ! » et se terminent par « Alléluia ! » (La tradition orientale n'interdit pas l'usage de l'« Alléluia » dans la liturgie du Carême.)

    Les thèmes abordés sont nombreux. S'étendant sur tout le mystère de l'Incarnation, nombre d'entre eux mettent l'accent sur l'humilité et l'amour remarquables de Dieu, venu vivre parmi nous et effacer toutes nos dettes spirituelles et notre orgueil. Ils évoquent en effet la béatitude et l'émerveillement d'une femme devenue mère de Dieu – ce que signifie le titre de « Theotokos ».

    Mais ils s’attardent aussi sur cette plus grande béatitude d’avoir donné naissance à Dieu dans son cœur et d’avoir accompli ce que saint Paul appelle la tâche chrétienne : « Nous détruisons les raisonnements et tout orgueil qui s’oppose à la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Co 10, 5).

    Dans l'hymne, Marie est l'enseignante, car c'est elle qui reçoit la parole et la garde. L'hymne s'adresse à elle comme à « l'écho mélodieux de la voix des prophètes ». Un verset dit : « Salut, toi qui surpasses la connaissance des sages ; Salut, toi qui illumines l'esprit des fidèles ! » Un autre : « Salut, toi qui nous délivres des doctrines païennes ; Salut, toi qui nous sauves des flammes de la passion. »

    L'Acathiste à la Mère de Dieu est peut-être plus connu en Orient, mais il appartient à toute l'Église. Saint Jean-Paul II le savait. Il l'a récité en public à plusieurs reprises. Les plus marquantes furent en 1981, à l'occasion du 1550e anniversaire  du concile de Chalcédoine, qui conféra le titre de Théotokos à Marie, et en 1999, lors de la fête de l'Immaculée Conception, en préparation du troisième millénaire.

    Le pape Benoît XVI connaissait et aimait lui aussi cette prière. Dans  Verbum Domini , son exhortation apostolique post-synodale sur la Parole de Dieu de 2010, il exhortait les chrétiens à connaître l'Acathiste, qui « représente l'une des plus hautes expressions de la piété mariale de la tradition byzantine ». Il poursuivait : « Prier avec ces mots ouvre grand le cœur et le dispose à la paix qui vient d'en haut, de Dieu, à cette paix qui est le Christ lui-même, né de Marie pour notre salut. »