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BELGICATHO

  • Notre-Dame de Lorette (10 décembre)

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    Le 4 octobre 2012, Benoît XVI célèbrait la messe au sanctuaire de Lorette. Il y prononçait cette homélie :

     ... ici à Lorette, nous avons l’opportunité de nous mettre à l’école de Marie, de celle qui a été proclamée bienheureuse parce qu’elle a cru (Lc 1, 45).Ce sanctuaire, construit autour de sa maison terrestre, abrite la mémoire du moment où l’Ange du Seigneur est venu à Marie avec la grande annonce de l’Incarnation, et où elle a donné sa réponse. Cette humble habitation est un témoignage concret et tangible du plus grand évènement de notre histoire : l’Incarnation, le Verbe qui se fait chair, et Marie, la servante du Seigneur est la voie privilégiée par laquelle Dieu est venu habiter parmi nous (cf Jn 1, 14). Marie a offert sa propre chair, s’est mise tout entière à disposition de la volonté de Dieu, devenant un « lieu » de sa présence, « lieu » dans lequel demeure le Fils de Dieu. Ici, nous pouvons rappeler la parole du Psaume par laquelle, d’après la Lettre aux Hébreux, le Christ a commencé sa vie terrestre en disant au Père : « Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m'as formé un corps… Alors j'ai dit : Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (10, 5.7). Marie prononce des paroles similaires devant l’Ange qui lui révèle le plan de Dieu sur elle : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38). La volonté de Marie coïncide avec la volonté du Fils dans l’unique projet d’amour du Père, et en elle, s’unissent le ciel et la terre, le Dieu créateur et sa créature. Dieu devient homme, et Marie se fait « maison vivante » du Seigneur, temple où habite le Très-Haut. Ici à Lorette, il y a cinquante ans, le Bienheureux Jean XXIII invitait à contempler ce mystère, à « réfléchir sur ce lien entre le ciel et la terre, qui est l’objectif de l’Incarnation et de la Rédemption », et il continuait en affirmant que le Concile avait pour but d’étendre toujours plus les bienfaits de l’Incarnation et la Rédemption du Christ à toutes les formes de la vie sociale (cf. AAS54, (1962), 724). C’est une invitation qui résonne encore aujourd’hui avec une force particulière. Dans la crise actuelle, qui ne concerne pas seulement l’économie, mais plusieurs secteurs de la société. L’Incarnation du Fils de Dieu nous dit combien l’homme est important pour Dieu et Dieu pour l’homme. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être. Il faut revenir à Dieu pour que l’homme redevienne homme. Avec Dieu, même dans les moments difficiles, de crise, apparait un horizon d’espérance : l’Incarnation nous dit que nous ne sommes jamais seuls, que Dieu entre dans notre humanité et nous accompagne.

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  • Comment la Sainte Maison de Marie à Nazareth a-t-elle pu se retrouver à Lorette, en Italie ?

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    De Courtney Marres sur CNA :

    Comment la Sainte Maison de Marie à Nazareth a-t-elle pu se retrouver à Lorette, en Italie ?sharethis sharing button

    La Sainte Maison de Notre-Dame dans le sanctuaire de Lorette Crédit Tatiana Dyuvbanova Shutterstock CNALa Sainte Maison de Notre-Dame dans le sanctuaire de Lorette. | Crédit photo : Tatiana Dyuvbanova/Shutterstock

    Quel est le point commun entre Galilée, Mozart, Descartes, Cervantès et sainte Thérèse de Lisieux ? Ils ont tous parcouru des centaines de kilomètres pour pénétrer dans la maison de la Vierge Marie, conservée dans une basilique de la petite ville italienne de Lorette.

    Les pèlerins catholiques affluent vers la Sainte Maison de Lorette depuis le 14e siècle pour se tenir à l'intérieur des murs où, selon la tradition, la Vierge Marie est née, a grandi et a accueilli l'ange Gabriel.

    En d'autres termes, si la structure provient effectivement de l'ancienne maison de Nazareth, les murs de la maison sainte ont été témoins du moment où le « Verbe s'est fait chair » à l'Annonciation, un moment autour duquel l'histoire de l'humanité a tourné.

    Le pape François a élevé la fête de Notre-Dame de Lorette en 2019 en décrétant qu'elle soit incluse dans le calendrier romain actuel comme mémorial facultatif chaque année le 10 décembre.

    La tradition veut que la Sainte Maison soit arrivée à Lorette le 10 décembre 1294, après un sauvetage miraculeux de la Terre Sainte alors que les Croisés étaient chassés de Palestine à la fin du XIIIe siècle.

    On raconte souvent que des anges auraient transporté la Sainte Maison de Palestine en Italie. Si les lecteurs contemporains peuvent douter de la véracité de cette légende, des documents historiques ont confirmé les croyances de pieux pèlerins au fil des siècles, avec une touche d'ironie.

    En 1900, le médecin du pape, Joseph Lapponi, découvrit dans les archives du Vatican des documents attestant qu'au XIIIe siècle, une noble famille byzantine, la famille Angeli, avait sauvé des « matériaux » de la « Maison de Notre-Dame » des envahisseurs musulmans et les avait ensuite fait transporter en Italie pour la construction d'un sanctuaire.

    Le nom Angeli signifie « anges » en grec et en latin.

    D’autres correspondances diplomatiques historiques, publiées seulement en 1985, évoquent les « pierres sacrées emportées dans la Maison de Notre-Dame, Mère de Dieu ». À l’automne 1294, des « pierres sacrées » furent incluses dans la dot d’Ithamar Angeli pour son mariage avec Philippe II d’Anjou, fils du roi Charles II de Naples.

    Une pièce de monnaie frappée par un membre de la famille Angeli a également été retrouvée dans les fondations de la maison de Lorette. En Italie, les pièces de monnaie étaient souvent insérées dans les fondations d'un bâtiment pour indiquer qui était responsable de sa construction.

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  • Les évêques européens se prononcent sur le récent arrêt de la Cour de justice européenne concernant la reconnaissance des mariages entre personnes de même sexe entre les États membres

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    De Vatican News :

    La Comece à l'UE: le mariage est basé sur l'union entre un homme et une femme

    Dans une déclaration rendue publique ce mardi 9 décembre, les évêques européens se prononcent sur le récent arrêt de la Cour de justice européenne concernant la reconnaissance des mariages entre personnes de même sexe entre les États membres. Rendu le 25 novembre dernier, il «semble pousser la jurisprudence au-delà des limites des compétences de l'Union européenne».

    «Nous nous sentons obligés de commenter certains aspects de l'arrêt, en notant avec inquiétude son impact sur des questions qui relèvent essentiellement des compétences nationales» écrit la Comece, après avoir analysé l’arrêt rendu par la Cour de justice de l'Union européenne dans l'affaire Wojewoda Mazowiecki, C-713/23.

    Le mariage entre personnes de même sexe

    Il s’agit de l’histoire de deux citoyens polonais qui, mariés en Allemagne, et ayant souhaité la transcription de leur acte de mariage dans le registre d’état civil polonais pour que leur mariage soit reconnu en Pologne, se sont vus refusés cette demande par les autorités compétentes, au motif que le droit polonais n’autorise pas le mariage entre les personnes de même sexe. L'arrêt déclare en effet qu'«un État membre a l'obligation de reconnaître un mariage entre deux citoyens de l'Union de même sexe qui a été légalement conclu dans un autre État membre, où ils ont exercé leur liberté de circulation et de séjour».

    La Cour de justice de l'UE reconnaît en effet que l'obligation affirmée dans son arrêt «ne porte pas atteinte à l’institution du mariage dans l’État membre d’origine, laquelle est définie par le droit national» et déclare que «en l’état actuel du droit de l’Union, les règles relatives au mariage relèvent de la compétence des États membres et le droit de l’Union ne saurait porter atteinte à cette compétence. Ces États membres sont ainsi libres de prévoir ou non, dans leur droit national, le mariage pour des personnes de même sexe». Toutefois, selon les évêques européens, la Cour de justice de l'Union européenne «restreint strictement la portée de cette affirmation en soulignant que, dans l'exercice de cette compétence, chaque État membre doit se conformer au droit de l'Union européenne», en particulier «aux dispositions des traités relatives à la liberté des citoyens de l'Union européenne de circuler et de séjourner sur le territoire des États membres».

    30/03/2025

    L'identité nationale 

    Au regard de toutes ces précisions, les évêques européens portent une réflexion, s'appuyant sur «la vision anthropologique de l'Église, fondée sur le droit naturel, du mariage comme union entre un homme et une femme». «Tout en respectant pleinement le rôle du pouvoir judiciaire de l'UE» précise la déclaration de la Comece, «compte tenu de l'importance de reconnaître la richesse et la diversité du panorama juridique et des traditions de l'UE, nous notons également le rôle décevant et limité attribué par la Cour au respect des identités nationales des États membres (article 4, paragraphe 2, du traité UE) et à leur ordre public», peut-on lire.

    La Comece rappelle dans sa note que «pour certains États membres, la définition du mariage fait partie intégrante de leur identité nationale». L'arrêt de la Cour de justice de l'UE, soutiennent les évêques européens, «aura une incidence sur les systèmes juridiques nationaux en matière de droit de la famille et pourrait inciter à les modifier». Il «crée en effet une convergence des effets du droit matrimonial, même si l'Union n'a pas pour mandat d'harmoniser le droit de la famille» et a également «un impact sur la sécurité juridique, car de plus en plus d'États membres ne seront pas en mesure de prévoir clairement quelles parties de leur droit de la famille resteront dans le cadre de leur autonomie».

    Des sentiments antieuropéens dans les États 

    La Commission des épiscopats de l'Union européenne émet une crainte liée au fait que cet arrêt «n'entraîne des développements négatifs dans d'autres domaines sensibles du droit familial transfrontalier, ouvrant par exemple la voie à des approches juridiques similaires concernant la maternité de substitution». Pour conclure, elle note que compte tenu du contexte difficile auquel l'Union européenne est actuellement confrontée, notamment en ce qui concerne la perception dont elle fait l'objet dans divers pays, «il n'est pas surprenant que ce type d'arrêts suscite des sentiments antieuropéens dans les États membres et puisse facilement être instrumentalisé à cet égard».

  • Saint-Sépulcre : les archéologues confirment les récits des Évangiles

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    De Rafael Llanes sur zenit.org :

    Jérusalem : Les archéologues confirment les récits des Évangiles

    En découvrant un jardin sous le Saint-Sépulcre

    9 décembre 2025

    Des fouilles archéologiques récentes indiquent que des oliviers et des vignes poussaient il y a 2 000 ans sur le terrain aujourd’hui occupé par l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, selon des études de pollen et de restes végétaux trouvés dans des couches sous le sol de la basilique actuelle. 

    Les recherches du professeur Francesca Romana Stasolla de l’université Sapienza de Rome montrent que cette zone ne faisait pas partie de la ville à l’époque de Jésus. C’est sous le règne d’Hadrien que les Romains l’ont intégrée à Aelia Capitolina, une ville construite sur les ruines de Jérusalem au IIe siècle. 

    L’histoire chrétienne situe la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus sur le site du Golgotha, un espace protégé par un édifice construit en 1810 à l’intérieur de l’église. Les fouilles, entamées en 2022 en vue de la rénovation du sol de ce bâtiment, ont été approuvées en 2019 par les trois communautés religieuses qui l’administrent. 

    Le chapitre 19 de l’Évangile de Jean contient des détails absents des autres Évangiles : « Or, au lieu où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un tombeau neuf où personne n’avait encore été déposé » (Jean 19,41). La description de Jean concorde avec les découvertes faites. 

    Des analyses archéobotaniques réalisées par des scientifiques sur les différentes couches du sol indiquent la présence d’une zone agricole datant de l’époque d’Hérode, avant que la ville ne soit fortifiée. Il s’agissait vraisemblablement de terres cultivées situées hors des murs.

    Les découvertes montrent en-dessous un muret contenant de la terre utilisée pour les cultures, comme décrit dans l’Évangile selon Jean. De nouvelles études réhabilitent l’historicité du quatrième Évangile, à l’instar du dernier ouvrage de Craig Blomberg, qui souligne la nécessité de recherches sur le Jésus historique à partir de l’Évangile de Jean, une source souvent négligée. De même, le chercheur BD Ehrman, de l’Université de Caroline du Nord, affirme que « certaines sources antérieures à l’Évangile de Jean remontent aux premières années du mouvement chrétien, à ses balbutiements, quelques décennies avant la rédaction de l’Évangile de Marc ». 

    La basilique constantinienne a été construite au IVe siècle. Les analyses suggèrent que les vestiges végétaux datent d’une époque préchrétienne, bien que des tests de datation au radiocarbone n’aient pas encore été effectués. 

    Cette restauration représente l’intervention la plus importante depuis l’incendie qui a touché la basilique en 1808. L’église du Saint-Sépulcre dispose d’un sol temporaire pour faciliter le passage : l’équipe dirigée par Francesca Romana Stasolla a divisé l’espace en sections distinctes et maintient le site ouvert au public. 

    Les strates cachées sous la basilique offrent un aperçu détaillé de ce à quoi ressemblait la région de Jérusalem depuis l’âge du fer. Les fouilles révèlent que l’édifice repose sur une ancienne carrière, ce qui correspond au sous-sol d’une grande partie de la vieille ville. Avant la construction de l’église et après l’abandon de la carrière, une partie du terrain était cultivée. 

    À l’époque de Jésus, l’ancienne carrière abritait des tombes creusées dans la roche à différents niveaux. Avec le déclin de son activité, le nombre de sépultures augmenta. Constantin choisit l’une de ces tombes, historiquement liée à la mort de Jésus, l’isola et fit creuser autour : c’est la zone qui correspond aujourd’hui à la rotonde centrale.

    Jérusalem : Les archéologues confirment les récits des Évangiles | ZENIT - Français

  • La radio chrétienne nationale belge, 1RCF Belgique, va prochainement arrêter de diffuser en DAB+

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    Lettre aux amis de 1RCF Belgique : arrêt du DAB+ et renforcement des moyens de CathoBel

    9 décembre 2025

    La radio chrétienne nationale belge, 1RCF Belgique, va prochainement arrêter de diffuser en DAB+. Cette décision des évêques accompagne un recentrage sur ses missions médiatiques dans le numérique avec une priorité vers les jeunes.

    1RCF arrete le dabplus

    LETTRE AUX AMIS DE 1RCF BELGIQUE

    Wavre, le 9 décembre 2025

    Chers auditeurs, donateurs et invités de la radio 1RCF Belgique,

    Comme vous l’avez sans doute appris par les médias, la Conférence des évêques de Belgique francophone a décidé de mettre un terme à son soutien à la radio nationale 1RCF Belgique, après sept années de développement et d’accompagnement fidèle. Ce fut un long débat.

    Lancée en 2019, 1RCF Belgique assurait une couverture de l’ensemble de la Belgique francophone en DAB+ et sur internet. Les moyens de 1RCF Belgique (RCF FWB srl) seront transférés au cours du premier semestre 2026 à CathoBel, son actionnaire majoritaire à hauteur de 80 %, afin de contribuer à de nouveaux projets numériques, dont certains spécifiquement destinés aux jeunes.

    Cette décision a surpris l’équipe et a fait l’objet d’un communiqué de presse des évêques le vendredi 4 novembre 2025 sur le site cathobel.be, https://www.cathobel.be/2025/12/leglise-de-belgique-investit-dans-le-numerique-avec-le-souhait-de-toucher-davantage-les-jeunes-et-integre-1rcf-au-sein-de-cathobel/ 

    Gratitude

    Avant de décrypter les principales raisons ayant conduit à cette décision, nous souhaitons, au nom de toute l’équipe des permanents et des bénévoles, ainsi que de nos dizaines de milliers d’auditeurs et de followers, exprimer notre profonde gratitude à la Conférence des évêques pour son soutien constant au projet de média numérique 1RCF, depuis le dépôt de candidature au CSA au début de l’année 2019. Lancer un média à partir d’une page blanche, quelques mois avant le début du confinement, restera un souvenir particulièrement marquant.

    Notre reconnaissance s’adresse également aux nombreux donateurs et mécènes qui ont permis de financer 73% des frais de fonctionnement, soit 1,3 million d’euros depuis 2019. Enfin, nous remercions chaleureusement toutes celles et ceux — bénévoles et permanents — qui ont produit ensemble plus de 9 000 heures de contenus inspirants et accueilli autant d’invités belges.
    Le communiqué sus-mentionné relaie aussi la gratitude exprimée par les évêques pour l’ensemble du travail accompli. 

    Les principales raisons

    La radio FM perd chaque jour des auditeurs et ne représente plus aujourd’hui que 45 % du volume total d’écoute, contre 24 % pour le DAB+, 24 % pour internet et 7 % pour la radio filmée. La transition complète ne s’étalera probablement pas sur 10 mais sur 15 ans, jusqu’aux alentours de 2033 selon certains experts. L’avenir de la radio sera hybride : DAB+ et internet, avec une présence accrue en podcasts et sur les réseaux sociaux. Pour réussir cette mutation, il faut disposer d’une solidité financière suffisante, dans un contexte où les Big Tech renforcent leur emprise sur l’audience et où le nombre de producteurs de contenus numériques augmente, y compris dans le monde chrétien.

    Depuis 2019, 1RCF diffuse simultanément en DAB+ et sur internet et bénéficie d’une forte présence sur les réseaux sociaux. Toutefois, les moins de 35 ans écoutent de moins en moins la radio au profit des plateformes musicales internationales.

    Le coût annuel de la diffusion sur les 34 antennes DAB+ de la RTBF représente 35 % du budget de la radio, soit plus de 100 000 euros par an. Bien que le DAB+ coûte quatre fois moins cher que la FM, cette charge reste très lourde pour une petite structure comme la nôtre, d’autant plus que nous n’avons pas pu obtenir de la RTBF - opérateur unique nommé par le gouvernement - un tarif adapté aux radios qui émettent exclusivement en DAB+. 1RCF paie donc le même prix que les grands réseaux commerciaux (Nostalgie, Bel RTL, etc) et publics (RTBF), ce qui alourdit encore les coûts liés à une transition trop longue.

    Comme beaucoup d’organisations, le budget de l’Église catholique est lui aussi sous pression. Le temps est aux économies, aux synergies et à la clarification des priorités dans sa mission médiatique, notamment pour rejoindre les jeunes générations.

    Notre audience reste modeste et difficile à mesurer avec précision, à l’image de la plupart des médias de niche, y compris catholiques. La concurrence entre médias chrétiens pour attirer l’audience et les dons s’intensifie, même depuis la France, tandis que le nombre de donateurs diminue. Il existe également une confusion entre les radios locales RCF (Bruxelles, Liège et Namur) et la radio nationale 1RCF, chacune devant assurer son autonomie financière et produire une majorité de contenus propres conformément à la réglementation.

    L’idée de lancer un réseau radio national est né en 2018. Initiateur du projet, Jacques Galloy se souvient: “C’est lorsque j’étais président de RCF Liège que je ne concevais plus de dépenser autant pour couvrir seulement la moitié du diocèse de Liège, un si petit bassin de population, donc d’audience. Avec un budget légèrement supérieur, il était devenu possible de monter une radio capable de couvrir tous les francophones de Belgique en DAB+ ou internet, le format successeur de la FM qui est en train de disparaître progressivement. Comme pour Vivacité, la fréquence DAB+ permet des décrochages régionaux. Toutefois, fédérer est un défi humain qui demande de l’humilité et une vision partagée par tout le monde.”

    Après six années de bénévolat à mi-temps, Jacques Galloy souhaitait transmettre la direction opérationnelle de 1RCF. Or, début 2025, la nouvelle direction a été contrainte d’entamer un long traitement médical. Le fondateur a donc prolongé son engagement tout en recherchant une solution durable, notamment à travers un rapprochement avec CathoBel.

    Ces raisons sont compréhensibles. Il s’agit d’un choix stratégique, mais aussi d’un pari sur l’avenir. 

    Le verre à moitié plein

    La création de 1RCF a permis de rejoindre de nouveaux publics de chrétiens et de chercheurs de sens. Le nombre d’auditeurs comme celui des donateurs a progressé de manière continue, avec une croissance moyenne de 15 % par an.

    Sur les 1,8 million d’euros collectés en six années, 27 % provenaient de subventions de la Conférence épiscopale et 73 % de dons et de revenus diversifiés. La radio n'a reçu aucune subvention publique, hormis celle du COVID, et les dons n'étaient pas déductibles ficalement. Ceci sans tenir compte de la valeur des mécénats de compétence.

    Comment ne pas se souvenir de la traversée des 18 mois de confinement, quelques mois seulement après le lancement de la radio, alors que l’équipe permanente ne comptait que trois personnes ?
    En 2025, les contenus de 1RCF ont été vus plus de 3 000 000 de fois sur les réseaux sociaux, touchant notamment de nombreux jeunes en couvrant beaucoup d’évènements “jeunes”. 1RCF Belgique a su combiner une diffusion radio en DAB+ et sur internet pour les plus de 35 ans, avec une forte production de podcasts et une présence dynamique sur les réseaux pour rejoindre les moins de 35 ans.

    Afin de soutenir la longue transition FM/DAB+, le CSA a accordé à 1RCF une réduction exceptionnelle du quota de production propre, de 70 % à 45 % l’été dernier. Cette mesure a permis de réduire les coûts et d’enrichir l’offre.

    La qualité du programme n’a cessé de progresser, en particulier depuis la rentrée de septembre 2025, grâce à l’engagement de l’équipe professionnelle. Bravo à toutes et tous pour ce travail collectif: nous pouvons être fiers du chemin parcouru. 

    Cap sur 2026

    Parce que l’union fait la force, les compétences audio et numériques de 1RCF sont appelées à renforcer l’offre globale de CathoBel. Les modalités de cette intégration restent encore à définir.
    Les initiatives de 1RCF ont largement semé. Nous sommes convaincus qu’elles ont permis l’émergence d’un nouveau relais de croissance pour son actionnaire CathoBel, éditeur de l’hebdomadaire Dimanche, producteur d’émissions radio et TV pour la RTBF et les RCF, ainsi que gestionnaire du site cathobel.be.

    La date de l’arrêt de la diffusion DAB+ doit encore être précisée. Toutefois, l’annonce de l’arrêt prochain du DAB+, en pleine campagne de dons de fin d’année, risque d’impacter les moyens financiers disponibles début 2026.

    Les nouveaux bureaux et studios en construction à Wavre accueilleront la nouvelle organisation unifiée sous la bannière CathoBel autour de l’été 2026.

    Si l’équipe de 1RCF Belgique est naturellement affectée par cette annonce, elle regarde néanmoins l’avenir avec espérance car le numérique demeure une opportunité formidable pour partager la joie de l’Évangile.

    Créons, osons prendre des risques, entreprenons, à l’image de la parabole des talents (Mt 25, 14).

    Merci et à très bientôt pour vivre la nouvelle année avec la rencontre annuelle de Taizé à Paris,

    L’équipe 1RCF Belgique

  • 700 membres du clergé et religieux anglicans se sont convertis à la foi catholique entre 1992 et 2024

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    De Thomas Edwards sur le Catholic Herald :

    L'héritage durable de Newman

    9 décembre 2025

    Un rapport récent de la Barnabas Society a révélé que 700 membres du clergé et religieux anglicans se sont convertis à la foi catholique entre 1992 et 2024. Ces conversions ont abouti à 491 ordinations sacerdotales et, considérant que la conversion fait suite à une période de formation pour ceux qui souhaitent recevoir les ordres sacrés, ce nombre devrait augmenter.

    Les ordinations reçues à ce jour représentent 35 % du total des ordinations sacerdotales diocésaines et de l'Ordinariat personnel entre 1992 et 2024. Il n'est pas exagéré de parler d'un bouleversement majeur du paysage religieux de notre époque, dont les répercussions se font sentir dans toutes les communautés que ces hommes ont servies. On a observé des tendances similaires aux États-Unis, où l'on estime à 125 le nombre de prêtres catholiques romains, anciens épiscopaliens, exerçant leur ministère à travers le pays.

    Pour comprendre ce phénomène ecclésiastique, il est important de souligner l'influence durable de John Henry Newman, converti au XIXe siècle. Converti, prévôt de l'Oratoire de Birmingham, cardinal, saint, puis docteur de l'Église, il compte parmi les figures les plus éminentes de l'époque victorienne, malgré le fait qu'il ait été écarté au profit de son contemporain, le cardinal Henry Edward Manning, dans l'ouvrage de Lytton Strachey intitulé « Éminents Victoriens ». De l'évangélisme à la Haute Église, le parcours de Newman a embrassé un large éventail d'expériences protestantes.

    Durant ses années d'évangélisation, au début de sa vingtaine, Newman a appris à prendre au sérieux les affirmations de vérité du christianisme. Il aborde les questions théologiques de son temps avec franchise, comme la régénération baptismale, même si ses conclusions étaient souvent imparfaites. Il croyait que le pape était l'Antéchrist et était obsédé par ce que la numérologie de Daniel et de l'Apocalypse pouvait révéler sur le destin du monde, laissant ainsi sa foi être influencée par des préjugés et un désir de nouveauté plutôt que par l'héritage des Pères de l'Église.

    Pourtant, même durant ses années évangéliques, Newman ressentait profondément la responsabilité liée à son identité de pasteur anglican. Dans son journal, lors de son ordination diaconale, le jeune Newman écrivait : « C'est terminé. Je suis à toi, Seigneur. » Ses réflexions théologiques de cette période l'ont également conduit à des positions sur lesquelles il s'appuierait plus tard. Étudiant la doctrine de la succession apostolique à Oriel College, à Oxford – un enseignement qu'il décrira plus tard comme une certaine impatience –, il parvint à une compréhension plus complète de la Tradition, concluant que « la Bible n'a jamais eu pour vocation d'enseigner la doctrine, mais seulement de la preuve. »

    Ces intuitions, conjuguées à sa disposition intellectuelle et à l'influence de John Keble et d'Edward Pusey, l'ont conduit à l'anglicanisme de la Haute Église, un mouvement ecclésiastique que Newman a contribué à fonder et qui perdure encore aujourd'hui. Ce mouvement visait à rapprocher la foi et la pratique anglicanes des modèles catholiques romains. Selon ses propres termes : « L'Église anglicane doit avoir une liturgie et une doctrine complètes, ainsi qu'une ferveur profonde, si elle veut rivaliser avec l'Église romaine. »

    Cette reconnaissance des atouts du catholicisme et l'ouverture des tractariens à la Tradition ont finalement contribué à de nombreuses conversions, notamment par le biais de l'Ordinariat personnel Notre-Dame de Walsingham, fondé en 2011 pour les anciens anglicans recevant les ordres sacrés catholiques. Les compagnons de Newman au sein du mouvement tractarien, dont le nom est tiré de la série de pamphlets « Tracts for the Times », avaient initialement l'intention de rester au sein de la Communion anglicane, à l'instar de Keble, mais leur ouverture à la foi catholique a conduit nombre d'entre eux à embrasser pleinement le catholicisme.

    L'héritage des saints repose sur leur enseignement, l'exemple de leur vie, ou une combinaison des deux. Newman compte parmi ceux dont l'enseignement et la vie ont façonné son héritage. Son cadre théologique, exposé dans des œuvres telles que la « Grammaire de l'assentiment », l'« Essai sur le développement de la doctrine chrétienne » et son « Apologie » de 1864, a exercé une influence constante sur la pensée anglicane et catholique.

    La pauvreté, le manque de financement, les conflits et les revers juridiques ont marqué une grande partie de la vie catholique de Newman. Durant les premières années de son oratoire, presque aucune vocation ne s'est concrétisée et la période a été marquée par des tensions internes, notamment dans ses relations initiales avec William Faber. Pendant son mandat de recteur fondateur de l'Université catholique d'Irlande, de 1851 à 1858, l'université a peiné à attirer suffisamment d'étudiants, n'a pas obtenu de charte ni de reconnaissance gouvernementale et est restée chroniquement sous-financée. Il a également été condamné pour diffamation lors d'un procès contre Giacinto Achilli, un ancien prêtre catholique à la moralité douteuse devenu prédicateur anglican.

    Pourtant, les dernières années de Newman lui valurent un prestige renouvelé. En 1878, il devint le premier membre honoraire du Trinity College d'Oxford, et en 1879, le pape Léon XIII le créa cardinal. Son influence s'accrut encore après sa mort, notamment sur la conception de la conscience au sein de l'Église catholique.

    Malgré les épreuves, la vie de Newman fut marquée par une volonté inébranlable de rechercher la vérité, même au prix de sacrifices personnels. C'est cet exemple, ainsi que sa théologie, qui ont conduit de nombreux anglicans à se convertir au catholicisme. Son héritage s'est manifesté avec une clarté particulière en 2013, lorsque douze religieuses anglicanes ont quitté leur couvent pour devenir catholiques. Trois d'entre elles étaient octogénaires et trois septuagénaires. Expliquant sa décision, l'une des sœurs les plus âgées a simplement déclaré : « Je veux mourir catholique. » 

    L'Église catholique a retenu d'une grande grâce en accueillant tant de convertis ces dernières décennies. Il convient toutefois de ne pas oublier le profond sacrifice personnel qui a guidé ces parcours. Nombreux sont ceux qui ont suivi l'exemple de Newman, qui, à 44 ans, a quitté sécurité et prestige pour se convertir à une religion étrangère, et pouvoir cet héritage perdurer.

  • La nomination d'un évêque à Xinxiang représente-t-elle une forme de « progrès » pour le Vatican et la Chine ?

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    D'Ed. Condon sur le Pillar :

    La nomination de Xinxiang représente-t-elle une forme complexe de « progrès » pour le Vatican et la Chine ?

    Cette nomination intervient après des années d'impasse et de conflit au sein de la préfecture apostolique.

    Vendredi, le Vatican a annoncé que le père Francis Li Jianlin avait été consacré ce jour-là évêque de la préfecture apostolique de Xinxiang, dans la province du Henan, le pape Léon XIV ayant désigné le prêtre comme évêque du diocèse en août.

    Selon le Saint-Siège, le pape Léon XIV a procédé à cette nomination « conformément à l’Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine », et après avoir « accepté la démission de la charge pastorale de la même préfecture apostolique présentée par l’évêque Joseph Zhang Weizhu », qui n’a que 67 ans.

    Le lendemain, le Saint-Siège a fait part de sa « satisfaction » quant à la reconnaissance par les autorités chinoises de l'évêque retraité Zhang comme « évêque émérite » du territoire, tandis que, dans le même temps, l'Association patriotique catholique chinoise a publié une déclaration au nom de Zhang affirmant le patriotisme de l'évêque et son engagement envers le projet gouvernemental de sinisation de la religion en Chine.

    La succession des événements met apparemment un terme à des années d'impasse et de conflit dans la préfecture apostolique — un territoire fonctionnellement semblable à un diocèse en droit canonique, mais désigné comme territoire missionnaire sous l'autorité du Dicastère pour l'Évangélisation à Rome.

    Le remplacement d'un évêque clandestin bien connu par un candidat approuvé par l'État a ravivé les inquiétudes quant à la mise en œuvre de l'accord Vatican-Chine de 2018, critiqué par de nombreux observateurs comme un mécanisme unilatéral permettant au Vatican de reconnaître des candidats approuvés par l'État sous la menace d'une action unilatérale de Pékin.

    Toutefois, l'histoire particulière de l'évêque Zhang et de la préfecture apostolique semble apporter des nuances supplémentaires à cette situation, tout comme la révélation que la nomination n'a été approuvée par Leo qu'en août.

    Li a été nommé pour la première fois par les autorités chinoises en avril comme le nouvel évêque du « diocèse de Xinxiang », créé en tant que diocèse par l'Église anglicane centrale (CPCA), organisation parrainée par l'État, et qui fonctionne en parallèle avec la préfecture apostolique du même nom, que le gouvernement ne reconnaît pas.

    Li a été « élu » comme seul candidat au poste d'évêque diocésain lors d'une initiative coordonnée par l'Association patriotique catholique chinoise et mise en œuvre par une assemblée de clercs locaux invités, durant l'interrègne papal qui a suivi la mort du pape François.

    Cette décision fut largement perçue à l'époque comme un geste fort des autorités chinoises, destiné à souligner l'indifférence de l'Église pacsienne catholique à l'égard de l'autorité romaine en matière de nomination des évêques.

    Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, a affirmé par la suite que la nomination de Li comme évêque à la tête d'un diocèse non reconnu par Rome avait été organisée et approuvée par le pape avant la mort de François, bien que cette version des faits soit difficilement compatible avec l'annonce du Vatican selon laquelle Li avait été accepté comme candidat à la tête de la préfecture approuvée par le Vatican par Léon en août.

    Toutefois, la démission de Zhang et l'installation de Li la semaine dernière, suivies de la reconnaissance par le gouvernement de Zhang comme « évêque émérite » légitime du diocèse CPCA de Xinxiang, semblent indiquer que le gouvernement a désormais effectivement reconnu la légitimité de la juridiction du Vatican sur le diocèse créé par l'État.

    La reconnaissance par l'État de l'autorité du Vatican sur la création, la suppression et la fusion des diocèses est devenue ces dernières années un point de discorde encore plus pressant entre Rome et Pékin que la nomination des évêques pour les diriger.

    Depuis son élection, Leo a constaté certains progrès dans la nomination d'évêques clandestins à des postes diocésains reconnus par l'État sur le territoire continental, et il semblerait que même parmi les évêques approuvés par la CPCA, certains soient proches à la fois de Rome et de leurs homologues clandestins.

    Cependant, la démission prématurée de l'évêque Zhang de son poste, ainsi que la publication par les autorités d'une déclaration inhabituellement favorable de sa part, ont soulevé de sérieuses inquiétudes quant à son niveau réel d'enthousiasme et même de liberté dans les événements récents.

    Jusqu'à samedi, Zhang exerçait son ministère dans la clandestinité, son autorité pastorale et la préfecture apostolique qu'il dirigeait n'étant reconnues par le gouvernement. De ce fait, il a subi des années de harcèlement et de détention, et est assigné à résidence ou étroitement surveillé par l'État depuis 2021.

    Certains commentateurs se sont demandés si Zhang avait réellement démissionné de son poste d'évêque et rédigé ou autorisé la déclaration publiée en son nom, ou si de telles décisions étaient le résultat de fortes pressions de Rome, voire prises pour lui.

    Toutefois, bien que l’évêque n’ait pas montré auparavant de signes de volonté de coopérer avec les autorités, il convient de noter que des évêques ayant des antécédents similaires d’activisme clandestin et de défiance envers la réglementation étatique ont été reconnus par l’État après avoir fait des déclarations similaires de patriotisme, mais sans toutefois aller jusqu’à reconnaître la suprématie de l’État sur l’Église ou à adhérer formellement à la CPCA .

    On aurait pu présenter à Zhang sa démission de la direction de la préfecture apostolique comme le moyen d'obtenir sa propre reconnaissance comme évêque par l'État – et avec elle une certaine liberté relative – ainsi que la suppression effective du pseudo-diocèse érigé par l'État au sein de la préfecture légitime du Vatican.

    Chacun de ces résultats aurait probablement été considéré comme une « victoire » relative par le Secrétariat d’État du Vatican ; leur combinaison est presque certainement considérée à Rome comme une victoire.

    La question de savoir si les catholiques locaux parviendront à la même conclusion dépendra probablement du ministère de l'évêque Li et de ses relations avec Rome, l'État et son prédécesseur à partir de maintenant.

  • Première année sans Assad : les chrétiens de Syrie vivent dans la peur

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    De Stephan Baier sur le Tagespost :

    Première année sans Assad : les chrétiens de Syrie vivent dans la peur

    Le chef terroriste al-Sharaa règne sur la Syrie depuis un an. Il a abandonné son nom de guerre et son uniforme de combat, mais ses anciens compagnons d'armes menacent désormais les minorités religieuses.

    8 décembre 2025

    Un an après la chute de Bachar el-Assad, les chrétiens de Syrie vivent dans la peur. Et à juste titre : les violences perpétrées par des terroristes sunnites contre les Alaouites, les Kurdes et les Druzes ont démontré que le nouveau régime ne peut ni ne veut protéger ces minorités . D’abord, la guerre régionale en Syrie, qui n’a jamais été une véritable « guerre civile » et a été déclenchée lors du Printemps arabe de 2011 , a dévasté ce pays profondément attaché à ses traditions. Ensuite, le régime du « président intérimaire » Ahmed al-Charia, au pouvoir depuis le 8 décembre 2024, poursuit ce travail de destruction.

    Il y a un an, ce n'étaient pas seulement les Syriens sunnites qui exultaient dans les rues ; on les retrouvait aussi en Allemagne et en Autriche. La diplomatie occidentale, les médias et même les milieux religieux s'inquiétaient des crimes de la dictature d'Assad, saluaient « l'année zéro de la Syrie » et offraient au chef terroriste al-Sharaa toutes les chances de repartir sur de nouvelles bases. Al-Sharaa abandonna son nom de guerre et son uniforme de combat, se mit à la rhétorique diplomatique et promit à tous ce qu'ils voulaient entendre. L'Occident (les États-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni) retira le putschiste et son groupe terroriste de toutes les listes d'organisations terroristes. Donald Trump couvrit d'éloges le nouveau dictateur syrien lors d'une réception à la Maison-Blanche.

    Ressentiments sunnites

    Après des décennies de dictature et de sanctions occidentales meurtrières, après des années de guerre sanglante et de destructions effroyables, la Syrie a désespérément besoin d'un nouveau départ. La levée des sanctions et l'octroi d'un soutien international ne relèvent plus seulement de la politique, mais de l'humanitaire. Il est cependant fort douteux que les nouveaux dirigeants syriens aient changé d'avis ou d'objectifs. Pour les derniers chrétiens de Syrie, c'est une question de survie, car si l'État ne protège pas ces minorités fragiles, la mort est la seule alternative à l'exil.

    Le régime Assad, dirigé par le père et le fils, avait créé des espaces de survie pour les chrétiens de diverses confessions. Non par amour, certes, mais par calcul : le clan Assad appartenant à la minorité alaouite de Syrie, il n'avait à craindre que la majorité sunnite. Toutes les minorités apparaissaient comme des alliés précieux dans ce contexte. Ainsi, la vie chrétienne dynamique en Syrie, présente depuis l'époque des apôtres, a pu se développer avec plus de force, d'assurance et de visibilité que dans les autres pays arabes (à l'exception du Liban). C'est aussi ce qui fait aujourd'hui des chrétiens une cible de représailles sunnites.

    L’Occident doit donc conditionner son soutien au régime d’Al-Charia à la protection inconditionnelle des minorités ethniques et religieuses. Sans cela, les Alaouites et les Druzes n’auront guère de chances de survie en Syrie, et les chrétiens n’en auront aucune.

  • Après Nicée, Léon XIV vise Jérusalem, sans le « Filioque »

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    De sur Settimo Cielo, en français sur diakonos.be :

    Après Nicée, Léon XIV vise Jérusalem. Sans le « Filioque »

    Pour le Pape Léon XIV, la commémoration du premier concile œcuménique de Nicée, célébrée le 28 novembre à Iznik (nom actuel de la ville), aura été une célébration « magnifique, très simple mais aussi profonde », comme l'illustre la photographie ci-contre.

    Il est cependant saisissant de constater que la célébration d’événement de pareille envergure, qui en 325 a scellé à jamais le « Credo » de toutes les Églises chrétiennes, n’a pas réuni plus de deux douzaines de représentants de ces mêmes Églises, rassemblés sur une petite estrade dressée au-dessus des ruines d'une ancienne basilique, sur la rive solitaire d'un lac.

    Peut-être les autorités turques elles-mêmes auraient empêché un afflux massif de fidèles dans un pays où la présence chrétienne a été presque anéantie au siècle dernier. Mais les causes de cette faible participation sont également à chercher dans les fractures et les tensions entre les Églises.
    Dans le camp orthodoxe, c’est le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, qui s’était chargé d’envoyer les invitations : non pas à toutes les Églises, mais seulement aux patriarcats historiques d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, qui constituaient, avec Rome et Constantinople, la « Pentarchie » du premier millénaire.

    Ce cercle d'invitations restreint laissait écartait donc d’emblée les Patriarcats plus récents de Russie, Serbie, Roumanie, Bulgarie et de Géorgie, ainsi que les Églises autocéphales de Grèce, Chypre, Albanie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie, Finlande et Ukraine. Parmi ces dernières, il était certain que non seulement le Patriarcat de Moscou, mais aussi les Églises qui lui sont étroitement liées, en rupture avec Constantinople à cause de son soutien à la nouvelle Église nationale ukrainienne, auraient décliné l'invitation.

    Mais même du côté des Patriarcats historiques de la « Pentarchie », les réponses ont été mitigées. Le livret de la célébration imprimé par le Vatican mentionnait les noms de Théodore II, Jean X et Théophile III, respectivement patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, mais seul le premier était présent en personne.

    En lieu et place du Patriarche de Jérusalem – qui n'avait même pas daigné répondre à l'invitation, comme l'a révélé Bartholomée – se tenait l’Archevêque Nektarios d’Anthedona et à la place de celui d’Antioche, il y avait le Métropolite Basile d’Arcadie et du Mont Liban. Jean X, Patriarche d’Antioche, avait initialement confirmé sa présence, avant de l’annuler une semaine avant l'événement, préférant accueillir le Pape Léon XIV au Liban trois jours plus tard, à l’occasion de la rencontre œcuménique et interreligieuse du 1er décembre sur la Place des Martyrs à Beyrouth.

    Étaient également présents à la célébration de Nicée : le Patriarche de l'Église syro-orthodoxe d'Antioche, le Catholicos de l'Église syro-orthodoxe malankare ainsi que des représentants du Patriarcat copte-orthodoxe d’Alexandrie, de l'Église assyrienne de l’Orient et de l'Église apostolique arménienne.

    S’y trouvaient également quelques représentants isolés des Anglicans, des Luthériens, des Évangéliques, des Réformés, des Méthodistes, des Baptistes, de Pentecôtistes, des Mennonites, des Vieux-Catholiques, ainsi que du Conseil œcuménique des Églises.

    Tout cela n’a pas empêché Léon XIV de faire de cette célébration de Nicée la raison première de tout son périple et de réaffirmer avec force que la finalité même de ce premier concile œcuménique était au cœur de sa mission de Pape : l'unité de l'Église dans la foi en Christ, vrai Dieu et vrai homme.

    De l'avis de Léon XIV, le concile de Nicée est plus actuel que jamais. Au cours de son voyage, il a pointé du doigt à deux reprises le « retour d’un arianisme » (du nom d'Arius, dont l'hérésie a été à l’origine de la convocation de ce concile) comme représentant un risque capital pour la foi d'aujourd'hui.

    Il l’a fait une première fois à Istanbul, le 28 novembre, dans le discours adressé aux évêques, prêtres et religieuses en la cathédrale catholique du Saint-Esprit :

    « Il existe un défi, que je qualifierais de ‘retour de l’arianisme’, présent dans la culture actuelle et parfois chez les croyants eux-mêmes : il se produit quand on regarde Jésus avec une admiration humaine, peut-être même avec un esprit religieux, mais sans le considérer vraiment comme le Dieu vivant et vrai présent parmi nous. Son identité de Dieu, Seigneur de l’histoire, est en quelque sorte occultée et on se limite à le considérer comme un grand personnage historique, un maître de sagesse, un prophète qui a lutté pour la justice, mais rien de plus. Nicée nous le rappelle : Jésus-Christ n’est pas une figure du passé, il est le Fils de Dieu présent au milieu de nous, qui conduit l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis. »

    Et une seconde fois, quelques heures plus tard, à Nicée même, dans le discours en mémoire de ce premier concile œcuménique :

    « L’anniversaire du premier Concile de Nicée est une occasion précieuse pour nous demander qui est Jésus-Christ dans la vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui, qui est-Il est pour chacun de nous. Cette question interpelle tout particulièrement les chrétiens qui risquent de réduire Jésus-Christ à une sorte de chef charismatique ou de surhomme, une déformation qui conduit en définitive à la tristesse et à la confusion. En niant la divinité du Christ, Arius l’avait réduit à un simple intermédiaire entre Dieu et les êtres humains, ignorant la réalité de l’Incarnation, de sorte que le divin et l’humain restaient irrémédiablement séparés. Mais si Dieu ne s’est pas fait homme, comment les mortels peuvent-ils alors participer à sa vie immortelle ? C’était l’enjeu à Nicée et c’est l’enjeu aujourd’hui : la foi en Dieu qui, en Jésus-Christ, s’est fait comme nous pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4) »

    À Nicée, en 325, les Pères conciliaires avaient également essayé de s'accorder sur une date commune pour la célébration de Pâques, sans succès. C'est ce que Léon XIV a de nouveau proposé de faire aujourd'hui –avec les Églises orientales et le Patriarche œcuménique Bartholomée –, comme cela avait déjà déjà souhaité dans l’Appendice de la Constitution sur la liturgie de Vatican II. Le Pape a rappelé les deux critères fondamentaux énoncés dans le document sur Nicée publié il y a quelques mois par la Commission Théologique Internationale : que Pâques soit célébrée un dimanche, jour de la résurrection de Jésus, tout en restant proche de l'équinoxe de printemps, à l'instar de la Pâque juive.

    Mais surtout, à Nicée, les Pères conciliaires s’étaient accordés sur un texte du « Credo », confirmé lors du concile œcuménique de Constantinople en 381, qui est resté jusqu'à nos jours le « Symbole » intangible de la foi chrétienne.

    Intangible, ou presque. Car ce « Credo » de Nicée, rapidement intégré aux liturgies baptismales puis eucharistiques, a reçu à l'époque carolingienne, dans sa version latine, l’ajout d'un « Filioque » qui fait « procéder » l'Esprit Saint non seulement du Père – comme dans le texte original – mais aussi du Fils.

    Léon III, le Pape qui a couronné Charlemagne, n’approuvait pas cette interpolation et ne l’avait pas admise dans les églises de Rome. Deux siècles plus tard, cependant, en 1014, Benoît VIII l’introduisait dans toute l'Église catholique. Elle y est encore présente aujourd'hui, à la seule exception des messes où le « Credo » est récité ou chanté en grec, respectant ainsi le texte originel.
    Et ce n'est pas en grec, mais en anglais, que le Pape et les autres chefs d'Églises l'ont prononcé ensemble à Iznik ce 28 novembre, dans une traduction fidèle au texte de Nicée et donc dépourvue de ce « Filioque », sur lequel Léon XIV ne semble vraiment pas vouloir s'arc-bouter.

    En effet, le « Filioque », qui a inséré unilatéralement dans le « Credo » latin, a été une source de controverses séculaires entre l'Église catholique et les Églises d'Orient, avant et après le schisme de 1054. Et ce malgré la subtilité des arguments théologiques sur lesquels il repose, exposés dans un très savant document de 1996 publié par le Dicastère du Vatican pour la promotion de l'unité des chrétiens.

    Rien n’interdit aujourd'hui de partager les raisons théologiques qui soutiennent le « Filioque », ni de poursuivre le dialogue entre l’Orient et l’Occident sur le sujet. C'est son insertion dans le « Credo » qui est problématique. Et c'est précisément sur ce point que Léon XIV semble vouloir intervenir.
    On peut le lire en filigrane dans la lettre apostolique « In unitate fidei », qu'il a publiée à la veille de son voyage à Nicée et qui visait précisément à expliquer – avec une simplicité et une efficacité communicative rares dans les documents pontificaux – à quel point ce premier concile œcuménique avait touché au « cœur de la foi chrétienne ».

    La lettre consacre quelques lignes à la question du « Filioque », là où elle rappelle que l'article sur le Saint-Esprit a été formulé lors du concile suivant à Constantinople en 381 et que :

    « Ainsi, le Credo, qui s'appelle depuis lors de Nicée-Constantinople, dit : ‘Nous croyons au Saint-Esprit, qui est Seigneur et qui donne la vie, et qui procède du Père. Avec le Père et le Fils, il est adoré et glorifié, et il a parlé par les prophètes’ ». À cet endroit, une note de bas de page précise :

    « L'affirmation ‘et procède du Père et du Fils (Filioque)’ ne se trouve pas dans le texte de Constantinople ; elle a été insérée dans le Credo latin par le Pape Benoît VIII en 1014 et fait l'objet d'un dialogue orthodoxe-catholique. »

    Avec cet espoir final : « Nous devons donc laisser derrière nous les controverses théologiques qui ont perdu leur raison d'être pour acquérir une pensée commune et, plus encore, une prière commune au Saint-Esprit, afin qu'il nous rassemble tous dans une seule foi et un seul amour. »

    Pas un mot de plus. Mais cela aura suffi, avec le renvoi confiant fait par Léon XIV, à Istanbul, à la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe – qui a formé un sous-comité consacré précisément à la question du « Filioque » – pour qu'un site web très proche du Patriarcat œcuménique de Constantinople titre : « Le Pape Léon XIV reconnaît le 'Credo' sans le 'Filioque' ». Et pour que l'un des plus grands spécialistes mondiaux des Églises d'Orient, Peter Anderson, prédise « que le 'Filioque' ne fera plus partie de la messe catholique d'ici la fin de ce pontificat. »

    À Istanbul, le 29 novembre, après sa visite à la Mosquée Bleue au cours de laquelle il n'a pas prié – et il a tenu à le faire savoir –, Léon XIV a eu une longue rencontre à huis clos dans l'église syro-orthodoxe de Mor Ephrem avec les représentants des Églises d'Orient.

    Il y a souhaité que « de nouvelles rencontres comme celle vécue à Nicée émergent, y compris avec les Églises qui n'ont pu être présentes », faisant allusion au Patriarcat de Moscou, comme il l'avait fait la veille à Nicée en réaffirmant son rejet ferme de « l'utilisation de la religion pour justifier la guerre et la violence ».

    Mais il a surtout lancé une autre proposition œcuménique forte, résumée comme suit par la salle de presse du Vatican :

    « Léon XIV a invité à parcourir ensemble le voyage spirituel qui conduit au Jubilé de la Rédemption, en 2033, dans la perspective d'un retour à Jérusalem, au Cénacle, lieu de la dernière Cène de Jésus avec ses disciples, où il leur a lavé les pieds, et lieu de la Pentecôte ; dans l’espoir que ce voyage conduise à la pleine unité, en citant sa devise épiscopale : ‘In illo Uno unum’».

    Léon XIV est le premier Pape à se rendre à Nicée, là où son prédécesseur de l'époque s'était contenté d'envoyer deux délégués en 325. Mais ce rendez-vous qu'il lance en 2033 au Cénacle de Jérusalem sera plus que jamais sans précédent dans l'histoire.

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Pieter van der Moere, le franciscain gantois qui a baptisé saint Juan Diego

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    De Francesca Pollio Fenton sur CNA :

    Voici le frère franciscain qui a baptisé saint Juan Diego.sharethis sharing button

    Nombreux sont ceux qui connaissent l'histoire de saint Juan Diego, dont la fête est célébrée le 9 décembre dans l'Église universelle. Cependant, l'histoire du frère franciscain qui baptisa ce saint vénéré est moins connue.

    En 1521, le conquistador espagnol Hernán Cortés vainquit l'empire aztèque, détruisit les temples païens et y construisit des églises catholiques. Les Franciscains furent les premiers missionnaires à arriver dans la région et commencèrent leur œuvre d'évangélisation auprès des populations autochtones en 1524.

    L'un des trois premiers missionnaires franciscains arrivés au Mexique fut le frère Pedro de Gante, également connu sous le nom de Pieter van der Moere. Originaire de Gand, en Flandre (actuelle Belgique), Gante avait reçu une formation musicale chorale dans les pays du Benelux (Pays-Bas, Belgique et Luxembourg). Il apporta cette base musicale au Mexique où il forma les chanteurs indigènes qui officiaient à la cathédrale de Mexico.

    Gante était convaincu que l'éducation et la religion devaient faire partie intégrante de la vie quotidienne. Il étudia la langue des peuples autochtones et put leur enseigner aussi bien dans leur dialecte qu'en espagnol.

    Durant cette période, Juan Diego, membre de la tribu Chichimèque vivant dans une région faisant partie du vaste empire aztèque, et son épouse commencèrent à fréquenter l'église Saint-Diego. En 1525, à l'âge de 50 ans, ils furent baptisés par Gante et prirent les noms de Juan Diego et Maria Lucia. Ils sont considérés comme l'un des premiers couples autochtones baptisés au Mexique.

    En 1526, Gante fonda San José de los Naturales pour enseigner aux garçons indigènes la lecture, l'écriture, la musique et la foi catholique. L'école leur enseignait également les techniques artisanales espagnoles, ce qui permit à de nombreux peintres et sculpteurs de contribuer à la décoration des nombreuses églises construites à cette époque.

    Le frère publia « La doctrine chrétienne en langue mexicaine » en nahuatl, la langue aztèque, en 1528.

    Gante ne fut jamais ordonné prêtre et resta frère toute sa vie, mourant le 19 avril 1572 à Mexico. 

  • Léon XIV, un pontificat à deux vitesses

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV, les deux vitesses

    Les conclusions de la commission nommée par François sur le diaconat féminin – un « non » catégorique formulé avec douceur, qui n'a surpris quasiment personne – ont été publiées la semaine dernière, le même jour qu'une autre décision de Léon XIV d'abroger l'une des réformes financières du pape François.

    Ces deux événements étaient sans lien, mais ils illustrent une caractéristique de ce pontificat : celui de Léon XIV, lui aussi, a connu deux rythmes. Le pontificat de François a également évolué à deux vitesses. Les raisons et les caractéristiques de ces deux pontificats à deux vitesses diffèrent cependant.

    Le pontificat de François s'est déroulé à deux vitesses, car il prenait des décisions, souvent seul, alors que son gouvernement était encore englué dans les procédures ou incertain de la marche à suivre.

    Le pontificat de Léon XIV est différent.

    C’est un pontificat à deux vitesses, du moins pour le moment, car il se retrouve encore à servir de pont entre un monde qui n’existe plus — le pontificat de François — et un monde qui n’est pas encore advenu, le pontificat, précisément, de Léon XIV .

    Il y a, par exemple, deux documents commandés par le pape François au Dicastère pour la doctrine de la foi qui sont encore en cours d'élaboration .

    Nous avons déjà examiné deux des quatre documents commandés par François : celui sur la monogamie et celui sur les titres de Marie . Ensemble, ces quatre documents constituent le « mandat » que le pape François a confié au Dicastère. Léon XIV a publié l’exhortation aux pauvres, Dilexi Te, laissée par le pape François. Ce dernier a accepté de rencontrer des représentants des mouvements populaires et de prononcer un discours dont le ton et les thèmes étaient entièrement les siens, s’inscrivant ainsi dans un héritage controversé.

    Si ces situations sont manifestes, il existe bien d'autres problèmes plus subtils. Pourtant, cardinaux, archevêques et responsables de la Curie adoptent des positions différentes avec une grande prudence, évoquant souvent le pape François, comme s'ils craignaient de perdre cet héritage ou, pire encore, comme s'il pesait sur chacun comme un fardeau insupportable.

    Les documents initiés sous le pontificat de François ont conservé le style pragmatique du pape précédent et certains thèmes spécifiques . Ce fut le cas de la  Charte œcuménique révisée , document animé par la nécessité d'un dialogue avec le monde, ou encore des synthèses des groupes de travail synodaux , restées en suspens entre les travaux achevés qu'ils refusent de publier et ceux qui ne seront pas encore consignés dans le testament, toujours inconnu, de
    Léon XIV.

    Mais cela s'est également produit avec le document final de la commission sur les femmes diacres.

    Le document, publié le 4 décembre, met en lumière plusieurs points, avec des pages détaillant des typologies spécifiques et indiquant le nombre d'approbations et de désapprobations pour chaque réponse. Ce qui importe cependant, ce sont les conclusions du cardinal Giuseppe Petrocchi, qui réaffirment en définitive la nécessité d'une attitude prudente sur la question du diaconat féminin, notamment compte tenu des incertitudes historiques qui subsistent sur le sujet.

    Cette position n'est pas nouvelle. La commission instituée par Jean-Paul II était déjà parvenue à des conclusions similaires. Le pape François a nommé trois commissions sur la question, comme pour maintenir en vie un thème auquel il ne croyait même pas. Mais le texte final montre aussi qu'au fond, ceux qui ont travaillé sur le document savaient que le pape François voulait laisser une porte entrouverte. Pourquoi ? Nul ne le sait. Un clin d'œil à l'opinion publique, car le pape François lui-même a tenté d'aborder la question tôt ou tard.

    L'approche de Léon XIV a été claire dès le départ. Il a déclaré n'avoir aucune intention de modifier la doctrine et a appelé à un retour au Christ. De fait, par son approche christocentrique, il a rendu ces débats vains. Ce document boucle la boucle. Son ton révèle une incapacité à se tourner vers le monde nouveau, à changer de cap.

    C’est le rythme suspendu du pontificat. Car ceux qui sont restés fidèles au pape François et à sa vision ne reviennent pas en arrière ; au contraire, ils s’efforcent par tous les moyens de justifier et d’expliquer cette vision, même contre toute attente.

    Il y a ensuite le second aspect du pontificat : la prise de décision. Léon XIV est un décideur lent mais inexorable. Actuellement, il recherche un équilibre entre l’ancien monde et le nouveau, agissant néanmoins avec détermination sur certains points précis .

    En ce qui concerne la nomination des évêques, il maintient généralement l'approche qu'il a lui-même initiée en tant que préfet des évêques sous le pape François, comme le montre la nomination du cardinal Grzegorz Ryś comme archevêque de Cracovie.

    Il y a ensuite les décisions administratives, et sur ce point, Léon XIV semble agir très rapidement .

    Tout d'abord, la décision du pape François d'allouer tous les investissements financiers exclusivement à l'IOR a été annulée ; ensuite, sa décision d'abolir le secteur central du diocèse de Rome a également été annulée ; le 4 décembre, par une décision radicale, Léon XIV a également supprimé la Commission pour les dons pontificaux, créée par le pape en février 2025. Cette commission disposait d'un budget de 300 000 euros, était présidée par l'assesseur de l'époque, Mgr Roberto Campisi (envoyé par Léon XIV comme observateur auprès de l'UNESCO), et était chargée d'élaborer des critères professionnels pour la collecte de fonds.

    Comme toujours durant son pontificat, le pape François avait choisi de doubler le nombre de structures, plutôt que de renforcer et de professionnaliser celles existantes . Léon XIV avait ainsi adopté une approche différente, privilégiant le renforcement et la professionnalisation des offices de la Curie. De plus, la décision de supprimer la Commission est intervenue immédiatement après la publication du budget du Saint-Siège , qui, contrairement aux budgets précédents, affichait un léger excédent pour l'ensemble des dicastères et réduisait de moitié le déficit opérationnel structurel.

    Ce changement de cap budgétaire laisse penser que la crise était peut-être moins grave qu'on ne le pensait auparavant et que, sous le pontificat du pape François, les chiffres économiques sont presque devenus un prétexte pour mettre en œuvre des réformes radicales, peut-être avec l'aide de commissions supplémentaires.

    Plus que les chiffres eux-mêmes, c'est leur interprétation et le choc émotionnel qu'ils ont suscité qui ont frappé. Léon XIV, quant à lui, semblait vouloir rétablir une certaine « normalité institutionnelle », pour ainsi dire.

    Il reste à voir comment ces deux vitesses trouveront finalement un équilibre après le consistoire de janvier.

  • La prière de Léon XIV à Marie Immaculée (Rome, Place d'Espagne, 8 décembre 2025)

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    SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
    ACTE DE VÉNÉRATION À L'IMMACULÉE
    PRIÈRE DU SAINT-PÈRE LÉON XIV À MARIE IMMACULÉE
    Place d'Espagne
    Lundi 8 décembre 2025

    _____________________________________
    Je te salue, Marie !
    Réjouis-toi, pleine de grâce,
    de cette grâce qui, telle une douce lumière, rend rayonnants
    ceux sur qui se reflète la présence de Dieu.
    Le Mystère t'a enveloppée dès le commencement,
    depuis le sein de ta mère, il a commencé à accomplir en toi de grandes choses,
    qui ont rapidement exigé ton consentement,
    ce « Oui » qui a inspiré tant d'autres « oui ».
    Immaculée, Mère d'un peuple fidèle,
    ta transparence illumine Rome d'une lumière éternelle,
    ton chemin parfume ses rues plus que les fleurs que nous t'offrons aujourd'hui.
    De nombreux pèlerins du monde entier, ô Immaculée,
    ont parcouru les rues de cette ville
    au cours de l'histoire et en cette année jubilaire.
    Une humanité éprouvée, parfois écrasée,
    humble comme la terre dont Dieu l'a façonnée
    et dans laquelle il ne cesse de souffler son Esprit de vie.
    Regarde, ô Marie, ces nombreux fils et filles en qui l'espérance ne s'est pas éteinte :
    fais germer en eux ce que ton Fils a semé,
    Lui, Verbe vivant qui demande en chacun de grandir encore,
    de prendre chair, visage et voix.
    Que fleurisse l'espérance jubilatoire à Rome et dans tous les coins de la terre,
    l'espérance dans le monde nouveau que Dieu prépare
    et dont toi, ô Vierge, tu es comme le bourgeon et l'aurore.

    Après les portes saintes, que s'ouvrent maintenant d'autres portes
    de maisons et d'oasis de paix où la dignité refleurisse,
    où l'on éduque à la non-violence, où l'on apprend l'art de la réconciliation.
    Que vienne le royaume de Dieu,
    nouveauté que tu as tant espérée et à laquelle tu t'es entièrement ouverte,
    enfant, jeune femme et mère de l'Église naissante.
    Inspire de nouvelles intuitions à l'Église qui marche à Rome
    et aux Églises particulières qui, dans chaque contexte, recueillent
    les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses
    de nos contemporains, surtout des pauvres,
    et de tous ceux qui souffrent.
    Que le baptême continue à engendrer des hommes et des femmes saints et immaculés,
    appelés à devenir des membres vivants du Corps du Christ,
    un Corps qui agit, console, réconcilie et transforme
    la cité terrestre où se prépare la Cité de Dieu.
    Intercède pour nous, aux prises avec des changements
    qui semblent nous trouver unpreparés et impuissants.
    Inspire des rêves, des visions et du courage,
    toi qui sais mieux que quiconque que rien n'est impossible à Dieu,
    et qu'en même temps Dieu ne fait rien seul.
    Mets-nous en route, avec la hâte qui t'a poussée un jour
    vers ta cousine Élisabeth
    et l'émotion avec laquelle tu t'es exilée et es devenue pèlerine,
    pour être bénie, certes, mais parmi toutes les femmes,
    première disciple de ton Fils,
    mère du Dieu avec nous.

    Aide-nous à être toujours Église avec et parmi les gens,
    levain dans la pâte d'une humanité qui invoque justice et espérance.
    Immaculée, femme d'une beauté infinie,
    prends soin de cette ville, de cette humanité.
    Montre-leur Jésus, conduis-les à Jésus, présente-les à Jésus.
    Mère, Reine de la paix, prie pour nous !