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BELGICATHO

  • La crise des relations entre juifs et catholiques se poursuit au Vatican avec six moments chauds en dix jours

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    De John L Allen Jr/ Crux sur le Catholic Herald :

    La crise des relations entre juifs et catholiques se poursuit au Vatican avec six points chauds en dix jours

    5 janvier 2025

    Récemment, j'ai déclaré qu'une crise croissante dans les relations entre juifs et catholiques était l'histoire du Vatican la moins bien couverte de 2024. Les premières indications montrent qu'une telle affirmation ne sera pas possible en 2025, car les manifestations de la crise seront tout simplement trop omniprésentes et évidentes.

    Au cours des dix derniers jours, nous avons eu un total de six illustrations distinctes de ce point.

    La veille de Noël - je répète, la veille de Noël, alors que le clergé catholique a généralement déjà fort à faire - le ministre israélien des affaires étrangères Gideon Sa'ar a convoqué l'ambassadeur du Saint-Siège, l'archevêque philippin Adolfo Tito Yllana, pour discuter des récents commentaires du pape François sur Gaza.

    Le 21 décembre, lors de son discours annuel de Noël à la Curie romaine, François a ajouté une phrase impromptue qualifiant la mort d'enfants lors de raids aériens de « cruauté... et non de guerre ». De nombreux Israéliens et dirigeants juifs ont interprété cette phrase comme signifiant que les forces de défense israéliennes s'en prenaient délibérément aux enfants.

    Selon les médias, M. Saar n'a pas « réprimandé » le pape à Yllana, mais il a exprimé son « vif mécontentement ».

    La convocation est intervenue alors que le ministère des affaires étrangères avait déjà publié une déclaration qui allait crescendo en disant : « Assez de deux poids, deux mesures et de l'exclusion de l'État juif et de son peuple ».

    Le même jour, le ministre israélien des affaires de la diaspora et de la lutte contre l'antisémitisme, Amichai Chikli, a profité d'un discours prononcé à la Knesset à l'occasion de la semaine de la diaspora juive pour accuser le Vatican de propager des « libelles modernes » contre Israël.

    Il faisait référence à la « calomnie du sang » médiévale, dans laquelle les chrétiens accusaient faussement les juifs d'avoir assassiné des enfants chrétiens et d'avoir utilisé leur sang dans des rituels religieux.

    « Il est profondément décourageant de voir le pape, chef d'une institution qui est restée silencieuse pendant l'Holocauste, promouvoir aujourd'hui des calomnies modernes contre l'État juif », a déclaré M. Chikli.

    Toute suggestion selon laquelle les soldats israéliens s'en prendraient aux enfants palestiniens est un « mensonge sans fondement ».

    Une semaine plus tard, à la veille du Nouvel An, un groupe de dirigeants d'organisations juives américaines a adressé une lettre à François, qualifiant sa rhétorique sur Gaza d'« incendiaire ».

    Dans cette lettre, la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines a défendu la guerre d'Israël en la qualifiant de « campagne militaire légitime ». La conférence représente les dirigeants de 53 organisations juives américaines.

    « Alors que l'antisémitisme mondial atteint des sommets, la communauté juive américaine vous demande de vous abstenir de faire des commentaires incendiaires et de construire des ponts entre nos deux peuples », indique la lettre, signée par William C. Daroff, PDG du groupe, et Harriet P. Schleifer, sa présidente. Schleifer, sa présidente.

    Le lendemain, jour du Nouvel An, le Jewish News Syndicate a publié un article intitulé « Le pape François, Israël et l'hypocrisie historique du Vatican ». Abordant également le langage du pape sur Gaza, l'article accusait le pape d'avoir « deux poids, deux mesures, surtout lorsqu'on le compare au silence relatif [du Vatican] sur d'autres violations des droits de l'homme ».

    Entre autres choses, l'article se demande pourquoi le Vatican semble si prêt à bondir sur toute injustice israélienne perçue, mais reste largement silencieux, par exemple, sur les violations des droits de l'homme commises par la Chine à l'encontre de sa propre population musulmane d'Ouïghours.

    « L'Église doit s'efforcer d'être cohérente dans sa réponse aux injustices mondiales », affirme l'article. « Condamner les actions des États puissants, que ce soit à Gaza, au Yémen ou dans la région du Xinjiang en Chine, devrait être guidé par un cadre éthique cohérent plutôt que par une indignation sélective.

    Le vendredi 3 janvier, une association culturelle italienne appelée Setteottobre (« Septième octobre ») a publié un rapport concluant qu'il y avait eu un total étonnant de 268 320 messages antisémites sur les sites de médias sociaux italiens en 2024. L'enquête a également révélé que 94 % de la petite population juive italienne, estimée à environ 60 000 personnes, ont déclaré avoir subi des actes antisémites au cours de l'année écoulée.

    Les données fournies par d'autres organisations indiquent que l'Italie a l'un des taux d'antisémitisme les plus élevés de l'Union européenne.

    Bien que le rapport Setteottobre n'ait pas attribué la responsabilité de ses conclusions au Vatican ou à l'Église catholique, certains dirigeants juifs italiens ont suggéré que la rhétorique papale sur Gaza, telle que les références répétées à la possibilité que la conduite d'Israël équivaille à un « génocide », a réduit la capacité de l'Église à agir comme un coupe-feu contre de nouvelles flambées d'antisémitisme.

    Le même jour, le pape François a reçu le fondateur de l'université iranienne des religions et des confessions, Navab Seyed Abolhassan. Un rapport sur cette rencontre publié par l'Agence de presse de la République islamique, la plateforme médiatique officielle de l'État iranien, cite le pape François comme ayant prononcé un verdict plutôt négatif à l'égard du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

    « Nous n'avons pas de problème avec les Juifs, notre seul problème est avec Benjamin Netanyahu qui, sans tenir compte des lois internationales et des droits de l'homme, a créé des crises dans la région et dans le monde », aurait déclaré le pape, en se basant vraisemblablement sur ce que M. Navab a raconté par la suite.

    Jusqu'à présent, le Vatican n'a pas commenté le rapport, pas plus que le gouvernement israélien. Si l'on pouvait penser que le pape était irrité par les Iraniens pour avoir déformé sa pensée, cela ne l'a pas empêché de recevoir le lendemain l'ambassadeur d'Iran auprès du Saint-Siège, Hossein Mokhtari, pour lui remettre une plaque contenant des remarques du guide suprême iranien, l'ayatollah Seyyed Ali Khamenei, sur Jésus-Christ.

    En résumé, cela fait six points chauds dans les relations entre juifs et catholiques en dix jours, soit une moyenne d'un tous les 1,7 jours. Si ce ratio devait se prolonger tout au long de l'année 2025, nous atteindrions 215 incidents de ce type, ce qui soulève la question très réelle de savoir s'il resterait une « relation » à ce moment-là.

    Un aspect particulièrement révélateur de cette dernière vague d'indignation est qu'elle trouve en grande partie son origine dans quelque chose, en soi, de relativement bénin. Voici l'intégralité de la remarque ad lib du pape François concernant Gaza le 21 décembre :

    « Le cardinal Re a parlé de la guerre », a déclaré François, faisant référence à l'introduction du cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux. « Hier, le patriarche [latin] de Jérusalem n'a pas été autorisé à entrer à Gaza, comme cela avait été promis ; et hier, des enfants ont été bombardés. C'est de la cruauté. Ce n'est pas la guerre. Je tenais à vous le dire car cela me touche au cœur. Merci d'y avoir fait référence, Votre Éminence, merci ! »

    Cela ne fait que 55 mots. Certes, le pape a réussi à glisser dans sa formule une erreur factuelle (à propos du patriarche) et un péjoratif provocateur (« cruauté »), mais il est peu probable que ces remarques aient déclenché une telle tempête en elles-mêmes.

    Le problème est que maintenant, chaque fois que François dit ou fait quelque chose à propos de Gaza ou d'Israël, cela porte un intérêt composé : Les Juifs et les Israéliens ne se contentent pas d'entendre la nouvelle remarque, ils l'ajoutent à tout ce qu'il a dit et fait jusqu'à présent, ce qui rend le dernier écart perçu infiniment plus aigu.

    En un mot, c'est le défi du Vatican pour cette nouvelle année : trouver un moyen de rééquilibrer ses relations avec les Juifs et Israël, de sorte que lorsque le pape parle, c'est ce qu'il dit réellement qui est entendu, et non les échos d'un passé pesant que, intentionnellement ou non, il a contribué à créer.

  • «Comme les Mages, n'éteignons pas le désir de chercher Dieu pour l'adorer»

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    Du + Cardinal Caffarra via la NBQ :

    Épiphanie du Seigneur

    «Comme les Mages, n'éteignons pas le désir de chercher Dieu pour l'adorer»

    « Les trois mages se mirent en route, ils n'éteignirent pas en eux-mêmes leur désir. L'homme est appelé par son désir de devenir chercheur de Dieu. Mais il peut rencontrer Hérode, les faux enseignants qui tentent d'empêcher l'homme d'accéder à la Présence de Dieu et de réduire Jésus-Christ au grand maître de la solidarité où il est expulsé de l'histoire. la présence de Dieu". Extrait d'une homélie du cardinal Caffarra.

    06_01_2025

    A l'occasion de la Solennité de l'Epiphanie de Notre Seigneur Jésus Christ, nous publions une homélie prononcée par le Cardinal Carlo Caffarra en 1996.

    ***

    1. « Quand Jésus est né... des mages sont venus de l'est à Jérusalem» . Ainsi commence aujourd'hui la Parole qui nous révèle le mystère que nous célébrons. En effet, le Pape saint Léon le Grand nous dit: «Nous reconnaissons... dans les sages qui ont adoré le Christ, les prémices de notre vocation et de notre foi, et avec des âmes exultantes nous célébrons les débuts d'une bienheureuse espérance». Oui : aujourd'hui nous célébrons le début, la naissance de notre espérance.

    Écoutons encore ce que nous dit l'apôtre en deuxième lecture : « Les païens... sont appelés, en Jésus-Christ, à partager le même héritage, à former un même corps, à participer à la promesse par l'Évangile. " . Et tout cela n’arrive pas par hasard. Il s'agit d'un "mystère", c'est-à-dire d'une décision, d'un projet conçu par Dieu lui-même, "non révélé aux hommes des générations précédentes comme il l'est aujourd'hui". Plan et décision divins qui trouvent leur première manifestation-réalisation dans le fait que "Jésus est né à Bethléem...". Il s'agit du fait que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». Il ne ferme son cœur à personne puisque « sa miséricorde s'étend de génération en génération ».

    Il s'est allié au peuple d'Israël et Israël a droit à l'héritage comme à son fils premier-né, puisque la promesse a été faite à Abraham et à ses descendants. Mais (et c'est précisément le Mystère de Miséricorde que nous célébrons aujourd'hui) nous aussi, chacun de nous aujourd'hui est appelé à posséder le même héritage que nos enfants, nous qui étions morts pour nos fautes et nos péchés. Chacun de nous aujourd’hui est également appelé à participer à la même promesse. De quel droit avions-nous ? De quel droit pourriez-vous vous vanter devant Dieu, de quel titre être appelé « à former un même corps » ? Personne : c'était juste sa miséricorde.

    Écoutez la voix de l'Apôtre : «Je dis... que le Christ s'est fait serviteur des circoncis en faveur de la véracité de Dieu, pour accomplir les promesses des pères; mais les nations païennes glorifient Dieu pour sa miséricorde" (Rm 15,8,9a). Autrement dit : Dieu sauve les enfants d'Israël à cause de sa fidélité à une promesse par laquelle il s'est lié à eux ; Dieu nous sauve à cause de sa seule miséricorde, car il n'a contracté aucune obligation de fidélité envers nous. C'est le Mystère qui a commencé aujourd'hui : le Mystère de la miséricorde de Dieu qui offre son salut à chacun, sans aucune discrimination. Il offre son pardon à tous ceux qui le recherchent d'un cœur sincère.

    2. «Là où est le roi des Juifs... nous sommes venus l'adorer». Ces paroles des Mages indiquent précisément le désir et la recherche de l'homme. Et en effet, la page de l'Évangile est une merveilleuse description de l'homme qui cherche et trouve le salut de Dieu. Si Dieu nous offre son salut par pure miséricorde, l'homme est appelé à s'ouvrir à ce don, à correspondre à cet Amour. Comme? L'Évangile d'aujourd'hui décrit précisément le chemin de l'homme vers la rencontre avec Dieu lui-même.

    Comment commence ce voyage ou cet appel de Dieu au salut ? Dieu appelle par des « signes », la lumière d'une « étoile ». Dans la personne humaine, en chaque personne humaine, il y a une lumière intérieure, une « étoile » qui signifie et indique une Présence, une Réalité qui transcende l'homme : « Seigneur, tu nous as faits pour toi, et notre cœur est inquiet jusqu'à ce que cela ne le fasse pas. repose en Toi." Il y a chez la personne un désir profond et inextinguible de vérité, de bonté, de beauté, en un mot, de béatitude, qu'aucune vérité créée, aucun bien limité, aucune beauté finie ne pourra satisfaire. Tout le bien qu’est l’univers créé est incapable de satisfaire le désir humain. C'est « l'étoile » qui signifie-indique le chemin : « Cherchez au-dessus de nous », nous dit chaque créature.

    Les trois mages se mirent en route : ils n'éteignirent pas en eux-mêmes leur désir. L'homme est appelé par son désir de devenir un chercheur de Dieu. Les Mages ont pris la décision de satisfaire leur recherche ; l'homme ne doit pas décapiter, limiter l'extension de son désir selon la mesure des créatures. Et c'est à ce moment-là que l'homme peut croiser Hérode « qui tente de tuer l'Enfant ». Il peut rencontrer de faux enseignants qui tentent d'empêcher l'homme d'atteindre la Présence de Dieu. Qui sont les faux enseignants aujourd'hui ? Ce sont eux qui réduisent Jésus-Christ au grand maître de la solidarité en niant qu’il soit Dieu venu dans la chair à la rencontre de l’homme. Ce sont eux qui réduisent la personne humaine à un ensemble impersonnel de besoins psycho-physiques à satisfaire. Dans cette situation, l'homme ne sait plus où chercher Dieu : il s'est limité à sa mesure infinie ; la présence de Dieu a été expulsée de l'histoire. Les mages peuvent encore continuer leur recherche ; l'homme qui cherche sincèrement la vérité, qui est fidèle à sa conscience ne pourra jamais être tué par notre culture de mort. Dieu lui-même protège toujours ceux qui le cherchent avec humilité.

    Où ont-ils trouvé Dieu ?   «Ils virent l'enfant avec Marie sa Mère». La présence de Dieu, c'est Jésus-Christ : Il est précisément Dieu fait chair pour pouvoir être trouvé par l'homme. En dehors de Lui, l’homme ne peut chercher Dieu que comme s’il tâtonnait dans l’obscurité. « La grâce de la vérité – écrit saint Jean – se produit par Jésus-Christ » (Jn 1, 17b). La grâce de la vérité, la rencontre avec Dieu est un événement qui se produit dans la vie de l'homme : elle n'est pas d'abord l'apprentissage d'une doctrine ou le résultat d'une ascétisme. C'est la rencontre avec Dieu fait homme.

    CONCLUSION
    Frères et sœurs, tout ce que j'ai dit, ou plutôt : ce que l'Esprit vous a fait comprendre, n'est que la description de ce qui va se passer maintenant et ici maintenant. La célébration des mystères divins est l'événement de la grâce de la vérité, qui se produit dans notre vie, puisque l'Eucharistie est la rencontre réelle avec le Christ et en Lui avec le Père qui aujourd'hui nous a appelés « dans le Christ Jésus à participer à sa promesse ». ".

  • L'étoile de Bethléem : entre science et vérité spirituelle

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    De Vatican News :

    4 janvier 2020

    L'étoile de Bethléem, entre science et vérité spirituelle

    On l’appelle étoile de Bethléem, ou étoile de Noël. Elle guida, dans l’évangile selon Saint Matthieu, les rois mages à Bethléem, jusqu’à l’étable où se trouvait l’enfant Jésus. Entre vérités scientifiques et vérité spirituelle, retour sur cette étoile avec le père Jean-Baptiste Kikwaya, astronome à l’observatoire du Vatican, à Castel Gandolfo près de Rome.

    Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican

    «Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vu à l’Orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.» L’Évangile selon Saint Matthieu est le seul qui rapporte l’épisode de l’Epiphanie, célébrée traditionnellement le 6 janvier, et qui parle de cette étoile. 

    2 000 ans plus tard, la nature et l’origine de l'étoile de Noël restent un sujet de spéculation. Trois explications scientifiques se détachent cependant : il pourrait s’agir d’une comète, un astre en orbite autour du soleil, d’une supernova, c’est à dire l’explosion d’une étoile lors de sa mort, un phénomène très brillant dans le ciel, ou selon l’astronome allemand Johannes Kepler, une conjonctions des planètes Jupiter et Saturne.

    Pas d'unanimité parmi les scientifiques 

    Au delà de l’acharnement scientifique se trouve la vérité spirituelle, nous explique le père Jean-Baptiste Kikwaya, jésuite et astronome, titulaire d’un DEA en astronomie à l’Observatoire de Paris et d’un doctorat en astronomie de l’Université de Western Ontario au Canada, il travaille depuis une vingtaine d’années à l’observatoire du Vatican.

    Interview du père Jean-Baptiste Kikwaya, SJ

  • "Dresse-toi! Et sème la force de ta foi! Que le Christ t'illumine sans cesse!"

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    SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

    HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II

    6 janvier 1979

    source

    1. "Dresse-toi (Jérusalem), brille, car ta lumière survient et la gloire du Seigneur se lève sur toi" criait le Prophète Isaïe (60, 1) huit siècles avant le Christ; et aujourd'hui, au XXème siècle nous écoutons sa parole et nous admirons, nous admirons vraiment l'éclatante lumière qui en jaillit. A travers les siècles, Isaïe s'adresse à Jérusalem qui allait devenir la ville du Souverain Oint, du Messie: "Les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la clarté de ton aurore... tes fils viennent de loin et tes filles sont portées sur le flanc... L'afflux des chameaux te submergera, les jeunes dromadaires de Madian et d'Eypha; tous ceux de Saba viendront, ils apporteront l'or et l'encens et publieront les louanges du Seigneur" (Is 60, 3-4, 60). Nous avons devant nous — comme le dit la tradition — ces trois Rois Mages qui, de loin, viennent en pèlerinage à dos de chameau et apportent avec eux non seulement de l'or et de l'encens mais aussi de la myrrhe: les dons symboliques avec lesquels ils sont allés à la rencontre du Seigneur qui était également attendu au-delà des frontières d'Israël. Ne nous étonnons donc pas si, dans son dialogue prophétique avec Jérusalem, mené à travers les siècles, Isaïe dit à un certain moment: "...ton cœur sera frémissant et s'épanouira " (60, 5). Il parle à la cité comme si elle était un homme vivant.

    Pèlerinage à Bethléem

    2. "Ton cœur sera frémissant et s'épanouira". La nuit de Noël me trouvant avec ceux qui participaient à la célébration de minuit en cette Basilique, je leur ai demandé, à tous, d'être, de la pensée et du cœur, là-bas plus qu'ici; plus à Bethléem, au lieu de la naissance du Christ, dans cette grotte-étable en laquelle "le Verbe s'est fait chair" (Jn 1, 14). Et, aujourd'hui, c'est à vous que je le demande, parce que c'est là, proprement là, proprement là, en ce lieu, au sud de Jérusalem, que sont venus de 1'Orient ces étranges pèlerins, les Rois Mages. Ils ont traversé Jérusalem. Ils étaient guidés par une étoile mystérieuse, l'étoile, une lumière extérieure qui se déplaçait au firmament. Mais plus encore ils étaient conduits par la foi, une lumière intérieure. Ils arrivèrent. Et ils ne furent nullement étonnés par ce qu'ils trouvèrent: ni la pauvreté, ni l'étable, ni le fait que l'Enfant était couché dans une mangeoire. Ils arrivèrent, se prosternèrent et "ils l'adorèrent". Puis ils ouvrirent les écrins et à l'Enfant-Jésus ils firent don de l'or et de l'encens dont Isaïe a précisément parlé, mais ils lui offrirent également de la myrrhe. Et après avoir accompli tout ceci, ils retournèrent chez eux.

    Par ce pèlerinage à Bethléem, les Rois Mages d'Orient sont devenus l'avant-garde et le symbole de tous ceux qui, par leur foi, rejoignent Jésus, l'Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, le Sauveur cloué à la Croix, Celui qui, crucifié sous Ponce-Pilate, déposé de la Croix et enseveli dans un tombeau au pied du Calvaire, ressuscita le troisième jour. Ces hommes-là, les Trois Mages venus d'Orient — trois comme le veut la tradition — sont proprement l'avant-garde et la préfiguration de tous ceux qui, d'au-delà des frontières du Peuple élu de l'Ancienne Alliance ont, animés par la foi, rejoint et continuent à rejoindre le Christ.

    Le défi de Dieu

    3. "Tout cœur sera frémissant et s'épanouira", dit Isaïe à Jérusalem. En effet, il fallait que s'épanouisse le cœur du Peuple de Dieu pour qu'il puisse contenir de nouveaux hommes, de nouveaux peuples. Ce cri du Prophète est précisément le mot-clé de l'Epiphanie. Il fallait sans cesse ouvrir toujours plus grand le cœur de l'Eglise quand y entraient des hommes toujours nouveaux; quand, dans le sillage des bergers et des Rois Mages, à Bethléem arrivaient d'Orient d'autres peuples. Et aujourd'hui il faut continuer à ouvrir ce cœur toujours plus grand, à la mesure des hommes et des peuples, à la mesure des époques et des temps. L'Epiphanie est la fête de la vitalité de l'Eglise. L'Eglise vit avec conscience la mission de Dieu qui s'accomplit à travers elle. Le Concile Vatican II nous a aidé à mieux comprendre que la "mission" est proprement le nom de l'Eglise et que, d'une certaine façon, elle en constitue la définition. L'Eglise est elle-même quand les hommes — à l'exemple des bergers et des Rois Mages d'Orient — rejoignent Jésus, par leur foi. Quand, dans le Christ-Homme et par le Christ, ils retrouvent Dieu.

    L'Epiphanie est donc la grande fête de la foi. A cette fête participent autant ceux qui sont déjà parvenus à la foi, que ceux qui se trouvent en chemin pour venir à lui. Ils y participent en remerciant Dieu pour le don de la foi, tels les Rois Mages qui, au comble de la gratitude, se sont prosternés devant l'Enfant. A cette fête participe l'Eglise qui, chaque année, devient plus consciente de l'ampleur de sa mission. Combien nombreux sont les hommes à qui il faut encore porter la foi! Et combien nombreux sont également ceux qu'il faut ramener à la foi qu'ils ont perdue, et ceci est parfois bien plus difficile que la première conversion à la foi. Mais, consciente de ce grand don, le don de l'Incarnation de Dieu, l'Eglise ne peut jamais s'arrêter, jamais se lasser. Elle doit continuellement chercher l'accès à Bethléem pour chaque homme et pour chaque époque. L'Epiphanie est la fête du défi de Dieu.

    (...)

    Sous cette lumière

    5. Dresse-toi, Jérusalem! "Ton cœur sera frémissant et s'épanouira!" Là-bas, près de la crèche de Bethléem où nous sommes allés par la pensée et le cœur, nous nous sommes recueillis avec ceux qui sont venus d'Orient, avec les Rois Mages, témoins admirables de la foi en Dieu Incarné; et nous nous retrouvons dans cette basilique ici. Ici, où de manière particulière, la prophétie d'Isaïe s'est accomplie au cours des siècles. D'ici, la lumière de la foi s'est répandue sur tant d'hommes et sur tant de peuples! Ici, grâce à Pierre et à son Siège, une mutitude innombrable est entrée et entre toujours dans cette grande communauté du Peuple de Dieu, dans l'union de la Nouvelle Alliance, dans les tabernacles de la Nouvelle Jérusalem.

    Et aujourd'hui, le successeur de Pierre que peut-il souhaiter de mieux à cette Basilique, à sa nouvelle Chaire, sinon qu'elle serve à l'Epiphanie? qu'en elle et par elle, les hommes de notre temps et de tous les temps, les hommes provenant de l'Orient et de l'Occident, du Nord et du Sud, parviennent à Jérusalem, arrivent au Christ par la foi.

    Alors, une fois de plus donc, j'emprunte à Isaïe ses paroles pour formuler mes vœux "Urbi et Orbi" et dire: Dresse-toi ton cœur sera frémissant et s'épanouira!".

    Dresse-toi! Et sème la force de ta foi! Que le Christ t'illumine sans cesse! Que les hommes et les peuples marchent sous cette lumière!

    Amen!

  • Dum medium (Introit du dimanche de l'Epiphanie)

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    Dum médium siléntium tenérent ómnia, et nox in suo cursu médium iter habéret, omnípotens sermo tuus, Dómine, de cælis a regálibus sédibus venit. Ps. Dóminus regnávit, decórem indútus est: indútus est Dóminus fortitúdinem, et præcínxit se. v. Gloria Patri.

    Tandis que tout reposait dans le silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, Ta parole toute-puissante, Seigneur, vint des cieux du trône royal. Ps. Le Seigneur a régné et a été revêtu de gloire ; le Seigneur a été revêtu et S’est ceint de force. v. Gloire au Père.

  • "A l'exemple des mages, courons avec joie à la demeure de l'enfant"

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    De saint Jean Chrysostome (v. 345-407)
    prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église
    Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°7, 5

    source : Evangile au Quotidien

    Suivons les mages

    Levons-nous, à l'exemple des mages. Laissons tout le monde se troubler ; mais nous, courons avec joie à la demeure de l'enfant. Si les rois ou les peuples s'efforcent de nous barrer le chemin, peu importe, ne ralentissons pas notre ferveur, repoussons tous les maux qui nous menacent. S'ils n'avaient pas vu l'enfant, les mages n'auraient pas échappé au danger qu'ils couraient de la part du roi Hérode. Avant d'avoir eu le bonheur de le contempler, ils étaient assiégés par la crainte, entourés de périls, plongés dans le trouble ; après qu'ils l'ont adoré, le calme et la sécurité se sont établis dans leur cœur...      

    Laissons donc là, nous aussi, une ville en désordre, un despote assoiffé de sang, toutes les richesses de ce monde, et venons à Bethléem, la « maison du pain » spirituel. Si tu es berger, viens seulement, et tu verras l'enfant dans l'étable. Si tu es roi, tes vêtements fastueux, tout l'éclat de ta dignité, ne te serviront de rien si tu ne viens pas. Si tu es homme de science comme les mages, toutes tes connaissances ne te sauveront pas si tu ne viens pas montrer ton respect. Si tu es un étranger ou même un barbare, tu seras admis à la cour de ce roi... Il suffit de venir avec frayeur et avec joie, ces deux sentiments qui habitent un cœur vraiment chrétien...      

    Avant d'adorer cet enfant, décharge-toi de tout ce qui t'encombre. Si tu es riche, dépose ton or à ses pieds, c'est-à-dire, donne-le aux pauvres. Ces étrangers sont venus de si loin pour contempler ce nouveau-né ; comment pourrais-tu...refuser de faire quelques pas pour visiter un malade ou un prisonnier ?... Les mages ont offert leurs trésors à Jésus, et toi, tu n'as même pas un morceau de pain à lui donner ? (Mt 25,35s) Quand ils ont vu l'étoile, leur cœur a été rempli de joie ; tu vois le Christ dans les pauvres, manquant de tout, et tu passes outre, tu n'es pas ému ?

  • La Marche des Rois Mages

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    De bon matin,
    J'ai rencontré le train
    De trois grands Rois qui allaient en voyage,
    De bon matin,
    J'ai rencontré le train
    De trois grands Rois dessus le grand chemin.

    Venaient d'abord les gardes du corps,
    Des gens armés avec trente petits pages,
    Venaient d'abord les gardes du corps
    Des gens armés dessus leurs just'au corps.

    Puis sur un char,
    Doré de toute part,
    On voit trois rois modestes comme d'anges
    Puis sur un char,
    Doré de toute part
    Trois rois debout parmi les étendards.

    L'étoile luit
    Et les Rois conduit,
    Par longs chemins,
    Devant une pauvre étable,
    L'étoile luit
    Et les Rois conduit,
    Par longs chemins devant l'humble réduit.

    Au fils de Dieu
    Qui naquit en ce lieu
    Ils viennent tous présenter leurs hommages,
    Au fils de Dieu
    Qui naquit en ce lieu
    Ils viennent tous présenter leurs doux vœux.

    De beaux présents,
    Or, myrrhe et encens
    Ils vont offrir au maître tant admirable
    De beaux présents,
    Or, myrrhe et encens
    Ils vont offrir au bienheureux enfant.

  • La "super nova" qui nous guide

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    Voici l’homélie de Benoît XVI prononcée en 2012 pour le jour de l'Epiphanie, dans la traduction officielle de l’italien publiée par la salle de presse du Saint-Siège (Zenit.org):

    Chers Frères et Sœurs !

    L’Épiphanie est une fête de la lumière. « Debout ! [Jérusalem] Rayonne ! Car voici ta lumière et sur toi se lève la gloire du Seigneur » (Is 60,1). Avec ces paroles du prophète Isaïe, l’Église décrit le contenu de la fête. Oui, Il est venu dans le monde Celui qui est la vraie Lumière, Celui qui rend les hommes lumière. Il leur donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu (cf. Jn 1,9.12). Le voyage des Mages d’Orient est pour la liturgie le début seulement d’une grande procession qui continue tout au long de l’histoire. Avec ces hommes commence le pèlerinage de l’humanité vers Jésus-Christ – vers ce Dieu qui est né dans une étable ; qui est mort sur la croix et qui depuis sa résurrection demeure avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (cf. Mt 28,20). L’Église lit le récit de l’Évangile de Matthieu avec celui de la vision du prophète Isaïe, que nous avons écouté dans la première lecture : le voyage de ces hommes est seulement un commencement. D’abord étaient venus les bergers – des âmes simples qui demeuraient au plus près du Dieu fait petit enfant et qui pouvaient aller vers Lui plus facilement (cf. Lc 2,15) et Le reconnaître comme Seigneur. Mais maintenant, viennent aussi les sages de ce monde. Viennent les grands et les petits, les rois et les serviteurs, les hommes de toutes les cultures et de tous les peuples. Les hommes d’Orient sont les premiers, suivis par tant d’autres, tout au long des siècles. Après la grande vision d’Isaïe, la lecture tirée de la lettre aux Éphésiens exprime la même réalité d’une façon très sobre et simple : les païens partagent le même héritage (cf. Ep 3,6). Le Psaume 2 l’avait exprimé ainsi : « Je te donne les nations pour héritage et pour domaine les extrémités de la terre » (Ps 2,8).

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  • L'épisode des Mages, un conte mythologique ?

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    En ce dimanche de l'Epiphanie, il n'est pas rare d'entendre dans nos paroisses certains clercs s'improviser exégètes et déclarer gravement que le récit de l'adoration des mages n'est qu'un beau conte mythologique ou une construction poétique sans fondement historique. Sur "Metablog", nous lisons cet excellent commentaire :

    (...) Si on met en doute l’historicité de cet épisode (de la venue des Mages), c’est d’abord parce qu’on lit mal le texte qui est plein de détails, mais qui, dans certains Evangiles apocryphes (c’est-à-dire des textes tardifs qui «brodent» sur la vie de Jésus), devient carrément mythologique. Dans le Livre de l’Enfance, un apocryphe arménien du VIème siècle, on nous apprend par exemple que ces Mages en réalité sont des «rois», qu’ils sont trois et qu’ils s’appellent Gaspard Melchior et Balthasar. On nous dit que les Mages ont suivi une étoile qui se serait déplacée pour les précéder jusqu’à Jérusalem. Mais ce n’est pas cela du tout ! Ces astronomes, sans doute persans, ont vu un astre extraordinaire : «Nous avons vu son étoile en Orient». Il y a, diffuse, dans l’humanité de ce temps-là une attente d’un phénomène extraordinaire, comme on peut le lire dans la Quatrième Eglogue de Virgile, dans laquelle, quelques années avant le Christ, le poète latin annonce la venue d’un enfant né d’une Vierge. Ce sont des traditions semblables, qui dans le Zoroastrisme perse, animaient l’attente des Mages, qui savaient bien que si quelque chose devait advenir, ce serait en Judée, le pays de la Bible. Ils viennent donc à Jérusalem, s’enquièrent auprès du roi Hérode, qui, averti par les Mages de la naissance d’un Roi Messie, convoque les sages d’Israël, lui qui n’est qu’un Bédouin, un non-juif. 

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  • Que pourrait réserver 2025 à l’Église ?

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    De Christopher R. Altieri sur le CWR :

    Que pourrait réserver 2025 à l’Église ?

    Trois histoires à suivre et trois pronostics pour l’année de Notre Seigneur, 2025.

    Ianus bifrons — Janus à deux visages — était le dieu romain des espaces liminaires, des portes, des commencements et des fins, et des transitions en général. Voici donc quelques réflexions sur « janvier » au sens calendaire et étymologique du terme : trois histoires à suivre et trois pronostics pour l’année de Notre Seigneur, 2025.

    Ce sera une nouvelle année exceptionnelle, mais pas pour les raisons auxquelles on pourrait s'attendre en lisant uniquement les gros titres des pages du Vatican.

    Persécution des chrétiens (en particulier en Terre Sainte)

    La guerre à Gaza va s'essouffler et les conséquences de la guerre civile syrienne qui dure depuis quatorze ans vont s'amplifier. La petite minorité chrétienne de Gaza sera pressée et écrasée de toutes parts, tandis que la minorité chrétienne plus importante de Syrie (des chrétiens de diverses Églises qui constituaient environ 10 % de la population avant la guerre) devra faire face à des traitements plus que brutaux et pourrait être victime de harcèlement systématique ou de persécutions dignes de celles de Décia ou de Dioclétien.

    Le rôle de l’Église catholique sera crucial dans les deux endroits et dans toute la région, notamment en raison de sa forte présence dans les deux endroits en tant que force sociale qui pèse bien plus lourd que son poids.

    En Syrie, les chrétiens sont sur des charbons ardents parce qu'ils ont eu tendance à soutenir le régime du président Bachar al-Assad, récemment renversé. Le soutien des chrétiens à Assad n'est pas le résultat d'une sympathie personnelle pour sa personnalité monstrueuse ou d'une affinité idéologique avec son parti Baas, mais le résultat d'une nécessité calculée dans une situation impossible.

    La famille Assad, qui a dirigé la Syrie pendant plus d'un demi-siècle après un coup d'État militaire en 1970, appartient à une minorité ethno-religieuse issue de l'islam chiite appelée alaouisme, les Alaouites constituant entre 10 et 12 % de la population syrienne totale, à peu près autant que les chrétiens.

    La version courte d’une histoire millénaire et irréductiblement complexe est la suivante : la Syrie est majoritairement musulmane sunnite, mais la population est très diversifiée et le tissu social est un tissage complexe de fils familiaux, confessionnels et religieux, tous ayant un poids et une signification politiques.

    La complexité de la situation en Syrie en particulier – mais pas exclusivement en ce qui concerne la minorité alaouite – illustre de manière frappante et pertinente la nécessité pour les chrétiens d’Occident de connaître et de comprendre à quel point le monde musulman est réellement diversifié.

    Concrètement, la vie est dure pour les Syriens, insupportablement brutale pour un grand nombre de Syriens de toutes origines ethniques et religieuses. Et ce depuis plus d’une décennie. Une aide internationale opportune sera essentielle à toute reconstruction digne de ce nom, mais l’obtenir est plus facile à dire qu’à faire. Les grandes puissances régionales et mondiales, comme les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Iran, sont toutes intéressées.

    Les choses ne vont pas s’améliorer du jour au lendemain, et elles pourraient bien empirer pour certaines personnes avant de s’améliorer.

    Tectonique œcuménique (les yeux tournés vers l'Ukraine)

    Le nouveau président américain Donald Trump a promis de mettre fin à la guerre d’agression illégale menée par la Russie en Ukraine, mais personne du côté ukrainien de ce conflit sanglant et destructeur ne s’attend à une proposition de résolution heureuse ou même minimalement satisfaisante de la part de Trump, dont l’admiration pour le dictateur russe Vladimir Poutine est bien connue.

    Les yeux du monde seront tournés vers l’Ukraine, mais pour un ensemble de raisons banales qui ne sont que marginalement liées aux motivations culturelles profondes de la grande question civilisationnelle en jeu, à savoir : quelle Église chrétienne sera le représentant mondial du christianisme ukrainien ?

    La plupart des Ukrainiens sont orthodoxes, mais l’orthodoxie en Ukraine est plus fragmentée que divisée, certaines divisions traversant l’orthodoxie russe selon des lignes politiques et d’autres divisions traversant l’orthodoxie ukrainienne généralement le long de la ligne de fracture séparant Constantinople et Moscou.

    L'Église gréco-catholique ukrainienne pourrait bien s'imposer comme la voix dominante du christianisme ukrainien. Si cela se produit (et de nombreux éléments portent à croire que c'est déjà le cas sous la direction prudente de Sviatoslav Shevchuk, le jeune et énergique archevêque majeur de l'Église gréco-catholique ukrainienne), les répercussions géopolitiques et œcuméniques seront importantes.

    Un mot : Conclave

    La probabilité d’un conclave papal augmente chaque jour qui passe – tout le monde le sait – et tout le monde sait que la prochaine élection ne verra aucun favori évident.

    Habituellement, on distingue des blocs de vote dans tout conclave papal, mais l'élection qui choisira le successeur de François est particulière dans la mesure où la fragmentation du Collège des cardinaux est - de manière mesurable et incommensurable - plus grande que ce que la sagesse dominante semble justifier ou même réaliser.

    Beaucoup d’encre a coulé sur le fait que les chapeaux rouges se connaissent peu, mais les observateurs du Vatican ont relativement peu parlé de la fracture – et de la querelle – qui règnent au sein des différentes factions cardinalices.

    Même les cardinaux « libéraux », qui se sont contentés de suivre le sillage de François et peut-être même d’être la queue qui remue le chien pendant un certain temps, sont assez fatigués du modus gubernandi « Buenos Aires-sur-Tibre » qui prévaut depuis mars 2013. Les cardinaux « conservateurs », quant à eux, s’accordent davantage sur ce qui ne va pas que sur ce qui va bien. Il existe des divisions et des divisions au sein des divisions au sein de chaque groupe, à tel point qu’il existe même de tels groupes au sein du Collège.

    Les cardinaux qui se réuniront pour élire le prochain candidat seront divisés sur des lignes différentes : « Quelles sont ou devraient être les priorités du chef mondial de l'Église ? » n'est qu'une des questions pour lesquelles il y a au moins trois fois plus d'opinions qu'il y a d'hommes qui en ont.

    À la difficulté et à la complexité de la tâche s’ajoute le travail que François laissera inachevé.

    François laissera au prochain président deux dossiers importants : la réforme de la justice ecclésiastique et de la culture générale de leadership dans l’Église, ainsi que la réforme des finances du Vatican. Ces questions sont étroitement liées, cruciales et urgentes.

    Peu importe que l'on croie que François a fait de réels progrès sur l'un ou l'autre front (ou sur les deux) ou que l'on soit d'avis que François a aggravé l'un ou l'autre problème. Il n'a pas réglé ces problèmes et il ne les aura pas réglés d'ici à ce qu'il quitte ses fonctions. La tâche est peut-être trop grande pour un seul homme, mais cette observation est marginale. L'objectif ici est d'évaluer la situation du catholicisme mondial en vue de comprendre comment cette situation affectera le programme des cardinaux électeurs.

    Les cardinaux vont devoir définir un profil avant de pouvoir choisir des candidats.

    Le prochain candidat devra posséder de meilleures compétences linguistiques que François, de solides capacités de constitution d’équipe et d’administration pour remettre en état l’appareil de gouvernement central de l’Église, du savoir-faire pour gérer un Saint-Siège dans des situations diplomatiques et politiques difficiles, une force de volonté et un savoir-faire pour maintenir le Saint-Siège et la Cité du Vatican à un niveau minimum de solvabilité, et du charisme – au sens courant du terme – pour rassurer un corps mondial de fidèles durement éprouvé et complètement épuisé.

    Le plus important est que le prochain favori n’ait aucun squelette dans son placard, et c’est une tâche difficile.

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    Christopher R. Altieri est journaliste, éditeur et auteur de trois livres, dont Reading the News Without Losing Your Faith (Catholic Truth Society, 2021). Il est rédacteur en chef adjoint du Catholic World Report .
  • Les évêques espagnols condamnent les moqueries envers le Sacré-Cœur de Jésus à la télévision publique espagnole

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    De Nicolás de Cárdenas sur CNA :

    Les évêques espagnols condamnent les moqueries envers le Sacré-Cœur de Jésus à la télévision publique espagnolebouton de partage sharethis

    Sacré Coeur de JésusLe Sacré-Cœur de Jésus. | Crédit : Peintre non identifié, Domaine public, via Wikimedia Commons

    Les évêques espagnols s'expriment après que le présentateur d'un compte à rebours du Nouvel An à la télévision publique espagnole a montré pendant l'émission une image avec le visage de la mascotte d'un programme bien connu à la place du visage de Jésus sur une image traditionnelle du Sacré-Cœur.

    Laura Yustres Vélez, connue sous le nom de « Lalachús », est une actrice et comédienne espagnole qui apparaît dans l'émission « La Revuelta » (« La Révolte »), une émission humoristique nocturne de la télévision publique espagnole caractérisée par son humour irrévérencieux et interrogeant les invités de l'émission sur leur vie sexuelle et leur valeur financière.

    Yustres a joué dans l'épisode du réveillon du Nouvel An aux côtés de David Broncano, animateur de « La Revuelta », dans un segment de la Puerta del Sol, une grande place de Madrid, alors que sa célèbre horloge sonnait les derniers instants de 2024.

    À un moment donné de l'émission, Lalachús a montré une image dans laquelle le visage d'un taureau qui est un personnage de « El Gran Prix », une émission de divertissement familiale bien connue en Espagne, était superposé à l'endroit où se trouverait le visage de Jésus dans une image du Sacré-Cœur.

    L'image comprend un halo derrière la tête du personnage, un Sacré-Cœur sur la poitrine sur lequel repose la main gauche, et la main droite est levée avec trois doigts étendus et deux pliés, symbolisant la Trinité.

    « J'ai toujours avec moi ma petite image de la Vaquilla [le joli taureau] du Grand Prix », a déclaré Yustres, la montrant aux téléspectateurs comme l'une de ses amulettes pour la nouvelle année.

    Les évêques espagnols réagissent

    Le président de la Conférence épiscopale espagnole, l'archevêque Luis Argüello, s'est dit attristé par cette image controversée. « Sous prétexte de liberté d'expression et des excès des fêtes, TVE [la télévision publique espagnole] se moque du symbole du cœur si cher à tous les catholiques », a-t-il déclaré.

    « Le plus triste, c'est que les responsables ne sont pas conscients de ce qu'ils font. Une fois de plus, nous sommes dans la banalité », a-t-il ajouté.

    L'archevêque de Séville, José Ángel Saiz Meneses, a également critiqué ces moqueries et s'est demandé : « Jusqu'à quand profiteront-ils de notre patience ? »

    L’évêque de Vitoria, Juan Carlos Elizalde, a souligné que « les catholiques ne sont pas des citoyens de seconde zone, et encore moins dans un pays où la grande majorité des citoyens sont baptisés ou sont enfants de catholiques ».

    L'évêque de Bilbao, Fernando Prado, a invité la population à protester contre l'incident en choisissant d'autres options de télévision l'année prochaine.

    En outre, la plainte souligne que López a publié sur ses réseaux sociaux l’image de Yustres tenant l’image sainte modifiée, ainsi que d’autres images du programme, affirmant qu’il est « heureux de travailler avec des personnes qui prennent des risques ».

    Pour les avocats, « ce message sur les réseaux sociaux montre que les moqueries envers les chrétiens avaient, à tout le moins, son approbation ou étaient même orchestrées par lui ».

    L'organisation a également dénoncé « les attaques contre les chrétiens qui sont utilisées pour créer la controverse et ainsi augmenter l'audience, ce qui s'est déjà produit lors du gala d'ouverture des Jeux olympiques » et a ajouté que « l'utilisation de l'image du Sacré-Cœur de Jésus comme [taureau] lors du Grand Prix dénote un mépris et une moquerie évidents envers les rites et les symboles du catholicisme et constitue un affront, une insulte et un outrage aux sentiments religieux et aux croyances catholiques ».

    Éliminer les crimes contre les sentiments religieux

    En juillet dernier, le gouvernement espagnol a annoncé qu'il allait aborder la question de l'élimination du délit contre les sentiments religieux du code pénal, ce qui a été critiqué par différentes entités et personnalités, dont le président de la Conférence épiscopale espagnole.

    L’annonce est devenue officielle en septembre dernier, lorsque la mesure a été incluse dans le Plan d’action pour la démocratie.

    Argüello a souligné sur X que « les sentiments ont été élevés au rang de catégorie dans la loi, par exemple le fait de pouvoir changer de sexe ; de plus en plus d’expressions sont considérées comme des crimes de haine. Dans ce contexte où la loi rend hommage aux émotions, les sentiments religieux cessent d’être un bien protégé par la loi ».

    L'intention du gouvernement a également été contestée par les confessions chrétiennes autres que l'Église catholique ainsi que par les communautés juive et musulmane.

    Dans une récente déclaration commune, ils ont souligné que « en tant que citoyens et croyants, nous revendiquons également le droit de nos fidèles à pouvoir vivre leur foi dans un climat de respect des sentiments religieux, protégé par d'autres droits également protégés par la Constitution, tels que le droit à la liberté religieuse, la liberté de conscience et le droit à la dignité et à la moralité ».

    Cette mesure retirerait l'Espagne de la majorité des pays de l'Union européenne qui protègent la liberté religieuse, puisque 21 des 27 États membres prévoient des sanctions pour les actes contre les sentiments religieux.

    Le ministre de la Présidence, de la Justice et des Relations avec le Parlement, Félix Bolaños, a réagi à la plainte des Avocats chrétiens avec un message sur X déclarant que leur plainte représente une « tentative d'intimidation de la part de l'opposition de droite » et réitérant l'intention du gouvernement d'abroger le délit d'offense aux sentiments religieux.

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    Nicolás de Cárdenas est correspondant d'ACI Prensa en Espagne depuis juillet 2022. Au cours de sa carrière de journaliste, il s'est spécialisé dans les sujets socio-religieux et a également travaillé pour des associations civiles locales et internationales.
  • « Pourquoi les féministes devraient célébrer le Moyen Âge (et l’Église catholique) »

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    « Pourquoi les féministes devraient célébrer le Moyen Âge (et l’Église catholique) »

    « La chevalerie » de l'artiste britannique Edmund Leighton (1901)
    « The Knighting » de l'artiste britannique Edmund Leighton (1901) (photo : domaine public)

    La bataille culturelle est aujourd’hui l’enjeu politique numéro un du monde occidental. Les récentes élections américaines l’ont clairement démontré, quand nombre de démocrates historiques et de minorités ethniques ont reporté leur vote vers le camp républicain par crainte de voir triompher politiquement les théories woke, qui remettent en cause les principes anthropologiques et biologiques les plus universels. Les relations entre hommes et femmes, leur nature intrinsèque et leurs différences, sont un élément fondamental de ces débats de société, qui ont dangereusement polarisé l’Occident ces dernières années. 

    Le féminisme radical, qui s'est répandu dans presque toutes les grandes universités des États-Unis et d'Europe ces dernières années et qui considère l'homme blanc et le patriarcat comme la cause de toutes les souffrances des femmes, a considérablement déstabilisé les institutions de la famille et du mariage. Ce phénomène a contribué à la baisse de la natalité et à l'atomisation massive de la jeunesse, accélérant du même coup le processus de déchristianisation en Occident. 

    La grande historienne et médiéviste Régine Pernoud avait anticipé ces dérives lorsqu'elle écrivit Femmes au temps des cathédrales à la fin des années 70, rappelant judicieusement que rien n'a été plus émancipateur et libérateur pour les femmes que l'avènement du christianisme dans l'Antiquité et que les grandes femmes de l'histoire n'ont jamais eu besoin de recourir à la rhétorique marxiste de la lutte des classes et des sexes pour réaliser leur destinée. Sans verser dans l'anachronisme, Pernoud puise dans l'histoire du Moyen Âge, qui a représenté un âge d'or pour le christianisme en Europe , les clés de la réconciliation et de la saine complémentarité entre les deux sexes. 

    Car au-delà des mouvements idéologiques éphémères, le christianisme enseigne des vérités immuables et intemporelles sur la nature humaine, qui seules sont porteuses de l’universalité qui lie les peuples. 

    Le désir largement partagé des hommes et des femmes occidentaux de retrouver le bon sens et un semblant de cohésion sociale est une opportunité que les chrétiens ne devraient pas hésiter à saisir, en commençant par se réarmer intellectuellement.