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BELGICATHO

  • Trois semaines sans « voir » le pape François : aucun signe d'unité au sein de l'Église 20 ans après le précédent de la mort de Wojtyla

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    De Francesco Antonio Grana sur Il Fatto Quotidiano :

    Trois semaines sans « voir » le pape François : aucun signe d'unité au sein de l'Église 20 ans après l'exemple donné par la mort de Wojtyla

    Il y a vingt ans, la Curie romaine s'est retrouvée unie sous la direction douce et ferme du cardinal doyen Joseph Ratzinger : une démonstration éloquente d'unité et de solidité.

    6 mars 2025

    Le troupeau est dispersé. Vingt jours se sont écoulés depuis que le pape François a été admis à la Policlinico Gemelli le 14 février pour une pneumonie bilatérale. La Curie romaine est visiblement confuse et mal informée, entre les bulletins médicaux qui rapportent, comme il est naturel en pareil cas, des nouvelles fluctuantes sur l'auguste infirme, bien que le pronostic soit toujours resté réservé, donc avec un clair danger de mort, et les rumeurs alarmantes qui s'intensifient de jour en jour. Depuis le 24 février, tous les soirs à 21 heures, à l'initiative de la Secrétairerie d'État, les cardinaux résidant à Rome se réunissent sur la place Saint-Pierre, avec des milliers de fidèles, pour réciter le chapelet pour la santé du Pape. C'est une occasion très utile pour les cardinaux et les évêques de se voir, une fois par jour, et d'échanger un regard inquiet et confus et un mot sur ce qui se passe à peu de distance du Vatican, au dixième étage de l'hôpital Gemelli.

    Depuis vingt jours, il n'y a ni photo ni audio (si ! voir ici) du pontife le plus médiatique de l'histoire de l'Église de Rome. Il y a même ceux qui l'ont laissé pour mort il y a quelque temps, convaincus que le Vatican attend on ne sait quoi pour l'annoncer officiellement. Comme si le vicaire du Christ sur terre était comparable au roi d'Angleterre ou à une célébrité de Hollywood. Désacralisation d'une papauté qui voulait simplement incarner le quotidien, la plus grande réforme bergoglienne. Difficile à reproduire car intimement lié à l'homme devenu pape en 2013. C'est une question de style.

    Mais la centralisation de François entraîne désormais une longue période de perplexité chez ceux qui, en l'absence du pontife, devraient prendre avec confiance les rênes de la Curie romaine et guider leurs frères dispersés. Un peu comme ce qui s'est passé après l'arrestation et la mort de Jésus, lorsque saint Pierre, le premier pape, a renié trois fois le Maître et que le troupeau des dix autres disciples (Judas Iscariote s'était pendu après avoir trahi Jésus) s'est dispersé. La peur avait soudain détruit l'unité de ce groupe de croyants apparemment compact.

    Il y a vingt ans, le 2 avril 2005, l'Eglise de Rome vivait une page douloureuse : la mort de Saint Jean Paul II, un père plus qu'un Pape. Vingt-sept ans de pontificat, depuis le 16 octobre 1978, dans un monde profondément changé sous son règne. Mais à cette époque, la Curie romaine s'est retrouvée unie sous la direction douce et ferme du cardinal doyen Joseph Ratzinger, devenu, le 19 avril 2005, Benoît XVI, successeur de Wojtyla. L'Église a donné au monde une démonstration éloquente et crédible de son unité et de sa solidité : le plus beau témoignage de l'héritage du pape polonais. Pas de divisions en courants, pas de polémiques sur la gestion économique du Saint-Siège, pas de récriminations sur la répartition des postes de pouvoir, pas de luttes pour prendre la relève dans la salle de contrôle, mais une maturité pour affronter une épreuve très difficile : donner au monde le successeur de saint Jean-Paul II.

    En 2025, cependant, la question se pose : qui prend les décisions pendant que le pape est à Gemelli ? Le gouvernement de l'Église, comme on le sait, reste fermement entre les mains de François, mais il est évident que Bergoglio ne peut pas décider qui doit communiquer son état, ce qui doit être communiqué et qui doit gouverner au moins l'administration ordinaire de la Curie romaine. Le sentiment est que nous avançons par inertie, tant que la poussée propulsive le permettra et que les décisions prises, pour être mises en œuvre, n'auront pas besoin de la confirmation de l'autorité suprême, une expression curiale pour indiquer le plus haut sommet du gouvernement ecclésial.

    Au sein de la Curie romaine, il y a ceux qui continuent à animer le débat sur la démission, ceux qui soutiennent fermement que l'on est évêque de Rome jusqu'à la fin de sa vie, mais aussi ceux qui, désormais découragés, attendent tristement que quelqu'un, dans la sacristie de Saint-Pierre, appuie sur le bouton M12 du panneau qui active la sonnerie des cloches. C'est un code éloquent car chaque touche correspond à un mode de sonnerie différent : un tendu, pour les jours de fête, et un martelé, pour les jours de deuil. Mais peu de gens savent quel son correspond à M12. Il s'agit de l'annonce des funérailles du pape. Une touche que personne, pas même les ennemis de Bergoglio, ne veut voir enfoncée.

  • "Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous"

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    De sur The Catholic Thing :

    Vous serez détesté par toutes les nations

    10 mars 2025

    Au cours des derniers jours, des centaines de chrétiens ont été assassinés, violés et torturés en Syrie. Lorsque les médias s’intéressent à ce qui se passe – le New York Times d’hier n’a publié qu’une « mise à jour » d’un article précédent et le dernier article du Washington Post sur les massacres est paru vendredi – ils ne mentionnent généralement que les attaques contre des « civils » ou des Alaouites, la secte islamique à laquelle la famille al-Assad, les anciens dirigeants de la Syrie, a adhéré. Il est vrai que les chrétiens syriens sont pris dans les troubles politiques qui secouent leur pays. Mais comme les chrétiens du monde entier, il est également vrai qu’ils sont tués et persécutés précisément à cause de leur foi.

    Je suis très sensible à ce genre d’injustices, car mon livre Les Martyrs du nouveau millénaire : la persécution mondiale des chrétiens au XXIe siècle sera publié dans quelques semaines. Quiconque examine de manière systématique ce qui est arrivé aux chrétiens au cours du premier quart de notre siècle – et pas seulement au Moyen-Orient, en Afrique, en Chine et en Extrême-Orient, mais même dans notre « Occident » autrefois chrétien – ne peut qu’être choqué. Selon des estimations très sobres, quelque 300 millions de chrétiens dans le monde sont menacés.

    Ce livre est en quelque sorte la suite de mon livre intitulé Les martyrs catholiques du XXe siècle , qui répondait à la demande du pape Jean-Paul II de rendre hommage aux martyrs du siècle précédent dans le cadre des célébrations du Jubilé de l'an 2000. Il avait organisé un événement inspirant au Colisée le 7 mai 2000, où des représentants de l'Église catholique, de l'Église orthodoxe et des protestants avaient raconté l'histoire de leurs martyrs. J'ai remis au pape un exemplaire de mon livre ce matin-là.

    L'Aide à l'Église en Détresse USA m'a demandé d'écrire ce nouveau livre en raison du travail essentiel qu'elle accomplit dans de nombreux pays où les chrétiens non seulement meurent mais ont besoin d'un soutien extérieur. ACN International le traduira en plusieurs langues et le publiera dans plusieurs pays dans le cadre des célébrations du Jubilé de 2025. Et nous espérons, comme en 2000, en remettre un exemplaire au pape en mai.

    Le changement qui s’est produit entre ces deux volumes est révélateur. En 2000, écrire sur les martyrs chrétiens revenait à revenir sur le totalitarisme qui a fait de nombreux morts en Union soviétique, dans les pays du Pacte de Varsovie, en Allemagne nazie, en Chine, dans les guerres civiles mexicaine et espagnole, etc. Les affrontements et les morts ont eu lieu presque entièrement à cause de l’athéisme moderne qui cherchait à éradiquer le christianisme. Le communisme était le champion du monde.

    C’est toujours le cas en Corée du Nord (qui est actuellement championne de l’histoire), en Chine (sans grande résistance de Rome), au Nicaragua, au Venezuela et à Cuba (idem). Mais les plus gros bilans sont désormais de loin ceux des militants de l’islam. Le romancier indien/britannique Salman Rushdie, qui a fait l’objet d’une fatwa de l’ayatollah Khomeini et a été grièvement blessé et rendu aveugle par une fatwa prononcée par un militant musulman à New York, a déclaré : « après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le monde est désormais confronté à une nouvelle menace mondiale totalitaire : l’islamisme. »

    La menace n’existe pas seulement au Moyen-Orient, même si elle y croît et décroît en fonction des circonstances. Les forces occidentales ont pu réprimer l’EI au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pendant un certain temps, même si des organisations affiliées à l’EI et similaires subsistent. Mais l’idéologie a migré vers l’Afrique centrale, où se déroulent aujourd’hui la plupart des persécutions les plus violentes contre les chrétiens.

    Au Nigéria seul, près de 5 000 chrétiens sont assassinés chaque année. (L’administration Biden a retiré le Nigéria de la liste des pays particulièrement préoccupants ; l’administration Trump pourrait rendre un grand service aux chrétiens en y replaçant le Nigéria). Pire encore, des mouvements dans plusieurs pays africains ainsi qu’en Extrême-Orient tentent explicitement de créer un califat islamique mondial.

    Les institutions internationales et les gouvernements occidentaux ne font pas grand-chose pour arrêter cette évolution, et ne disent même pas grand-chose, pour deux raisons, à mon avis.

    Il y a d'abord une forme de racisme implicite. C'est comme si le monde avait décidé qu'il ne pouvait pas s'attendre à ce que les Arabes, les Africains ou les Asiatiques respectent les normes morales de base. Il y a aussi une incapacité à comprendre que le monde n'est pas un endroit où, comme le croient de nombreux Occidentaux à la tête molle, nous pouvons tous nous contenter de nous-mêmes.

    Comme l’a observé un jour l’un de nos premiers contributeurs, le père James Schall, après un attentat suicide islamique, les Occidentaux ont tendance à expliquer ces actes comme des réponses à l’oppression ou comme des violations des normes internationales « généralement définies en termes de philosophie politique occidentale qu’aucun kamikaze ne suivrait jamais ».

    La plupart des musulmans sont pacifiques, du moins à court terme. Mais ce conflit religieux est une réalité inconfortable à laquelle les sociétés pluralistes occidentales vont devoir faire face à long terme.

    Certains le savent déjà. De nombreux catholiques sont au courant de la tristement célèbre décapitation du père Jacques Hamel pendant la messe en France. Mais beaucoup moins sont au courant des trois participants à la messe de Nice dont la gorge a été tranchée peu après, et des nombreux autres incidents impliquant des couteaux en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

    Le Royaume-Uni a même commencé à pratiquer ce que beaucoup appellent une « police à deux vitesses » lorsqu’il s’agit de crimes commis par des immigrants musulmans – en imposant même des lois sur le blasphème contre les personnes qui commentent publiquement des événements aussi évidents et fréquents.

    En Amérique du Nord, nous ne sommes pas à l’abri d’actes antichrétiens. Le Mexique est le pays le plus dangereux au monde pour un prêtre catholique en raison des cartels et de la criminalité généralisée. Aux États-Unis, nos évêques ont recensé des centaines de « crimes haineux » anticatholiques chaque année. Au Canada, des dizaines d’églises ont été incendiées à cause de prétendues fosses communes dans des écoles catholiques il y a un siècle. Le pape François s’est même rendu au Canada pour présenter ses excuses. Mais le gouvernement canadien vient de suspendre l’enquête sur ces « fosses communes », n’ayant rien trouvé.

    Et cela, pour moi, indique la deuxième grande raison pour laquelle l’Occident dit et fait peu de choses au sujet de la violence et de la persécution anti-chrétiennes : nos élites croient que le passé du christianisme est quelque chose de honteux et qu’il faut dépasser – que même, en raison de certaines de ses croyances, il mérite d’être discriminé.

    Certains chrétiens pensent qu’ils nous haïssent à cause de nos faux pas. Mais non. Beaucoup nous haïssent à cause de ce que nous professons à juste titre.

    Le Christ lui-même nous a prévenus : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde vous aimerait comme si c’étaient ses propres biens. » (Jean 15:18)

  • L'Europe et la trahison de la foi

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    De sur le CWR :

    L'Europe et la trahison de la foi

    Alcide De Gasperi était un enfant fidèle de l’Église qui doit être sauvé de ceux qui cherchent à le revendiquer pour leurs propres agendas théologiques hétérodoxes ou leurs plateformes politiques mondialistes.

    La vérité historique demeure : notre structure européenne, construite sur les nobles fondements de l’Antiquité classique, a été formée par l’Église catholique, existe par elle, est en harmonie avec elle et ne subsistera que dans son modèle.

    L’Europe reviendra à la foi, ou elle périra.

    Ces mots, écrits par Hilaire Belloc en conclusion de son livre L’Europe et la foi paru en 1920 , devraient être gardés à l’esprit lorsque nous examinons les tentatives récentes de détourner la réputation d’un futur saint. Lors de la cérémonie de clôture de l’enquête diocésaine sur la vie et l’héroïcité des vertus d’Alcide de Gasperi (1881-1954), le 28 février, le cardinal Baldassare Reina l’a décrit comme un homme « inclusif et tourné vers l’avenir » et comme l’un des « pères politiques de l’Europe ». Dans le langage euphémique du babillage moderniste, « inclusif et tourné vers l’avenir » signifie non dogmatique et anti-traditionnel en termes d’enseignement de l’Église. Et en le décrivant comme l’un des « pères politiques de l’Europe », le cardinal Reina assimilait la naissance de l’Europe à la naissance de ce qui allait devenir l’Union européenne.

    Ce faisant, il niait implicitement la réalité historique de l’Europe de la foi et approuvait implicitement l’Europe des sans-croyants.

    Moins on parle du cardinal Reina, mieux c’est, mais qu’en est-il du nouveau saint en devenir, Alcide De Gasperi ? En vérité, et comme nous le verrons, il était un enfant loyal de l’Église et un fils dévoué de l’Europe de la foi qui doit être sauvé de ceux qui cherchent à le revendiquer pour leurs propres agendas théologiques hétérodoxes ou leurs plateformes politiques mondialistes.

    Né en 1881, De Gasperi fut un catholique fervent toute sa vie. Fortement inspiré par l'encyclique  Rerum Novarum du pape Léon XIII , publiée en 1891, il s'engagea politiquement dès son adolescence en défendant la doctrine sociale de l'Église. En 1904, il participa aux manifestations étudiantes populistes et localistes réclamant une université de langue italienne dans les provinces italophones de l'Empire austro-hongrois. L'année suivante, il devint rédacteur en chef du journal La Voce Cattolica  (La Voix catholique), qui appelait à l'autonomie culturelle du Trentin et à la défense de la culture italienne en défi à l'impérialisme allemand et à ses efforts pour soumettre la majorité italienne de la région du Tyrol à une germanisation forcée.

    En 1911, il devint député de l'Union politique populaire du Trentin (UPPT) au Reichsrat autrichien, poste qu'il occupa pendant six ans. Au début de la Première Guerre mondiale, il resta politiquement neutre, conformément à l'appel de sa conscience catholique, sympathisant avec les efforts infructueux du pape Benoît XV et du bienheureux Charles d'Autriche pour obtenir une paix honorable qui mettrait fin à la guerre.

    En 1919, il est l'un des fondateurs du Parti populaire italien (PPI), avec Luigi Sturzo, prêtre catholique dont la cause de canonisation est ouverte sous saint Jean-Paul II en 2002. De Gasperi est député au Parlement italien de 1921 à 1924, période marquée par la montée du fascisme. Bien qu'il soutienne la participation du PPI au premier gouvernement de Benito Mussolini en octobre 1922, il s'alarme de plus en plus des méthodes machiavéliques employées par les fascistes pour obtenir un pouvoir totalitaire. Il est arrêté en mars 1927 et condamné à quatre ans de prison. Après avoir purgé dix-huit mois de sa peine, le Vatican négocie sa libération. Par la suite, il travaillera à la bibliothèque du Vatican jusqu'à l'effondrement du fascisme en juillet 1943.

    Durant les années où il travailla au Vatican, De Gasperi écrivit régulièrement pour la revue  L'Illustrazione Vaticana,  dans laquelle il affirmait que la bataille politique décisive du monde moderne se déroulait entre le communisme et le christianisme. En 1934, il se réjouit de la défaite des sociaux-démocrates autrichiens, qu'il condamna pour avoir « déchristianisé » le pays. Son opposition à un relativisme et à une laïcité aussi radicaux fut telle qu'il déclara en 1937 que l'Église d'Allemagne avait raison de préférer le nazisme au bolchevisme. De même qu'il avait fait preuve de naïveté à l'égard des fascistes de Mussolini, il allait bientôt se rendre compte de la folie de choisir une idéologie fondamentaliste laïque plutôt qu'une autre.

    Après la Seconde Guerre mondiale, il devient Premier ministre de l'Italie de 1945 à 1953, ce qui reste un jalon de longévité dans la politique italienne moderne. La campagne électorale de l'après-guerre et de la guerre froide de 1948 se déroule entre deux visions concurrentes. D'un côté, la vision catholique et conservatrice des chrétiens-démocrates au pouvoir dirigés par De Gasperi ; de l'autre, la vision laïque, relativiste et socialiste du Front démocratique populaire. Un slogan populaire des chrétiens-démocrates résume le choix auquel sont confrontés les électeurs : « Dans le secret des bureaux de vote, Dieu vous voit, Staline non. » Les chrétiens-démocrates remportent l'élection avec 48,5 % des voix (leur meilleur résultat à ce jour). En revanche, les communistes n'obtiennent que la moitié des voix qu'ils avaient obtenues lors des élections précédentes deux ans plus tôt.

    En 1951, avec le soutien de De Gasperi, l’Italie devient membre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), germe apparemment inoffensif qui deviendra l’organisme toxique et politiquement envahissant qu’est l’Union européenne. C’est pour cette raison qu’Alcide De Gasperi est enchaîné au titre douteux de « père fondateur » de l’Union européenne. Pourtant, la CECA n’a rien de commun avec l’UE. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un accord entre plusieurs nations visant à coopérer économiquement et à promouvoir un marché économique commun.

    Le mouvement a été lancé par un autre catholique fervent, Robert Schuman, qui s'est inspiré notamment des écrits et des encycliques du pape Pie XII, qui condamnaient à la fois le fascisme et le communisme. Schuman était en outre un spécialiste de la philosophie médiévale, en particulier des écrits de Thomas d'Aquin. En tant que thomiste lui-même, il admirait les philosophes néo-thomistes contemporains, tels que Jacques Maritain, et croyait que la démocratie avait ses racines dans le christianisme. Le processus de béatification de Schuman a commencé en 1990 et il a été proclamé Serviteur de Dieu en 2004. En 2021, il a été déclaré Vénérable.

    Il est en effet ironique que ces deux catholiques attachés à la tradition, Alcide de Gasperi et Robert Schuman, soient présentés par des cardinaux modernistes comme étant « inclusifs et progressistes ». Il est tout aussi ironique que les mondialistes « éveillés » de l’Union européenne puissent les présenter comme les « pères fondateurs » de la monstrueuse tyrannie anticatholique et antichrétienne qu’est devenue l’UE. Tout cela est bien loin de la simple coopération économique qu’ils défendaient en 1951.

    En effet, le chemin est si long qu'on est tenté de dire que l'abîme qui sépare la vision sociale catholique qu'ils prônaient de la tyrannie laïque de l'Europe moderne est aussi large que le gouffre qui sépare le paradis de l'enfer.

  • Ce que nous dit la voix du pape venant de son lit d'hôpital

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Le pape François : Une voix qui vient de son lit de malade

    10 mars 2025

    Le premier « signe de vie » du pape François depuis son entrée à l'hôpital le 14 février est apparu la semaine dernière, sous la forme d'un message audio enregistré, diffusé aux fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre dans la soirée du jeudi 6 mars, avant le chapelet nocturne pour sa santé.

    Aucune photo du pape à l'hôpital n'a été diffusée, et le pape n'a jamais été vu. L'accès à sa chambre est restreint et très peu de personnes sont autorisées à le rencontrer.

    Le message du pape François a été très court, prononcé dans sa langue maternelle, l'espagnol, d'une voix fatiguée et usée par la maladie. Au-delà des mots de remerciement, le message témoigne de deux choses : Le Pape François n'est vraiment pas bien, et le Pape François n'a absolument pas l'intention de se retirer. En fait, tout indique qu'il nourrit le désir de revenir sur scène en tant que protagoniste.

    En ces jours d'hospitalisation, le pape François n'a jamais formellement cessé de travailler. Le pape François n'a jamais vraiment délégué non plus. Il a toujours pris personnellement les décisions qu'il considérait comme les plus importantes, et il n'a jamais vraiment créé d'équipe autour de lui. Les secrétaires particuliers ont souvent changé, de même que ceux qui constituent la « vraie » cour papale, une série de personnages qui gravitent autour du pape François et qui, parfois, orientent ses choix.

    Maintenant que le pape est à l'hôpital, ce vide autour de lui se fait sentir. Le pape François a voulu être un homme seul aux commandes, sans autre intermédiaire entre lui et les décisions.

    Faire entendre sa voix reflète donc plus que tout la volonté précise du pape de rester sur place. Fatiguée et presque sans force, la voix du Pape dit à tous qu'il est vrai que le Pape ne reviendra certainement pas à sa vie d'avant, mais qu'il veut revenir. C'était aussi un message à ceux qui spéculaient sur son éventuelle renonciation à la papauté. Le pape François ne renoncera pas à sa charge. Il veut rester jusqu'à la dernière minute.

    Ensuite, il y a d'autres circonstances à prendre en compte.

    Le pape François n'a jamais donné de cadre juridique à la figure du pape émérite au cours de ces douze années, bien que Benoît XVI ait vécu pendant près de dix ans au Vatican avec ce titre. Le pape n'a même pas donné de cadre juridique à la question d'un éventuel « pape empêché ». En bref, que se passerait-il si le pape, au cours de ses séjours à l'hôpital, se trouvait dans un état physique si invalidant qu'il ne pourrait plus gouverner ?

    Il n'existe pas de règles dans l'Église qui définissent cette éventualité, mais un groupe d'universitaires internationaux, dirigé par le professeur Geraldina Boni, a lancé le « Progetto Canonico Sede Romana », une plateforme pour discuter des propositions législatives possibles à la fois pour définir la figure du pape émérite et pour donner certaines règles dans le cas où le siège du pape est entravé.

    Il est toutefois peu probable que le pape François s'attaque à ce vide juridique. Il ne l'a pas fait en neuf ans de cohabitation avec le pape émérite et il est peu probable qu'il le fasse maintenant. De même, il semble peu probable que le pape François modifie les règles du conclave, ce que beaucoup redoutent. Le pape ne les a pas modifiées depuis douze ans et il sait qu'un changement maintenant reviendrait à montrer à l'opinion publique qu'il veut contrôler son élection. Il pourrait décider de ne pas s'en préoccuper.

    Mais le pape François est très sensible à l'image qu'il donnera à la postérité.

    Malgré les bulletins médicaux encourageants, il semble également que nous manquions de temps pour une véritable réforme structurelle sur des questions aussi importantes. Lorsque Benoît XVI a décidé de modifier les normes du Conclave pour lui permettre de commencer avant même les quinze jours requis à partir du début de la sede vacante, il n'a pas été en mesure de procéder à une réforme structurelle. Il a fait un motu proprio, avec de légères modifications, surtout cérémonielles.

    Le pape François a légiféré au moyen du motu proprio plus que tout autre pape dans l'histoire récente. Il pourrait également suivre cette voie dans le cas présent. Il semble toutefois peu probable qu'il utilise le peu d'énergie dont il dispose actuellement pour entamer une réforme qui n'aura peut-être même pas d'effets concrets.

    Le pape François a déjà élargi la participation au conclave, dépassant le plafond de 120 cardinaux établi par Paul VI et créant des cardinaux de toutes les parties du monde, comme si toutes les parties du monde devaient être représentées dans le collège des cardinaux et ensuite dans le choix du nouveau pape. Le pape François a dérogé aux règles pour élargir la base électorale sans les changer. Il peut faire de même tant qu'il est en vie.

    Si le pape gouverne et veut continuer à gouverner, pourquoi toutes ces rumeurs sur sa démission ?

    Parce que, comme toujours à la fin d'un pontificat, les choses commencent à être redéfinies. Les cardinaux, en parlant de sa démission, ont également fait part de leur vision de l'Église. Certains sujets, avec le prochain pontificat, sont destinés à prendre de l'ampleur, d'autres sont destinés à connaître un regain d'intérêt.

    La synodalité, par exemple, sera bientôt mise de côté. On reviendra probablement à l'idée d'une présence vivante dans la société, une Église qui sait aussi être un « guerrier culturel » pour rétablir les vérités de la foi. Une main sera tendue aux fidèles de la messe traditionnelle, que ce pontificat a pratiquement exilés.

    Il ne s'agira pas d'une révolution ou d'une restauration. Ce sera la recherche d'un équilibre là où les blessures ont été dures et difficiles à guérir. Les rumeurs et les spéculations nous le disent. Le fait que le pape François ait accepté d'envoyer un message audio nous indique que le pape ne veut pas abandonner. Étrange situation que celle dans laquelle se trouve l'Église aujourd'hui.

  • Pologne, un autre coup d'État qui ne dit pas son nom pour éliminer les opposants

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    Pologne, un autre coup d'État qui ne dit pas son nom pour éliminer les opposants

    Un climat d’intimidation jamais vu depuis l’époque du communisme. Le gouvernement pro-européen de Tusk accroît la pression sur ses adversaires conservateurs, à l'approche des élections présidentielles de mai prochain. Les catholiques dans le collimateur.
     
    10_03_2025

    Les institutions européennes, dont la myopie devient légendaire, confirment leur peur absolue, leur paresse et leur complicité avec le gouvernement de Varsovie dirigé par le libéral et pseudo-chrétien-démocrate Donald Tusk et sa vengeance par des moyens légaux et en attaquant la majorité de l'opposition et les dirigeants du parti catholique et conservateur PiS, en vue des élections présidentielles du 18 mai (premier tour) et du 1er juin (second tour). 

    Que le gouvernement Tusk et sa coalition politique désorganisée qui s’est retranchée au pouvoir, comme nous l’avons décrit dans ces pages, malgré sa défaite aux élections parlementaires du 15 octobre 2023, avaient pour objectif principal d’éliminer l’opposition par tous les moyens et en particulier de détruire le parti PiS, d’affaiblir les centres de culture catholique et de persécuter les catholiques (peu enclins à servir de médiateur avec les lobbies woke, relativistes, pro-avortement et LGBT), était clair depuis le début du mandat. Après des mois terribles de répression injustifiée contre l' Église catholique , les dirigeants catholiques et les organisations religieuses , décrites à plusieurs reprises par La Bussola (...), la répression politique devient très semblable à celle du précédent régime communiste, avec l'approbation de l'Europe.

    C'est peut-être une coïncidence, mais depuis le 13 février, lorsque le plus grand syndicat polonais , « Solidarność », a officiellement soutenu Karol Nawrocki, le candidat soutenu par le parti d'opposition conservateur Droit et Justice (PiS), aux élections présidentielles de cette année, après que Nawrocki lui-même eut signé un engagement à soutenir la protection des travailleurs et des familles, à s'opposer aux politiques climatiques de l'UE et à respecter les valeurs chrétiennes, le gouvernement polonais a également déclaré une guerre totale à son propre pays et à ses racines civiles, sociales et politiques. L'Institut Hudson de Washington, qui fait autorité, a également critiqué le gouvernement Tusk, en publiant son propre rapport le 17 février, intitulé « Quand les démocrates gouvernent de manière non démocratique : le cas de la Pologne » . L'Hudson Institute est un groupe à tendance républicaine fondé en 1961, dont les experts incluent l'ancien ministre britannique Tom Tugendhat et l'ancienne ambassadrice des États-Unis à l'ONU Nikki Haley, candidate aux dernières primaires présidentielles républicaines.

    Le rapport accuse le gouvernement Tusk de ne pas respecter l'État de droit et l'UE d'être sélective dans ses accusations contre l'opposition conservatrice polonaise (PiS) alors qu'elle apparaît désormais complaisante même si, « depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Tusk a pris des mesures douteuses sous prétexte de « restaurer la démocratie », dont beaucoup ressemblent beaucoup à celles dont il a accusé le gouvernement PiS ». Selon le think tank américain, en effet, « depuis son entrée en fonction en décembre 2023, le gouvernement Tusk s'est lancé dans une campagne de légalisation et de criminalisation des différences politiques, dont le but est de garantir que le PiS ne représente plus jamais un défi sérieux à son pouvoir », en réduisant le financement public du PiS, en purgeant les ambassadeurs et les procureurs nommés lors du gouvernement précédent. Le 27 février , le bureau du procureur général du gouvernement Tusk a ciblé l'ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (PiS/ECR), l'accusant d'avoir abusé de son autorité en organisant des « élections par correspondance » début 2020, au plus fort des premières interdictions de voyager dues à l'épidémie de coronavirus.

    Morawiecki, nommé président du Parti conservateur et réformiste européen (ECR) en janvier, a volontairement levé son immunité afin que les procureurs puissent le faire témoigner le plus rapidement possible. Les appels à la persécution politique des dirigeants de l’opposition semblent désormais inéluctables et le 6 mars, le Parlement polonais a approuvé la levée de l’immunité parlementaire du leader du PiS, Jarosław Kaczyński, et de l’ancien ministre de la Défense du gouvernement dirigé par le PiS, Mariusz Błaszczak, malgré des accusations ridicules.

    Le climat d’intimidation créé et soutenu par le gouvernement Tusk n’a pas été observé depuis l’époque du régime communiste. La situation ne peut qu'empirer, en vue des élections présidentielles de mai prochain, après que les sondages commencent à mettre en doute la victoire du candidat du parti du premier ministre et maire de Varsovie en exercice, l'avorteur pro-LGBT Rafał Trzaskowski, étant donné que les deux candidats conservateurs et catholiques Sławomir Mentzen (Konfederacja) et Karol Nawrocki (PiS) pourraient joindre leurs voix au second tour et dépasser facilement les 50% des voix. À condition que les deux candidats de l’opposition soient en mesure de poursuivre le défi électoral et ne le concluent pas prématurément en prison ou dans les tribunaux. Les institutions européennes continueront-elles à garder le silence face aux mesures inciviles, illégitimes et antidémocratiques prises par Donald Tusk, dont le PPE devrait avoir honte, ou Bruxelles interviendra-t-elle au contraire pour défendre la démocratie et l’État de droit ? Malheureusement, il y a lieu de craindre que la complaisance et le soutien déjà observés lors du coup d'État en cours à Bucarest, afin d'empêcher le vote démocratique de prévaloir sur les mécanismes du pouvoir, se répètent également à Varsovie. 

    Sans surprise, les désirs dépravés et l’objectif de déchristianisation sociale de la Pologne bruxelloise se réalisent : dans une décision historique pour les personnes trans en Pologne, la Cour suprême a publié une résolution le 4 mars déclarant que ceux qui souhaitent changer leur sexe officiellement reconnu n’ont plus besoin d’impliquer leurs parents dans le processus. Jusqu’à présent, les personnes qui souhaitaient changer de sexe devaient poursuivre leurs parents en justice, même s’ils étaient majeurs. Cette pratique a rendu le processus plus difficile pour les femmes concernées, puisque la première clinique privée d’avortement « Abotak » (mot-valise formé de « aborcja », qui signifie avortement, et de « tak », qui signifie oui) a ouvert ses portes à Varsovie le 8 mars. La clinique offre aux femmes un espace pour prendre des pilules abortives et des conseils sur la façon d’interrompre leur grossesse, et aide également à organiser et à financer des avortements chirurgicaux à l’étranger. Nous sommes pour l’Europe et contre cet européanisme oppressif et inhumain.

  • "Depuis une cinquantaine d'années, l'Eglise considère ce qu'elle a fait de mal dans son histoire, sans voir ce qu'elle a fait de bien"

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    Lu sur Atlantico :

    Christophe Dickès : « L’Eglise catholique ose-t-elle être ce qu’elle est ? »

    Christophe Dickès a publié "Pour l'Église" aux Éditions Perrin.

     

    Atlantico : Vous publiez un livre de défense de l'Eglise. Qui sont ses pires ennemis aujourd'hui ? Notre indifférence ou de vrais adversaires ?

    Christophe Dickès : Dans la perspective de mon livre, paradoxalement, le pire ennemi de l'Eglise, ce sont ces hommes d'Eglise eux-mêmes qui ne défendent pas ou trop peu ce qu'elle a été. De fait, vous ne pouvez pas défendre quelque-chose que vous ne connaissez pas. Certes, les hommes d'Eglise connaissent naturellement l'Evangile, la théologie mais ils ne connaissent pas ou peu l'histoire de l'Eglise et ses richesses. Plus précisément, c'est l'antiantellectualisme qui est, selon le mot de l'académicien Michel Zink, le plus grand danger dans l'Eglise. Ce contre quoi le grand historien René Rémond mettait déjà en garde dans son essai stimulant Le Christianisme en accusation paru il y a vingt-cinq ans! Il y expliquait par exemple que, dans la presse catholique, le témoignage et la surface des choses étaient favorisés au détriment de la réflexion et de l'étude. Un constat amer qu'il aurait pu faire aujourd'hui au regard de la quasi-absence de l'histoire dans les médias chrétiens. Après, il existe en dehors de l'Église des courants anticléricaux nombreux qui se sont systématisés, pour faire court, à partir du XVIe siècle, au moment de la Réforme protestante. L'anticléricalisme des XVIIIe, XIXe et du début du XXe siècle a produit de nombreux ouvrages et une critique dont s'est imprégnée, là aussi paradoxalement, l'Eglise. Tant et si bien que, depuis une cinquantaine d'années, l'Eglise considère ce qu'elle a fait de mal dans son histoire, sans voir ce qu'elle a fait de bien. Mon livre vise en quelque sorte à rééquilibrer cette balance. 

    Alors que le gouvernement envisage de lancer un grand débat sur « qu'est-ce qu'être Français ? », que répondriez-vous à la question miroir : « qu'est-ce qu'être catholique » ?

    Une phrase me hante depuis de nombreuses années. Elle est de Boileau qui disait "Rarement un esprit ose être ce qu'il est". L'Eglise souhaite-t-elle être ce qu'elle est, à savoir une force de contradiction dans un monde occidental qui la rejette ? Souhaite-t-elle aussi assumer son passé et rendre compte de la vitalité qui l'a habitée pendant des siècles? Voyez-vous, on ne peut aimer les autres, si on ne s'aime pas soi-même. Or, l'Eglise, empêtrée dans la crise des abus sexuels, semble paralysée et sans perspectives. Si elle connaissait son histoire, elle verrait non seulement que la question des abus n'est pas nouvelle mais elle pourrait par ailleurs trouver des clés afin de mieux répondre aux défis du temps présents et de son avenir. Ce que dit autrement l'historien Andrea Riccardi dans son livre L'Eglise brûle : « La culture ecclésiastique, celle des dirigeants de l’Église, est peu attentive à l’histoire et ne la considère pas utile pour comprendre d’où l’on vient et où l’on vit, ni pour gouverner l’Église alors qu’elle insiste fortement sur la philosophie […]. Le manque de culture historique dans l’évaluation des phénomènes a conduit à un appauvrissement de la compréhension du réel. C’est l’une des faiblesses de la culture et du gouvernement des ecclésiastiques de nos jours». Pour répondre à votre question donc, être catholique, c'est aussi être héritier ce qui suppose un minimum de connaissance de ce que nos ancêtres ont réalisé de bien, de beau et de bon. Ce n'est évidemment pas simplement cela mais c'est aussi cela. 

    Pour en revenir à l’identité française, qu’avons-nous perdu en perdant notre culture chrétienne ?

    Je crois que les années 1960 ont joué un rôle particulièrement critique pour la culture chrétienne. En effet, le progressisme a voulu effacer des siècles d'histoire dans une forme d'orgueil afin de renouveler l'image de l'Eglise. Or, ce progressisme a très vite montré ses limites tant et si bien que les pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI ont souhaité, assez schématiquement, réaffirmer l'identité de l'Eglise. D'où le mot du pape polonais "N'ayez pas peur!" qui était aussi une façon de dire "N'ayez pas peur d'être ce que vous êtes". Certes, en 2000, Jean-Paul II fait repentance pour les fautes des hommes d'Eglise dans l'histoire, mais il encourage par ailleurs la recherche historique afin de ne pas tomber dans des conceptions binaires et simplistes comme le fait aujourd'hui la cancel culture. Or, l'Eglise a uniquement considéré cette repentance en oubliant cette culture chrétienne qui, pendant des siècles, a fait la fierté de l'Eglise et lui a permis simplement de croire en elle et en ce qu'elle était. Le meilleur exemple est son rôle pendant la Deuxième Guerre mondiale. Alors que les études historiques montrent l'existence d'une résistance catholique bien plus importante qu'on ne le dit généralement, les évêques ont souhaité faire repentance pour leur liens avec Vichy. Ce qui était en soi très réducteur, voire complètement simpliste. Cela témoignait d'une méconnaissance réelle de la réalité historique.

    Vous dites que l'Etat, comme la laïcité, sont des concepts totalement chrétiens, pouvez-vous nous l’expliquer ?

    L'Etat n'est pas un concept chrétien en soi puisque le pouvoir politique possède une longue histoire depuis l'antiquité archaïque. En revanche, là aussi les recherches historiques ont montré comment l'Etat moderne tel qu'il apparaît à partir du XIVe siècle, trouve son inspiration dans les structures même de la papauté réformée du XIe siècle. Ce qu'on appelle communément la réforme grégorienne du nom du pape Grégoire VII. Quant à la laïcité, elle est un concept tout à fait chrétien. Il ne faut pas confondre laïcité et laïcisme. De fait, l'Occident de tradition chrétienne fait une distinction entre le pouvoir de l'Etat et le pouvoir de l'Eglise, le temporel et le spirituel. Or, cette distinction remonte au moins au pape Gélase Ier qui a régné à la fin du Ve siècle. Il définit les relations entre les deux entités et, en agissant de la sorte, il les distingue. Cette distinction est au fondement de notre civilisation. Elle permet à terme la séparation des Eglises et de l'Etat du début du XXe siècle en France. Cette distinction puis cette séparation n'existe pas dans d'autres civilisations comme la civilisation islamique où la charia mêle à la fois le politique et le religieux..  

    Alors que la santé du pape François décline et que la question du profil d'un éventuel successeur s'installe dans les esprits, quel avenir voyez-vous, à court et moyen terme pour l'Église, notamment au regard de la composition du collège de cardinaux majoritairement nommés par le pape actuel.

    Il est quasiment impossible de répondre à une telle question. Les Italiens disent Morto un papa, se ne fa un altro. C'est-à-dire "Quand un pape meurt, on en fait un autre". La centralisation pontificale et la médiatisation du pape constituent une caractéristique de notre société contemporaine, mais je suis persuadé que les renaissances de l'Eglise ne peuvent venir seulement de la tête de l'Eglise. Dans l'histoire, elles viennent du silence des monastères mais aussi d'un élan de foi des fidèles qui n'ont pas peur d'affirmer ce qu'ils sont. Je vois dans les sociétés occidentales un mouvement bien éloigné de la frilosité des années 1970 et 1980, surtout dans la jeunesse. Dans le monde individualiste du tout à l'ego, dans lequel nous vivons le christianisme peut constituer une alternative en proposant un récit en commun qui trouve ses racines dans l'Évangile. Est-ce à dire que ce mouvement va être suffisant pour sortir l'Église de la crise ? Seul l'avenir le dira.  

    La cathédrale Notre-Dame de Paris attire une foule de fidèles depuis sa réouverture et Donald Trump a récemment évoqué la qualité des travaux de rénovation et a salué les efforts d’Emmanuel Macron sur ce dossier. Que reste-t-il de spécifiquement chrétien dans l’icône qu’est devenue la cathédrale de Paris ?

    Les Français mais aussi le monde occidental ont considéré l'incendie de Notre-Dame comme un glaive planté dans le cœur même de ce que nous sommes : une civilisation aux fondements chrétiens. Notre-Dame s'inscrit à la fois au cœur de notre Histoire mais elle est aussi plus que cela. Plus qu'un édifice de pierre qui dit le génie du christianisme, elle est aussi l'âme de la France et du christianisme occidental. Je crois que Notre-Dame joue aussi le rôle que jouaient les reliques au Moyen Âge: à savoir qu'elle est une passerelle vers la transcendance. Elle nous permet de nous connecter à l'au-delà. Même si nous ne savons pas quelle est la part de Foi chez les visiteurs qui déambulent sous ses voûtes, je suis persuadé qu'il existe chez eux une part d'émerveillement qui conduit inconsciemment à cette transcendance.  N'est-ce pas Dostoïevski qui disait que c'est "la beauté qui sauvera le monde"? 

    Christophe Dickès a publié "Pour l'Église" aux Éditions Perrin.

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  • La vie et l'héritage du cardinal George Pell

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    De Hugh Somerville-Knapman OSB sur le Catholic Herald :

    Pax Invictis par Tess Livingstone : la vie et l'héritage du cardinal George Pell

    8 mars 2025

    Pour ceux qui vivent aujourd'hui, l'héritage de George Pell sera à jamais marqué, voire défini, par la parodie de justice qu'il a subie de la part du système judiciaire de l'État australien de Victoria. L'État de Victoria était l'État d'origine de George Pell, et le traitement épouvantable qu'il y a subi devrait nous alerter sur un élément peu connu de la réalité de sa vie d'adulte : en dépit de son éminence et de son rang, il était en grande partie un étranger. Pour beaucoup, dans ses deux foyers, l'Église et l'Australie, le courage des convictions de Pell était pour le moins déstabilisant. Beaucoup ne voulaient pas l'entendre.

    En effet, il semblait avoir quelque chose de Georgius contra mundum, et Pell s'est souvent retrouvé, sinon seul, du moins isolé. On peut dire que cela a été le plus évident lors de sa nomination au Vatican au Secrétariat de l'économie par le pape François en 2014. Conformément à sa mission avouée de réformer la curie papale, François a nommé un homme dont il savait certainement qu'il avait des principes tout en étant expérimenté dans les réalités de l'administration ecclésiastique, qu'il était loyal sans être un larbin, qu'il agissait plutôt qu'il ne parlait, qu'il était tenace et intrépide, même s'il était parfois trop inflexible, et qu'il était imperméable aux blandices ou aux menaces. Comme François l'a dit à un évêque anonyme : « C'est un homme honnête ». Trop honnête, peut-être.

    Une telle personne est susceptible d'être accueillie avec au moins de l'ambivalence dans la plupart des endroits. Dans sa préface au livre de Tess Livingstone, George Weigel souligne le traitement papal auquel Pell a été confronté à partir de 2014. Après avoir affiché des références réformistes, François les a renforcées en nommant Pell pour faire face à l'enchevêtrement des finances du Vatican. Le pape et le préfet étaient tous deux des outsiders curiaux, et tous deux apparaissaient comme des hommes qui n'accepteraient aucune absurdité. Weigel note que l'outsider Pell avait deux options lorsqu'il est entré dans la fosse aux lions curiale : aller lentement et essayer de gagner les récalcitrants, ou « mettre la pédale au plancher » et faire le maximum dans ce qui pouvait être, et était, une petite enveloppe de temps. Sans surprise, Pell a choisi cette dernière voie : l'ingratitude soyeuse n'était pas sa ligne de conduite.

    Ce choix était basé, selon Weigel, sur l'hypothèse que François était aussi sérieux que Pell dans son intention de réformer les finances du Vatican, et que Pell bénéficierait donc d'un soutien papal sans faille. Dans la pratique, certaines décisions de François ont renforcé le pouvoir des récalcitrants et sapé celui qu'il avait nommé, son compagnon d'infortune, comme le révèle Livingstone. Pell était un outsider, même pour le pape lui-même, et n'a jamais fait partie de la cour parallèle que François a créée entre lui et la curie établie. Pell, qui n'était pas un béni-oui-oui, s'est retrouvé seul à tenir un calice empoisonné : un outsider à la fois pour l'ancienne et la nouvelle curie papale, et de plus en plus une cible.

    Au fur et à mesure que la deuxième édition, entièrement mise à jour, de la biographie de Livingstone, parue en 2002, avance, Pell l'outsider apparaît clairement. Pell a été trahi au cœur même de l'Église à laquelle il avait consacré sa vie, et il a été trahi dans son pays natal par une société dont il était un fier fils. Il était loyal envers les deux, mais n'a jamais pu s'accommoder des faiblesses et des défauts de l'un ou de l'autre. Nous voyons qu'il avait des amis, bons et loyaux, mais peut-être trop peu là où il en avait le plus besoin.

    Livingstone est manifestement une admiratrice de Pell, comme le serait toute personne qui prendrait soin d'examiner objectivement sa vie et son héritage ; son livre permet à cette vie et à cet héritage d'être mieux connus. Il s'agit rarement d'une biographie critique, et elle tend même parfois vers l'hagiographie, mais ce qu'elle présente de la vie et de l'œuvre de Pell justifie son approche positive. Compte tenu de la plume venimeuse de plusieurs journalistes australiens, dont les livres sur Pell sont au mieux des hachettes et au pire des calomnies éhontées, il était impératif qu'un compte rendu plus gracieux, généreux et complet de la vie et de l'héritage de Pell voie le jour, et qu'il le fasse.

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  • Ce qui est requis face à la tentation et aux épreuves

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    De sur le CWR :

    Ce qui est requis face à la tentation et aux épreuves

    Réflexion biblique sur les lectures du dimanche 9 mars 2025, premier dimanche du Carême

    Détail de « La Tentation du Christ » (1854) d'Ary Scheffer (Image : WikiArt.org)

    • Dt 26, 4-10
    • Ps 91, 1-2.10-11.12-13.14-15
    • Rm 10, 8-13
    • Lc 4, 1-13

    « Toute l’histoire de la Tentation est mal comprise », a écrit Monseigneur Ronald Knox, « si nous ne reconnaissons pas qu’il s’agissait d’une tentative de Satan pour découvrir si notre Seigneur était le Fils de Dieu ou non. »

    En écrivant ainsi, il fait écho à de nombreux Pères de l’Église, qui se sont demandé ce que Satan savait et ce qu’il souhaitait accomplir en tentant Jésus dans le désert. Saint Éphrem le Syrien a écrit : « Il tenta Jésus parce qu’un signe certain de la divinité du Christ n’avait pas encore été donné du ciel. » Oui, a noté Éphrem, Satan était au courant du baptême de Jésus, mais pensait que la véritable identité de Jésus ne pouvait être connue qu’après qu’il ait été mis à l’épreuve dans un combat spirituel, par la tentation.

    C’est un point qui mérite d’être médité en ce premier dimanche de Carême pour trois raisons : la tentation révèle la nature de notre ennemi, elle révèle la réalité de notre situation et elle révèle l’identité des fils et des filles de Dieu.

    L'ennemi a de nombreux noms, dont Belzébul, le malin, le chef des démons et de ce monde, le serpent et le tentateur. Il n'est ni une métaphore ni un mythe, mais une créature réelle, un ange déchu. Le pape Paul VI, lors d'une audience intitulée « Confronter le pouvoir du diable » (15 novembre 1972), a déclaré que refuser de reconnaître l'existence du diable ou de l'expliquer comme « une pseudo-réalité, une personnification conceptuelle et fantaisiste des causes inconnues de nos malheurs » constitue un rejet complet de l'Écriture et de l'enseignement de l'Église.

    Ironiquement, le refus de tant de personnes – y compris de nombreux catholiques – d’admettre la véritable identité du diable est en soi un sombre triomphe pour le grand trompeur.

    Le nom « diable » vient du mot grec diabolos (latin diabolus ), qui signifie « calomniateur » ou « accusateur ». Il cherche à accuser et à calomnier chacun de nous devant Dieu dans son désir incessant de détruire les âmes. Ce faisant, il a un certain avantage, à savoir que, par nos propres mérites, nous n’avons aucune défense réelle contre ses accusations. La réalité de notre situation est flagrante : nous sommes des pécheurs qui cédons souvent à la tentation et, ce faisant, nous devenons les sujets du souverain de ce monde.

    Ce fait est inhérent aux quarante jours de Jésus dans le désert. Son séjour dans le désert était une reconstitution délibérée des quarante années d’errance des Israélites dans le désert. Mais alors que les Israélites échouaient à plusieurs reprises à obéir à Dieu, à lui faire confiance et à l’adorer, Jésus surmonta les tentatives du diable de le faire désobéir, se méfier et renier Dieu. « Au cœur des tentations », note le pape Benoît XVI dans Jésus de Nazareth , « comme nous le voyons ici, se trouve le fait de mettre Dieu de côté parce que nous le percevons comme secondaire, voire superflu et ennuyeux, par rapport à toutes les questions apparemment bien plus urgentes qui remplissent nos vies. »

    Nous sommes rarement tentés de nier catégoriquement l’existence de Dieu ou de le maudire publiquement. Nous sommes plutôt tentés de remplacer progressivement Dieu, le bien suprême, par des biens moindres : la nourriture, le confort, la sécurité, les biens matériels et la position sociale. Les gens passent rarement du statut de chrétien à celui d’athée en quelques jours ou semaines. Comme le souligne Benoît XVI, le diable est tout aussi content lorsque nous demandons à Dieu de satisfaire nos désirs que lorsque nous le rejetons complètement. En fin de compte, les deux ne sont pas si différents, surtout lorsqu’il s’agit de détruire la vie de la grâce.

    « Mais Jésus avait un avantage, protestent certains : il est Dieu ! » Or, tous ceux qui sont baptisés dans le Christ ont revêtu le Christ (cf. Rm 6). Nous sommes enfants de Dieu parce que, par l’œuvre de Jésus, nous sommes remplis de l’Esprit Saint. L’épître d’aujourd’hui énonce ce qui est exigé face à la tentation et à l’épreuve : confesser de sa bouche que Jésus est Seigneur et croire dans son cœur que Dieu l’a ressuscité des morts.

    En affrontant l’ennemi et en rejetant la tentation, Jésus s’est révélé. Le Carême est pour nous l’occasion de faire de même, au nom et par la puissance du Seigneur.

    (Cette chronique « Ouvrir la Parole » est parue initialement dans l’édition du 21 février 2010 du journal Our Sunday Visitor .)

  • Syrie : des centaines d'alaouites et des chrétiens victimes de massacres ciblés

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    Lu ici :

    SYRIE. Ahmed al-Charaa ne voit pas les massacres ciblant les alaouites et les chrétiens

    8 mars 2025

    SYRIE – Alors que des gangs islamistes massacrent les Alaouites et les chrétiens sur les côtes syriennes depuis deux jours, Ahmed al-Charaa (alias Al-Jolani) (l'actuel dirigeant de la Syrie) est sorti de son silence, non pas pour condamner ces crimes de guerre, mais pour dire que « la Syrie poursuivra les restes du régime renversé de Bachar al-Assad et les traduira en justice ».

    Affiche d’une campagne de tweets demandant la fin des massacre d’Alaouites en Syrie avec les hashtagset

    Les villes et les zones rurales de la côte syrienne ont été le théâtre de crimes de guerre ciblant les populations alaouites, kurdes et chrétiennes lors d’opérations de ratissage menées par les forces sous commandement de l’autorité de Damas à la suite d’embuscades tendues à ses forces par des insurgés qui seraient des anciens soldats de Bachar al-Assad jeudi dernier.

    Al-Jolani a déclaré hier, vendredi, dans son premier commentaire après les violences côtières, que « la Syrie poursuivra les restes du régime renversé de Bachar al-Assad et les traduira en justice ».

    Il a ajouté : « Certains vestiges du régime déchu tentent de tester la nouvelle Syrie, qu’ils ignorent », et a poursuivi : « J’insiste auprès des forces de sécurité pour qu’elles ne permettent à personne d’outrepasser leurs limites ou de réagir de manière excessive. »

    Les observateurs, en réponse aux propos d’Abou Mohammad Al-Jolani après les événements sur les côtes syriennes, ont déclaré qu’il était « détaché de la réalité ».

    Les côtes syriennes sont le théâtre d’une importante tension suite à de violents affrontements entre groupes armés et forces des autorités de Damas depuis jeudi dernier, qui ont fait des centaines [certaines sources font états de milliers de morts] de morts, en majorité des civils, dont des enfants, des femmes, des étudiant-e-s…

    Et aussi, sur kath.net/news :

    Massacre en Syrie : l'appel dramatique des chefs religieux

    Les patriarches condamnent dans un communiqué les massacres de civils - Au moins 865 civils alaouites ont été assassinés samedi soir - La minorité chrétienne craint également pour sa vie.

    Dans la région côtière syrienne de Lattaquié et de Tartous, le massacre de la population civile alaouite continue sans relâche. Le nombre de civils tués s'élevait déjà à au moins 865 samedi soir, comme l'ont rapporté des informateurs locaux à Kathpress. Parmi les victimes figurent également de nombreuses femmes, des enfants et des personnes âgées. Le nombre réel de victimes est probablement bien plus élevé. Les pillages et les vols battent leur plein, dit-on. Les auteurs seraient principalement des djihadistes étrangers.

    Les dirigeants de l'Église syrienne ont publié samedi une déclaration condamnant fermement les massacres et appelant à la fin des violences. Les souffrances du peuple syrien doivent enfin prendre fin, a-t-on déclaré. La déclaration est signée par le patriarche grec-orthodoxe Jean X, le patriarche syrien-orthodoxe Aphrem II et le patriarche melkite Youssif Absi.

    Manuel Baghdi, conseiller pour le Moyen-Orient du cardinal Christoph Schönborn, a confirmé samedi soir à Kathpress le nombre élevé de victimes et a en même temps évoqué de grandes craintes parmi les minorités du pays. Les chrétiens et les Druzes vivent dans la peur d’être « les prochains sur la liste ». Selon les rapports, deux chrétiens arméniens ont été assassinés jusqu'à présent.

  • Le Pape encourage à promouvoir «la culture de la vie»

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    De Vatican News :

    Le Pape encourage à promouvoir «la culture de la vie»

    Dans un message du Pape, lu par le Secrétaire d’État Pietro Parolin, à l’occasion du 50ème anniversaire du Mouvement pour la vie, François exhorte à «continuer à miser sur les femmes, sur leur capacité d'accueil, de générosité et de courage». Il invite à poursuivre la protection sociale de la maternité et à opter pour l'acceptation de la vie humaine à tous les stades.

    Depuis l'hôpital Gemelli, où il est hospitalisé depuis le 14 février, le Pape François a envoyé un message aux pèlerins italiens du "Mouvement pour la Vie", à l’occasion du 50ème anniversaire de sa fondation. Le message, daté du 5 mars dernier, a été lu par le Secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, lors d’une messe célébrée dans la basilique Saint-Pierre à Rome. 

    Avant la lecture du message du Pape François, le cardinal Parolin a fait part de son regret «que vous ne puissiez pas rencontrer le Saint-Père François comme cela était prévu. Cependant, nous nous sentons profondément unis à lui et nous prions pour sa santé». Le Secrétaire d’État du Saint-Siège s’est ensuite attelé à transmettre le message du Saint-Père qui reconnaît «la valeur du service que vous rendez à l'Église et à la société». Avec la solidarité concrète, vécue dans le style de la proximité avec les mères en difficulté à cause d'une grossesse difficile ou inattendue, «vous promouvez la culture de la vie au sens large», avec «franchise, amour et ténacité, en gardant la vérité étroitement unie à la charité envers tous», souligne François.

    “Vous êtes guidés en cela par les exemples et les enseignements de Carlo Casini, qui a fait du service de la vie le centre de son apostolat laïc et de son engagement politique.”

    Au service de la vie humaine 

    L’évêque de Rome encourage le mouvement à poursuivre la protection sociale de la maternité et l'acceptation de la vie humaine à tous les stades. Au cours de ce demi-siècle, «alors que certains préjugés idéologiques ont diminué et que la sensibilité à la protection de la création s'est accrue chez les jeunes, la culture du rejet s'est malheureusement répandue». C'est pourquoi, poursuit le Pape dans son message, «on a toujours besoin, et plus que jamais, de personnes de tous âges qui se consacrent concrètement au service de la vie humaine, surtout lorsqu'elle est la plus fragile et la plus vulnérable, parce qu'elle est sacrée, créée par Dieu pour un destin grand et beau», et «qu'une société juste ne se construit pas en éliminant les enfants à naître non désirés, les personnes âgées qui ne sont plus autonomes, ou les malades incurables».

    Soutenir les femmes 

    Dans la société actuelle «structurée sur les catégories de la possession, de l'action, de la production et du paraître», «votre engagement, en harmonie avec celui de toute l'Église, indique une autre projection, qui place au centre la dignité de la personne et privilégie les plus faibles», rappelle-t-il. Le Pape invite à miser sur les femmes, sur leur capacité d'accueil, de générosité et de courage. «Les femmes doivent pouvoir compter sur le soutien de toute la communauté civile et ecclésiale, et les Centres d'aide à la vie peuvent devenir un point de référence pour tous».

    “Je vous remercie pour les pages d'espérance et de tendresse que vous contribuez à écrire dans le livre de l'histoire et qui restent indélébiles : elles portent et porteront beaucoup de fruits.”

    Le Souverain pontife conclu son message en confiant à «chacun de vous, vos groupes et votre engagement à l'intercession de Sainte Thérèse de Calcutta, présidente spirituelle des Mouvements pour la Vie dans le monde».

  • Invocabit me (introit du 1er dimanche de carême)

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    Introitus Introït
    Ps. 90, 15 et 16  
    INVOCÁBIT me, et ego exáudiam eum: erípiam eum, et glorificábo eum: longitúdine diérum adimplébo eum. Ps. ibid., 1 Qui hábitat in adiutório Altíssimi, in protectióne Dei caeli commorábitur. Il m’invoquera et je l’exaucerai ; je le sauverai et je le glorifierai, je le comblerai de jours. Ps. ibid., 1. Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel.

     

  • 1er dimanche de carême : se tenir à l'ombre du Très-Haut

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    ges_tentazioni1.jpgEvangile du jour : Luc 4, 1-13

    Après son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.

    Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre. »

    Le démon l'emmena alors plus haut, et lui fit voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras. »

    Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »

    Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.

    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Homélies.fr) (Archive 2010)

    L’épisode de la tentation au désert fait suite au baptême, où le Père confirme par une voix venant du ciel, que Jésus est son Fils, son Bien-Aimé. Cependant entre les deux récits, l’évangéliste insère de manière inattendue la généalogie de Jésus, qui remonte jusqu’à « Adam, fils de Dieu ». Logiquement on s’attendait à trouver cette généalogie en ouverture de l’Evangile – comme le fait Saint Matthieu. Ce faisant, St Luc veut insister sur le fait que c’est chargé de toute l’humanité livrée au pouvoir du Démon, que Jésus va « être conduit par l’Esprit à travers le désert », pour y être mis pendant quarante jours à l’épreuve. Luc précise d’ailleurs en conclusion de son récit que Jésus a victorieusement « épuisé toutes les formes de tentation » auxquelles l’humanité pouvait être soumise.

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